AVez-vous peur de vieillir (en tant que prof) ?

Voilà, la question n'est peut-être pas très bien formulée... Alors je m'explique :
Une de mes angoisses, c'est de ne pas bien vieillir dans ce métier, de devenir aigrie / épuisée et incapable de faire cours quand j'aurai 50 ans. Il faut tellement d'énergie pour cadrer les élèves, les intéresser, etc. En plus, j'ai l'impression que les élèves aiment les profs dynamiques..... Vous me direz qu'on peut être dynamique à 50 ans, mais quid si on n'y arrive plus ? Avez-vous ce genre d'angoisses ?
Je précise que j'enseigne depuis 3 ans seulement, mais que j'ai la trentaine (je faisais un autre métier avant).

Moi je pense qu'un prof est comme le bon vin : il s'améliore avec le temps ! Donc je n'ai pas peur de vieillir.
C'est vrai que c'est un métier épuisant... Mais je suis déjà épuisée :lol: !
Avec le temps, on apprend aussi à se ménager je pense.
On acquiert de la bouteille et ça facilite les choses !

Oui, en un sens, tu as raison, Plume... On se bonifie, et on est peut-être moins "jetable" en tant que prof que dans une entreprise.
Je précise que je disais 50 ans mais ça peut aussi être 60 ans (bref, je ne désignais pas d'âge spécifique). Plutôt que l'âge, ce qui me fait peur, c'est l'usure....

Ou je comprends. J'ai pas mal de collègues usés qui sont proches de la retraite... ou qui sont à dix ans de la retraite !
Je pense quand même que l'une des solutions c'est de se renouveler suffisamment pour rester motivé, mais aussi de lever le pied régulièrement pour être relativement serein et détendu.

Et puis j'ai tendance à me dire qu'on n'a pas fini de voir le métier changer... Il est en pleine mutation. Qui sait ce que l'avenir nous réserve ?

J'ajoute : j'ai aussi pas mal de collègues de 50 à 60 ans hyper épanouis, dynamiques et heureux dans leur travail !

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Moi je suis toute nouvelle et déjà fatiguée, j'ai l'impression que la gestion de classe me coûte beaucoup, alors oui, je m'inquiète, même si j'adore ce boulot.

Je n'ai pas peur de vieillir à "moyen terme" : comme mon principal problème dans ce métier, c'est la gestion des classes difficiles, et que je pense que ce problème vient du fait que je n'arrive pas à mettre assez de distance entre mes élèves et moi et à me poser en adulte légitime face à eux, du coup je pense que ça ira mieux en vieillissant.
Par contre, effectivement, je pense que la fin de carrière sera dure. Mais je me suis toujours dit que je ne ferais pas toujours le même métier. Les mutations, les certifications, ou carrément une reconversion, se chargeront, j'espère, de ne pas finir aigrie dans le métier.

Plus que la peur de vieillir, c'est celle de l'évolution du statut d'enseignant qui me préoccupe : quand on voit le changement (plutôt négatif) qu'il a subi cette dernière décennie, ça fait peur; l'enseignant est de moins en moins respecté (que ce soit par les enfants ou par les adultes), le métier n'est plus une valeur sûre comme il était quand j'étais étudiante (il y a une quinzaine d'années). Et ça me fait peur parce-que je pense que ça ne va pas s'améliorer...

Marie56 a écrit:Une de mes angoisses, c'est de ne pas bien vieillir dans ce métier, de devenir aigrie / épuisée et incapable de faire cours quand j'aurai 50 ans. Il faut tellement d'énergie pour cadrer les élèves, les intéresser, etc. En plus, j'ai l'impression que les élèves aiment les profs dynamiques.....

Moi je suis aigri et c'est ce qui me rend dynamique !

Le début dans le métier est difficile, plus on vieillit plus cela devient simple. Un truc pour ne pas s'endormir et garder le punch, rencontrer d'autres profs, faire de la recherche, (nous, en math, nous avons la chance d'avoir les IREM) se remettre en question. Si on fait correctement son boulot on a peu de problèmes de respect en général.
Il est important pour nous aussi de respecter les élèves: rendre les devoirs à temps, être poli avec eux, utiliser un vocabulaire d'adulte, corriger le leur, etc. Ce sont des petits trucs mais cela améliore vraiment l'ambiance. Je n'ai jamais eu le sentiment que le métier se dégradait et puis, les voeux pieux comme: "rester plus dans les établissements" chez nous il n'y a pas de places pour construire des bureaux, alors...laissons glisser et puis si bureaux il y avait mettons-y un vase, des fleurs, demandons un ordi pour chacun et remplissons les bulletins ce que nous faisons tous déjà!

sano a écrit:Plus que la peur de vieillir, c'est celle de l'évolution du statut d'enseignant qui me préoccupe : quand on voit le changement (plutôt négatif) qu'il a subi cette dernière décennie, ça fait peur; l'enseignant est de moins en moins respecté (que ce soit par les enfants ou par les adultes), le métier n'est plus une valeur sûre comme il était quand j'étais étudiante (il y a une quinzaine d'années). Et ça me fait peur parce-que je pense que ça ne va pas s'améliorer...

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Plume a écrit:Moi je pense qu'un prof est comme le bon vin : il s'améliore avec le temps ! Donc je n'ai pas peur de vieillir.
C'est vrai que c'est un métier épuisant... Mais je suis déjà épuisée :lol: !
Avec le temps, on apprend aussi à se ménager je pense.
On acquiert de la bouteille et ça facilite les choses !

Ouais sauf qu'avec le temps, le bon vin devient du vinaigre...!!!

Après un année de stage 18h, je me sens déjà vieux. C'est vous dire...

Ma mère était prof et elle est partie à la retraite l'an dernier (à 63 ans). Sur le coup, elle était contente (plus de réveil qui sonne à 6h du mat', plus d'élèves énervés à la veille des vacances, au retour des week ends, plus de copies à corriger...elle n'arrêtait pas de nous répéter ça depuis des années)...mais au bout de 6 mois le contact avec les jeunes lui manque tellement qu'elle prévoit de donner des cours de soutien :lol!:
Certes ca demande plus d'énergie quand tu as 50 ans que quand tu as 30 ans mais tu t'adaptes beaucoup plus facilement, tu as des tonnes de petits trucs et astuces pour motiver/recadrer/ne pas trop t'épuiser à la tâche
Je sais que ma mère était une prof très cool et très appréciée par ses élèves malgré son âge. Elle se donnait à fond et n'hésitait pas à donner de sa personne (même à 60 ans, elle mimait, faisait des grimaces improbables pour faire deviner des mots (elle était prof d'anglais à l'étranger).
Et ce qu'elle répète souvent c'est que le contact avec les jeunes nous fait rester jeunes nous aussi!
Donc non, ca me fait absolument pas peur de veillir dans ce métier

oui Aky, tu as raison. Mais je ne sais pas pourquoi j'ai cette idée qui me trotte dans la tête, à savoir que les élèves préfèrent les profs jeunes (je sais, c'est absurde, mais je n'arrive pas à m'en défaire). En fait, j'ai peur de "mal" passer auprès d'élèves, dans vingt ans, et d'être déconnectée de leur réalité à eux (même si je vais tout faire pour ne pas l'être)

Marie56 a écrit:oui Aky, tu as raison. Mais je ne sais pas pourquoi j'ai cette idée qui me trotte dans la tête, à savoir que les élèves préfèrent les profs jeunes (je sais, c'est absurde, mais je n'arrive pas à m'en défaire). En fait, j'ai peur de "mal" passer auprès d'élèves, dans vingt ans, et d'être déconnectée de leur réalité à eux (même si je vais tout faire pour ne pas l'être)

Oui je vois le genre de prof auxquels tu penses: on en a tous eu à un moment ou un autre de notre scolarité

Mais je pense que être une prof aigrie, loin des réalités, des intérêts et des préoccupations des jeunes est un sorte de choix. Tant que tu t'interesses à eux et que tu restes ouverte, ca devrait aller.
Personnellement j'ai également eu un certain nombre de "vieux" profs...mais ils n'étaient pas tous aigris...loin de là. Le jour où j'ai eu un gros problème, j'ai préféré me confier à une vieille prof au bord de la retraite qu'à ma prof de philo toute jeune, qui venait de passer le concours l'annéee précédente.

On nous demande pas d'être la pote branchée. On est des prof. Avec de l'humour, de la bienveillance et un minimum d'ouverture d'esprit, je pense qu'il est facile d'échapper au spectre de la prof aigrie. Et au pire du pire: tu peux toujours lâcher la profession avant qu'il ne soit trop tard (j'ai fait l'inverse, je veux devenir prof avant qu'il ne soit trop tard et que mon métier actuel ne fasse de moi une sorcière ).
Courage!

Sans indiscrétion, Aky, tu avais quel métier avant ?

EDIT

Plume a écrit:Moi je pense qu'un prof est comme le bon vin : il s'améliore avec le temps ! Donc je n'ai pas peur de vieillir.
C'est vrai que c'est un métier épuisant... Mais je suis déjà épuisée :lol: !
Avec le temps, on apprend aussi à se ménager je pense.
On acquiert de la bouteille et ça facilite les choses !

C'est que je me dis aussi et j'espère ne pas me tromper!

Et tu ne regrettes pas ton choix, Aky ? Moi aussi, j'avais un autre métier. Mais je ne me sentais pas à l'aise en entreprise (envie d'autres valeurs, envie de fonder une famille et de ne pas bosser comme une tarée). Résultat mitigé en fait : j'aime le contact avec mes élèves, j'aime transmettre, mais j'ai des problèmes de gestion de classe (je ne suis pas assez autoritaire), et je travaille beaucoup, mine de rien. Et ce qui me mine le moral, c'est que bcp de mes proches considfèrent que j'ai fait le choix de la facilité, que je ne bosse pas bcp (limite que je suis une "feignasse"), alors que c'est un métier difficile... Bref, j'arrête de m'épancher.....

Moi qui suis à quelques années à peine de la retraite (j'ai horreur de ce mot, ça sonne comme une défaite — en espagnol, on dit jubilacion, ça a une autre gueule), en vérité je vous le dis : on se bonifie avec l'âge. Les choses sont plus faciles, les réflexes plus immédiats. On se fait beaucoup moins ch*** en cours. Et on sait bien plus de choses — y compris dans l'art et la manière de conduire un cours ou une classe : les situations antérieures fournissent des solutions pour les situations postérieures.
Et franchement, j'adore faire cours (les copies, bon, c'est autre chose). J'ai tout connu, collège rural, lycées de banlieue, ZEP (12 ans…), lycée technique, et maintenant prépas. Et je me suis pris un pur pied à chaque fois.
Quant au rapport d'âge… On est de plus en plus séduisant (au sens communication du terme) au fur et à mesure. Et l'âge met une barrière devant des élèves tentés d'être trop familiers — ce qu'ils sont plus aisément avec des enseignants jeunes (j'ai commencé, j'avais 22 ans, j'avais des élèves — en terminale Technique — qui avaient quasi le même âge). Je crois même que le potentiel érotique ne s'érode pas — bien au contraire. Alors… Inutile de s'angoisser : demain sera toujours mieux.

Je pense aussi qu'un prof se bonifie avec l'âge, pour toutes les raisons citées par Abraxas. Les profs plus vieux m'ont toujours plus "séduite" que les jeunes car la distance de l'âge les rendait mystérieux, car leur autorité était plus naturelle et décontractée, car ils avaient vraiment apprivoisé ce métier et savaient jouer de leur fonction. Les prof plus jeunes étaient plus dynamiques, certes, mais un peu gesticulateurs Bref, moi j'ai hâte de prendre de la bouteille !

Votre sujet m'interpelle. Je viens d'attaquer ma toute première expérience lundi (wouhou !) et j'ai été particulièrement frappée par le conflit ambiant entre les élèves et les anciens. Déjà les élèves les appellent "dinosaures" et m'ont confié que le courant ne passait pas du tout ! En salle des profs, ceux qui sont proches de la retraite arrivent blasés, comme s'ils venaient de se battre avec leurs classes. Du coup j'ai trouvé que ma jeunesse était un sacré avantage, ils m'ont fait un bon accueil. Et ça m'a carrément fait flipper de devenir vieille et, à mon tour, méprisée par les élèves.

Merci Abraxas et Saloum. Vos paroles me rassurent beaucoup. J'aime bien cette phrase, Abraxas : On est de plus en plus séduisant (au sens communication du terme) au fur et à mesure. -> ça me fait penser à ma grand-mère, qui avait vraiment l'art de conter. C'était captivant de l'écouter. Et je ne sais pas si elle avait cette qualité quand elle était jeune....

Merci aussi à Abraxas et Saloum. Je ne suis pas débutante mais je suis à une période de ma carrière où j'ai besoin d'être remotivée, et de sages paroles comme les vôtres m'apportent une bouffée d'oxygène...