Marre de me sentir humiliée

C'est exactement ça : j'en ai marre de ce métier où on se sent sans cesse une moins que rien, et ce, même pas à cause de nos supérieurs hiérarchiques, ou des collègues, mais à cause de notre public.

Soutien de français, de 11 à 12 : un 6e qui n'arrête pas de se lever, se comporte comme un gamin de maternelle, avec des grands sourires quand on l'engueule. Ne tient aucunement compte des remarques que je lui fais. (x1)

Cours avec les 4e, de 13 à 14 : deux élèves n'amènent plus leur matériel, discutent au fond de la salle en mâchant ostensiblement leur chewing-gum. Un troisième va, pendant toute l'heure, m'appeler, toutes les trente secondes à peu près "Madame ! Madame, j'ai une question ! Madame ! Madame ! Madame, j'ai une question !" Se met à genoux sur sa chaise, se colle contre la fenêtre, fait des bruits d'animaux. Ne tient aucunement compte des remarques que je lui fais. (x2)

Cours avec les 6e, de 14 à 15. La prof de latin vient leur présenter l'option de 5e. Ils se parlent tous les uns sur les autres. Hurlent parce que l'un d'entre eux est passé deux fois au tableau.. Ne tiennent aucunement compte des remarques que je leur fais. (x3)

Aide aux devoirs, de 16 à 17. Trois élèves de 6e n'ont soi-disant rien à faire, discutent entre eux de Pokémon ou de lacets à faire. N'en ont rien à cirer quand je tente de leur faire réciter leur leçon de maths. Je voudrais juste, à la fin, qu'ils se taisent, pour qu'il y en ait au moins une (moi, en l'occurrence) qui puisse bosser. Ne tiennent aucunement compte des remarques que je leur fais. (x4)


Je précise qu'à part le cas des 4e, aucun de ces élèves n'est à proprement parler un "méchant", un gros dur, ou quoi que ce soit.

Et pour finir, l'un des élèves d'aide aux devoirs me dit "Madame, les élèves de votre classe, ils disent qu'ils rigolent dans votre cours. Alors que nous, avec notre prof de français, on rigole pas. Et puis vous savez, ils trichent, ils s'écrivent des choses sur les mains. Je le sais parce que Machin de 6e3, c'est mon meilleur copain."


J'en ai vraiment marre. Ras-le-bol de me sentir transparente : je demande à un élève de s'asseoir/se taire, c'est comme si je n'étais pas là.
Je me sens humiliée, ça me bousille de l'intérieur, et je ne trouve plus la motivation ni l'énergie nécessaires pour préparer des cours à des élèves qui me voient juste comme la prof avec qui on peut rigoler et tricher.

M***, quoi.

Je partage, comprends et compatis ! Ce sont de petites choses mises bout à bout qui sont usantes pour le moral.

J'ajoute de mon côté : quand je sors du parking du collège, il faut que je traverse les troupeaux de marmots qui viennent de finir les cours et qui font exprès de traîner des pieds devant la voiture, de ne pas d'écarter, parfois de me jeter des regards noirs si je les ai punis récemment.

Drôle de boulot.

Je pense qu'on a tous des journées comme çà où on en a juste ras le bol ...une accumulation de petites choses mises bout à bout qui font qu'on perd toute motivation!

Je rajouterais que c'est pour çà que ce boulot est si usant ...c'est cette fatigue nerveuse qui s'installe peu à peu et qui me fait penser que je ne tiendrais pas sans vacances pour refaire le plein d'energie et réussir à se couper un peu du travail!

ahhhhhhhhhhhhhh! je vois que je ne suis pas la seule dans le même cas.....
c'est vrai, moi aussi ça me bouffe!!
y en a marre . de quoi cela vient-il?
que faudrait-il faire? j'aimerais bien le savoir...

Drôle de boulot, comme tu dis...

Mais vraiment, je ne vois pas pourquoi continuer pour ces élèves-là. Les 4e ne me respectent pas, et les 6e, de toute évidence, ont aussi une piètre image de moi, du moins de mon autorité.

Et pareil, hier soir, en conseil, quand les délégués disent que tel élève ne fait aucun bruit dans tel ou tel cours, alors qu'en français, il ne sait pas rester assis sur sa chaise...

