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- MauvetteÉrudit
Bonjour,
Ma belle-sœur, prof des écoles, se demande comment aider les élèves les plus en difficulté à apprendre par cœur un poème. Quels sont vos trucs, vos astuces, vos miracles ?
Ma belle-sœur, prof des écoles, se demande comment aider les élèves les plus en difficulté à apprendre par cœur un poème. Quels sont vos trucs, vos astuces, vos miracles ?
- TinselExpert
répéter, répéter, répéter, expliquer le sens, répéter, répéter, répéter
_________________
Koala + bassine
- DhaiphiGrand sage
Tout à fait.
Mais nous ne sommes pas tous égaux dans ce domaine.
Mais nous ne sommes pas tous égaux dans ce domaine.
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De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
[Anatole France]
J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- AnacycliqueÉrudit
Pour les très faibles, il y a des astuces.
Certains peuvent s'enregistrer et s'enregistrer trente, quarante fois ou se le repasser en boucle à volonté.
D'autres vont avoir besoin de l'apprendre en marchant.
D'autres vont mimer l'histoire ou dessiner les images pour retenir.
Il y a plein de petits trucs utiles aux dys qui peuvent peut-être marcher.
Fonctionner par association ça a l'air d'aider à bien mémoriser.
Certains peuvent s'enregistrer et s'enregistrer trente, quarante fois ou se le repasser en boucle à volonté.
D'autres vont avoir besoin de l'apprendre en marchant.
D'autres vont mimer l'histoire ou dessiner les images pour retenir.
Il y a plein de petits trucs utiles aux dys qui peuvent peut-être marcher.
Fonctionner par association ça a l'air d'aider à bien mémoriser.
- SapotilleEmpereur
Au CP, l'apprentissage se fait en classe, et les enfants aiment beaucoup répéter tous ensemble.
Certains retiennent plus vite que les autres, comme dit Dhaiphi, mais la mémoire se travaille, et même ceux pour lesquels c'est plus difficile peuvent progresser.
- doublecasquetteEnchanteur
À faire tous les jours en classe, par étapes :
- le premier et le deuxième jour, un à deux vers par cœur, le reste en répétant ce que dit l'instit
- le troisième et le quatrième jour, le ou les deux suivants, le reste en répétant...
Donner à réviser tous les soirs à la maison, en spécifiant bien que c'est vers après vers parce que ça rentre mieux.
Et ainsi de suite, les plus rapides savent tout réciter (même si c'est très long) au bout de deux semaines de classe et les plus lents, sauf cas pathologique, quelques jours après...
Mon petit nouveau, au CE2, s'est ramassé une quiche en début d'année ; dès la deuxième, ça allait mieux et là, à la septième de l'année, il a voulu réciter le premier, environ une semaine avant les autres.
- le premier et le deuxième jour, un à deux vers par cœur, le reste en répétant ce que dit l'instit
- le troisième et le quatrième jour, le ou les deux suivants, le reste en répétant...
Donner à réviser tous les soirs à la maison, en spécifiant bien que c'est vers après vers parce que ça rentre mieux.
Et ainsi de suite, les plus rapides savent tout réciter (même si c'est très long) au bout de deux semaines de classe et les plus lents, sauf cas pathologique, quelques jours après...
Mon petit nouveau, au CE2, s'est ramassé une quiche en début d'année ; dès la deuxième, ça allait mieux et là, à la septième de l'année, il a voulu réciter le premier, environ une semaine avant les autres.
- eryximaqueNiveau 2
Personnellement, j'aime bien les Moulins @ Paroles de l'Atelier VoixHaute.net (si on a un vidéo-pro, c'est top; mais ça marche aussi sans)
- fugueNiveau 8
Une chose que l'on peut faire, après les multiples lectures et explications, c'est dire le poème à deux voix:
- pour chaque vers, l'enseignant dit le début, un élève dit la fin; suivant le type de poème et la difficulté, on varie la longueur dite par l'enseignant
- puis on change: l'élève dit le début, l'enseignant dit la fin
- 3ème version: l'enseignant dit un vers, un élève le suivant, l'enseignant enchaîne, etc...
avec bien sûr tous les coups de pouce nécessaires si besoin.
