- BientôtlesudFidèle du forum
Ce matin, en buvant mon café, le journal Sud Ouest a gâché ma journée de vacances en consacrant 2 pages à l'éducation.
http://www.sudouest.fr/2012/04/19/l-education-ne-fait-plus-trop-debat-692316-710.php
Je leur ai écrit la réponse ci-dessous.
Je suis preneur de toutes vos remarques orthographiques, syntaxiques, syndicales, politiques et philosophiques avant d'envoyer celle-ci.
"Je me permets de vous adresser une réponse à votre dossier concernant l'éducation dans le dossier de ce jour car quelques éléments m’ont clairement chiffonné.
Tout d’abord, vous regrettez que les propositions des candidats soient « peu audacieuses » dans votre chapeau d’article, relayant quelque part l’opinion de la PEEP exposée plus haut « soulignant qu’elles ne sont pas innovantes ».
Le problème est que l’éducation nationale n’a pas besoin d’innovations, pas plus que d’expérimentations, ni d’audace. Elle a besoin de stabilité, d’une vision à long terme, avec pour base les principes républicains qui l’ont fondée.
Elle subit en effet depuis plusieurs années quantité de réformes, imposées sans concertation, au rythme effréné des changements de gouvernements et autres remaniements. Ces réformes et ajustements sont malheureusement effectués sans perspective à long terme, le bénéfice de celles-ci n’étant mesuré qu’à l’aulne de la durée de vie de celui qui les décide, le ministre de l’Education Nationale, dont tout le monde sait qu’elle est très courte.
Pour être clair, toutes les réformes des 5 dernières années n’ont aucunement pour objectif l’intérêt des élèves, mais bien le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux par le biais des suppressions de postes.
Quand elles ne sont pas inutiles, les réformes conduisent donc à la dégradation inexorable de notre service public d’éducation ainsi qu’aux conditions d’exercice des fonctionnaires y travaillant.
Je vous rejoins donc sur le constat alarmiste quant à l’état de notre système éducatif, bien que je ne me fie guère aux évaluations PISA, qui mériteraient à elles seules un dossier : Est-il vraiment judicieux de comparer les systèmes éducatifs européens entre eux ? Sont-ils comparables ? Quels sont les critères d’évaluation ? Les conditions d’évaluation sont elles les mêmes dans chaque pays ? Les programmes y sont ils comparables ? Les populations d’élèves (sociologiquement parlant) et donc les difficultés pédagogiques offertes aux enseignants sont elles les mêmes ? Et enfin, et surtout, quelle est l’idéologie qui sous-tend ces évaluations ?
3° point de désaccord, votre critique de la proposition de François Hollande.
Vous semblez penser qu’il ne sert à rien d’embaucher 60 000 enseignants supplémentaires (« annonces d’embauches massives sans réflexion de fond à gauche ») en vous demandant « pour quoi faire ? ».
Et bien pour faire cours, tout simplement. Car, ce que vous ne semblez pas savoir, c’est que ces professeurs sont déjà embauchés. La réelle question est comment.
En effet, comme une de vos collègues du Monde le décrit, (dans cet article : http://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et-secondaire/article/2012/04/12/ecole-les-moyens-attribues-renforcent-les-inegalites_1684433_1473688.html), un enseignant en poste sur 20 n’a pas son concours (CAPES ou Agrégation). Dans certaines académies, 10% des heures de cours sont effectuées par ces « non-titulaires ».
Cela pose un vrai problème républicain.
En effet, ces collègues (qui dans leur grande majorité font bien leur travail rassurez vous) sont parfois recrutés sans que leur qualification ne soit sérieusement examinée. J’en prends pour preuve les offres d’emplois sur le site leboncoin.fr, ou alors le célèbre cas du recrutement d’un évadé d’asile psychiatrique en qualité de professeur d’allemand (http://www.20minutes.fr/societe/663802-societe-Evade-hopital-psychiatrique-irlande-fait-embaucher-comme-prof-france).
