Page 1 sur 3 • 1, 2, 3
- thalianeNiveau 6
Quand des jeunes décrocheurs initient des vieux à Internet
Extrait :
"L'aventure commence il y a tout juste dix ans quand Monique est nommé dans une "Classe Relais", cette structure où les élèves en rupture bénéficient de demi-journées individualisées pour se remettre en selle. Elle les observe : « Ils avaient tous des histoires de vie très cahotiques et une mauvaise image d'eux-mêmes : "Je suis nul". Je me suis dit : "L'estime de soi, il faut travailler là-dessus." »
S'il est une activité où ils se débrouillent, c'est bien le net. Alors, en 2003, quand la ville de Brest lance un appel à projets pour familiariser à Internet les personnes qui en sont éloignées, Monique Argoualc'h fonce. Avec l'association Infini, qui vulgarise les outils Internet sur la ville, elle se rapproche de la résidence municipale Louise Le Roux, un EHPAD : des personnes âgées dépendantes seront les élèves des décrocheurs ! « Tes ados, jamais ils ne voudront y aller ! », lancent des collègues. Faux.
« On peut encore servir à quelque chose »
La rencontre, c'est vrai, est improbable. D'un côté des 5°- 4°, 13 -14 ans. Des garçons à 80 % (les filles décrochent en silence et gênent moins l'institution...) Des garçons absentéistes, souffrant de phobie scolaire, perturbateurs souvent, violents parfois. De l'autre, des vieux : « On leur dit "Vous êtes les jeunes et vous allez chez les vieux", avec tout le respect qu'on met sur ces mots-là. » Des vieux pouvant avoir jusqu'à 95 ans, avec les handicaps qui vont avec, même s'il y aussi ceux du Club, plus jeunes.
Les jeunes doivent donc être préparés. On leur fait découvrir les ressources d'Internet qu'ils ignorent, ils sont sensibilisés à leur rôle de formateur, s'initient aux pathologies du grand âge. « Ils préparent un support de formation, comment utiliser une clé USB, un vidéo-projecteur : ils vont faire quelque chose de vrai, ils vont faire un peu cours. »
Les vieux (vieilles surtout) sont briefés aussi : « Je leur explique qu'on a besoin d'elles ; qu'elles peuvent participer à la formation de ces jeunes-là. Elles peuvent se dire "On peut encore servir à quelque chose, être utiles, intéressantes pour des adolescents." »
Extrait :
"L'aventure commence il y a tout juste dix ans quand Monique est nommé dans une "Classe Relais", cette structure où les élèves en rupture bénéficient de demi-journées individualisées pour se remettre en selle. Elle les observe : « Ils avaient tous des histoires de vie très cahotiques et une mauvaise image d'eux-mêmes : "Je suis nul". Je me suis dit : "L'estime de soi, il faut travailler là-dessus." »
S'il est une activité où ils se débrouillent, c'est bien le net. Alors, en 2003, quand la ville de Brest lance un appel à projets pour familiariser à Internet les personnes qui en sont éloignées, Monique Argoualc'h fonce. Avec l'association Infini, qui vulgarise les outils Internet sur la ville, elle se rapproche de la résidence municipale Louise Le Roux, un EHPAD : des personnes âgées dépendantes seront les élèves des décrocheurs ! « Tes ados, jamais ils ne voudront y aller ! », lancent des collègues. Faux.
« On peut encore servir à quelque chose »
La rencontre, c'est vrai, est improbable. D'un côté des 5°- 4°, 13 -14 ans. Des garçons à 80 % (les filles décrochent en silence et gênent moins l'institution...) Des garçons absentéistes, souffrant de phobie scolaire, perturbateurs souvent, violents parfois. De l'autre, des vieux : « On leur dit "Vous êtes les jeunes et vous allez chez les vieux", avec tout le respect qu'on met sur ces mots-là. » Des vieux pouvant avoir jusqu'à 95 ans, avec les handicaps qui vont avec, même s'il y aussi ceux du Club, plus jeunes.