C'est très efficace.
Quand le poème s'y prête, certaines fables par exemple, une petite mise en scène modeste, avec le texte sous les yeux au début, aide aussi à mémoriser.
Sans mise en scène, simplement faire répéter certains passages de façon expressive, monter la voix, faire une liaison, voix surprise, gaie, triste, chantante, forte, douce, etc... S'interroger sur la meilleure façon de dire un vers, faire des essais, tenter quelques mouvements de mains ou de tête pour appuyer le sens...
Et ne pas hésiter à dire soi-même le poème en faisant un peu de théâtre.
Le moment de poésie est un des meilleurs moments de la classe, j'adore, et mes élèves aussi!
- pour chaque vers, l'enseignant dit le début, un élève dit la fin; suivant le type de poème et la difficulté, on varie la longueur dite par l'enseignant
- puis on change: l'élève dit le début, l'enseignant dit la fin
- 3ème version: l'enseignant dit un vers, un élève le suivant, l'enseignant enchaîne, etc...
avec bien sûr tous les coups de pouce nécessaires si besoin.
C'est très efficace.
Quand le poème s'y prête, certaines fables par exemple, une petite mise en scène modeste, avec le texte sous les yeux au début, aide aussi à mémoriser.
Sans mise en scène, simplement faire répéter certains passages de façon expressive, monter la voix, faire une liaison, voix surprise, gaie, triste, chantante, forte, douce, etc... S'interroger sur la meilleure façon de dire un vers, faire des essais, tenter quelques mouvements de mains ou de tête pour appuyer le sens...
Et ne pas hésiter à dire soi-même le poème en faisant un peu de théâtre.
Le moment de poésie est un des meilleurs moments de la classe, j'adore, et mes élèves aussi!
- SapotilleEmpereur
fugue a écrit:Une chose que l'on peut faire, après les multiples lectures et explications, c'est dire le poème à deux voix:
- pour chaque vers, l'enseignant dit le début, un élève dit la fin; suivant le type de poème et la difficulté, on varie la longueur dite par l'enseignant
- puis on change: l'élève dit le début, l'enseignant dit la fin
- 3ème version: l'enseignant dit un vers, un élève le suivant, l'enseignant enchaîne, etc...
avec bien sûr tous les coups de pouce nécessaires si besoin.
C'est très efficace.
Quand le poème s'y prête, certaines fables par exemple, une petite mise en scène modeste, avec le texte sous les yeux au début, aide aussi à mémoriser.
Sans mise en scène, simplement faire répéter certains passages de façon expressive, monter la voix, faire une liaison, voix surprise, gaie, triste, chantante, forte, douce, etc... S'interroger sur la meilleure façon de dire un vers, faire des essais, tenter quelques mouvements de mains ou de tête pour appuyer le sens...
Et ne pas hésiter à dire soi-même le poème en faisant un peu de théâtre.
Le moment de poésie est un des meilleurs moments de la classe, j'adore, et mes élèves aussi!
Effectivement, présenté de cette manière, ce doit être un vrai régal !!!
- ClinostaleNiveau 10
Je connais aussi le truc d'effacer les mots : On écrit la poésie, on la lit ensemble, puis les élèves ferment les yeux. On efface quelques mots, et on relit en essayant de "combler" les trous. Et ainsi de suite, jusqu'à avoir tout effacé.
- MarillionEsprit éclairé
Il m'arrive d'apprendre les plus longues poésies avec mes élèves. On apprend vers par vers, en répétant à chaque fois au moins 3 fois, j'interroge tout le monde (et surtout les plus faibles) et en sortant de mon cours, il ne reste plus qu'à revoir le texte.