A cela s’ajoute le fait que ces collègues non-titulaires font partie de ce que l’on appelle vulgairement « les précaires ». Ils changent pour la plupart souvent d’affectation et ne peuvent donc pas s’impliquer de manière optimale dans la vie de l’établissement (alors que tous s’accordent pour dire que la stabilité des équipes est une des clés de la réussite du système).
Enfin ils sont payés bien moins qu’un professeur titulaire ayant le statut de fonctionnaire (Ai-je besoin de rappeler que les titulaires, à qualification égale, sont eux-mêmes parmi les agents les moins bien payés de la fonction publique ? parmi les moins bien payés en Europe ?).
Acceptez-vous cet état de fait ? Vos enfants ont devant eux quelques professeurs dont on n’a pas vérifié la qualification, et qui sont de plus en plus précarisés ?
Y a-t-il besoin « d’une réflexion de fond » pour comprendre que titulariser 60 000 professeurs améliorera la situation ?
Il s’agit simplement par cette mesure de grossir les rangs des titulaires par rapport au contingent des non-titulaires. Ce qui coutera bien moins cher que ce que l’on veut bien prétendre, car il ne s’agit pas de recruter ex-nihilo 60 000 professeurs supplémentaires, mais de payer un peu plus 60 000 personnes sur une enveloppe qui concrètement existe déjà.
D’autant plus qu’il me semble que François Hollande n’a pas parlé de 60 000 professeurs, mais de 60 000 postes, ce qui ne signifie pas la même chose car cela inclut des personnels non enseignants.
4° point de désaccord : le bilan de Sarkozy.
Vous parlez des « aspects positifs du bilan de Nicolas Sarkozy » en évoquant en vrac l’aide individualisée (j’y reviendrai), la réforme du lycée, le socle commun des connaissances et la réforme des rythmes scolaires.
En quoi ces « innovations » sont elles positives pour le système éducatif ? Comment se fait-il que l’écrasante majorité de la profession les rejette ? Peut être êtes vous d’accord avec le chef d’établissement que vous citez quand il parle de « freins corporatistes », auquel cas vous dépassez alors largement la déontologie de votre profession.
Sachez tout de même que le rejet de ces réformes dépasse largement le cadre syndical (syndicats qui jouent leur rôle en accompagnant et relayant ce rejet), et qu’il n’existe pas seulement du fait des suppressions de postes masquées dans celles-ci, mais du rejet des aberrations pédagogiques qu’elles constituent.
Dernier point de désaccord : votre satisfecit quant au soutien personnalisé.
« Le soutien ciblé aux élèves est apprécié ». Permettez-moi de vous dire que j’ai failli tomber de ma chaise.
Déjà, quand on a 15 élèves 2 heures par semaine, peut on parler de « soutien ciblé » et même, comme ce fut le cas au départ, « d’accompagnement personnalisé » ?
Ensuite, il faut savoir que ces heures sont effectuées au détriment d’heures de cours qui existaient auparavant. Cela revient donc à diminuer l’ambition pédagogique et disciplinaire dans certaines matières (je parle du cas du lycée). Et l’on se plaint par ailleurs que le niveau baisse ?
Ce n’est pour moi satisfaisant ni pour les élèves, ni pour leurs parents, ni pour le pays.
Vous faîtes appel pour appuyer vos propos sur divers témoignages qui ne reflètent pas l’opinion de la profession. Je sais que c’est une technique courante en journalisme pour faire passer une idée mais elle n’en reste pas moins malhonnête. Pour preuve, vous balayez l’appréciation du principal syndicat du secondaire, le SNES, qui représente la majorité de la profession (environ 50% aux dernières élections), d’une simple virgule pour prendre à votre compte l’avis d’un syndicat minoritaire qui est davantage dans la ligne de votre article. Je n’ai rien contre le pluralisme syndical, ni contre la place des syndicats minoritaires dans les médias, mais il aurait été honnête d’apporter, a minima, les arguments du SNES sur la question. Votre encarts aurait ainsi moins ressemblé à une publicité pour la politique de Monsieur Châtel.