Les jeunes doivent donc être préparés. On leur fait découvrir les ressources d'Internet qu'ils ignorent, ils sont sensibilisés à leur rôle de formateur, s'initient aux pathologies du grand âge. « Ils préparent un support de formation, comment utiliser une clé USB, un vidéo-projecteur : ils vont faire quelque chose de vrai, ils vont faire un peu cours. »
Les vieux (vieilles surtout) sont briefés aussi : « Je leur explique qu'on a besoin d'elles ; qu'elles peuvent participer à la formation de ces jeunes-là. Elles peuvent se dire "On peut encore servir à quelque chose, être utiles, intéressantes pour des adolescents." »
- Isis39Enchanteur
thaliane a écrit:Quand des jeunes décrocheurs initient des vieux à Internet
Extrait :
"L'aventure commence il y a tout juste dix ans quand Monique est nommé dans une "Classe Relais", cette structure où les élèves en rupture bénéficient de demi-journées individualisées pour se remettre en selle. Elle les observe : « Ils avaient tous des histoires de vie très cahotiques et une mauvaise image d'eux-mêmes : "Je suis nul". Je me suis dit : "L'estime de soi, il faut travailler là-dessus." »
S'il est une activité où ils se débrouillent, c'est bien le net. Alors, en 2003, quand la ville de Brest lance un appel à projets pour familiariser à Internet les personnes qui en sont éloignées, Monique Argoualc'h fonce. Avec l'association Infini, qui vulgarise les outils Internet sur la ville, elle se rapproche de la résidence municipale Louise Le Roux, un EHPAD : des personnes âgées dépendantes seront les élèves des décrocheurs ! « Tes ados, jamais ils ne voudront y aller ! », lancent des collègues. Faux.
« On peut encore servir à quelque chose »
La rencontre, c'est vrai, est improbable. D'un côté des 5°- 4°, 13 -14 ans. Des garçons à 80 % (les filles décrochent en silence et gênent moins l'institution...) Des garçons absentéistes, souffrant de phobie scolaire, perturbateurs souvent, violents parfois. De l'autre, des vieux : « On leur dit "Vous êtes les jeunes et vous allez chez les vieux", avec tout le respect qu'on met sur ces mots-là. » Des vieux pouvant avoir jusqu'à 95 ans, avec les handicaps qui vont avec, même s'il y aussi ceux du Club, plus jeunes.
Les jeunes doivent donc être préparés. On leur fait découvrir les ressources d'Internet qu'ils ignorent, ils sont sensibilisés à leur rôle de formateur, s'initient aux pathologies du grand âge. « Ils préparent un support de formation, comment utiliser une clé USB, un vidéo-projecteur : ils vont faire quelque chose de vrai, ils vont faire un peu cours. »
Les vieux (vieilles surtout) sont briefés aussi : « Je leur explique qu'on a besoin d'elles ; qu'elles peuvent participer à la formation de ces jeunes-là. Elles peuvent se dire "On peut encore servir à quelque chose, être utiles, intéressantes pour des adolescents." »
Initiative très intéressante. Merci de l'avoir partagée.
- JohnMédiateur
Des garçons absentéistes, souffrant de phobie scolaire, perturbateurs souvent, violents parfois.
Les vieux (vieilles surtout) sont briefés aussi : « Je leur explique qu'on a besoin d'elles ; qu'elles peuvent participer à la formation de ces jeunes-là. Elles peuvent se dire "On peut encore servir à quelque chose, être utiles, intéressantes pour des adolescents." »
Thaliane, peux-tu m'expliquer ce que signifient ces deux phrases-là ? Elles me laissent perplexe.
_________________
En achetant des articles au lien ci-dessous, vous nous aidez, sans frais, à gérer le forum. Merci !
"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- Reine MargotDemi-dieu
Si ça peut permettre à ces enfants de prendre confiance en eux, c'est très bien, mais en quoi concrètement cela va-t-il leur permettre de réussir à l'école, d'avoir un avenir,et plus encore, en quoi cela va-t-il combler le fossé entre ces jeunes difficiles et tous ceux qui ont la culture générale, classique, à la maison? Car ce sont ceux qui lisent des bouquins qui auront le dessus sur ceux qui se contentent d'aller sur internet.
_________________
Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- yphrogEsprit éclairé
Reine Margot a écrit:Si ça peut permettre à ces enfants de prendre confiance en eux, c'est très bien, mais en quoi concrètement cela va-t-il leur permettre de réussir à l'école
La réponse est déjà dans la question, non?
d'avoir un avenir
J'imagine que quelqu'un qui embauche va être plus impressionné par un jeune qui dit, j'ai enseigné à des anciens comment organiser leur boite mél en dossiers, ajouter une signature automatique, utilise un vérificateur d'orthographe, plutôt que j'ai eu 11 en techno. J'ai personellement aidé des vieux avec leurs ordis quand j'étais ado, et ne savaient pas toujours les réponses aux questions qu'ils posaient. Mais puisque j'étais dans le role de prof (payé, d'ailleurs), j'ai trouvé les réponses!
