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Triskel
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Le chômage des surdiplômés. - Page 3 Empty Re: Le chômage des surdiplômés.

par Triskel Mer 2 Mai 2012 - 10:22
Heureusement que l'immense majorité des directeurs de thèse ne le font pas pour l'argent ! Je ne dis pas non plus que mon directeur le fait. Je le connais suffisamment pour savoir qu'il ne propose pas de thèse à tous ses élèves et qu'il se démène pour ceux qu'il soutient. Mais il a évoqué cet aspect devant moi, pour me rappeler que la thèse, c'est aussi des réalités matérielles. Cela n'est pas à négliger. Il n'y a que les enfants qui fassent des choses pour "l'amour de l'art".
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Invité21
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par Invité21 Mer 2 Mai 2012 - 10:22
Merci à vous deux!
Mon directeur veut me retenir. Sa dernière phrase: "Dans dix ans, il est impossible que vous n'enseigniez pas dans le supérieur". Mais c'est ce même directeur qui pensait que l'on pouvait faire un stage à plein temps et enseigner à la fac, et qui a mal pris le fait que je le refuse...Donc, il ne connaît pas mes contraintes.

En fait, j'aime la recherche, mais pas exclusivement. Jetez-moi aussi des tomates: je suis un chouïa carriériste! Et de ce fait, pas capable de l'intense effort de désintéressement et de dévouement que demande aujourd'hui l'exercice de la thèse...Je ne peux pas en faire une "pour le plaisir". C'est bête, je ne conçois pas ça. Je suis une digne fille de mon époque... Rolling Eyes Une de mes profs de fac nous parlait de Rilke, ce merveilleux poète qui ne vivait que poésie. Je me souviens d'une de ses remarques: "Aujourd'hui, il faudrait être fou pour s'abîmer à ce point dans la littérature. Il n'y a plus de mécènes!"

Triskel: Sartre, le cher homme, n'était pas un grand coeur désintéressé! Razz
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par Ergo Mer 2 Mai 2012 - 10:28
l'ENgénu a écrit:Merci à vous deux!
Mon directeur veut me retenir. Sa dernière phrase: "Dans dix ans, il est impossible que vous n'enseigniez pas dans le supérieur". Mais c'est ce même directeur qui pensait que l'on pouvait faire un stage à plein temps et enseigner à la fac, et qui a mal pris le fait que je le refuse...Donc, il ne connaît pas mes contraintes.

En fait, j'aime la recherche, mais pas exclusivement. Jetez-moi aussi des tomates: je suis un chouïa carriériste!
Eh ben, y a pas de mal à ça non plus. Razz
Je te citerai une autre prof qui m'a beaucoup influencée: "avec de la motivation, on arrive à tout, vous savez". trefle (Elle est d'ailleurs devenue PR à 42 ans, en ayant soutenu sa thèse à 31 ans.)

Ton directeur trouvera un moyen de te tirer du secondaire. Wink

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par Condorcet Mer 2 Mai 2012 - 10:29
l'Engénu, tu peux te donner aussi un peu de temps pour réfléchir et mettre tout cela au clair. fleurs2 fleurs2 fleurs2 fleurs
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barèges
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par barèges Mer 2 Mai 2012 - 10:40
Juste une remarque.
Les CIES et les ED (écoles doctorales) encourageaient vivement leurs ouailles à ne pas avoir d'oeillères, à ne pas raisonner par et pour la recherche uniquement, ce qui est du pur bon sens quand on voit le nombre de postes. On nous a dit réunion après réunion : vous êtres 50, un ou deux seront universitaires, il faut s'ouvrir d'autres portes.
C'était l'époque du "nouveau chapitre de la thèse" : engager avec des tuteurs une pause réflexive pour débusquer dans son travail les compétences acquises en vue d'un éventuel recrutement par le privé. Cela marchait assez bien pour les sciences techniques ou "dures", je suis plus sceptique pour les littéraires. C'était la mouvance de l'opération "Phénix" (de grandes entreprises s'engagent à recruter des docteurs en sciences humaines). Je me souviens d'entreprises de la région, venues nous parler, presque nous coacher pour nous dire que nous pouvions intéresser le privé. Les DRH concernés tenaient après des stands de chasseurs de têtes, pour les doctorants intéressés : certains ont ainsi été recrutés avant même la soutenance. Seule littéraire de l'assistance, j'avais posé la question à la réunion : ah oui, les docteurs nous intéressent, mais pas les littéraires. Bon.
On nous disait aussi : vous êtes compétent en tant que thésard; la thèse est une expérience professionnelle, qu'il faut présenter comme telle (pas comme une "formation" ou des "études"). Mais il fallait faire abstraction de notre discipline, et de l'objet de notre recherche : "votre thèse, son sujet, personne n'en a rien à faire Ce qui compte, c'est votre capacité d'analyse, etc".
Je pense que cette jeune femme a joué le jeu, ce jeu. Celui qu'on nous présentait parfois comme le seul viable.