- supersosoSage
Comme Dc, je dirais un ou deux vers par jour en commençant par les répéter... Le reste en répétant... Un petit truc "magique" qui souvent fait des miracles : bien répéter ces vers juste avant d'aller au lit... Juste deux-trois minutes... Et le matin une fois bien réveillé, on demande à l'enfant de les réciter : la plupart du temps, même s'il était hésitant le soir, c'est su... Les gamins sont souvent surpris car ils n'ont même pas l'impression d'avoir appris
Enfin ça c'est en plus de la classe, un petit truc qu'on peut donner aux parents...
Enfin ça c'est en plus de la classe, un petit truc qu'on peut donner aux parents...
- IotaNiveau 5
eryximaque a écrit:Personnellement, j'aime bien les Moulins @ Paroles de l'Atelier VoixHaute.net (si on a un vidéo-pro, c'est top; mais ça marche aussi sans)
Je viens de découvrir le principe, c'est brillant, et ça donne plein d'idées... Merci beaucoup pour ce lien !
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“If a nation expects to be ignorant and free, in a state of civilization, it expects
what never was and never will be.” [Thomas Jefferson à Charles Yancey, 1816]
- mfloNiveau 10
doublecasquette a écrit:À faire tous les jours en classe, par étapes :
- le premier et le deuxième jour, un à deux vers par cœur, le reste en répétant ce que dit l'instit
- le troisième et le quatrième jour, le ou les deux suivants, le reste en répétant...
+1 pour la méthode.
Mais une élève reste assez incapable d'apprendre parfaitement une poésie, tout comme son frère l'a été...
Faites-vous réviser l'ensemble des poésies apprises pendant l'année ? Je me souviens qu'on devait le faire pour les compositions quand j'étais petite. Mes enfants ne l'ont jamais fait à l'école, et quand j'ai essayé avec des ce1, ça a été très dur.
- thalianeNiveau 6
En faire une chanson
Faire identifier les mots clés / actions clés et faire un dessin voire une bd.
Créer une gestuelle associée (marche bien avec les enfants que ni la répétition orale ni la lecture multiple n'aide)
Faire identifier les mots clés / actions clés et faire un dessin voire une bd.
Créer une gestuelle associée (marche bien avec les enfants que ni la répétition orale ni la lecture multiple n'aide)
- phiExpert
Je leur montre de façon explicite que le poème a un rythme, une musicalité et que par exemple dans celui-ci chaque vers contient 10 syllabes,... Sinon ils ne s'en rendent pas compte et forcément, ça devient très compliqué pour eux de retenir que là c'est "regarder" et pas "voir" etc etc...
Idem pour les rimes (même au CM1 ce n'est pas évident pour certains de repérer que le poème "rime" )
Et sinon, répéter, répéter, expliquer, répéter,réexpliquer,...
Idem pour les rimes (même au CM1 ce n'est pas évident pour certains de repérer que le poème "rime" )
Et sinon, répéter, répéter, expliquer, répéter,réexpliquer,...
- VudiciFidèle du forum
Argh! Si je savais... j'ai un spécialiste, qui peut parfaitement se débrouiller pour faire un exposé de 10 min sans son texte, qui récite sans problème ni hésitation une règle de grammaire ou une définition de géométrie ... mais qui est inf..u de retenir une poésie d'une douzaine de vers sans "blancs"... Même problème au solfège, où il a toujours un temps de retard... ou pour des lectures chronométrées...
Je lui fais visualiser des images, je lui montre le rythme... Ça aide un peu...
Je lui fais visualiser des images, je lui montre le rythme... Ça aide un peu...
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Front de Libération des Lichens Injustement Massacrés
- DhaiphiGrand sage
Ne pas avoir le sens du rythme est un autre problème, non ?Vudici a écrit:Même problème au solfège, où il a toujours un temps de retard...