[C]eux qui lisent des bouquins [...] auront le dessus sur ceux qui se contentent d'aller sur internet.
J'ai beaucoup de livres. Mais si je travaille sur une page web, je me fierai plus au codex de wordpress, W3 schools, perl.org, mysql.com, etc. L'achat d'un manuel pour les produits Microsoft, Apple, est également souvent l'équivalent de jeter de l'argent par les fenêtres... Et je pense qu'on peut compter sur les vieux pour transmettre quelques savoirs sans le faire exprès. Ils sont comme ça
Je ne suis pas du tout convaincu par cette dernière assertion (bouquin > ordi), même en dehors de l'informatique. (Je suis un des rares qui achète toujours son journal de temps en temps au tabac, mais c'est plutôt par nostalgie...)
- thalianeNiveau 6
La phobie scolaire, c'est quand un jeune est en souffrance psychologique rien qu'à l'idée d'aller à l'école. J'ai eu le cas récemment avec le fils d'une militante ATD : gosse qui rentre en 6ème avec un niveau correct. Se lève un peu vivre, rien de dramatique mais bam bulletin médiocre au dernier trimestre, avec des appréciations un peu vachardes. Personne ne s'affole particulièrement : certes, les résultats ont baissé mais ça n'est pas de l'ordre de la catastrophe, et le comportement en classe n'est en rien perturbant. 5ème, les résultats descendent doucement. La mère commence à s'inquiéter, en parle aux réunions parents-profs "oui c'est vrai que, quand même, il ne travaille pas du tout, faut lui serrer la vis à votre fils". Elle prend un étudiant pour faire bosser le gamin le soir, le prive de jeux vidéos et réduit la télé à 2h par semaine. Dernier bulletin de 5ème, les notes ont carrément décroché, les commentaires sont très sévères "ne fait rien", "absent", "mets toi au travail !", ça devient grave. Début de 4ème, c'est de pire en pire. La mère va faire le tour des profs et là, découvre que son fils ne prend plus en note les 3/4 des cours, qu'en fait, déjà en 5ème, c'était assez fréquent (elle n'était pas au courant). En parallèle, le gamin s'est renfermé sur lui-même, la communication devient impossible à la maison. Mais il fait pas de bêtise, il ne perturbe personne pour autant (sauf es parents qui ne dorment plus). Le CPE ou le principal ou le PP, je ne sais plus, suggère qu'il y a peut-être un problème. La mère fait la totale : bilan psycho-moteur, bilan QI (à ce moment-là, elle commence sérieusement à se demander si son fils n'est pas limité ou un peu autiste hein). Rien de probant, à part un blocage de l'écriture. Qu'à celà ne tienne : graphothérapeute. A ce stade, toutes les maigres économies d'une famille pas bien riche y sont passées. Rien. Mais vraiment rien : le môme est de plus en plus éteint chez lui, ne fait plus rien en classe (il a comme commentaire une fois sur un bulletin "se fait moins remarquer que la plante verte"), la moyenne chute à 5. La mère demande le redoublement. c'est niet : il est trop mauvais pour redoubler (alors, là, il faut se mettre dans la tête du parent et de l'enfant qui entend un truc pareil. Je pense que les deux ont vaguement pensé au suicide. Vraiment). Et finalement, ce n'est qu'en 3ème qu'un nouveau CPE parle avec ce gamin (ce qui est un bel exploit de sa part, je lui tire mon chapeau) et dit à la mère "il faut qu'il voit un psy, je pense qu'il souffre de phobie scolaire et là, si on ne fait rien, il peut finir par faire une bêtise". Et donc psy (ouf, ça c'est remboursé par la sécu).