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Invité21
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par Invité21 Mer 2 Mai 2012 - 10:43
En réalité, il me faudrait, pour tirer cela au clair, un interlocuteur pratiquement extralucide. Mon directeur n'est pas désintéressé. Mon entourage non plus, qui souhaite ardemment " que je ne me gâche pas". - Entre parenthèse, prof pour eux, c'est nul pale . Les exemples que j'ai sous les yeux? Il y a de tout, du désespérant à l'encourageant, soit du normalien en collège, à celle qui vient d'obtenir son poste en fac, à 30 ans.
Demeure moi: je suis incapable de me comprendre. Reste cette vague impression de soulagement, quand j'ai décidé d'arrêter la recherche, et de me lancer dans un projet tout autre...Mais n'est ce pas une fuite?

En plus, l'année prochaine, loin de tout, je ne sais pas si je ne vais pas franchir une étape dans le ras-le-bol... Je ne vais pas passer un été très apaisé je crois! Smile
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barèges
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par barèges Mer 2 Mai 2012 - 10:46
Ronin a écrit:. La question devrait plutôt être, à mon avis, que compte avoir comme débouché un thésard en SHS ?

Cela revient ou peu s'en faut à déclarer non viable (et inutile?) la recherche en SHS. Non?
Ou à la réduire à une "formation de MCF et Pr en SHS"?
Ou à en faire un passe-temps pour riches désoeuvrés?
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par Ronin Mer 2 Mai 2012 - 11:16
Je n'en sais rien, c'est pourquoi je pose la question.

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par Triskel Mer 2 Mai 2012 - 11:56
On tend à rejoindre ce fil : https://www.neoprofs.org/t47214-liberation-avant-etre-plus-cultive-etait-un-bien-en-soi#1420285

Si on raisonne en termes d'intérêt matériel les SHS n'en ont aucun. Ca n'est pas nouveau, et se poser la question aux divers échelons de l'enseignement n'apporte rien. Ce qui fait l'intérêt de la thèse de SHS est la même chose que ce qui fait l'intérêt de la thèse de science pure. Toutes les thèses ne font pas des découvertes fondamentales, mais toutes (en théorie) sont censées finaliser la formation d'un esprit critique.
Comme on tend à mélanger l'application des résultats d'une thèse et son bénéfice global, on en vient à mépriser les SHS de la même manière qu'on les méprise au lycée.

Je pense que personne ici ne me contredira si je rappelle que beaucoup d'élèves classent les 3 filières générales par ordre décroissant de bénéfice professionnel (S. E.S. L.) avec souvent l'aval de leurs parents voire de leurs professeurs (j'en ai eu).
alberto79
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par alberto79 Mer 2 Mai 2012 - 12:06
barèges a écrit:
Ronin a écrit:. La question devrait plutôt être, à mon avis, que compte avoir comme débouché un thésard en SHS ?

Cela revient ou peu s'en faut à déclarer non viable (et inutile?) la recherche en SHS. Non?
Ou à la réduire à une "formation de MCF et Pr en SHS"?
Ou à en faire un passe-temps pour riches désoeuvrés?