Car cet accompagnement, et je terminerai là-dessus, est mis en place de manière différente dans chaque établissement. Il contribue ainsi à creuser les inégalités entre les établissements, et donc entre les élèves. Il est d’ailleurs amusant de voir que les lycées les plus prestigieux ne l’ont pas mis en place, préférant faire acquérir des savoirs supplémentaires à leurs élèves, au travers d’heures de cours basiques.
Et cela, en tant que républicain, je m’en offusque.
Cordialement,
Signature
http://www.sudouest.fr/2012/04/19/l-education-ne-fait-plus-trop-debat-692316-710.php
Je leur ai écrit la réponse ci-dessous.
Je suis preneur de toutes vos remarques orthographiques, syntaxiques, syndicales, politiques et philosophiques avant d'envoyer celle-ci.
"Je me permets de vous adresser une réponse à votre dossier concernant l'éducation dans le dossier de ce jour car quelques éléments m’ont clairement chiffonné.
Tout d’abord, vous regrettez que les propositions des candidats soient « peu audacieuses » dans votre chapeau d’article, relayant quelque part l’opinion de la PEEP exposée plus haut « soulignant qu’elles ne sont pas innovantes ».
Le problème est que l’éducation nationale n’a pas besoin d’innovations, pas plus que d’expérimentations, ni d’audace. Elle a besoin de stabilité, d’une vision à long terme, avec pour base les principes républicains qui l’ont fondée.
Elle subit en effet depuis plusieurs années quantité de réformes, imposées sans concertation, au rythme effréné des changements de gouvernements et autres remaniements. Ces réformes et ajustements sont malheureusement effectués sans perspective à long terme, le bénéfice de celles-ci n’étant mesuré qu’à l’aulne de la durée de vie de celui qui les décide, le ministre de l’Education Nationale, dont tout le monde sait qu’elle est très courte.
Pour être clair, toutes les réformes des 5 dernières années n’ont aucunement pour objectif l’intérêt des élèves, mais bien le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux par le biais des suppressions de postes.
Quand elles ne sont pas inutiles, les réformes conduisent donc à la dégradation inexorable de notre service public d’éducation ainsi qu’aux conditions d’exercice des fonctionnaires y travaillant.
Je vous rejoins donc sur le constat alarmiste quant à l’état de notre système éducatif, bien que je ne me fie guère aux évaluations PISA, qui mériteraient à elles seules un dossier : Est-il vraiment judicieux de comparer les systèmes éducatifs européens entre eux ? Sont-ils comparables ? Quels sont les critères d’évaluation ? Les conditions d’évaluation sont elles les mêmes dans chaque pays ? Les programmes y sont ils comparables ? Les populations d’élèves (sociologiquement parlant) et donc les difficultés pédagogiques offertes aux enseignants sont elles les mêmes ? Et enfin, et surtout, quelle est l’idéologie qui sous-tend ces évaluations ?
3° point de désaccord, votre critique de la proposition de François Hollande.
Vous semblez penser qu’il ne sert à rien d’embaucher 60 000 enseignants supplémentaires (« annonces d’embauches massives sans réflexion de fond à gauche ») en vous demandant « pour quoi faire ? ».
Et bien pour faire cours, tout simplement. Car, ce que vous ne semblez pas savoir, c’est que ces professeurs sont déjà embauchés. La réelle question est comment.
En effet, comme une de vos collègues du Monde le décrit, (dans cet article : http://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et-secondaire/article/2012/04/12/ecole-les-moyens-attribues-renforcent-les-inegalites_1684433_1473688.html), un enseignant en poste sur 20 n’a pas son concours (CAPES ou Agrégation). Dans certaines académies, 10% des heures de cours sont effectuées par ces « non-titulaires ».