Marre de passer pour une guignol à chaque fois. Bonjour la réputation que je vais me traîner dans les années à venir.

je ressens souvent la même chose.
Je ne sais pas si tu es titulaire de ton poste. mais il paraît que ça va toujours mieux dès la deuxième année dans un établissement.
Puis tu es jeune, ou tu fais sans doute jeune, les élèves doivent percevoir que ça t'énerve...Bref, je ne sais pas si ça va t'aider, mais je pense que ça ira mieux avec un peu de temps. Mais je reconnais que c'est une maigre consolation.
perso je suis assez désabusée, donc cela ne m'étonne même plus.

courage :abh: cette, période de l'année est dure et éprouvante pour les nerfs...
Les autres profs sont aussi passés par là et je ne pensent pas qu'ils jugent directement sur ça...

lapetitemu a écrit: Soutien de français, de 11 à 12 : un 6e qui n'arrête pas de se lever, se comporte comme un gamin de maternelle, avec des grands sourires quand on l'engueule. Ne tient aucunement compte des remarques que je lui fais. (x1)

Cours avec les 4e, de 13 à 14 : deux élèves n'amènent plus leur matériel, discutent au fond de la salle en mâchant ostensiblement leur chewing-gum. Un troisième va, pendant toute l'heure, m'appeler, toutes les trente secondes à peu près "Madame ! Madame, j'ai une question ! Madame ! Madame ! Madame, j'ai une question !" Se met à genoux sur sa chaise, se colle contre la fenêtre, fait des bruits d'animaux. Ne tient aucunement compte des remarques que je lui fais. (x2)

Mais tu ne peux pas exclure ces élèves de cours? Leur attitude est totalement inadmissible! La vie scolaire et la direction ne font rien, ne vous suivent pas?
Chez nous on a de la chance: la CDE et la CDE ajointe sont passés dans pas mal de classes pour mettre les choses au point et ont accepté de garder certains élèves 4heures le mercredi après-midi dans leurs bureaux... Ca calme!

lapetitemu a écrit: Aide aux devoirs, de 16 à 17. Trois élèves de 6e n'ont soi-disant rien à faire, discutent entre eux de Pokémon ou de lacets à faire. N'en ont rien à cirer quand je tente de leur faire réciter leur leçon de maths. Je voudrais juste, à la fin, qu'ils se taisent, pour qu'il y en ait au moins une (moi, en l'occurrence) qui puisse bosser. Ne tiennent aucunement compte des remarques que je leur fais. (x4)

Je ne suis pas les fils de ce forum de façon assidue... C'est toi qui regrettais de t'être engagée pour l'aide aux devoirs en début de l'année? Que ce soit le cas ou pas, il n'y a pas moyen que tu te débarrasses de cette charge supplémentaire dont tu n'as visiblement pas besoin? Ou que tu "sélectionnes" les élèves à aider en prenant ceux qui veulent réellement être aidés (il doit tout de même bien y en avoir!)?

Oui, je suis titulaire de mon poste, et d'un côté, c'est bien ça le problème. Mes collègues me disent aussi qu'effectivement, après, ça se passe mieux, mais en même temps, j'imagine que ce n'est pas d'un coup de baguette magique que ça va aller mieux, juste parce que les élèves me connaissent déjà... Il faut s'être créé une réputation, et je n'ai pas l'impression de l'avoir. Les 4e, je m'en fiche un peu, parce que je ne pense pas avoir de 3e l'an prochain (mais bon, je n'en sais rien, en fait). Par contre, les 6e, ils sont là pour quatre ans. S'ils se mettent déjà dans la tête qu'avec moi, on peut faire ce qu'on veut, je suis fichue. Car je ne sais pas si je saurai être assez ferme en début d'année.

Je ne suis pas désabusée, parce que j'aurais envie que ça se passe mieux (mon établissement n'est pas difficile, rien à voir avec ce que j'ai vécu l'an dernier, ou ce que d'autres peuvent vivre avec de vrais "cas"). Je vois que c'est possible, je vois que des collègues y arrivent, ça m'énerve encore plus.
Je me sens vexée, en fait. Surtout que la prof de français dont l'élève parlait est aussi débutante que moi.

Bonsoir lapetitemu. Je suis bien désolée de lire ce post Je ne sais pas quoi te dire.

Si... peut-être ne pas croire ou du moins minimiser les propos des élèves qui te disent que "c'est pas pareil avec Madame Machin". Il me semble que les gamins savent parfaitement jouer sur ce terrain là. Et puis ne pas tomber dans le piège de la culpabilité / honte que l'on peut parfois ressentir quand on se trouve dans un cas comme le tien.

Tu as du soutien dans ton établissement (collègues, direction etc.) ?

Sinon, je partage un peu ton amertume. Je m'y attendais en passant e concours, mais c'est bien différent de le vivre au quotidien. Comme toi, je finis certaines journées en me demandant "Suis-je payée pour me faire manquer de respect voire humilier par des gamins ?"

J'aide pas là, désolée...

Oui, j'ai du soutien, ce n'est pas le problème. (Mais c'est toujours ça, j'en conviens). Je ne suis pas la seule à galérer non plus. Et je tente de minimiser ces propose, de faire la part des choses (mais ils n'étaient pas dit dans le but de me blesser, en plus, c'était le genre de remarques spontanées d'un gamin de 6e qui raconte ce qu'il entend...).

