Pour quelle(s) raison(s) excluez-vous un élève de cours?

cath5660 a écrit: la répétitivité d'une exclusion doit amener l'équipe éducative à s'interroger sur une prise en compte collective des difficultés que rencontre l'élève fréquemment exclu.

Vous avez bien lu le passage en gras ? Le problème, c'est bien l'élève, pas le prof

Cripure a écrit:

cath5660 a écrit: la répétitivité d'une exclusion doit amener l'équipe éducative à s'interroger sur une prise en compte collective des difficultés que rencontre l'élève fréquemment exclu.

Vous avez bien lu le passage en gras ? Le problème, c'est bien l'élève, pas le prof

j'aurais aussi envie de rajouter le proviseur/principal qui doit aussi prendre en compte

Evidmment que le pbl c'est l'élève !
Lire ou entendre que des collègues culpabilisent ou s'en veulent d'avoir exclu, ça me laisse pantoise.
Eduquer, c'est aussi poser des limites, et exclure un élève qui dépasse les limites, c'est lui rendre service !

Bon, je reconnais que la CPE et mon CDE n'ont pas tout à fait le même avis sur la question :lol:

Sinon, j'ai toujours des pages d'exo de gram tout prêts (et d'un niveau accessible à n'importe quel ignorant) fournies gratos avec l'exclusion : je leur rends service et je leur fais un cadeau en plus ! La Vie Sco a déjà essayé de me renvoyer un élève ou deux, mais là je prends ma voix la plus suave pour dire "je pense qu'on ne s'est pas bien compris : Dylan n'est pas accepté dans mon cours, il peut donc disposer." Nan mé oh.

Les exclusions de cours sont rarissimes chez moi, donc non négociables.

Motifs retenus:
-refus de travail
-attitude désinvolte (avec ou sans propos insolents)
-comportement qui empêche le bon déroulement du cours

Les gamins sont censés venir à l'école pour bosser; et de préférence, dans le calme.
Je ne vois pas au nom de quoi, on a progressivement décidé d'accepter qu'il en soit autrement.
Qu'ils fassent cours à notre place, ces braves gens théoriquement tolérants !

mirtillo9 a écrit:Accompagnez-vous généralement l'excusion d'une retenue? Car de mon expérience la plupart du temps l'élève est "content" de son exclusion mais comme la double sanction est interdite, pas facile de trouver le bon compromis....

Il faudrait l'accompagner systématiquement d'une retenue, ou tout au moins d'un travail dissuasif. Compenser ce qui n'a pas été fait (à cause de l'exclusion) n'est pas suffisant. Tu as tout à fait raison de dire que les élèves peuvent rechercher l'exclusion.
Dans un collège où j'ai travaillé il y a quelque temps, la surveillante de l'étude en est arrivée à se plaindre, parce qu'elle n'arrivait plus à suivre!

Quant à considérer cela comme une double peine, je pense que c'est une erreur. L'exclusion n'est pas une punition, c'est une mesure d'ordre public. Elle vise seulement à protéger le reste de la classe (et le professeur) du perturbateur. La punition vient après.

egomet a écrit:

mirtillo9 a écrit:Accompagnez-vous généralement l'excusion d'une retenue? Car de mon expérience la plupart du temps l'élève est "content" de son exclusion mais comme la double sanction est interdite, pas facile de trouver le bon compromis....

Il faudrait l'accompagner systématiquement d'une retenue, ou tout au moins d'un travail dissuasif. Compenser ce qui n'a pas été fait (à cause de l'exclusion) n'est pas suffisant. Tu as tout à fait raison de dire que les élèves peuvent rechercher l'exclusion.
Dans un collège où j'ai travaillé il y a quelque temps, la surveillante de l'étude en est arrivée à se plaindre, parce qu'elle n'arrivait plus à suivre!

Quant à considérer cela comme une double peine, je pense que c'est une erreur. L'exclusion n'est pas une punition, c'est une mesure d'ordre public. Elle vise seulement à protéger le reste de la classe (et le professeur) du perturbateur. La punition vient après.

Hum...je suis tout à fait d'accord mais pour certains CDE, CPE...l'exclusion est considérée comme une sanction et punir l'élève est considérée comme une double peine... (pauvres petits chéris !!!)