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De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
[Anatole France]
J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- VudiciFidèle du forum
Dhaiphi a écrit:Ne pas avoir le sens du rythme est un autre problème, non ?Vudici a écrit:Même problème au solfège, où il a toujours un temps de retard...
Non, non, rien à voir avec le sens du rythme: le rythme du morceau joué ou chanté est correct... c'est le démarrage... comme une hésitation à commencer... que l'on retrouve avant chaque vers, quand il récite un poème ou lit une liste de mots chronométrée... Fais disparaître le chrono pour la liste de mots, dis-lui de commencer sa lecture de notes quand il veut, et ça disparaît. Mais même sans notation, ça ne disparaît pas pour une poésie. pas moyen de lui faire réciter de manière fluide...
- retraitéeDoyen
Voir, dans "Sans famille", la façon dont Rémi fait apprendre sa fable au petit Milligan. Il lui fait "visualiser" ce qui est écrit. J'ai essayé, ça marche.
"Alors elle s’assit près de lui, et reprenant le livre, elle com- mença à lire doucement la fable, qui s’appelait : Le Loup et le jeune Mouton; après elle, Arthur répétait les mots et les phrases.
– 169 –
Lorsqu’elle eut lu cette fable trois fois, elle donna le livre à Arthur, en lui disant d’apprendre maintenant tout seul, et elle rentra dans le bateau.
Aussitôt Arthur se mit à lire sa fable, et de ma place où j’étais resté, je le vis remuer les lèvres.
Il était évident qu’il travaillait et qu’il s’appliquait.
Mais cette application ne dura pas longtemps ; bientôt il leva les yeux de dessus son livre, et ses lèvres remuèrent moins vite, puis tout à coup elles s’arrêtèrent complètement.
Il ne lisait plus, et ne répétait plus.
Ses yeux, qui erraient çà et là, rencontrèrent les miens.
De la main je lui fis un signe pour l’engager à revenir à sa leçon.
Il me sourit doucement comme pour me dire qu’il me re- merciait de mon avertissement, et ses yeux se fixèrent de nou- veau sur son livre.
Mais bientôt ils se relevèrent et allèrent d’une rive à l’autre du canal.
Comme ils ne regardaient pas de mon côté, je me levai et ayant ainsi provoqué son attention, je lui montrai son livre.
Il le reprit d’un air confus.
Malheureusement, deux minutes après, un martin- pêcheur, rapide comme une flèche, traversa le canal à l’avant du bateau, laissant derrière lui un rayon bleu.
Arthur souleva la tête pour le suivre.
Puis quand la vision fut évanouie, il me regarda.
Alors m’adressant la parole :
– Je ne peux pas, dit-il, et cependant je voudrais bien.
Je m’approchai.
– Cette fable n’est pourtant pas bien difficile, lui dis-je.
– Oh ! si, bien difficile, au contraire.
– Elle m’a paru très-facile ; et en écoutant votre maman la lire, il me semble que je l’ai retenue.
Il se mit à sourire d’un air de doute.
– Voulez-vous que je vous la dise ?
– Pourquoi, puisque c’est impossible.
– Mais non, ce n’est pas impossible; voulez-vous que j’essaye ? prenez le livre.
Il reprit le livre et je commençai à réciter ; il n’eut à me re- prendre que trois ou quatre fois.
– Comment, vous la savez ! s’écria-t-il.
– Pas très-bien, mais maintenant je crois que je la dirais sans faute.
– Comment avez-vous fait pour l’apprendre ?
– 171 –
– J’ai écouté votre maman la lire, mais je l’ai écoutée avec attention sans regarder ce qui se passait autour de nous.
Il rougit et détourna les yeux ; puis après un court moment de honte :
– Je comprends comment vous avez écouté, dit-il, et je tâ- cherai d’écouter comme vous ; mais comment avez-vous fait pour retenir tous ces mots qui se brouillent dans ma mémoire ?