Ce qui me pèse le plus, c'est cette impression d'être atteinte dans ma personnalité même. Disons que, dans mon collège, les collègues qui s'en sortent, sont respectés par les élèves, n'ont pas tous le même profil. Il y en a qui jouent sur la corde de "l'intimidation", le genre hyper strict qui ne laisse rien passer, et dans les cours desquels on entend les mouches voler ; mais il y en a aussi qui préfèrent être naturels, jouer la carte de l'humour, du grand spectacle, et qui s'en sortent aussi. Leurs cours ne sont pas "calmes" mais les élèves suivent les règles du jeu et savent quand il faut s'arrêter. Et je trouve que cette 2e manière de faire est tout aussi bien que la 1e.
Sauf que moi, je n'arrive à aucune des deux. Je n'ai pas l'énergie ni la carrure pour intimider. Mais je n'arrive pas à non plus à tenir les élèves sur le long terme en étant décontractée.
D'où le fait que j'ai l'impression que ce qui ne va pas, c'est moi. Qu'il y a un truc dans ma personnalité qui fait que je ne saurai jamais tenir mes classes.

Lapetitemu, comme je te comprends... Les heures sont interminables avec certaines classes. Tiens, demain j'ai mon groupe le plus infect. Je savoure d'avance... :mitrailler:

ah, en effet c'était une grande source de souffrance pour moi ces "mini-incivilités" permanentes. Aujourd'hui je travaille dans une ambiance de bureau pas formidable et il y a des "humiliations" aussi, mais au moins je peux me dire que ce sont des adultes et point barre, et je retourne à mon ordi.

Kalliopé, pardon, je viens juste de voir ton message.

Pour l'aide aux devoirs, je ne sais plus si c'était moi ou pas. Je n'étais pas ravie au début mais c'était surtout parce que j'habitais loin du collège, maintenant que j'ai déménagé, la question ne se pose plus. Ce n'est pas vraiment une charge de travail supplémentaire, puisque, justement, du travail, il n'y en a pas vraiment... Ce que je vais faire, c'est demander à changer d'élèves (d'autres sont inscrits au même horaire et vont avec une autre prof). Ceux-là, je les connais depuis le début de l'année, je les aimais bien, mais ils commencent à être pénibles (les défauts des 6e habituels).

Pour mes zouaves de 4e... le problème est complexe. L'administration a déjà fait des choses :
- un élève a été exclu définitivement en décembre. Il y a eu un léger mieux dans la classe mais qui n'a pas duré, puisque malheureusement le meilleur copain de cet élève est arrivé dans la classe et a "pris le relais".
- deux élèves ne viennent que deux heures sur quatre à mes cours, sur volonté du chef d'établissement, avec mon accord. Celui qui a passé l'heure à parler à voix haute et à se coller contre la fenêtre est l'un des deux. L'autre est pire
- je peux exclure autant d'élèves que je veux, mais plusieurs, dont ces deux-là, en particulier, cherchent ostensiblement à se faire exclure. Alors j'ai décidé de ne plus rentrer dans leur jeu.
Mais c'est clair qu'ils pourrissent le cours. Je fais ce que je peux pour essayer de garder les autres avec moi, leur faire comprendre que je punis autant les zouaves que ceux qui se marrent à leurs blagues, ça marche un peu (aujourd'hui, notamment, point positif à souligner, quand même, ils ont même été particulièrement courageux pour résister malgré l'attitude de leur camarade). Mais bon. Il y en a pas mal d'autres qui aiment bien rigoler aussi, et faire les guignols de temps en temps.
J'irai voir le chef demain pour voir ce que je peux faire. Mais j'ai peur qu'il me dise qu'il a déjà fait tout ce qui était en son pouvoir, et il n'aurait pas tort.

Oups ! Gros coup de raz-le-bol là ! Courage ! (Je sais, plus facile à dire qu'à faire). Mais je comprends hélas très bien.
Moi quand j'an ai gros sur la patate à cause de merd***, je pense à tous mes petits gamins que j'aime bien. On en a aussi, heureusement !

Bises, on pense à toi et NOUS, on te comprends !

Mais si ça ne colle pas à ta personnalité, pourquoi vouloir intimider les élèves? Moi, je sais que c'et un style qui ne me "va" pas, l'an dernier je pense que c'est pour cela que c'est si mal passé, parce que j'ai essayé d'être hyper stricte et que ça ne me correspond pas. Ne te remets pas tant en question, tu es certainement fatiguée, inquiète... ça joue beaucoup. Je sais que c'est facile àdire, mais essaie de te détacher un peu, de te dire que ce n'est "que" ton métier, ton gagne-pain. C'est un peu prosaïque, mais moi c'est ce qui m'a aidée cette année.