En fait, c'était un enfant avec une estime de lui-même pas super bonne à la base (pour des tas de raisons dont un léger handicap physique) et les commentaires de son bulletin de 6ème l'ont complètement sapés. A partir de là, aller au collège c'était se rappeler qu'il était nul chaque jour, ce qu'il s'est appliqué à démontrer, et être au collège le mettait réellement dans un état catatonique : toutes ses facultés étaient inhibés par cette haine de lui-même que lui renvoyait le collège (en partie fantasmée hein. Mais pas que fantasmée). Relire "Chagrin d'école" : "8 heures à l'école, dans la vie d'un cancre, c'est long".
Alors le "drame" de ce gamin, c'est que lui, sa manière de gérer sa phobie, c'était de rentrer en lui-même et de n'être là que physiquement. Donc personne ne s'est occupé de lui pendant un moment. Puisqu'il ne perturbait rien.
Mais dans beaucoup de cas, cette violence ressentie s'exprime par des comportements perturbateurs (qui est aussi un moyen d'exister à nouveau, de ne pas être QUE le cancre mais aussi le trublion, le déconneur ce qui est une identité plus positive) voire violents (la violence à l'intérieur qui s'exprime à l'extérieur).
Attention : je me rends très bien compte que face à un élève en phobie scolaire, la situation des professeurs est facile et qu'il suffit de claquer des doigts pour résoudre le problème. J'en ai beaucoup parlé avec Régis Félix qui a connu un paquet de décrocheurs et, pour beaucoup, il n'avait pas de solution. Je me doute que les perturbateurs (et a fortiori les violents) on a juste envie de les virer du cours pour pouvoir faire classe aux autres correctement et c'est sans doute ce qu'il faut faire.
Et sans doute certains ne sont pas en souffrance mais de vrais emmerdeurs pour le plaisir.
Mais voilà, ça existe : des mômes qui décrochent, en silence ou en hurlant, parce qu'ils souffrent et n'ont pas la moindre idée de comment en sortir.
Pour les vieux, je pense (pure interprétation) qu'ils ont été prévenus de la situation et de l'objectif pour les jeunes : leur montrer que non, ils ne sont pas nuls, oui ils peuvent apporter quelque chose de positif. Et, du coup, les petites mamies, elles se sentent utiles : en apprenant de ces jeunes, elles leur apprennent qu'ils ont de la valeur.
Après, à quoi ça sert, est-ce que ça leur permettra de réussir ? Uniquement ce dispositif, non. Mais c'est un préalable indispensable : personne ne peut apprendre s'il est persuadé qu'il est nul et incapable.
Et oui il est peu probable qu'ils fassent Polytechnique. Mais c'est pas très grave en fait. Vous savez, y a assez peu de gens qui rêvent de faire polytechnique. Avoir un boulot dans lequel ils se sentent bien et qui ne paye pas trop mal, pouvoir exercer leurs droits et devoirs de citoyen, être "dedans" au lieu de "au bord" de la société, ça peut se faire sans passer par une grande école.
Concevoir toute l'école pour les 1200 par classe d'âge qui intégreront Polytechnique, l'ENA, HEC et l'ENS, ne serait-ce pas un peu réducteur ?...
En fait, c'était un enfant avec une estime de lui-même pas super bonne à la base (pour des tas de raisons dont un léger handicap physique) et les commentaires de son bulletin de 6ème l'ont complètement sapés. A partir de là, aller au collège c'était se rappeler qu'il était nul chaque jour, ce qu'il s'est appliqué à démontrer, et être au collège le mettait réellement dans un état catatonique : toutes ses facultés étaient inhibés par cette haine de lui-même que lui renvoyait le collège (en partie fantasmée hein. Mais pas que fantasmée). Relire "Chagrin d'école" : "8 heures à l'école, dans la vie d'un cancre, c'est long".
Alors le "drame" de ce gamin, c'est que lui, sa manière de gérer sa phobie, c'était de rentrer en lui-même et de n'être là que physiquement. Donc personne ne s'est occupé de lui pendant un moment. Puisqu'il ne perturbait rien.
Mais dans beaucoup de cas, cette violence ressentie s'exprime par des comportements perturbateurs (qui est aussi un moyen d'exister à nouveau, de ne pas être QUE le cancre mais aussi le trublion, le déconneur ce qui est une identité plus positive) voire violents (la violence à l'intérieur qui s'exprime à l'extérieur).
