- JohnMédiateur
Pour l'ensemble des sujets suivants (1990-2008), la consigne était : Commentez et discutez, en utilisant des exemples précis et variés. Les titres en gras ont été rajoutés lors de la constitution de cet ensemblier.
2008 - LM : La poésie est une "réinvention du langage" (Aragon)
« […] Il n'y a poésie qu'autant qu'il y a méditation sur le langage, et à chaque pas réinvention de ce langage. Ce qui implique de briser les cadres fixes du langage, les règles de la grammaire, les lois du discours. C'est bien ce qui a mené les poètes si loin dans le chemin de la liberté, et c'est cette liberté qui me fait m’avancer dans la voie de la rigueur, cette liberté véritable. »
Louis ARAGON, "Arma virumque cano" ["Je chante les armes et les hommes"], préface du recueil Les Yeux d'Elsa, 1942 ; éd. Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », OEuvres poétiques complètes, I, 2007, p. 747.
2008 - LC - L'oeuvre littéraire est "un secret et la clé de son secret" (Rousset)
"Entrer dans une œuvre, c'est changer d'univers, c'est ouvrir un horizon. L'œuvre véritable se donne à la fois comme révélation d'un seuil infranchissable et comme pont jeté sur ce seuil interdit. Un monde clos se construit devant moi, mais une porte s'ouvre, qui fait partie de la construction. L'œuvre est tout ensemble une fermeture et un accès, un secret et la clé de son secret."
Jean ROUSSET, Forme et signification (Paris, Corti, 1962, pp. II-III)
2007 - LM -La critique littéraire commme "amour parallèle et lucide" (Gracq)
« Un livre qui m'a séduit est comme une femme qui me fait tomber sous le charme : au diable ses ancêtres, son lieu de naissance, son milieu, ses relations, son éducation, ses amies d'enfance ! Ce que j'attends seulement de votre entretien critique, c'est l'inflexion de voix juste qui me fera sentir que vous êtes amoureux, et amoureux de la même manière que moi : je n'ai besoin que de la confirmation et de l'orgueil que procure à l'amoureux l'amour parallèle et lucide d'un tiers bien disant. »
Julien GRACQ, En lisant en écrivant (1980), [José Corti, p. 178], s'adressant au critique littéraire
2007 - LC - Le théâtre cache et révèle la réalité (Dort)
« Le théâtre ne peut que trahir la réalité - au double sens de ce mot. Il la cache dans la mesure où il ne saurait être que théâtre, c'est-à-dire un jeu d'images tournées vers le spectateur et lui renvoyant ses propres phantasmes. Il la révèle, car, en fin de compte, il se dénonce lui-même comme théâtre : il ne sait que répéter les mêmes mots, les mêmes gestes en une cérémonie poussée jusqu'à l'absurde ».
Bernard DORT, Théâtres (Seuil-1986)
2006 - LM - Toute grande oeuvre de théâtre "frappe, gêne, révolte" (Duvignaud, Lagoutte)
« Les grandes oeuvres du théâtre sont toujours des oeuvres subversives qui mettent en cause l'ensemble des croyances, des idées, des modèles, l'image de l'homme, d'une société et d'une civilisation. Certes, avec le temps, les histoires de la littérature effacent ce conflit ou du moins feignent de l'ignorer, pressées qu'elles sont de tranquilliser le lecteur en présentant des oeuvres dans la suite apaisante d'une histoire et d'un déroulement. Mais à l'origine, toute grande oeuvre, même si elle ne s'affirme pas complètement, frappe, gêne, révolte. »
Jean DUVIGNAUD et Jean LAGOUTTE, Le théâtre contemporain. Culture et contre-culture, Paris, Larousse, 1974.