Cela pose un vrai problème républicain.
En effet, ces collègues (qui dans leur grande majorité font bien leur travail rassurez vous) sont parfois recrutés sans que leur qualification ne soit sérieusement examinée. J’en prends pour preuve les offres d’emplois sur le site leboncoin.fr, ou alors le célèbre cas du recrutement d’un évadé d’asile psychiatrique en qualité de professeur d’allemand (http://www.20minutes.fr/societe/663802-societe-Evade-hopital-psychiatrique-irlande-fait-embaucher-comme-prof-france).
A cela s’ajoute le fait que ces collègues non-titulaires font partie de ce que l’on appelle vulgairement « les précaires ». Ils changent pour la plupart souvent d’affectation et ne peuvent donc pas s’impliquer de manière optimale dans la vie de l’établissement (alors que tous s’accordent pour dire que la stabilité des équipes est une des clés de la réussite du système).
Enfin ils sont payés bien moins qu’un professeur titulaire ayant le statut de fonctionnaire (Ai-je besoin de rappeler que les titulaires, à qualification égale, sont eux-mêmes parmi les agents les moins bien payés de la fonction publique ? parmi les moins bien payés en Europe ?).
Acceptez-vous cet état de fait ? Vos enfants ont devant eux quelques professeurs dont on n’a pas vérifié la qualification, et qui sont de plus en plus précarisés ?
Y a-t-il besoin « d’une réflexion de fond » pour comprendre que titulariser 60 000 professeurs améliorera la situation ?
Il s’agit simplement par cette mesure de grossir les rangs des titulaires par rapport au contingent des non-titulaires. Ce qui coutera bien moins cher que ce que l’on veut bien prétendre, car il ne s’agit pas de recruter ex-nihilo 60 000 professeurs supplémentaires, mais de payer un peu plus 60 000 personnes sur une enveloppe qui concrètement existe déjà.
D’autant plus qu’il me semble que François Hollande n’a pas parlé de 60 000 professeurs, mais de 60 000 postes, ce qui ne signifie pas la même chose car cela inclut des personnels non enseignants.
4° point de désaccord : le bilan de Sarkozy.
Vous parlez des « aspects positifs du bilan de Nicolas Sarkozy » en évoquant en vrac l’aide individualisée (j’y reviendrai), la réforme du lycée, le socle commun des connaissances et la réforme des rythmes scolaires.
En quoi ces « innovations » sont elles positives pour le système éducatif ? Comment se fait-il que l’écrasante majorité de la profession les rejette ? Peut être êtes vous d’accord avec le chef d’établissement que vous citez quand il parle de « freins corporatistes », auquel cas vous dépassez alors largement la déontologie de votre profession.
Sachez tout de même que le rejet de ces réformes dépasse largement le cadre syndical (syndicats qui jouent leur rôle en accompagnant et relayant ce rejet), et qu’il n’existe pas seulement du fait des suppressions de postes masquées dans celles-ci, mais du rejet des aberrations pédagogiques qu’elles constituent.
Dernier point de désaccord : votre satisfecit quant au soutien personnalisé.
« Le soutien ciblé aux élèves est apprécié ». Permettez-moi de vous dire que j’ai failli tomber de ma chaise.
Déjà, quand on a 15 élèves 2 heures par semaine, peut on parler de « soutien ciblé » et même, comme ce fut le cas au départ, « d’accompagnement personnalisé » ?
Ensuite, il faut savoir que ces heures sont effectuées au détriment d’heures de cours qui existaient auparavant. Cela revient donc à diminuer l’ambition pédagogique et disciplinaire dans certaines matières (je parle du cas du lycée). Et l’on se plaint par ailleurs que le niveau baisse ?
Ce n’est pour moi satisfaisant ni pour les élèves, ni pour leurs parents, ni pour le pays.
