- JohnMédiateur
http://www.lepoint.fr/societe/que-vaut-vraiment-l-ecole-2-0-24-04-2012-1454659_23.php
Le Point.fr - Publié le 24/04/2012 à 13:17
Le Pérou publie le premier bilan de l'équipement informatique de ses classes. Une douche froide pour les défenseurs d'une école connectée. Les 225 millions de dollars investis pour fournir puis entretenir les 850 000 ordinateurs portables distribués à travers tout le pays n'auraient eu un effet que très limité.
Par Victoria Gairin
Sans penser que tous les enfants du monde équipés d'ordinateurs deviendraient de futurs Bill Gates, au moins pouvait-on espérer que le précieux sésame favoriserait l'apprentissage des écoliers. Il n'en est rien. C'est du moins le bilan très décevant de l'opération Un ordinateur par enfant à laquelle le Pérou se prête depuis 2007. Fondée par l'informaticien américain Nicholas Negroponte, l'organisation à but non lucratif One laptop per child (OLPC) aide, en effet, une trentaine de pays en voie de développement à acheter des ordinateurs portables à faible coût (142 euros au Pérou) pour un usage éducatif.
Une initiative largement applaudie par la presse dès son lancement en 2005. En août 2010, Le Monde consacrait même un reportage au petit village d'Arahuay, à quatre heures de route de Lima, pour témoigner des bienfaits de l'opération qui a permis à une école des Andes, perchée à plus de 2 500 mètres d'altitude, de se familiariser avec l'informatique. Le verdict du directeur de l'école était alors des plus enthousiastes : "Jusque-là, j'enseignais dans une commune en tout point comparable à Arahuay, mais qui n'avait pas encore reçu les laptops, confiait Victor Flores. Ici, les enfants me paraissent plus ouverts, plus dynamiques, et ont un meilleur niveau de lecture."
Aucun progrès
Le bilan a beau être exalté, il n'en reste pas moins subjectif. Quels progrès pouvons-nous constater aujourd'hui chez tous ces enfants qui viennent à peine de se familiariser avec l'informatique ? Si les études qui font le suivi de ces opérations onéreuses restent rares et incomplètes, l'IDB (Inter-American Development Bank) vient de publier un rapport qui laisse perplexe. En effet, les 225 millions de dollars investis pour fournir puis entretenir les 850 000 ordinateurs portables distribués à travers le Pérou n'auraient eu un effet que très limité.
Dans ce pays qui connaît à la fois un boom économique et qui possède l'un des pires systèmes éducatifs d'Amérique latine, selon les derniers chiffres du ministère de l'Éducation, seuls 13 % des enfants de 7 ans sont au niveau en mathématiques et 30 % en lecture. En clair, l'évaluation du programme montre qu'aucun progrès n'a été fait depuis que les enfants sont équipés. Même pas un petit regain d'intérêt pour les matières, désormais plus ludiques ? Point. Bien des écoliers n'osent pas encore rapporter leur nouvel outil à la maison le soir pour faire leurs devoirs et il n'est utilisé en classe, au quotidien, que par 17 % des enseignants. Un sur deux ne l'utiliserait même qu'une à deux fois par semaine.
"Les élèves apprennent plus vite que leurs professeurs"
En cause, la formation des enseignants, qui, bien souvent, n'en savent pas davantage sur le fonctionnement de la machine que leurs élèves. Le rapport indique que 71 % des professeurs ont bien reçu la formation, mais que plus de 64 % auraient souhaité avoir davantage de temps pour savoir se servir de l'ordinateur. "Une partie du problème vient du fait que les élèves apprennent plus vite que leurs professeurs", affirme Lily Miranda, qui dirige l'une des expériences dans une école de San Borja, une banlieue bourgeoise de Lima.
Il y a aussi tous les problèmes de logistique qu'il a fallu dépasser ; à plusieurs reprises, des ordinateurs ont été livrés dans des villages non raccordés au réseau électrique. Pour corriger le tir, le ministère a dû distribuer plus de 90 000 panneaux solaires aux familles des élèves n'ayant pas l'électricité ! Mais au-delà de ce constat amer, reste à savoir ce que vaut vraiment l'école 2.0 vers laquelle le monde entier se tourne désormais. Dépenser des sommes astronomiques pour habituer dès le plus jeune âge aux nouvelles technologies est-il un investissement si rentable que cela ? En attendant une étude globale sur le sujet, Sandro Marcone, en charge des technologies dans l'éducation au Pérou, préfère ironiser : "Si les enseignants se contentent de demander aux élèves d'allumer leur ordinateur et de copier sur écran ce qu'ils sont en train d'écrire, nous avons investi dans des cahiers bien chers !" Des cahiers à 225 millions de dollars...
