Le fil des thésards (ou des thésards sur le fil, allez savoir...)

PauvreYorick a écrit:Félicitations aux délivré(e)s et à celles et ceux qui ne manqueront pas de l'être prochainement

Oui, bravo Elaïna ! Quel soulagement on ressent d'en avoir fini...

Par contre, on est "délivré" seulement quelques jours ou semaines… Après, il faut publier, trouver des financements pour rester dans le jeu, lancer de nouvelles enquêtes, candidater vainement aux rares postes, tout faire pour "exister"… Quelle  (p***** d') idée de faire une thèse !

Merci à vous !

Chewbacca, perso je ne cherche pas vraiment de poste dans le supérieur. Un poste en prépa, à la limite, mais je n'ai aucune illusion (j'ai eu deux enfants pendant ma thèse et je donne des colles en prépa, donc je n'ai franchement pas eu le temps de publier). Du coup je prends ça avec beaucoup de distance.

Marcel, encore, ta fille ne peut pas chanter cette chanson plus mal que mon fils...

Bon, je n'ai jamais été si proche d'obtenir un poste d'ATER...
Dossier déposé - sauf la demande de détachement car je n'arrive pas à y copier ma signature, donc faut que je l'imprime, que je signe et que je la scanne...tout en me disant qu'elle est bizarre puisqu'elle me demande ma situation 2014-2015 (normal) et de quel rectorat je dépends. Il faut aussi indiquer si j'ai participé au mouvement et demandé à être TZR (re-normal). Sauf que rien n'indique qu'en fait je change d'académie et que j'ai demandé à être TZR dans une autre académie que celle qui figurera sur ce papier...

(Je l'ai mis dans le dossier mais...)

Sinon, j'ai ri en voyant la date de clôture des candidatures. L'an dernier, je n'ai eu une attestation que le jour de clôture - et comme je n'étais pas chez moi, quand je suis rentrée, l'heure limite (16h) était dépassée. J'avais tout de même envoyé mon dossier, à la DRH directement, en indiquant que sur galaxie, c'était marqué 23h59 ou minuit. Le dossier était passé en commission, qui m'avait classée 1e et le conseil de fac avait dit non (ce que je trouvais normal), compte tenu du fait qu'il fallait tenir compte de l'heure annoncée par la fac et pas de celle annoncée par galaxie.

Cette année, l'heure de clôture est 23h59.

High the hearts !

Coucou les copains !
Je reviens vers les anciens combattants pour glaner un peu de conseils à vot' bon coeur.
Comment prépare-t-on une soutenance (à part en achetant du champagne) ? Que dire, que ne pas dire, dans notre petit speech de début ? Quelle longueur ?
Les soutenances auxquelles j'ai assisté retraçaient le parcours du candidat, et les principales conclusions, mais j'ai un peu de mal à doser cela.
Merci pour votre aide !

La soutenance se décompose en deux parties chronologiquement inégales : un exposé synthétique du candidat d'une durée de 25-30 minutes (ne pas dépasser cette durée et résister à l'envie de trop détailler), une reprise par chacun des cinq ou six membres du jury (le directeur de thèse, les deux rapporteurs, le ou les examinateurs, le président du jury) durant 4 h environ, avec une pause au milieu pour laisser à l'impétrant(e) un peu de repos. Il est judicieux de relire l'introduction, la conclusion, les transitions de la thèse comme de bien connaître l'appareil critique sous-tendant la thèse ainsi que l'historiographie afférente. Il est également recommandé de regarder attentivement les domaines de recherche des membres du jury afin de connaître leurs marottes et de tenter de deviner les questions susceptibles de t'être posées. A la fin d'un tel travail, tu maîtrises les arcanes de ton sujet et le propos liminaire vise à s'assurer que tu sais le présenter succinctement, clairement et avec acuité. Il est d'usage de brosser une brève archéologie de la thèse (comment le sujet a-t-il été envisagé par le candidat à l'origine et comment celui-ci a su, pu, dû le remanier et le façonner au cours de celle-ci), de présenter les sources (nature, lieu de conservation et de consultation, différences et apport réciproque) et l'historiographie et de justifier ses choix méthodologiques (pourquoi a-t-on privilégié telle source et s'est-on appuyé sur tel courant historiographique sinon sur tel travail). Ainsi, l'exposé d'une méthodologie mise au point et éprouvée par le thésard lui a-t-il permis de dégager des pistes qu'il ou elle exposera sans omettre d'exercer à son endroit un regard critique - ce qui n'exclut pas la bienveillance. Leur plus ou moins grande fécondité ne constitue pas une aporie mais offre au contraire l'opportunité d'affiner sa pratique de chercheur en expliquant ses repentirs, ses regrets. La conclusion-bilan peut suggérer des pistes d'approfondissement (ce que le jury ne manquera pas d'entreprendre). Durant ces 25 ou 30 minutes, mis en confiance, le candidat a su convaincre l'auditoire qui s'apprête à lui répondre en deux temps : chacun des membres du jury se livre à un jugement argumenté et circonstancié de la thèse (un mini-rapport de lecture - les deux rapporteurs ont d'ailleurs adressé au candidat leurs pré-rapports qui annoncent la tonalité de la soutenance -) puis le soumette à une série de questions-réponses visant à lui permettre de développer tel ou tel point qui les a marqués ou à en éclaircir d'autres qui auraient échappé à leur entendement voire à lui adresser des remarques n'appelant pas de réponses particulières sinon une approbation.  Le président du jury dirige les débats (notamment le temps de parole), informe et guide le candidat, expliquant au début de la cérémonie son déroulement exact. Le candidat aura soin de suivre le rituel - ne pas interrompre son interlocuteur et prendre des notes lorsqu'une question est posée, conserver la même attitude ouverte et souriante quelle que soit la question posée, même si elle est totalement oublieuse des conditions de travail ou des possibilités offertes par les archives ou plus rarement incongrue - et de rester économe de son énergie (inutile de contester un point de détail - même si les reproches quant à la forme sont parfois exaspérants surtout quand ils sont justifiés - alors que pourrait survenir une question de fond qui mériterait un propos soutenu). Comment dominer le trac ? Une connaissance pointilleuse des sources procure un avantage certain au candidat qui peut s'appuyer sur elles et construire progressivement une réponse qui complète un tableau d'ensemble. Il est souhaitable de ne pas adopter une attitude défensive mais de montrer au jury que l'on tient compte ses remarques et que sa réflexion progresse et évolue au fur et à mesure de celles-ci comme il est possible qu'un dialogue entre certains membres du jury s'engage sur telle et telle question - ce qui est plutôt favorable au candidat puisque cela prouve qu'il a su apprécier et tirer parti de la complexité et ou de la fécondité de celle-ci.
A la fin de la soutenance, le jury se retire pour délibérer à huis clos et déclare chevalier, duc, pair le candidat docteur en......... de l'université de ......... octroyant une mention éventuelle. Il délivre immédiatement au candidat un récépissé du procès-verbal et le bouchon du Champagne agité un peu trop généreusement par l'un des membres du jury rate de peu son collègue    :shock:  :lol:
Il est probable que l'on te propose en outre un article par-ci, une participation à un colloque par-là...