Vous faîtes appel pour appuyer vos propos sur divers témoignages qui ne reflètent pas l’opinion de la profession. Je sais que c’est une technique courante en journalisme pour faire passer une idée mais elle n’en reste pas moins malhonnête. Pour preuve, vous balayez l’appréciation du principal syndicat du secondaire, le SNES, qui représente la majorité de la profession (environ 50% aux dernières élections), d’une simple virgule pour prendre à votre compte l’avis d’un syndicat minoritaire qui est davantage dans la ligne de votre article. Je n’ai rien contre le pluralisme syndical, ni contre la place des syndicats minoritaires dans les médias, mais il aurait été honnête d’apporter, a minima, les arguments du SNES sur la question. Votre encarts aurait ainsi moins ressemblé à une publicité pour la politique de Monsieur Châtel.
Car cet accompagnement, et je terminerai là-dessus, est mis en place de manière différente dans chaque établissement. Il contribue ainsi à creuser les inégalités entre les établissements, et donc entre les élèves. Il est d’ailleurs amusant de voir que les lycées les plus prestigieux ne l’ont pas mis en place, préférant faire acquérir des savoirs supplémentaires à leurs élèves, au travers d’heures de cours basiques.
Et cela, en tant que républicain, je m’en offusque.
Cordialement,
Signature
- pitchounetteExpert
L'article des 2pages s'arrête à "Jusqu'où, Mystère?"Bientôtlesud a écrit:Ce matin, en buvant mon café, le journal Sud Ouest a gâché ma journée de vacances en consacrant 2 pages à l'éducation.
http://www.sudouest.fr/2012/04/19/l-education-ne-fait-plus-trop-debat-692316-710.php
J'ai peut etre pas tout vu
Mais ce que j'ai lu, ne me choque pas . Pour moi c'est un état des lieux. Le journaliste démontre bien que l'ED n'est pas réellement au centre des débats des candidats. Ils proposent pas grand chose voire quasiment rien du tout, en décallé avec ce que nous avons réellement besoin...
J'ai surement mal compris je vais lire ce que tu leur as envoyé
- BientôtlesudFidèle du forum
Non malheureusement, le site internet ne donne pas l'intégralité du 2 pages.
- CeladonDemi-dieu
Quelques bricoles orthographiques :
à l’aulne de la durée : ce n'est pas un arbre, si ? : l'aune
sont elles les mêmes (2 fois dans le §) : sont-elles
Et bien pour faire cours : eh bien
rassurez vous) : rassurez-vous
Peut être êtes vous : Peut-être êtes-vous
Vous faîtes appel : Vous faites appel
sur divers témoignages : à divers témoignages
Votre encarts : Votre encart
Monsieur Châtel. : Monsieur Chatel.
Sur le fond, c'est nécessaire. Merci.
à l’aulne de la durée : ce n'est pas un arbre, si ? : l'aune
sont elles les mêmes (2 fois dans le §) : sont-elles
Et bien pour faire cours : eh bien
rassurez vous) : rassurez-vous
Peut être êtes vous : Peut-être êtes-vous
Vous faîtes appel : Vous faites appel
sur divers témoignages : à divers témoignages
Votre encarts : Votre encart
Monsieur Châtel. : Monsieur Chatel.
Sur le fond, c'est nécessaire. Merci.
- pitchounetteExpert
donc voilà pourquoi je n'ai pas tout compris. tu as abordé des choses que je n'ai pas luBientôtlesud a écrit:Non malheureusement, le site internet ne donne pas l'intégralité du 2 pages.
Mais cest bien formulé et je me retrouve dans pas mal de choses que tu as écrites
- BientôtlesudFidèle du forum
Un bel exemple de déformation professionnelle.Celadon a écrit:Quelques bricoles orthographiques :
à l’aulne de la durée : ce n'est pas un arbre, si ? : l'aune
merci pour les corrections.
- CeladonDemi-dieu
You're welcome.