Attention : je me rends très bien compte que face à un élève en phobie scolaire, la situation des professeurs est facile et qu'il suffit de claquer des doigts pour résoudre le problème. J'en ai beaucoup parlé avec Régis Félix qui a connu un paquet de décrocheurs et, pour beaucoup, il n'avait pas de solution. Je me doute que les perturbateurs (et a fortiori les violents) on a juste envie de les virer du cours pour pouvoir faire classe aux autres correctement et c'est sans doute ce qu'il faut faire.
Et sans doute certains ne sont pas en souffrance mais de vrais emmerdeurs pour le plaisir.
Mais voilà, ça existe : des mômes qui décrochent, en silence ou en hurlant, parce qu'ils souffrent et n'ont pas la moindre idée de comment en sortir.
Pour les vieux, je pense (pure interprétation) qu'ils ont été prévenus de la situation et de l'objectif pour les jeunes : leur montrer que non, ils ne sont pas nuls, oui ils peuvent apporter quelque chose de positif. Et, du coup, les petites mamies, elles se sentent utiles : en apprenant de ces jeunes, elles leur apprennent qu'ils ont de la valeur.
Après, à quoi ça sert, est-ce que ça leur permettra de réussir ? Uniquement ce dispositif, non. Mais c'est un préalable indispensable : personne ne peut apprendre s'il est persuadé qu'il est nul et incapable.
Et oui il est peu probable qu'ils fassent Polytechnique. Mais c'est pas très grave en fait. Vous savez, y a assez peu de gens qui rêvent de faire polytechnique. Avoir un boulot dans lequel ils se sentent bien et qui ne paye pas trop mal, pouvoir exercer leurs droits et devoirs de citoyen, être "dedans" au lieu de "au bord" de la société, ça peut se faire sans passer par une grande école.
Concevoir toute l'école pour les 1200 par classe d'âge qui intégreront Polytechnique, l'ENA, HEC et l'ENS, ne serait-ce pas un peu réducteur ?...
- ErgoDevin
Et quand les élèves réintègrent leurs classes, il se passe quoi?
_________________
"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- mathmaxExpert spécialisé
thaliane a écrit:
Concevoir toute l'école pour les 1200 par classe d'âge qui intégreront Polytechnique, l'ENA, HEC et l'ENS, ne serait-ce pas un peu réducteur ?...
Et votre discours, il ne l'est pas un peu, réducteur ?
Qui a demandé que l'école soit réservée uniquement aux futurs polytechniciens ?
- lilith888Grand sage
Nous n'avons pas la même version. Il me semblait que la phobie scolaire était aussi due à des parents surprotecteurs à la base, qui n'ont pas suffisamment préparé l'enfant au moindre échec, et qui, inconsciemment, inoculent chez les enfants une trop grosse dose de stress dès qu'ils quittent la maison.
Comme quoi, chacun voit midi à sa porte.
Sinon, je trouve que tu interprètes beaucoup, notamment ici :
(à ce moment-là, elle commence sérieusement à se demander si son fils n'est pas limité ou un peu autiste hein) --> l'autisme est une maladie, pas une dépression à un moment donné. Je trouve personnellement ce propos déplacé.
(alors, là, il faut se mettre dans la tête du parent et de l'enfant qui entend un truc pareil. Je pense que les deux ont vaguement pensé au suicide. Vraiment). --> ça confirme un peu ici ce que j'ai dis plus haut sur le stress. Mon fiston est autiste, je pense que moi aussi je vais me suicider pour la peine.
Comme quoi, chacun voit midi à sa porte.
Sinon, je trouve que tu interprètes beaucoup, notamment ici :
(à ce moment-là, elle commence sérieusement à se demander si son fils n'est pas limité ou un peu autiste hein) --> l'autisme est une maladie, pas une dépression à un moment donné. Je trouve personnellement ce propos déplacé.
(alors, là, il faut se mettre dans la tête du parent et de l'enfant qui entend un truc pareil. Je pense que les deux ont vaguement pensé au suicide. Vraiment). --> ça confirme un peu ici ce que j'ai dis plus haut sur le stress. Mon fiston est autiste, je pense que moi aussi je vais me suicider pour la peine.