Comment j’avais fait ? Je ne savais trop, car je n’avais pas réfléchi à cela ; cependant je tâchai de lui expliquer ce qu’il me demandait en m’en rendant compte moi-même.
– De quoi s’agit-il dans cette fable ? dis-je. D’un mouton. Je commence donc à penser à des moutons. Ensuite je pense à ce qu’ils font : « Des moutons étaient en sûreté dans leur parc. » Je vois les moutons couchés et dormant dans leur parc puisqu’ils sont en sûreté, et les ayant vus je ne les oublie plus.
– Bon, dit-il, je les vois aussi : « Des moutons étaient en sûreté dans leur parc. » J’en vois des blancs et des noirs ; je vois des brebis et des agneaux. Je vois même le parc : il est fait de claies.
– Alors vous ne l’oublierez plus ?
– Oh ! non.
– Ordinairement qui est-ce qui garde les moutons ?
– Des chiens.
– Quand ils n’ont pas besoin de garder les moutons, parce que ceux-ci sont en sûreté, que font les chiens ?
– 172 –
– Ils n’ont rien à faire.
– Alors ils peuvent dormir ; nous disons donc : « les chiens dormaient. »
– C’est cela, c’est bien facile.
– N’est-ce pas que c’est très-facile ? Maintenant, pensons à autre chose. Avec les chiens, qu’est-ce qui garde les moutons ?
– Un berger.
– Si les moutons sont en sûreté, le berger n’a rien à faire, à quoi peut-il employer son temps.
– À jouer de la flûte. – Le voyez-vous ?
– Oui.
– Où est-il ?
– À l’ombre d’un grand ormeau.
– Il est seul ?
– Non, il est avec d’autres bergers voisins.
– Alors, si vous voyez les moutons, le parc, les chiens et le berger, est-ce que vous ne pouvez pas répéter sans faute le commencement de votre fable ?
– Il me semble. – Essayez.
En m’entendant parler ainsi et lui expliquer comment il pouvait être facile d’apprendre une leçon qui tout d’abord pa- raissait difficile, Arthur me regarda avec émotion et avec crainte, comme s’il n’était pas convaincu de la vérité de ce que je lui disais ; cependant, après quelques secondes d’hésitation, il se décida.
– « Des moutons étaient en sûreté dans leur parc, les chiens dormaient, et le berger, à l’ombre d’un grand ormeau, jouait de la flûte avec d’autres bergers voisins. »
Alors frappant ses mains l’une contre l’autre :
– Mais je sais, s’écria-t-il, je n’ai pas fait de faute.
– Voulez-vous apprendre le reste de la fable de la même manière ?
– Oui, avec vous je suis sûr que je vais l’apprendre. Ah ! comme maman sera contente !
Et il se mit à apprendre le reste de la fable, comme il avait appris sa première phrase.
En moins d’un quart d’heure il la sut parfaitement et il était en train de la répéter sans faute lorsque sa mère survint derrière nous.
Tout d’abord elle se fâcha de nous voir réunis, car elle crut que nous n’étions ensemble que pour jouer, mais Arthur ne lui laissa pas dire deux paroles :
– Je la sais, s’écria-t-il, et c’est lui qui me l’a apprise.
"Alors elle s’assit près de lui, et reprenant le livre, elle com- mença à lire doucement la fable, qui s’appelait : Le Loup et le jeune Mouton; après elle, Arthur répétait les mots et les phrases.
– 169 –
Lorsqu’elle eut lu cette fable trois fois, elle donna le livre à Arthur, en lui disant d’apprendre maintenant tout seul, et elle rentra dans le bateau.
Aussitôt Arthur se mit à lire sa fable, et de ma place où j’étais resté, je le vis remuer les lèvres.
Il était évident qu’il travaillait et qu’il s’appliquait.
Mais cette application ne dura pas longtemps ; bientôt il leva les yeux de dessus son livre, et ses lèvres remuèrent moins vite, puis tout à coup elles s’arrêtèrent complètement.