- eryximaqueNiveau 2
"la durée de vie de celui qui les décide, dont tout le monde sait qu’elle est très courte. " ça m'a fait sourire! (la durée d'exercice serait plus... "juste" , non? certains ont vécu assez longtemps je crois).
- La JabotteNeoprof expérimenté
Voici ce que je te propose. N'ayant lu que le début de l'article sur le lien que tu nous donnes, je ne perçois pas exactement les mêmes choses que toi, forcément. Il semble y avoir des nuances dans l'article : "Mais les syndicats lui reprochent de masquer ainsi la baisse des moyens et surtout la saignée dans les effectifs des Rased (enseignants spécialisés pour aider les enfants en difficulté)."
J'ai reformulé des choses (j'espère que ça ne te dérange pas) et j'espère n'avoir pas laissé de fautes (puisqu'elles ont déjà été relevées) !
J'ai reformulé des choses (j'espère que ça ne te dérange pas) et j'espère n'avoir pas laissé de fautes (puisqu'elles ont déjà été relevées) !
Votre dossier du 19 avril 2012 consacré à l'éducation et aux propositions formulées à ce sujet par les candidats à la présidentielle m'a laissé dubitatif pour ne pas dire gêné voire choqué. En tant qu'enseignant et citoyen, je suis doublement concerné par vos affirmations. A ce titre, je vous adresse une réponse que vous voudrez peut-être transformer en droit de réponse et publier.
Dès le chapeau de votre article, vous regrettez que les propositions des candidats soient « peu audacieuses », relayant ainsi l’opinion de la PEEP (Fédération des Parents d’Elèves de l’Enseignement Public) [exposée plus haut : à quoi fais-tu référence ?] qui « [souligne] qu’elles ne sont pas innovantes ».
Le problème de l'éducation nationale n'est pas le manque d’innovations, pas plus que d’expérimentations, ni d’audace. Au contraire, elle a besoin de stabilité, d’une vision à long terme, avec pour base les principes républicains qui l’ont fondée.
Elle subit en effet depuis plusieurs années quantité de réformes, imposées sans concertation, au rythme effréné des changements de gouvernements [et autres remaniements : qu'est-ce qu'un remaniement sinon un changement de gouvernement ? c'est redondant, ou il faut formuler autrement : des changements de gouvernement et des remaniements ministériels]. Ces réformes et ajustements sont malheureusement effectués sans perspective sur le long terme, leur bénéfice n’étant mesuré qu’à l’aune de la durée d'exercice de celui qui les décide, le ministre de l’Education Nationale, dont tout le monde sait qu’elle est très courte.
Pour être clair, les réformes des cinq dernières années n’ont jamais eu pour objectif l’intérêt des élèves, mais bien le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux par le biais des suppressions de postes.
Quand elles ne sont pas inutiles, les réformes conduisent donc à la dégradation inexorable de notre service public d’éducation ainsi qu’aux conditions d’exercice des fonctionnaires y travaillant.
Je vous rejoins donc sur le constat alarmiste quant à l’état de notre système éducatif, mais je ne me fie guère aux évaluations PISA auxquelles vous faites référence. Elles mériteraient à elles seules un dossier : est-il vraiment judicieux de comparer les systèmes éducatifs européens entre eux ? Sont-ils comparables ? Quels sont les critères d’évaluation ? Les conditions d’évaluation sont-elles les mêmes dans chaque pays ? Les programmes y sont-ils comparables ? Les populations d’élèves (sociologiquement parlant) et donc les difficultés pédagogiques offertes aux enseignants sont-elles les mêmes ? Enfin, et surtout, quelle est l’idéologie qui sous-tend ces évaluations ?
Notre troisième point de désaccord touche à votre critique de la proposition de François Hollande.
Vous semblez penser qu’il ne sert à rien d’embaucher 60 000 enseignants supplémentaires : « annonces d’embauches massives sans réflexion de fond à gauche », dites-vous, tout en vous demandant « pour quoi faire ? ».