- liliepingouinÉrudit
Ce portrait me fait penser à un de mes élèves mais je ne vois vraiment pas ce que je peux faire. (J'ai alerté le PP, la direction, mais bon, rien...)thaliane a écrit:
En fait, c'était un enfant avec une estime de lui-même pas super bonne à la base (pour des tas de raisons dont un léger handicap physique) et les commentaires de son bulletin de 6ème l'ont complètement sapés. A partir de là, aller au collège c'était se rappeler qu'il était nul chaque jour, ce qu'il s'est appliqué à démontrer, et être au collège le mettait réellement dans un état catatonique : toutes ses facultés étaient inhibés par cette haine de lui-même que lui renvoyait le collège (en partie fantasmée hein. Mais pas que fantasmée). Relire "Chagrin d'école" : "8 heures à l'école, dans la vie d'un cancre, c'est long".
Alors le "drame" de ce gamin, c'est que lui, sa manière de gérer sa phobie, c'était de rentrer en lui-même et de n'être là que physiquement. Donc personne ne s'est occupé de lui pendant un moment. Puisqu'il ne perturbait rien.
Mais dans beaucoup de cas, cette violence ressentie s'exprime par des comportements perturbateurs (qui est aussi un moyen d'exister à nouveau, de ne pas être QUE le cancre mais aussi le trublion, le déconneur ce qui est une identité plus positive) voire violents (la violence à l'intérieur qui s'exprime à l'extérieur).
thaliane a écrit:
Pour les vieux, je pense (pure interprétation) qu'ils ont été prévenus de la situation et de l'objectif pour les jeunes : leur montrer que non, ils ne sont pas nuls, oui ils peuvent apporter quelque chose de positif. Et, du coup, les petites mamies, elles se sentent utiles : en apprenant de ces jeunes, elles leur apprennent qu'ils ont de la valeur.
intéressant si ça fonctionne. L'initiative est belle, j'espère qu'elle marchera. Je pense aussi, en effet, que la confiance en soi est très importante. Il suffit parfois de peu de chose pour remettre un jeune sur les rails (mais ce n'est pas toujours si simple hélas)
thaliane a écrit:
Concevoir toute l'école pour les 1200 par classe d'âge qui intégreront Polytechnique, l'ENA, HEC et l'ENS, ne serait-ce pas un peu réducteur ?...
Je ne comprends pas bien cette remarque.
Je sais qu'on entend dire parfois que l'école est élitiste, mais je ne partage pas ce point de vue, car si l'école est dure, voire cauchemardesque pour les élèves en grande difficulté, elle peut l'être aussi pour les bons élèves. L'école actuelle ne cherche vraiment pas à fabriquer une élite...
_________________
Spheniscida qui se prend pour une Alcida.
"Laissons glouglouter les égouts." (J.Ferrat)
"Est-ce qu'on convainc jamais personne?" (R.Badinter)
Même si c'est un combat perdu d'avance, crier est important.
- PluiedetoilesExpert
Oh Lilith c'est terrible ce que tu dis ...
enfin, ce qu'on te fait dire ...
enfin, ce qu'on te fait dire ...
_________________
Mon blog :https://lalegeretedeslettres.wixsite.com/website
- Reine MargotDemi-dieu
xphrog a écrit:Reine Margot a écrit:Si ça peut permettre à ces enfants de prendre confiance en eux, c'est très bien, mais en quoi concrètement cela va-t-il leur permettre de réussir à l'école
La réponse est déjà dans la question, non?
d'avoir un avenir
J'imagine que quelqu'un qui embauche va être plus impressionné par un jeune qui dit, j'ai enseigné à des anciens comment organiser leur boite mél en dossiers, ajouter une signature automatique, utilise un vérificateur d'orthographe, plutôt que j'ai eu 11 en techno. J'ai personellement aidé des vieux avec leurs ordis quand j'étais ado, et ne savaient pas toujours les réponses aux questions qu'ils posaient. Mais puisque j'étais dans le role de prof (payé, d'ailleurs), j'ai trouvé les réponses!
[C]eux qui lisent des bouquins [...] auront le dessus sur ceux qui se contentent d'aller sur internet.
J'ai beaucoup de livres. Mais si je travaille sur une page web, je me fierai plus au codex de wordpress, W3 schools, perl.org, mysql.com, etc. L'achat d'un manuel pour les produits Microsoft, Apple, est également souvent l'équivalent de jeter de l'argent par les fenêtres... Et je pense qu'on peut compter sur les vieux pour transmettre quelques savoirs sans le faire exprès. Ils sont comme ça
Je ne suis pas du tout convaincu par cette dernière assertion (bouquin > ordi), même en dehors de l'informatique. (Je suis un des rares qui achète toujours son journal de temps en temps au tabac, mais c'est plutôt par nostalgie...)
ok, si effectivement on ne cherche qu'à rendre les élèves employables....