Il ne lisait plus, et ne répétait plus.
Ses yeux, qui erraient çà et là, rencontrèrent les miens.
De la main je lui fis un signe pour l’engager à revenir à sa leçon.
Il me sourit doucement comme pour me dire qu’il me re- merciait de mon avertissement, et ses yeux se fixèrent de nou- veau sur son livre.
Mais bientôt ils se relevèrent et allèrent d’une rive à l’autre du canal.
Comme ils ne regardaient pas de mon côté, je me levai et ayant ainsi provoqué son attention, je lui montrai son livre.
Il le reprit d’un air confus.
Malheureusement, deux minutes après, un martin- pêcheur, rapide comme une flèche, traversa le canal à l’avant du bateau, laissant derrière lui un rayon bleu.
Arthur souleva la tête pour le suivre.
Puis quand la vision fut évanouie, il me regarda.
Alors m’adressant la parole :
– Je ne peux pas, dit-il, et cependant je voudrais bien.
Je m’approchai.
– Cette fable n’est pourtant pas bien difficile, lui dis-je.
– Oh ! si, bien difficile, au contraire.
– Elle m’a paru très-facile ; et en écoutant votre maman la lire, il me semble que je l’ai retenue.
Il se mit à sourire d’un air de doute.
– Voulez-vous que je vous la dise ?
– Pourquoi, puisque c’est impossible.
– Mais non, ce n’est pas impossible; voulez-vous que j’essaye ? prenez le livre.
Il reprit le livre et je commençai à réciter ; il n’eut à me re- prendre que trois ou quatre fois.
– Comment, vous la savez ! s’écria-t-il.
– Pas très-bien, mais maintenant je crois que je la dirais sans faute.
– Comment avez-vous fait pour l’apprendre ?
– 171 –
– J’ai écouté votre maman la lire, mais je l’ai écoutée avec attention sans regarder ce qui se passait autour de nous.
Il rougit et détourna les yeux ; puis après un court moment de honte :
– Je comprends comment vous avez écouté, dit-il, et je tâ- cherai d’écouter comme vous ; mais comment avez-vous fait pour retenir tous ces mots qui se brouillent dans ma mémoire ?
Comment j’avais fait ? Je ne savais trop, car je n’avais pas réfléchi à cela ; cependant je tâchai de lui expliquer ce qu’il me demandait en m’en rendant compte moi-même.
– De quoi s’agit-il dans cette fable ? dis-je. D’un mouton. Je commence donc à penser à des moutons. Ensuite je pense à ce qu’ils font : « Des moutons étaient en sûreté dans leur parc. » Je vois les moutons couchés et dormant dans leur parc puisqu’ils sont en sûreté, et les ayant vus je ne les oublie plus.
– Bon, dit-il, je les vois aussi : « Des moutons étaient en sûreté dans leur parc. » J’en vois des blancs et des noirs ; je vois des brebis et des agneaux. Je vois même le parc : il est fait de claies.
– Alors vous ne l’oublierez plus ?
– Oh ! non.
– Ordinairement qui est-ce qui garde les moutons ?
– Des chiens.
– Quand ils n’ont pas besoin de garder les moutons, parce que ceux-ci sont en sûreté, que font les chiens ?
– 172 –
– Ils n’ont rien à faire.
– Alors ils peuvent dormir ; nous disons donc : « les chiens dormaient. »
– C’est cela, c’est bien facile.
– N’est-ce pas que c’est très-facile ? Maintenant, pensons à autre chose. Avec les chiens, qu’est-ce qui garde les moutons ?
– Un berger.
– Si les moutons sont en sûreté, le berger n’a rien à faire, à quoi peut-il employer son temps.
– À jouer de la flûte. – Le voyez-vous ?
– Oui.
– Où est-il ?
– À l’ombre d’un grand ormeau.
– Il est seul ?