Eh bien pour faire cours, tout simplement. Car [ce que vous ne semblez pas savoir : je te déconseille cette formule un peu méprisante qui risque de braquer, dire plutôt (astuce oratoire) : vous n'êtes pas sans savoir que / de multiples articles dans votre journal et d'autres ont déjà remarqué le fait que...] ces professeurs que M. Hollande veut recruter sont déjà embauchés dans la réalité des faits. Une question plus judicieuse à poser serait donc : « comment l'ont-ils été ? ».
En effet, comme l'une de vos collègues du Monde le pointe dans son article École : les moyens attribués renforcent les inégalités [mettre le lien en note de bas de page si tu envoies un courrier écrit, ou en lien cliquable si tu envoies par mail : article disponible ici], un enseignant en poste sur 20 n’a pas été reçu au concours (CAPES ou agrégation). Dans certaines académies, 10% des heures de cours sont effectuées par ces « non-titulaires ».
Cet état de fait pose un vrai problème républicain.
En effet, ces collègues, qui dans leur grande majorité font bien leur travail, sont parfois recrutés sans que leur qualification ne soit sérieusement examinée. J’en prends pour preuve les offres d’emplois présentes sur le site leboncoin.fr et le célèbre cas du recrutement d’un évadé d’asile psychiatrique en qualité de professeur d’allemand [même remarque : en note de bas de page ou en lien cliquable http://www.20minutes.fr/societe/663802-societe-Evade-hopital-psychiatrique-irlande-fait-embaucher-comme-prof-france].
A cette incongruité [ou autre mot si celui-ci te paraît... incongru !] s’ajoute le fait que ces collègues non-titulaires font partie de ce que l’on appelle vulgairement « les précaires ». Pour la plupart, ils changent souvent d’affectation et ne peuvent donc pas s’impliquer de manière optimale dans la vie de l’établissement, alors que chacun s’accorde à dire que la stabilité des équipes est une des clés de la réussite du système.
Enfin, ils sont bien moins payés qu’un professeur titulaire ayant le statut de fonctionnaire. Ai-je besoin de rappeler que les enseignants titulaires français, à qualification égale, sont eux-mêmes parmi les agents les moins bien payés de la fonction publique ? parmi les moins bien payés en Europe ?
Trouvez-vous acceptable cet état de fait, qui conduit vos enfants a être pris en charge par quelques professeurs dont on n’a pas vérifié la qualification, et qui sont de plus en plus précarisés ?
Y a-t-il besoin « d’une réflexion de fond » pour comprendre que titulariser 60 000 professeurs améliorera cette situation ?
Il s’agit simplement, par cette mesure, de grossir les rangs des titulaires par rapport au contingent des non-titulaires. Une telle mesure coûtera bien moins cher que ce que l’on veut bien prétendre, car il ne s’agit pas de recruter ex nihilo 60 000 professeurs supplémentaires, mais de payer un peu plus 60 000 personnes sur une enveloppe qui, concrètement, existe déjà.
Il me semble d'ailleurs que François Hollande n’a pas parlé de 60 000 professeurs, mais de 60 000 postes, ce qui ne signifie pas la même chose car cela inclut des personnels non enseignants.
Notre quatrième point de désaccord concerne le bilan de M. Sarkozy.
Vous parlez des « aspects positifs du bilan de Nicolas Sarkozy » en évoquant en vrac l’aide individualisée, la réforme du lycée, le socle commun de connaissances et de compétences et la réforme des rythmes scolaires.
En quoi ces « innovations » sont-elles positives, d'après vous, pour le système éducatif ? Comment se fait-il que l’écrasante majorité de la profession les rejette ? Peut-être êtes-vous d’accord avec le chef d’établissement que vous citez quand il parle de « freins corporatistes », [auquel cas vous dépassez alors largement la déontologie de votre profession : un journaliste n'a pas le droit d'avoir une opinion ? C'est le propre de tout article de journal d'être plus ou moins orienté. Aucun journaliste ne s'en cache, surtout quand il s'agit de tels sujets].