2006 - LC - "La poésie est cette démarche qui par le mot, l’image, le mythe, l’amour et l’humour m’installe au coeur de moi-même et du monde." Aimé CÉSAIRE (Revue Tropiques n° 12, « Poésie et connaissance », janvier 1945)
2005 - LM - Le journal est "un présent fixé à l'aide du passé" (Genêt)
"Avec des mots si j'essaie de recomposer mon attitude d'alors, le lecteur ne sera pas dupe plus que moi. Nous savons que notre langage est incapable de rappeler même le reflet de ces états défunts, étrangers. Il en serait de même pour tout ce journal s'il devait être la notation de qui je fus. Je préciserai donc qu'il doit renseigner sur qui je suis, aujourd'hui que je l'écris. Il n’est pas une recherche du temps passé, mais une oeuvre d’art dont la matière-prétexte est ma vie d'autrefois. Il sera un présent fixé à l'aide du passé, non l'inverse. Qu'on sache donc que les faits furent ce que je les dis, mais l'interprétation que j'en tire c'est ce que je suis devenu. "
Jean GENET, Journal du voleur (1949) [Gallimard, coll. Folio, 1982, p. 79-80]
2005 - LC - "Relire n’est pas lire une seconde fois" (C. Lefort)
"Relire n’est pas lire une seconde fois, mais nouer un rapport nouveau avec ce qui se fait reconnaître comme un texte ; relire c’est perdre la notion du temps de la lecture, et se délivrer du charme qu’exerce de façon répétée la chose dite ici et maintenant »
C. LEFORT, Le nom d'Un
2004 - LM - "L'art du romancier est une faillite" : il "exprime le contraire de ce qu'est la vie" (Mauriac)
« Si le romancier veut atteindre l’objectif de son art, qui est de peindre la vie, il devra s’efforcer de rendre cette symphonie humaine où nous sommes tous engagés, où toutes les destinées se prolongent dans les autres et se compénétrent. Hélas ! Il est à craindre que ceux qui cèdent à cette ambition, quel que soit leur talent ou même leur génie, n’aboutissent à un échec. Il y a je ne sais quoi de désespéré dans la tentative d’un Joyce. Je ne crois pas qu’aucun artiste réussisse jamais à surmonter la contradiction qui est inhérente à l’art du roman. D’une part, il a la prétention d’être la science de l’homme, - de l’homme, monde fourmillant et qui s’écoule – et il ne sait qu’isoler de ce fourmillement et que fixer sous sa lentille une passion, une vertu, un vice qu’il amplifie démesurément : le père Goriot ou l’amour paternel, la cousine Bette ou la jalousie, le père Grandet ou l’avarice. D’autre part, le roman a la prétention de nous peindre la vie sociale, et il n’atteint jamais que des individus après avoir coupé la plupart des racines qui les rattachent au groupe. En un mot, dans l’individu, le romancier isole et immobilise une passion, et dans le groupe, il isole et immobilise un individu. Et, ce faisant, on peut dire que ce peintre de la vie exprime le contraire de ce qu’est la vie : l’art du romancier est une faillite.
François MAURIAC, Le romancier et ses personnages, 1933, in Oeuvres romanesques et théâtrales complètes, tome II, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1979, p. 847-848.
2004 - LC - La description s'apparente "en profondeur" aux "préliminaires d'une dramaturgie" (Gracq)
"Ayant toujours partie liée en profondeur avec les préliminaires d'une dramaturgie, la description tend non pas vers un dévoilement [...]1 de l'objet, mais vers le battement de coeur préparé d'un lever de rideau"
1Ces crochets sont dus à la suppression de l'adjectif "quiétiste", retiré de la citation "pour ne pas plonger les candidats dans un trouble inutile".[Note de John]
2003 - LM - Les grands textes de théâtre ont besoin de la scène "pour prendre consistance" (Dort)
"Les plus grands textes de théâtre, ceux qui ont suscité, à travers les âges, les plus d’interprétations scéniques, et les plus différentes entre elles, sont ceux qui, à la lecture, nous semblent les plus problématiques. Complexes au point de paraître presque incohérents. Foisonnants à la limite du désordre. Un texte clos sur lui-même, qui contient expressément une réponse aux questions qui y sont formulées, a peu de chance d’être jamais repris. C’est le sort des pièces à thèse. En revanche, un texte ouvert, qui ne répond aux questions que par de nouvelles questions et qui prend délibérément le parti de son propre inachèvement, a toutes les chances de durer. C’est qu’il fait appel à la scène, qu’il la provoque et a besoin d’elle pour prendre consistance. »
Bernard DORT, « Le texte et la scène : pour une nouvelle alliance », in Le Spectateur en dialogue, P.O.L. éditeur, 2995, p. 263.