N.B : tout va bien se passer.

Les conseils sont les mêmes que pour tout grand oral de concours, leçon d'agrégation ou autre. Il faut être sérieux, professionnel, s'exprimer dans une langue correcte, structurer ses réponses, les argumenter, offrir des exemples... Pour cela, comme dit précédemment, prendre des notes pendant qu'on vous questionne, préparer sa réponse pour qu'elle soit claire et organisée.

Comme dans tout oral, surtout pas d'auto-commentaire. Ne pas chercher de connivence factice avec le jury. Pas de remise en cause du jury ni des questions qu'il pose. Admettre ses erreurs, mais sans verser dans les pleurnicheries.

Quelles que soient par ailleurs vos relations avec le directeur de recherche et les autres membres du jury, cela reste un oral, pas une conversation entre potes.

Rester modeste. Votre thèse n'est qu'une petite pierre. Elle n'a rien révolutionné, ne change pas le visage de la discipline, vous ne bouleversez pas la pensée de l'Occident.

Eviter de charger les autres chercheurs. Ne pas critiquer bidule ou chose, mais dire qu'on a une autre approche, qu'on apporte quelque chose de complémentaire.

Rester positif, montrer qu'on aime ce qu'on fait, qu'on adore sa discipline, qu'on veut aller de l'avant. C'est à dire, ne pas se lamenter sur l'état de la recherche en France, sur les difficultés des doctorants ni tout ce qui va mal à l'université. Ce n'est pas une réunion syndicale.

Pour l'introduction, elle doit retracer le cheminement intellectuel qui vous a menée à ce sujet là. Pourquoi cette question là, à laquelle vous avez décidé de vous consacrer ? Pour le reste, Condorcet explique l'essentiel du contenu.

Vous verrez, les quatre ou cinq heures passeront vite.

Merci à vous (Condorcet, je potasserai l'envoi en MP ce soir, merci infiniment).
Rester modeste, je n'ai aucun problème avec ça.

Chère Elaïna, je ne sais pas trop quoi rajouter après la formidable présentation de notre ami Condorcet qui est quasiment exhaustive!
Je rajouterai simplement qu'il ne faut pas se formaliser de l'attitude parfois un peu agressive (ou en tout cas "secouante") de certains membres du jury, car il y a parfois une sorte de répartition des rôles au préalable (les membres généralement déjeunent ensemble avant, et si c'est le matin ils ont normalement quand même passé un peu de temps ensemble). Et cela peut aboutir à l'impression qu'on est dans une série avec le "bon flic" (généralement le directeur de thèse, qui défend son poulain) et le "mauvais".
Les réflexions des rapporteurs et les réponses à leur apporter sont généralement plus longues. Il y a parfois une pause après les échanges avec eux
Et puis, dernière chose peut-être, ne pas s'étonner de la longueur de la délibération (car il faut un vote à bulletins secrets pour les félicitations, et ça peut prendre du temps).