Sachez tout de même que le rejet de ces réformes dépasse largement le cadre syndical, bien que les syndicats jouent leur rôle en accompagnant et relayant ce rejet, et qu’il ne se manifeste pas seulement du fait des suppressions de postes masquées dans celles-ci, mais du aussi du fait des aberrations pédagogiques qu’elles constituent.
Dernier point de désaccord : votre satisfecit quant au soutien personnalisé.
« Le soutien ciblé aux élèves est apprécié ». Permettez-moi de vous dire que j’ai failli tomber de ma chaise à la lecture de cette affirmation.
Tout d'abord, quand on a face à soi quinze élèves deux heures par semaine, peut-on parler de « soutien ciblé » et même, comme ce fut le cas au départ, « d’accompagnement personnalisé » ?
Ensuite, il faut savoir qu'au lycée, ces heures sont effectuées au détriment d’heures de cours qui existaient auparavant. Cela revient donc à diminuer l’ambition pédagogique et disciplinaire de certaines matières. Et l’on se plaint par ailleurs que le niveau baisse ?
La manière dont ce « soutien ciblé » a été mis en place et la manière dont il se déroule ne sont d'après moi satisfaisantes ni pour les élèves, ni pour leurs parents, ni pour le pays.
Vous faites appel, pour appuyer vos propos, à divers témoignages qui ne reflètent pas l’opinion de la profession. Je sais qu'il s'agit d'une technique courante en journalisme pour faire passer une idée, mais elle n’en reste pas moins malhonnête. J'en veux pour preuve que vous balayez d'une simple virgule l’appréciation du principal syndicat du secondaire, le SNES (qui représente la majorité de la profession avec environ 50% des suffrages aux dernières élections), pour prendre à votre compte l’avis d’un syndicat minoritaire qui correspond davantage à la ligne de votre article. Je n’ai rien contre le pluralisme syndical, ni contre la place des syndicats minoritaires dans les médias, mais il aurait été honnête d’apporter, a minima, les arguments du SNES sur la question. Votre encart aurait ainsi moins ressemblé à une publicité pour la politique de monsieur Chatel.
Car, pour conclure, cet accompagnement est mis en place de manière différente dans chaque établissement. Il contribue ainsi à creuser les inégalités entre les établissements, et donc entre les élèves. Il est d’ailleurs amusant de voir que les lycées les plus prestigieux ne l’ont pas mis en place, préférant faire acquérir des savoirs supplémentaires à leurs élèves, au travers d’heures de cours basiques.
Et cela, en tant que républicain, je m’en offusque. [On a l'impression que tu t'offusques du fait que les "bons" lycées préfèrent faire cours au lieu de faire du soutien...]
Cordialement,
Signature
- Roumégueur IerÉrudit
Bientôtlesud a écrit:Un bel exemple de déformation professionnelle.Celadon a écrit:Quelques bricoles orthographiques :
à l’aulne de la durée : ce n'est pas un arbre, si ? : l'aune
merci pour les corrections.
Aune ou aulne, les deux sont acceptés...
Je m'étais aussi étonné de cette orthographe dans un document officiel (pour moi, c'était le roi des aulnes et à l'aune de) et j'avais trouvé que les deux étaient possibles à mon grand étonnement
- BientôtlesudFidèle du forum
Merci beaucoup à vous. Je peux enfin l'envoyer car je viens de récupérer ma connexion internet (la joie des pins landais qui coupent les lignes téléphoniques...).
- La JabotteNeoprof expérimenté
Hé hé... Nous, ce sont les camions-poubelles... beaucoup moins poétique, n'est-ce pas ?
- Votre avis sur les consignes "journal du lecteur" ?
- J'aurais besoin de votre avis sur la façon d'agir de mon CdE, les néos...
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