2003 - LC - "Je sépare instinctivement l’écrivain de l’individu." (Paul Valéry)
« On me fait quelquefois la remarque et le reproche de mon insensibilité. Je ne m’en défends pas. Je dis : je sépare instinctivement l’écrivain de l’individu. Le public n’a droit qu’à notre esprit. Le coeur est chose secrète. Un être me semble moins « sensible » qu’il exhibe et utilise le plus son sentiment. »
Paul VALERY, Ego scriptor
2002 - LM - La séparation des genres est vaine : "La seule distinction véritable est celle du bon et du mauvais" (Hugo)
On entend tous les jours, à propos de productions littéraires, parler de la dignité de tel genre, des convenances de tel autre, des limites de celui-ci, des latitudes de celui-là ; la tragédie interdit ce que le roman permet, la chanson tolère ce que l’ode défend, etc. L’auteur de ce livre a le malheur de ne rien comprendre à tout cela ; il y cherche des choses et n’y voit que des mots ; il lui semble que ce qui est réellement beau et vrai est beau et vrai partout ; que ce qui est dramatique dans un roman sera dramatique sur la scène ; que ce qui est lyrique dans un couplet sera lyrique dans une strophe ; qu’enfin et toujours la seule distinction véritable dans les oeuvres de l’esprit est celle du bon et du mauvais.
V. HUGO, Préface des Odes et ballades (1826), coll L’intégrale, t. 1, Seuil, p. 85.
2002 - LC - "Le poète n’a besoin de rien prouver" (Kundera)
La poésie est un territoire où toute affirmation devient vérité (…). Le poète n’a besoin de rien prouver ; la seule preuve réside dans l’intensité du sentiment.
Milan KUNDERA, La Vie est ailleurs (Gallimard, 1973).
2001 - LM - "Le poète considère les mots comme des choses et non comme des signes" (Sartre)
« Les poètes sont des hommes qui refusent d’utiliser le langage. Or, comme c’est dans et par le langage conçu comme une espèce d’instrument que s’opère la recherche de la vérité, il ne faut pas s’imaginer qu’ils visent à discerner le vrai ni à l’exposer. Ils ne songent pas non plus à nommer le monde et, par le fait, ils ne nomment rien du tout, car la nomination implique un perpétuel sacrifice du nom à l’objet nommé ou pour parler comme Hegel, le nom s’y révèle l’inessentiel, en face de la chose qui est essentielle. Ils ne parlent pas ; ils ne se taisent pas non plus : c’est autre chose. […] En fait, le poète s’est retiré d’un seul coup du langage-instrument ; il a choisi une fois pour toutes l’attitude poétique qui considère les mots comme des choses et non comme des signes. »
Jean-Paul SARTRE, Qu’est-ce que la littérature ?, Paris, Gallimard, 1948, rééd., Paris, Gallimard, coll « Folio/essais », p. 18-19.
2001 - LC - "Les comédies ne sont faites que pour être jouées" (Molière)
« On sait que les comédies ne sont faites que pour être jouées ; et je ne conseille de lire celle-ci qu'aux personnes qui ont des yeux pour découvrir, dans la lecture, tout le jeu du théâtre. »
Molière, "Avertissement au lecteur", l'Amour médecin, 1665.
2000 - LM - Roman et tragédie (Cioran)
« Auprès du héros tragique, comblé par l’adversité, son bien de toujours, son patrimoine, le personnel romanesque apparaît comme un aspirant à la ruine, un gagne petit de l’horreur, tout soucieux de se perdre, tout tremblant de n’y point réussir. Incertain de son désastre, il en souffre. Aucune nécessité dans sa mort. L’auteur, telle est notre impression, pourrait le sauver : ce qui donne un sentiment de malaise et nous gâche le plaisir de la lecture. La tragédie, elle, se déroule si j’ose dire, sur un plan absolu : l’auteur n’a aucune influence sur ses héros, il n’en est que le serviteur, l’instrument ; ce sont eux qui commandent et lui intiment de rédiger le procès-verbal de leurs faits et gestes. »
CIORAN, La tentation d'exister.