– Non, il est avec d’autres bergers voisins.
– Alors, si vous voyez les moutons, le parc, les chiens et le berger, est-ce que vous ne pouvez pas répéter sans faute le commencement de votre fable ?
– Il me semble. – Essayez.
En m’entendant parler ainsi et lui expliquer comment il pouvait être facile d’apprendre une leçon qui tout d’abord pa- raissait difficile, Arthur me regarda avec émotion et avec crainte, comme s’il n’était pas convaincu de la vérité de ce que je lui disais ; cependant, après quelques secondes d’hésitation, il se décida.
– « Des moutons étaient en sûreté dans leur parc, les chiens dormaient, et le berger, à l’ombre d’un grand ormeau, jouait de la flûte avec d’autres bergers voisins. »
Alors frappant ses mains l’une contre l’autre :
– Mais je sais, s’écria-t-il, je n’ai pas fait de faute.
– Voulez-vous apprendre le reste de la fable de la même manière ?
– Oui, avec vous je suis sûr que je vais l’apprendre. Ah ! comme maman sera contente !
Et il se mit à apprendre le reste de la fable, comme il avait appris sa première phrase.
En moins d’un quart d’heure il la sut parfaitement et il était en train de la répéter sans faute lorsque sa mère survint derrière nous.
Tout d’abord elle se fâcha de nous voir réunis, car elle crut que nous n’étions ensemble que pour jouer, mais Arthur ne lui laissa pas dire deux paroles :
– Je la sais, s’écria-t-il, et c’est lui qui me l’a apprise.
- doublecasquetteEnchanteur
Sapotille a écrit:
Merci pour ce beau texte, retraitée. :aat:
Il est copié pour le manuel virtuel CM ! Merci Retraitée !
- DhaiphiGrand sage
Et bien tant mieux donc...retraitée a écrit:Voir, dans "Sans famille", la façon dont Rémi fait apprendre sa fable au petit Milligan. Il lui fait "visualiser" ce qui est écrit. J'ai essayé, ça marche.
Ca me paraît quelque peu simpliste : quelques images mentales et la poésie est sue, quelqu'en soit la difficulté syntaxique et lexicale.
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De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
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J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- A TuinVénérable
Pour des petits (du CP au CE2) que j'avais pu aider en étude à apprendre leur poésie, du par coeur, du répétitif.
Je donne la première partie de la première phrase, je fais répéter une, deux, trois fois. J'ajoute le verbe, je fais répéter le début et le verbe deux, trois fois. La phrase entière, et c'est la phrase entière à répéter deux, trois fois.
Le tout sur le même principe et hop, ils s'enfilent vite fait 4, 5 vers. Et après tu les fais répéter de plus en plus vite et ils se prennent au jeu, et à la fin ils savent.
Mais bon on peut pas faire ça dans une classe avec 15 enfants je pense.
Je donne la première partie de la première phrase, je fais répéter une, deux, trois fois. J'ajoute le verbe, je fais répéter le début et le verbe deux, trois fois. La phrase entière, et c'est la phrase entière à répéter deux, trois fois.
Le tout sur le même principe et hop, ils s'enfilent vite fait 4, 5 vers. Et après tu les fais répéter de plus en plus vite et ils se prennent au jeu, et à la fin ils savent.
Mais bon on peut pas faire ça dans une classe avec 15 enfants je pense.
- SapotilleEmpereur
Dhaiphi a écrit:Et bien tant mieux donc...retraitée a écrit:Voir, dans "Sans famille", la façon dont Rémi fait apprendre sa fable au petit Milligan. Il lui fait "visualiser" ce qui est écrit. J'ai essayé, ça marche.
Ca me paraît quelque peu simpliste : quelques images mentales et la poésie est sue, quelqu'en soit la difficulté syntaxique et lexicale.
Enfin, Dhaiphi, c'est un récit d'invention, ce texte, ce n'est pas un traité de pédagogie !!!
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