Tout le problème est là. Les difficultés du métier, aujourd'hui en France, viennent surtout de ce que nous n'avons plus d'autorité institutionnelle. Les fonctions de la sanction sont très mal comprises: ordre public, protection, dissuasion, correction etc. Souvent on se focalise sur un point pour négliger les autres.
Je suis assez pessimiste d'ailleurs sur la possibilité de voir les choses s'améliorer prochainement. Les raisons idéologiques, électorales et sociales de cette situation me semblent très profondes. Ces CPE et CDE sont malheureusement dans "l'air du temps".

Tout à fait d'accord...depuis toutes ces années...j'ai toujours cru qu'un jour, le bon sens referait surface...et progressivement, parfois même chaque année, on constate qu'il n'en est rien et que le système et certaines décisions (qui se veulent hyper pédago, hyper intello ou ce qu'on voudra) nous enfoncent encore plus...j'ai souvent le sentiment qu'on nous fait foncer droit dans un mur et que, plutôt que de freiner, on redouble de vitesse...

Il y a bien quelques explications à cette obstination, mais ce serait un peu long et déprimant.

marie91270 a écrit:D'habitude, pour que j'exclue un élève de classe, il faut vraiment qu'il perturbe la classe au point que sa présence m'empêche de poursuivre le cours correctement.

Hier, j'ai fait fort en 3 heures de cours j'ai exclu 2 élèves... La fatigue y est pour quelquechose. Et si je ne regrette absolument pas d'avoir exclu le 2ème, j'ai quelques remords pour le premier...
Je l'ai exclu 10 minutes avant la fin de l'heure car il ne travaillait pas, qu'il n'écoutait pas la correction du devoir maison qu'il n'avait déjà pas rendu, et qu'il a refusé d'aller corriger une question au tableau... C'est un élève de 6ème. En plus, je l'ai menacé d'une retenue pour refaire le devoir maison. Je regrette car cet élève ne m'empêchait absolument pas de poursuivre le cours, il ne faisait pas de bruit (pour une fois) car je l'avais isolé dans un coin tout seul... Mais dans cette classe de 6ème insupportable, la fatigue aidant, je perds parfois patience!

Le 2ème, je l'ai exclu car en retard, pas de carnet, pas de cahier, pas de livre, pas de feuille, pas de stylo, et aussi parce qu'il me saoûle à chaque séance. Je l'ai exclu au bout de 5 minutes de cours.

Et vous? Dans quel(s) cas excluez-vous un élève de classe ? Vous le faîtes régulièrement ou c'est plutôt rare ?

Mais parce que je ne l'aime pas, bien sûr !

Sandyrina a écrit:

egomet a écrit:

mirtillo9 a écrit:Accompagnez-vous généralement l'excusion d'une retenue? Car de mon expérience la plupart du temps l'élève est "content" de son exclusion mais comme la double sanction est interdite, pas facile de trouver le bon compromis....

Il faudrait l'accompagner systématiquement d'une retenue, ou tout au moins d'un travail dissuasif. Compenser ce qui n'a pas été fait (à cause de l'exclusion) n'est pas suffisant. Tu as tout à fait raison de dire que les élèves peuvent rechercher l'exclusion.
Dans un collège où j'ai travaillé il y a quelque temps, la surveillante de l'étude en est arrivée à se plaindre, parce qu'elle n'arrivait plus à suivre!

Quant à considérer cela comme une double peine, je pense que c'est une erreur. L'exclusion n'est pas une punition, c'est une mesure d'ordre public. Elle vise seulement à protéger le reste de la classe (et le professeur) du perturbateur. La punition vient après.

Hum...je suis tout à fait d'accord mais pour certains CDE, CPE...l'exclusion est considérée comme une sanction et punir l'élève est considérée comme une double peine... (pauvres petits chéris !!!)

Il faut déjà veiller à ce que le règlement laisse bien l'exclusion à sa place, c'est-à-dire une mesure d'urgence et de protection de la classe. Chez nous, sur le rapport d'exclusion même figure le travail à donner pour la retenue de 4h systématiquement associée à l'exclusion.

Comme quoi tout n'est pas perdu! Il y a encore des établissements qui tiennent la route.