Du point de vue des débouchés professionnelles la thèse en Lettres/SHS a pour objet de permettre l´obtention d´un poste de chercheur ou d´enseignant-chercheur. Ce n´est pas un phénomène nouveau. Cela n´a rien à voir avec l´intérêt de la recherche en Lettres/SHS.
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par Ergo Mer 2 Mai 2012 - 12:07
HS: C'est dans ce genre de discussions aussi que je regrette mes cours de philo du Moyen-Age. Je n'en ai fait qu'un semestre et on avait surtout vu les disputatio mais on avait forcément étudié les Facultés au Moyen-Age et les querelles qui existaient déjà sur ce qui était "utile" et lié à l'Eglise et le reste.

Finalement, on change les termes... /HS

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par Condorcet Mer 2 Mai 2012 - 12:24
alberto79 a écrit:
barèges a écrit:
Ronin a écrit:. La question devrait plutôt être, à mon avis, que compte avoir comme débouché un thésard en SHS ?

Cela revient ou peu s'en faut à déclarer non viable (et inutile?) la recherche en SHS. Non?
Ou à la réduire à une "formation de MCF et Pr en SHS"?
Ou à en faire un passe-temps pour riches désoeuvrés?

Du point de vue des débouchés professionnelles la thèse en Lettres/SHS a pour objet de permettre l´obtention d´un poste de chercheur ou d´enseignant-chercheur. Ce n´est pas un phénomène nouveau. Cela n´a rien à voir avec l´intérêt de la recherche en Lettres/SHS.

C'est une triste particularité française que personne n'a réussi à éradiquer jusqu'à présent.
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barèges
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Le chômage des surdiplômés. - Page 3 Empty Re: Le chômage des surdiplômés.

par barèges Mer 2 Mai 2012 - 12:28
alberto79 a écrit:
barèges a écrit:
Ronin a écrit:. La question devrait plutôt être, à mon avis, que compte avoir comme débouché un thésard en SHS ?

Cela revient ou peu s'en faut à déclarer non viable (et inutile?) la recherche en SHS. Non?
Ou à la réduire à une "formation de MCF et Pr en SHS"?
Ou à en faire un passe-temps pour riches désoeuvrés?

Du point de vue des débouchés professionnelles la thèse en Lettres/SHS a pour objet de permettre l´obtention d´un poste de chercheur ou d´enseignant-chercheur. Ce n´est pas un phénomène nouveau. Cela n´a rien à voir avec l´intérêt de la recherche en Lettres/SHS.
Je suis plutôt d'accord sur le constat.
Mais les conséquences sont assez désarmantes, parce que si ne s'engagent là-dedans que ceux qui pensent "je vais être chercheur ou EC", il y a à terme stérilisation du champ de recherches par académisme trop assumé : on fait ce qui convient aux orientations générales du CNU ou des instituts de recherche. Aujourd'hui, la recherche en SHS respire surtout parce qu'il y a des méthodologies différentes selon les nationalités, et d'autres systèmes que le nôtre. Beaucoup de projets avortent parce qu'ils sont jugés trop peu porteurs sur un cursus, pas vendeurs pour la personne qui s'y engage...
Les choses sont différentes dans des systèmes sociaux où les SHS existent hors de leur propre enseignement, où elles mènent au privé, à la politique... A d'autres métiers. Où on ne raisonne pas en s'engageant sur le profit qu'un sujet apporte dans le cadre de l'institution, ce qui est en plus un piège, parce que les domaines prisés par le système universitaire changent...
alberto79
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par alberto79 Mer 2 Mai 2012 - 12:30
condorcet a écrit:
alberto79 a écrit:
barèges a écrit:
Ronin a écrit:. La question devrait plutôt être, à mon avis, que compte avoir comme débouché un thésard en SHS ?

Cela revient ou peu s'en faut à déclarer non viable (et inutile?) la recherche en SHS. Non?
Ou à la réduire à une "formation de MCF et Pr en SHS"?
Ou à en faire un passe-temps pour riches désoeuvrés?