_________________
Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- lilith888Grand sage
Je tire les conclusions logiques de ce qui a été écrit plus haut sur ces pôooooooooooooooooovres parents contre la méchante institution qui crée la phobie scolaire à elle toute seule.
- yphrogEsprit éclairé
Reine Margot a écrit:
ok, si effectivement on ne cherche qu'à rendre les élèves employables....
facile, celle là. Il y a aussi le fait qu'ils dialoguent 1 à 1 avec un adulte et qu'ils doivent résoudre des obstacles réels.
- lilith888Grand sage
bah, ils le font quand ils vont acheter le pain aussi (oui je suis de mauvais poil ce soir)
- mathmaxExpert spécialisé
Toi aussi, tu en as assez des histoires édifiantes qui démontrent lourdement combien l'école et ses vilains enseignants peuvent faire du mal, alors qu'ils pourraient faire le bien s'ils voyaient enfin le chemin de lumière éclairé par la vraie foi?
_________________
« Les machines un jour pourront résoudre tous les problèmes, mais jamais aucune d'entre elles ne pourra en poser un ! »
Albert Einstein
- yphrogEsprit éclairé
thaliane a écrit:
Pour les vieux, je pense (pure interprétation) qu'ils ont été prévenus de la situation et de l'objectif pour les jeunes
Oui, c'est ce qu'il y a écrit dans l'article. Merci, d'ailleurs pour l'article!
liliepingouin a écrit:intéressant si ça fonctionne. L'initiative est belle, j'espère qu'elle marchera.
Depuis 2003, toujours selon l'article.
- lilith888Grand sage
mathmax a écrit:Toi aussi, tu en as assez des histoires édifiantes qui démontrent lourdement combien l'école et ses vilains enseignants peuvent faire du mal, alors qu'ils pourraient faire le bien s'ils voyaient enfin le chemin de lumière éclairé par la vraie foi?
Tu as très bien formulé ma pensée. Sur ce, je suis vraiment fatiguée de tout ça là, donc je vais tranquillement aller au dodo et me déconnecter de ces messages lus.
J'ai dis ce que j'avais à dire sur plusieurs sujets suite aux messages de Thaliane, et mon avis reste le même.
- DhaiphiGrand sage
Tiens, c'est tout moi ça... sauf que je ne suis plus jeune.thaliane a écrit:La phobie scolaire, c'est quand un jeune est en souffrance psychologique rien qu'à l'idée d'aller à l'école.
_________________
De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
[Anatole France]
J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- lilith888Grand sage
la phobie scolaire pour les profs, c'est ce qui nous attend tous à plus ou moins moyen terme.
Au moins un point commun avec les gamins : en cause, des parents anxiogènes.
Au moins un point commun avec les gamins : en cause, des parents anxiogènes.
- yphrogEsprit éclairé
mathmax a écrit:Toi aussi, tu en as assez des histoires édifiantes qui démontrent lourdement combien l'école et ses vilains enseignants peuvent faire du mal, alors qu'ils pourraient faire le bien s'ils voyaient enfin le chemin de lumière éclairé par la vraie foi?
Encore une réponse facile. La question n'est pas les enseignants, c'est un attitude quelque peu fétischiste par rapport à un gloire passé, souvent centré sur l'excellence de la langue française et sa mission civilisatrice.
edit: pardon, je descend de mon cheval
- fugueNiveau 8
Est-ce que vraiment tous ces jeunes qui ont participé à l'expérience relatée par Thaliane souffraient de phobie scolaire? Je croyais que la phobie scolaire était un phénomène somme toute rare.
Phobie ou pas phobie, en tout cas c'est une expérience très intéressante. Puisqu'elle date de 2003, y a-t-il des données sur la suite du parcours de ces jeunes?
J'édite: j'ai lu l'article, il ne dit rien de la suite des études de ces jeunes; dommage.
Phobie ou pas phobie, en tout cas c'est une expérience très intéressante. Puisqu'elle date de 2003, y a-t-il des données sur la suite du parcours de ces jeunes?
J'édite: j'ai lu l'article, il ne dit rien de la suite des études de ces jeunes; dommage.