Je crois qu'il y a un travail à mener, seul ou accompagnée, sur l'estime de soi et la façon d'imposer sa présence. Je sais que ça fait souvent hurler, ce que je dis, mais là, il y a une part de comportement et de présence physique (je n'ai pas dit que le grand costaud a toujours le calme et que la petite fluette a toujours la pagaille). Il y a un postulat de base : c'est vous le chef. Après, comment en faire une "évidence" ? Faites-vous aider, je pense que c'est ce qu'il faut.

je suis bien d'accord, mais qui peut nous aider concrètement pour ça?

JaneB a écrit:
Je pense qu'on a tous des journées comme çà où on en a juste ras le bol ...une accumulation de petites choses mises bout à bout qui font qu'on perd toute motivation!

Je rajouterais que c'est pour çà que ce boulot est si usant ...c'est cette fatigue nerveuse qui s'installe peu à peu et qui me fait penser que je ne tiendrais pas sans vacances pour refaire le plein d'energie et réussir à se couper un peu du travail!

Pareil pour moi!!

Alors faire des heures en plus... ou des stages de remise à niveau (ou SRAN) pendant les vacances... et

J ai l impression, et ce n est que mon avis, qu au début il faut un peu jouer la comédie: je suis dans MA salle, MON cours et le tout début de l année je le passe à les convaincre de ce fait Quitte à en faire des tonnes. Tant pis si je perds du temps car je le rattrape plus tard. Apres c est bcp plus facile avec mon poste fixe car en tant que remplaçante j ai eu bcp plus de mal... Courage à tous

D'accord avec toi, Cripure... mais d'accord aussi avec Lalilala : on fait comment ?

Je n'ai jamais été sûre de moi dans la vie, mais j'ai énormément "progressé" dans ma vie privée (sur des choses de la vie quotidienne comme prendre la parole dans un groupe, aller vers les autres...).
Mais, depuis que j'ai débuté dans le métier, c'est comme si tous ces progrès avaient été réduits à néant.
Je veux bien voir un professionnel pour m'aider à retrouver cette confiance en moi que je perds un peu plus chaque fois que je sors d'un cours qui s'est mal passé, mais je voudrais un professionnel qui connaisse vraiment notre métier. Car il y a des problèmes bien spécifiques.

J'ai l'impression qu'il y a un blocage en moi et que je ne sais pas exercer une autorité. Je m'étais dit en début d'année que je serais plus ferme, et je ne l'ai pas été davantage.

D'accord avec Cripure. Quand on te lit, on a l'impression que c'est le regard que tu portes sur toi qui est négatif et peut-être plus négatif que ce qui se passe en réalité dans ton cours.

Je suis également d'accord avec Cripure. Quand on entre dans notre salle en se disant "c'est ma salle, les élèves doivent donc obéir à mes règles chez moi", les choses se passent mieux. Pour ma part, cette sensation vient peu à peu, avec les années. Je gagne en assurance car je réagis mieux aux divers incidents; j'arrive mieux à cerner les moments où il faut élever la voix et pousser une "gueulante" et ceux où on peut prendre les choses avec humour. C'est loin d'être parfait mais mes cours sont beaucoup moins usants qu'au début.

En ce qui concerne la réputation dans un établissement, pas de panique. La 1ère année dans mon collège actuel a été franchement compliquée. Je craignais donc que ma réputation me précède lors de la deuxième année: pas du tout. Plus sûre de moi, j'ai pu imposer mes règles dès la rentrée. Et en fait, je dirais qu'à chaque année, les problèmes de discipline baissent (c'est ma 4ème année dans ce collège).

Courage.

Je suis d'accord avec Cripure, mais je remarque aussi que tu dis avoir du mal à couper, il y a peut-être quelque chose à creuser de ce côté-là ? As-tu une passion, fais-tu une activité? L'an dernier, j'étais stagiaire comme toi, et sitôt sortie du collège,je courais chez moi pour corriger mes copies, préparer mes cours... Je refusais plein de sorties, et m'étais interdit de faire une activité, de peur que ça n'empiète sur mon travail. Eh bien ça n'était pas efficace, ni sur ma gestion de classe, ni sur mon travail. Cette année, j'ai retrouvé une vie sociale, je fais 3h de danse par semaine, et si ça tombe un soir où j'ai des copies, elles attendent. Et si j'ai passé une mauvaise journée, au moins je pense à autre chose. Cela te paraît peut-être insignifiant, mais je t'assure que si ce n'est pas déjà le cas, tu devrais peut-être esssayer.

Je me retrouve aussi dans ce que vous dîtes... j'ai l'impression d'être nulle et incapable de tenir une classe. Mais je pense que c'est un cercle vicieux : plus on se sent incompétent, plus les élèves perçoivent cette image négative de nous-même et se croient tout permis.