Du point de vue des débouchés professionnelles la thèse en Lettres/SHS a pour objet de permettre l´obtention d´un poste de chercheur ou d´enseignant-chercheur. Ce n´est pas un phénomène nouveau. Cela n´a rien à voir avec l´intérêt de la recherche en Lettres/SHS.

C'est une triste particularité française que personne n'a réussi à éradiquer jusqu'à présent.

Malheureusement, ce n´est pas une particularité française. Dans les pays occidentaux, à l´exception toutefois de l´Allemagne, la situation est pareille. Voyez par exemple le cas des États-Unis :

http://chronicle.com/article/Graduate-School-in-the/44846/
alberto79
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par alberto79 Mer 2 Mai 2012 - 12:32
barèges a écrit:
alberto79 a écrit:
barèges a écrit:
Ronin a écrit:. La question devrait plutôt être, à mon avis, que compte avoir comme débouché un thésard en SHS ?

Cela revient ou peu s'en faut à déclarer non viable (et inutile?) la recherche en SHS. Non?
Ou à la réduire à une "formation de MCF et Pr en SHS"?
Ou à en faire un passe-temps pour riches désoeuvrés?

Du point de vue des débouchés professionnelles la thèse en Lettres/SHS a pour objet de permettre l´obtention d´un poste de chercheur ou d´enseignant-chercheur. Ce n´est pas un phénomène nouveau. Cela n´a rien à voir avec l´intérêt de la recherche en Lettres/SHS.
Je suis plutôt d'accord sur le constat.
Mais les conséquences sont assez désarmantes, parce que si ne s'engagent là-dedans que ceux qui pensent "je vais être chercheur ou EC", il y a à terme stérilisation du champ de recherches par académisme trop assumé : on fait ce qui convient aux orientations générales du CNU ou des instituts de recherche. Aujourd'hui, la recherche en SHS respire surtout parce qu'il y a des méthodologies différentes selon les nationalités, et d'autres systèmes que le nôtre. Beaucoup de projets avortent parce qu'ils sont jugés trop peu porteurs sur un cursus, pas vendeurs pour la personne qui s'y engage...
Les choses sont différentes dans des systèmes sociaux où les SHS existent hors de leur propre enseignement, où elles mènent au privé, à la politique... A d'autres métiers. Où on ne raisonne pas en s'engageant sur le profit qu'un sujet apporte dans le cadre de l'institution, ce qui est en plus un piège, parce que les domaines prisés par le système universitaire changent...

Je suis d´accord avec vous mais les choses sont ce qu´elles sont et pas seulement en France comme je viens de signaler…
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barèges
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Le chômage des surdiplômés. - Page 3 Empty Re: Le chômage des surdiplômés.

par barèges Mer 2 Mai 2012 - 12:40
Je cite un passage qui aurait pu être écrit pour la France :
Universities (even those with enormous endowments) have historically taken advantage of recessions to bring austerity to teaching. There will be hiring freezes and early retirements. Rather than replacements, more adjuncts will be hired, and more graduate students will be recruited, eventually flooding the market with even more fully qualified teacher-scholars who will work for almost nothing. When the recession ends, the hiring freezes will become permanent, since departments will have demonstrated that they can function with fewer tenured faculty members.

Nearly every humanities field was already desperately competitive, with hundreds of applications from qualified candidates for every tenure-track position. Now the situation is becoming even worse. For example, the American Historical Association's job listings are down 15 percent and the Modern Language's listings are down 21 percent, the steepest annual decline ever recorded. Apparently, many already-launched candidate searches are being called off; some responsible observers expect that hiring may be down 40 percent this year.

What is 40 percent worse than desperate?
alberto79
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Le chômage des surdiplômés. - Page 3 Empty Re: Le chômage des surdiplômés.

par alberto79 Mar 8 Mai 2012 - 8:27
Un autre exemple provenant des États-Unis. Une docteure en Histoire du Moyen Age, vacataire dans une université et qui vie grâce aux « food stamps », des allocations pour payer la nourriture aux plus démunis. Apparemment la situation aux USA est encore pire qu´en France pour les docteurs en Lettres/SHS.

http://chronicle.com/article/From-Graduate-School-to/131795/
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