- hophophopSage
Sans dire que ça suffira à régler tous les problèmes, je vous trouve dur(e)s. Quand bien même ce serait un peu naïf, un peu d'optimisme n'a jamais tué personne - il me semble.
Est-ce si malvenu de relater une expérience certes inhabituelle - mais apparemment pas dangereuse ni totalement dénuée de bon sens ?
Quant aux maladresses de thaliane.... je crois que ça peut arriver.
Mais bon si ça se trouve je vis au pays des bisounours, pas impossible.
Est-ce si malvenu de relater une expérience certes inhabituelle - mais apparemment pas dangereuse ni totalement dénuée de bon sens ?
Quant aux maladresses de thaliane.... je crois que ça peut arriver.
Mais bon si ça se trouve je vis au pays des bisounours, pas impossible.
- ErgoDevin
Ce n'est pas la question de l'optimisme.
Moi, je repose ma question: que se passe-t-il quand on réintègre ces élèves dans les classes?
Je suis tout à fait pour ce type d'expériences. Moi aussi, en classe relais, je tente de redonner confiance aux gamins. Je les encourage, je les félicite, ce n'est pas simple, je vous passe les détails. Parce qu'on parle de l'expérience des zenfants parce que ce sont des nenfants, mais on peut aussi parler de la violence que ça peut représenter d'intervenir en classe relais sans formation face à des gosses violents qui peuvent vous démonter la tête en un rien de temps. Mais c'est pas pareil, je suis pas un nenfant, moi.
Sauf que quand on sort ces zenfants traumatisés par le système de leur petite bulle de classe relais, ben on les re-balance dans les classes types, hein. Et leurs familles, entre temps, elles n'ont pas changé, non plus. Et leur vie ignoble non plus.
Et là, finie la graaaande valorisation de l'expériiience faaaabuleuse qu'ils étaient indispensables.
Et je m'interroge sérieusement sur le choc que ça représente pour ces mômes de passer d'un "tu es nul" à un "tu es indispensable" pour revenir à un "tu es nul".
(Moi aussi, je suis de mauvaise humeur.)
Moi, je repose ma question: que se passe-t-il quand on réintègre ces élèves dans les classes?
Je suis tout à fait pour ce type d'expériences. Moi aussi, en classe relais, je tente de redonner confiance aux gamins. Je les encourage, je les félicite, ce n'est pas simple, je vous passe les détails. Parce qu'on parle de l'expérience des zenfants parce que ce sont des nenfants, mais on peut aussi parler de la violence que ça peut représenter d'intervenir en classe relais sans formation face à des gosses violents qui peuvent vous démonter la tête en un rien de temps. Mais c'est pas pareil, je suis pas un nenfant, moi.
Sauf que quand on sort ces zenfants traumatisés par le système de leur petite bulle de classe relais, ben on les re-balance dans les classes types, hein. Et leurs familles, entre temps, elles n'ont pas changé, non plus. Et leur vie ignoble non plus.
Et là, finie la graaaande valorisation de l'expériiience faaaabuleuse qu'ils étaient indispensables.
Et je m'interroge sérieusement sur le choc que ça représente pour ces mômes de passer d'un "tu es nul" à un "tu es indispensable" pour revenir à un "tu es nul".
(Moi aussi, je suis de mauvaise humeur.)
_________________
"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- Invité5Expert
+1mathmax a écrit:Toi aussi, tu en as assez des histoires édifiantes qui démontrent lourdement combien l'école et ses vilains enseignants peuvent faire du mal, alors qu'ils pourraient faire le bien s'ils voyaient enfin le chemin de lumière éclairé par la vraie foi?
J'ai envie de dire " et après ?". Que se passe-t-il pour ces ados ?
Page 1 sur 3 • 1, 2, 3
- N. Sarkozy : les enseignants refusent de recevoir les parents car ils ne font que 18h par semaine + "On se demande ce qu'on fait pour éduquer nos enfants".
- Sur Slate, un article sur la nécessité d'éduquer les femmes pour lutter contre la faim et le sous-développement
- Recherche 2 docs. explicatifs: un pour enfants/ados, l'autre pour adultes
- Pétition pour une autre réforme et une marche pour défendre l'Ecole
- Un funeste projet : celui d'instaurer un jour de carence en cas d'arrêt-maladie pour les fonctionnaires (et d'en rajouter un autre pour les travailleurs du secteur privé)
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum