Encore moi ... explication Lettres Persanes ...

Désolée, c'est encore moi ... J'aurais encore besoin d'un éclaircissement sur une phrase des lettres persanes : lettre très connues sur les caprices de la mode (99) : "Autrefois, les femmes avaient de la taille et des dents ; aujourd'hui, il n'en est pas question" : je ne comprends pas .

Merci encore de votre aide !

Je pense qu'il fallait mettre en valeur la taille et les dents autrefois, et plus par la suite. Il fallait rire en se cachant derrière un éventail, par exemple.

Donc, ce serait à prendre au sens propre ? Il n'y a pas une expression du style "avoir des dents" ?...

Oui, c'est au sens propre. Je vais peut-être avoir l'air ridicule, mais j'y vais de mes hypothèses : Pour la taille, je suppose qu'il s'agit d'une question de hauteur (d'autant qu'il parle ensuite des chapeaux et des chaussures). Pour les dents, il s'agit peut-être de les montrer et/ou de les blanchir ?

Pour la taille, je suggère plutôt une question de minceur : c'est le port des corsets, et tout le tintouin.
Pour les dents, je sais qu'au XVIIIè on commence à savoir soigner les dents ... donc oui, vous devez avoir raison.

En ce qui concerne la taille, c'est bien vouloir la réduire au moyen d'un corset.
Pour ce qui est des dents, on m'avait expliqué que c'était des fausses dents, enfin, comme des sortes de facettes, que les femmes mettaient sur leurs superbes chicots... A vérifier encore...

Pour la taille, c'est bien l'étroitesse du tour de taille. Pour les dents, c'était si rare d'en avoir de bonnes qu'on les montrait (sous Louis XIV) quand on en avait l'occasion — mais non par la suite, même si l'hygiène se perfectionne lentement au cours du XVIIIème, comme vous le soulignez. Le "souriez, le petit oiseau va sortir" ne remonte qu'aux années 1950, quand il a été de nouveau chic de montrer son sourire Colgate.
Montesquieu fustige l'incohérence de la mode et de ses diktats — après tout, dans les années 1713 où se passe son roman, l'hygiène n'a pas fait des progrès si décisifs que ça depuis 1680-90.
La précision "de fort belles dents" se retrouve en littérature jusqu'à la fin du XVIIIème (par exemple chez Sade) mais pas après : de jolies dents sont devenues la norme, dès le XIXème, d'autant qu'on commence à savoir faire des bridges à partir de dents réelles (cf. Fantine dans les Misérables, qui vend ses incisives — et ses cheveux — pour faire manger Cosette).