Bon courage pour cette préparation!!! Mais tu verras, ça vaut le coup, c'est un moment incroyablement stimulant, j'en garde un souvenir extraordinaire.

Prévoir de quoi noter, noter scrupuleusement toutes les remarques sur les fautes de typographie ou les erreurs mineures, remercier et dire qu'on a tout bien noté, et ainsi épargner du temps pour les questions importantes (qu'on note aussi, parce que comme chaque intervention dure une bonne demi-heure, il vaut mieux se rappeler à la fin de ce que le juré a dit en commençant...)

Ce qui fait aussi de l'effet, c'est répondre à certaines questions en renvoyant à un passage très précis et paginé de sa thèse. Cela montre qu'on la connaît parfaitement et qu'on est capable de bien la mobiliser.

"Est-il rationnel de faire une thèse ?" (Où l'on voit les limites de la théorie des choix rationnels…)

https://histoiresalunettes.wordpress.com/2014/11/25/est-il-rationnel-de-faire-une-these/

J’ai du mal à croire que les modules « professionnalisation » des écoles doctorales, les événements ridicules type « votre thèse en 180 secondes », les séminaires où l’on partage nos expériences sur le doctorat, ou les contrats Cifre vont nous sauver : il serait plus judicieux d’inventer d’autres modèles, et surtout que ces modèles viennent des jeunes chercheurs eux-mêmes.

:lol:
Les fameux modèles restent effectivement à créer ex-nihilo... Je n'ai jamais croisé l'amorce d'une ébauche de réflexion à ce sujet chez les jeunes chercheurs que je connais (moi compris).

Effectivement… On m'a invité récemment à ce type d'évènement. J'ai décliné. 10 ans de boulot en 180 secondes…non merci.

Une chose m'a étonné dans ce passage sur l'après-thèse : ce qui me semble logique comme voie de reclassement - l'enseignement - l'est de moins en moins, elle n'est d'ailleurs pas évoquée par l'auteur du texte. Au sein de la dizaine de doctorants ou jeunes docteurs qui sont dans mes relations, je suis le seul à considérer les choses de cette manière, un autre envisage la possibilité de passer un concours de l'enseignement avant la fin de sa thèse. Je trouve que cela en dit long sur la manière dont l'enseignement est une activité désinvestie à l'université ("passez-y le moins de temps possible!", selon le conseil d'une MCF :shock: ). Une telle coupure entre recherche et enseignement généraliste ne peut que contribuer, je crois, à une certaine forme d'enfermement dans l'hyper-spécialisation : je connais très bien mon petit domaine et un peu moins bien ce qui est à la mode dans les revues académiques importantes, mais je suis bien incapable de parler d'autre chose et de prendre un peu de recul.

Bon bon bon.

Soutenance samedi.

J'ai reçu les rapports tout à l'heure, ils sont positifs mais appuient chacun des deux sur un point qui fait mal (l'un sur l'impasse des sources judiciaires et l'autre sur un parti-pris anthropologique).

Je me débats avec mon texte de soutenance qui ressemble à du yaourt, c'est nul.

Sur les conseils d'une collègue, j'ai demandé à avoir mon jeudi pour bosser, car mercredi et vendredi après-midi je fais passer des colles donc je n'aurai pas de temps. A priori le chef est cool, je pense qu'il me l'accordera...

Bon courage Elaïna!
Les rapports comprennent toujours des éléments négatifs, c'est la règle du jeu, et tu vas savoir comment répondre à ces deux-là, car ils diront à peu près la même chose à la soutenance.
Si tu veux un exemple de texte de soutenance, n'hésite pas à demander.

Et puis de toute façon, ça se passera bien, ton DR ne te laisserait pas soutenir dans le cas contraire.
Et tu auras des supporters dans la salle

Courage et bonne chance Elaïna.

Merci Marcel.

Je veux bien ton texte en MP, Condorcet m'avait déjà envoyé le sien mais je suis preneuse d'exemples !
Le "problème" de ces éléments négatifs est qu'ils sont parfaitement justifiés. J'ai un peu pédalé dans la semoule avec les concepts anthropologiques (là, je n'aurais pas dû écouter mon DR, parce que je me suis lancée dans des choses que je maîtrisais mal). A part ça les rapports sont positifs donc je ne me fais pas trop de souci.

Merci Al-Qalam !!

J'ai le souvenir d'une soutenance houleuse sur des parti-pris qui s'est admirablement terminée.

Elaïna, je ne peux faire plus!

Spoiler:

Merci à vous.

J'ai finalement rebâti une bonne partie de mon plan. Bon, il y a six pages et demie de notes, il va falloir condenser, mais c'est plus clair et mieux problématisé. Je finirai ce soir (les petits ont fini leur sieste )

Bon courage!

Eh, Marcel et ML, avant de trinquer, faut se farcir les 4h de soutenance hein

Elaïna a écrit:Eh, Marcel et ML, avant de trinquer, faut se farcir les 4h de soutenance hein

Moi je viens plus pour ça que pour le coup à boire!