2000 - LC - Personnage de roman, personnage de théâtre.
2008 - LM : La poésie est une "réinvention du langage" (Aragon)
« […] Il n'y a poésie qu'autant qu'il y a méditation sur le langage, et à chaque pas réinvention de ce langage. Ce qui implique de briser les cadres fixes du langage, les règles de la grammaire, les lois du discours. C'est bien ce qui a mené les poètes si loin dans le chemin de la liberté, et c'est cette liberté qui me fait m’avancer dans la voie de la rigueur, cette liberté véritable. »
Louis ARAGON, "Arma virumque cano" ["Je chante les armes et les hommes"], préface du recueil Les Yeux d'Elsa, 1942 ; éd. Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », OEuvres poétiques complètes, I, 2007, p. 747.
2008 - LC - L'oeuvre littéraire est "un secret et la clé de son secret" (Rousset)
"Entrer dans une œuvre, c'est changer d'univers, c'est ouvrir un horizon. L'œuvre véritable se donne à la fois comme révélation d'un seuil infranchissable et comme pont jeté sur ce seuil interdit. Un monde clos se construit devant moi, mais une porte s'ouvre, qui fait partie de la construction. L'œuvre est tout ensemble une fermeture et un accès, un secret et la clé de son secret."
Jean ROUSSET, Forme et signification (Paris, Corti, 1962, pp. II-III)
2007 - LM -La critique littéraire commme "amour parallèle et lucide" (Gracq)
« Un livre qui m'a séduit est comme une femme qui me fait tomber sous le charme : au diable ses ancêtres, son lieu de naissance, son milieu, ses relations, son éducation, ses amies d'enfance ! Ce que j'attends seulement de votre entretien critique, c'est l'inflexion de voix juste qui me fera sentir que vous êtes amoureux, et amoureux de la même manière que moi : je n'ai besoin que de la confirmation et de l'orgueil que procure à l'amoureux l'amour parallèle et lucide d'un tiers bien disant. »
Julien GRACQ, En lisant en écrivant (1980), [José Corti, p. 178], s'adressant au critique littéraire
2007 - LC - Le théâtre cache et révèle la réalité (Dort)
« Le théâtre ne peut que trahir la réalité - au double sens de ce mot. Il la cache dans la mesure où il ne saurait être que théâtre, c'est-à-dire un jeu d'images tournées vers le spectateur et lui renvoyant ses propres phantasmes. Il la révèle, car, en fin de compte, il se dénonce lui-même comme théâtre : il ne sait que répéter les mêmes mots, les mêmes gestes en une cérémonie poussée jusqu'à l'absurde ».
Bernard DORT, Théâtres (Seuil-1986)
2006 - LM - Toute grande oeuvre de théâtre "frappe, gêne, révolte" (Duvignaud, Lagoutte)
« Les grandes oeuvres du théâtre sont toujours des oeuvres subversives qui mettent en cause l'ensemble des croyances, des idées, des modèles, l'image de l'homme, d'une société et d'une civilisation. Certes, avec le temps, les histoires de la littérature effacent ce conflit ou du moins feignent de l'ignorer, pressées qu'elles sont de tranquilliser le lecteur en présentant des oeuvres dans la suite apaisante d'une histoire et d'un déroulement. Mais à l'origine, toute grande oeuvre, même si elle ne s'affirme pas complètement, frappe, gêne, révolte. »
Jean DUVIGNAUD et Jean LAGOUTTE, Le théâtre contemporain. Culture et contre-culture, Paris, Larousse, 1974.