J'ai lu le fil en diagonale. Cette année, j'ai exclu deux élèves, pour l'instant. A chaque fois parce que j'ai jugé que leur attitude avait largement dépassé les limites de la correction et du respect.
La première, une élève de 4e qui bavardait et à qui j'avais demandé en début d'heure de jeter son chewing-gum. Ce qu'elle fit, crus-je, jusqu'au moment où, en plus de poursuivre ses bavardages, je l'aperçus en train de ruminer. J'ai alors poussé ma gueulante et lui ai demandé de m'apporter son carnet. Je voulais juste lui mettre un observation écrite (chez nous, au bout de trois observ' = heure de colle...). Mais en chemin, elle râle comme un poissonnière et me jette littéralement son carnet à la tronche. Je récupère illico le projectile et le lui renvoie comme elle a osé me le jeter (j'ai parfois du mal à contenir mes gestes... Je n'irai jamais jusqu'à toucher un élève, mais il y a des comportements que je ne supporte pas). Et là, vas-y qu'elle se met à hurler : "Nan mais oh !! Chuis pas un chien !!" et tout le tremblement. A ce moment-là, je lui ai vertement signifié ma façon de penser et l'ai exclue.

Deuxième gamin, toujours un 4e qui trouvait marrant, lorsque je donnais des conseils pour faire un exercice d'un contrôle, de dire d'un ton des plus irrespectueux et méprisant :"Mais ouais, mais on sait... Et bla, bla, bla... Pfff !!!" Ah oui ?? ça ne t'intéresse pas ? Bon bah tu sors et l'interro, tu la fais dans le bureau du CPE après lui avoir expliqué la manière dont tu bafoue et rabaisse la parole du prof.

Alors, je ne sais pas si j'abuse mais moi, j'en ai plus que marre de subir l'insolence et le mépris de gamins de 14 ans. Ils ne s'en rendent pas compte ? Soit. Je me fais un plaisir de le leur faire prendre conscience. Et dieu sait que je ne suis pas une prof "peau de vache" qui fait régner la terreur. Je préviens. Mais quand c'est du foutage de gueule, bah on gicle.

Pour de l'insolence, c'est à dire un refus ouvert des règles, ça ne me paraît pas du tout excessif.

Lenore a écrit:A chaque fois parce que j'ai jugé que leur attitude avait largement dépassé les limites de la correction et du respect.

Alors, je ne sais pas si j'abuse mais moi, j'en ai plus que marre de subir l'insolence et le mépris de gamins de 14 ans. Ils ne s'en rendent pas compte ? Soit. Je me fais un plaisir de le leur faire prendre conscience. Et dieu sait que je ne suis pas une prof "peau de vache" qui fait régner la terreur. Je préviens. Mais quand c'est du foutage de gueule, bah on gicle.

+1 si on laisse passer ça, "on est fichu"...

Oui, il y a encore des établissements qui tiennent la route heureusement.

L'an dernier, je virais souvent. Les collègues aussi. Mais comme l'administration n'y était pas trop favorable, que la CPE renvoyait parfois des élèves en classe (ça ne m'est pas arrivé à moi), on le faisait "en interne", on se les envoyait les uns chez les autres. Au point qu'un élève que j'avais en 4e l'an dernier et que j'envoyais régulièrement chez ma tutrice lui a répondu (elle l'a en cours cette année), quand elle lui a demandé ce qu'il avait appris l'an dernier en français : "Ben, rien, j'étais toujours dans votre classe!"

Cette année, j'ai tenté d'éviter le plus possible (cela ne s'est jamais produit en 6e), mais j'ai quand même encore des cas en 4e, deux surtout, et les raisons pour lesquelles je les exclus sont les suivantes :

- ils dérangent la classe (même si ce ne sont que des bavardages répétés... mais le plus souvent ils parlent à voix haute)
- je suis au bord de leur en coller une, je me protège donc

Problème : effectivement, pour l'un d'entre eux surtout, c'est un cadeau qu'on leur fait. Il n'attend que ça. Maintenant, j'applique la règle d'une exclusion = une heure de retenue, mais je ne suis pas sûre que ça suffise.

Je voudrais ne jamais exclure, ne serait-ce que pour leur casser les pieds (et puis parce qu'ils sont là pour être en cours), mais c'est clair que c'est parfois impossible. Surtout, je ne supporte pas de voir deux ou trois emmerdeurs gâcher le cours à toute une classe (ou au moins la moitié) qui veut vraiment travailler (et c'est le cas de ma classe de 4e).

Mais cette année, le principal est compréhensif : quand je lui ai dit que je supportais plus ces deux élèves de 4e, c'est lui-même qui m'a dit : "Eh bien, excluez-les, s'il le faut". Au moins je suis couverte !