Le Point.fr - Publié le 24/04/2012 à 13:17
Le Pérou publie le premier bilan de l'équipement informatique de ses classes. Une douche froide pour les défenseurs d'une école connectée. Les 225 millions de dollars investis pour fournir puis entretenir les 850 000 ordinateurs portables distribués à travers tout le pays n'auraient eu un effet que très limité.
Par Victoria Gairin
Sans penser que tous les enfants du monde équipés d'ordinateurs deviendraient de futurs Bill Gates, au moins pouvait-on espérer que le précieux sésame favoriserait l'apprentissage des écoliers. Il n'en est rien. C'est du moins le bilan très décevant de l'opération Un ordinateur par enfant à laquelle le Pérou se prête depuis 2007. Fondée par l'informaticien américain Nicholas Negroponte, l'organisation à but non lucratif One laptop per child (OLPC) aide, en effet, une trentaine de pays en voie de développement à acheter des ordinateurs portables à faible coût (142 euros au Pérou) pour un usage éducatif.
Une initiative largement applaudie par la presse dès son lancement en 2005. En août 2010, Le Monde consacrait même un reportage au petit village d'Arahuay, à quatre heures de route de Lima, pour témoigner des bienfaits de l'opération qui a permis à une école des Andes, perchée à plus de 2 500 mètres d'altitude, de se familiariser avec l'informatique. Le verdict du directeur de l'école était alors des plus enthousiastes : "Jusque-là, j'enseignais dans une commune en tout point comparable à Arahuay, mais qui n'avait pas encore reçu les laptops, confiait Victor Flores. Ici, les enfants me paraissent plus ouverts, plus dynamiques, et ont un meilleur niveau de lecture."
Aucun progrès
Le bilan a beau être exalté, il n'en reste pas moins subjectif. Quels progrès pouvons-nous constater aujourd'hui chez tous ces enfants qui viennent à peine de se familiariser avec l'informatique ? Si les études qui font le suivi de ces opérations onéreuses restent rares et incomplètes, l'IDB (Inter-American Development Bank) vient de publier un rapport qui laisse perplexe. En effet, les 225 millions de dollars investis pour fournir puis entretenir les 850 000 ordinateurs portables distribués à travers le Pérou n'auraient eu un effet que très limité.
Dans ce pays qui connaît à la fois un boom économique et qui possède l'un des pires systèmes éducatifs d'Amérique latine, selon les derniers chiffres du ministère de l'Éducation, seuls 13 % des enfants de 7 ans sont au niveau en mathématiques et 30 % en lecture. En clair, l'évaluation du programme montre qu'aucun progrès n'a été fait depuis que les enfants sont équipés. Même pas un petit regain d'intérêt pour les matières, désormais plus ludiques ? Point. Bien des écoliers n'osent pas encore rapporter leur nouvel outil à la maison le soir pour faire leurs devoirs et il n'est utilisé en classe, au quotidien, que par 17 % des enseignants. Un sur deux ne l'utiliserait même qu'une à deux fois par semaine.
"Les élèves apprennent plus vite que leurs professeurs"
En cause, la formation des enseignants, qui, bien souvent, n'en savent pas davantage sur le fonctionnement de la machine que leurs élèves. Le rapport indique que 71 % des professeurs ont bien reçu la formation, mais que plus de 64 % auraient souhaité avoir davantage de temps pour savoir se servir de l'ordinateur. "Une partie du problème vient du fait que les élèves apprennent plus vite que leurs professeurs", affirme Lily Miranda, qui dirige l'une des expériences dans une école de San Borja, une banlieue bourgeoise de Lima.
Il y a aussi tous les problèmes de logistique qu'il a fallu dépasser ; à plusieurs reprises, des ordinateurs ont été livrés dans des villages non raccordés au réseau électrique. Pour corriger le tir, le ministère a dû distribuer plus de 90 000 panneaux solaires aux familles des élèves n'ayant pas l'électricité ! Mais au-delà de ce constat amer, reste à savoir ce que vaut vraiment l'école 2.0 vers laquelle le monde entier se tourne désormais. Dépenser des sommes astronomiques pour habituer dès le plus jeune âge aux nouvelles technologies est-il un investissement si rentable que cela ? En attendant une étude globale sur le sujet, Sandro Marcone, en charge des technologies dans l'éducation au Pérou, préfère ironiser : "Si les enseignants se contentent de demander aux élèves d'allumer leur ordinateur et de copier sur écran ce qu'ils sont en train d'écrire, nous avons investi dans des cahiers bien chers !" Des cahiers à 225 millions de dollars...
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En achetant des articles au lien ci-dessous, vous nous aidez, sans frais, à gérer le forum. Merci !
"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- JohnMédiateur
Mariano Narodowski, ancien responsable de l'Education à Buenos Aires :
Los que ven que TICs van a cambiar la educación; por qué no empiezan con la economía así de paso eliminamos la pobreza? Qué fácil que la ven
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