2006 - LC - "La poésie est cette démarche qui par le mot, l’image, le mythe, l’amour et l’humour m’installe au coeur de moi-même et du monde." Aimé CÉSAIRE (Revue Tropiques n° 12, « Poésie et connaissance », janvier 1945)
2005 - LM - Le journal est "un présent fixé à l'aide du passé" (Genêt)
"Avec des mots si j'essaie de recomposer mon attitude d'alors, le lecteur ne sera pas dupe plus que moi. Nous savons que notre langage est incapable de rappeler même le reflet de ces états défunts, étrangers. Il en serait de même pour tout ce journal s'il devait être la notation de qui je fus. Je préciserai donc qu'il doit renseigner sur qui je suis, aujourd'hui que je l'écris. Il n’est pas une recherche du temps passé, mais une oeuvre d’art dont la matière-prétexte est ma vie d'autrefois. Il sera un présent fixé à l'aide du passé, non l'inverse. Qu'on sache donc que les faits furent ce que je les dis, mais l'interprétation que j'en tire c'est ce que je suis devenu. "
Jean GENET, Journal du voleur (1949) [Gallimard, coll. Folio, 1982, p. 79-80]
2005 - LC - "Relire n’est pas lire une seconde fois" (C. Lefort)
"Relire n’est pas lire une seconde fois, mais nouer un rapport nouveau avec ce qui se fait reconnaître comme un texte ; relire c’est perdre la notion du temps de la lecture, et se délivrer du charme qu’exerce de façon répétée la chose dite ici et maintenant »
C. LEFORT, Le nom d'Un
2004 - LM - "L'art du romancier est une faillite" : il "exprime le contraire de ce qu'est la vie" (Mauriac)
« Si le romancier veut atteindre l’objectif de son art, qui est de peindre la vie, il devra s’efforcer de rendre cette symphonie humaine où nous sommes tous engagés, où toutes les destinées se prolongent dans les autres et se compénétrent. Hélas ! Il est à craindre que ceux qui cèdent à cette ambition, quel que soit leur talent ou même leur génie, n’aboutissent à un échec. Il y a je ne sais quoi de désespéré dans la tentative d’un Joyce. Je ne crois pas qu’aucun artiste réussisse jamais à surmonter la contradiction qui est inhérente à l’art du roman. D’une part, il a la prétention d’être la science de l’homme, - de l’homme, monde fourmillant et qui s’écoule – et il ne sait qu’isoler de ce fourmillement et que fixer sous sa lentille une passion, une vertu, un vice qu’il amplifie démesurément : le père Goriot ou l’amour paternel, la cousine Bette ou la jalousie, le père Grandet ou l’avarice. D’autre part, le roman a la prétention de nous peindre la vie sociale, et il n’atteint jamais que des individus après avoir coupé la plupart des racines qui les rattachent au groupe. En un mot, dans l’individu, le romancier isole et immobilise une passion, et dans le groupe, il isole et immobilise un individu. Et, ce faisant, on peut dire que ce peintre de la vie exprime le contraire de ce qu’est la vie : l’art du romancier est une faillite.
François MAURIAC, Le romancier et ses personnages, 1933, in Oeuvres romanesques et théâtrales complètes, tome II, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1979, p. 847-848.
2004 - LC - La description s'apparente "en profondeur" aux "préliminaires d'une dramaturgie" (Gracq)
"Ayant toujours partie liée en profondeur avec les préliminaires d'une dramaturgie, la description tend non pas vers un dévoilement [...]1 de l'objet, mais vers le battement de coeur préparé d'un lever de rideau"
1Ces crochets sont dus à la suppression de l'adjectif "quiétiste", retiré de la citation "pour ne pas plonger les candidats dans un trouble inutile".[Note de John]
2003 - LM - Les grands textes de théâtre ont besoin de la scène "pour prendre consistance" (Dort)
"Les plus grands textes de théâtre, ceux qui ont suscité, à travers les âges, les plus d’interprétations scéniques, et les plus différentes entre elles, sont ceux qui, à la lecture, nous semblent les plus problématiques. Complexes au point de paraître presque incohérents. Foisonnants à la limite du désordre. Un texte clos sur lui-même, qui contient expressément une réponse aux questions qui y sont formulées, a peu de chance d’être jamais repris. C’est le sort des pièces à thèse. En revanche, un texte ouvert, qui ne répond aux questions que par de nouvelles questions et qui prend délibérément le parti de son propre inachèvement, a toutes les chances de durer. C’est qu’il fait appel à la scène, qu’il la provoque et a besoin d’elle pour prendre consistance. »
Bernard DORT, « Le texte et la scène : pour une nouvelle alliance », in Le Spectateur en dialogue, P.O.L. éditeur, 2995, p. 263.
2003 - LC - "Je sépare instinctivement l’écrivain de l’individu." (Paul Valéry)
« On me fait quelquefois la remarque et le reproche de mon insensibilité. Je ne m’en défends pas. Je dis : je sépare instinctivement l’écrivain de l’individu. Le public n’a droit qu’à notre esprit. Le coeur est chose secrète. Un être me semble moins « sensible » qu’il exhibe et utilise le plus son sentiment. »
Paul VALERY, Ego scriptor
2002 - LM - La séparation des genres est vaine : "La seule distinction véritable est celle du bon et du mauvais" (Hugo)
On entend tous les jours, à propos de productions littéraires, parler de la dignité de tel genre, des convenances de tel autre, des limites de celui-ci, des latitudes de celui-là ; la tragédie interdit ce que le roman permet, la chanson tolère ce que l’ode défend, etc. L’auteur de ce livre a le malheur de ne rien comprendre à tout cela ; il y cherche des choses et n’y voit que des mots ; il lui semble que ce qui est réellement beau et vrai est beau et vrai partout ; que ce qui est dramatique dans un roman sera dramatique sur la scène ; que ce qui est lyrique dans un couplet sera lyrique dans une strophe ; qu’enfin et toujours la seule distinction véritable dans les oeuvres de l’esprit est celle du bon et du mauvais.
V. HUGO, Préface des Odes et ballades (1826), coll L’intégrale, t. 1, Seuil, p. 85.
2002 - LC - "Le poète n’a besoin de rien prouver" (Kundera)
La poésie est un territoire où toute affirmation devient vérité (…). Le poète n’a besoin de rien prouver ; la seule preuve réside dans l’intensité du sentiment.
Milan KUNDERA, La Vie est ailleurs (Gallimard, 1973).
2001 - LM - "Le poète considère les mots comme des choses et non comme des signes" (Sartre)
« Les poètes sont des hommes qui refusent d’utiliser le langage. Or, comme c’est dans et par le langage conçu comme une espèce d’instrument que s’opère la recherche de la vérité, il ne faut pas s’imaginer qu’ils visent à discerner le vrai ni à l’exposer. Ils ne songent pas non plus à nommer le monde et, par le fait, ils ne nomment rien du tout, car la nomination implique un perpétuel sacrifice du nom à l’objet nommé ou pour parler comme Hegel, le nom s’y révèle l’inessentiel, en face de la chose qui est essentielle. Ils ne parlent pas ; ils ne se taisent pas non plus : c’est autre chose. […] En fait, le poète s’est retiré d’un seul coup du langage-instrument ; il a choisi une fois pour toutes l’attitude poétique qui considère les mots comme des choses et non comme des signes. »
Jean-Paul SARTRE, Qu’est-ce que la littérature ?, Paris, Gallimard, 1948, rééd., Paris, Gallimard, coll « Folio/essais », p. 18-19.
2001 - LC - "Les comédies ne sont faites que pour être jouées" (Molière)
« On sait que les comédies ne sont faites que pour être jouées ; et je ne conseille de lire celle-ci qu'aux personnes qui ont des yeux pour découvrir, dans la lecture, tout le jeu du théâtre. »
Molière, "Avertissement au lecteur", l'Amour médecin, 1665.
2000 - LM - Roman et tragédie (Cioran)
« Auprès du héros tragique, comblé par l’adversité, son bien de toujours, son patrimoine, le personnel romanesque apparaît comme un aspirant à la ruine, un gagne petit de l’horreur, tout soucieux de se perdre, tout tremblant de n’y point réussir. Incertain de son désastre, il en souffre. Aucune nécessité dans sa mort. L’auteur, telle est notre impression, pourrait le sauver : ce qui donne un sentiment de malaise et nous gâche le plaisir de la lecture. La tragédie, elle, se déroule si j’ose dire, sur un plan absolu : l’auteur n’a aucune influence sur ses héros, il n’en est que le serviteur, l’instrument ; ce sont eux qui commandent et lui intiment de rédiger le procès-verbal de leurs faits et gestes. »
CIORAN, La tentation d'exister.
2000 - LC - Personnage de roman, personnage de théâtre.
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