Des livres et nous!!!

Je me souviens d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître... où je vivais dans ma jolie petite chambre d'ado au papier peint couvert de petites fleurs roses (eh si).
Mon papa avait à ma demande posé des étagères, et j'y avais religieusement installé mes livres. J'en prenais grand soin et les classais soigneusement (ce qui aujourd'hui me fait sourire, car à l'époque, je n'avais pas énormément de romans, je les empruntais généralement).
Bref, ces livres étaient ma fierté. J'adorais lire, j'adorais POSSEDER les livres et aussi bizarre que cela puisse paraître, j'adorais les ranger.
Aujoud'hui, les petites fleurs roses ont fané, l'étagère a déménagé, et me voici installée dans une grande maison avec mes enfants et mon mari, prof d'histoire (je précise pour que vous compreniez bien la suite). Mes vieux livres m'ont suivie, bien sûr, mais bien d'autres les ont rejoints, à commencer par la masse importante de ceux qui appartenaient à mon époux.
Bref, aujourd'hui, mes deux bibliothèques sont pleines à craquer ; dans chaque pièce de la maison, buanderie incluse, on trouve des bouquins : des romans par centaines, des recueils de poésie et de nouvelles, des essais, des biographies et des critiques, des pièces de théâtre, des encyclopédies, des ouvrages documentaires, des livres d'histoire, de jardinage, de peinture, de musique, de cuisine et par-dessus tout ça, une quantité impressionnante de manuels scolaires.
Un jour, mon mari rentre du boulot avec la mine d'un gamin de cinq ans qui vient de faire une bêtise.
"Que se passe-t-il? Tu as l'air bizarre.
- Il faut que je te dise quelque chose, mais j'ai peur que ça te contrarie. Tu te souviens de René, mon collègue, qui est parti en retraite il y a deux mois?
-Oui, eh bien?
-Eh bien, il est passé au bahut pour dire bonjour et nous avons discuté ensemble. Figure-toi qu'il m'a dit avoir fait un grand nettoyage chez lui, et il a décidé de se débarrasser d'une grand partie de sa bibliothèque.
- Ah bon? dis-je naïvement.
- Oui.... écoute, ma puce, je n'ai pas pu supporter l'idée de ces livres à la poubelle : j'ai récupéré tout ce dont le CDI n'a pas voulu...
- QUOI?????
- Ne t'inquiète pas, on va bien trouver où les ranger."
Et sur ce, il m'emmène avec lui au garage, où la voiture attendait, coffre ouvert, qu'on veuille bien la délester.
Oh la la, comment rendre ce fouillis? La plupart des ouvrages étaient très anciens, et une partie de moi-même comprenait mon mari. Il y avait aussi de ces cartes anciennes qu'on pendait au tableau par des anneaux.
"Elles ne sont plus utilisables car complètement obsolètes, mais regarde comme elles sont belles!"
Des livres, des livres, des livres. O mon Dieu, des livres et nous!!!
J'ai un très gros problème, les copains, je n'arrive pas à jeter un livre.
Ni à le vendre.
Mon mari et moi, il nous est souvent arrivé de faire parvenir des bouquins à des écoles démunies dans les pays de l'est.
Mais que c'est difficile! Même les specimens, je trouve toujours de bonnes raisons pour ne pas m'en séparer.

Aujourd'hui, mes beaux-parents sont décédés et leur maison est devenue une sorte de bibliothèque privée annexe, où nous laissons les livres les moins utilisés.
Si je ne classe pas mes bouquins comme à la bibliothèque, il me faut un temps infini pour les retrouver, d'autant que chez moi, des petits lutins farceurs viennent la nuit mettre du désordre dans ce que j'ai rangé...

Et vous savez le pire?
Le pire, c'est que je continue à courir les bouquinistes, à passer des heures dans les librairies, à acheter des livres. On continue à m'en offrir aussi... Quelle merveille!

Donc, j'imagine que tu es de celles qui hurlent au simple mot "ebooks"......

Non, tu te trompes, Camille.
Pourquoi pas?
Mais personnellement, j'aime le contact avec le papier, l'odeur du livre qu'on voit, qu'on sent vieillir. C'est très sensuel.
Et par ailleurs, ayant des petits soucis de ce côté-là, je ne sais pas si ma vue ne se fatiguerait pas plus vite sur un e-book.
Je n'ai jamais essayé en fait, mais je ne suis pas ennemie du colloque, comme dit l'autre.

Cam',

je suis comme toi ! J'adore les livres. Je me souviens que l'un des plus beaux jours de ma vie fut le jour où mon père m'a fabriqué une petite étagère -somme toute, très modeste, juste deux petits niveaux - mais je fus vraiment contente. Je devais être en seconde.

Je ne peux absolument pas jeter les livres ; même s'ils sont vieux. Et je garde même des choses inutiles, tels que des guides !

Je n'ai pas encore une grande bibliothèque mais quand j'étais étudiante, ce fut un calvaire d'arriver à caser 400 livres dans un 9m².

Aujourd'hui je préfère acheter des livres plutôt que des vêtements.

jolie histoire, merci!
Moi aussi, je rafole des livres mais j'arrive à les vendre pour m'en acheter d'autres (merci Priceminister!), par contre les jeter????????!! oh mon dieu, j'en ai la chair de poule!

Moi je trie, j'ai du mal à jeter, je vends parfois mais ds mon 64m2 à 3 et bien je n'ai pas le choix. J'évite d'acheter et je préfère l'emprunt.

ce qui est dégoutant, c'est que les bibliothèques et les CDI ne doivent normalement plus prendre de "vieux" livres, il est conseillé de "désherber", autrement dit, il n'est pas sûr qu'une école ou autre bibliothèque prenne les livres.
Mais moi j'essaierais de les donner quand même, et sinon, à une association type secours catholique.

De toute façon, si les bibliothèques reprennent les bouquins, vous pouvez être sûrs que la plupart d'entre eux vont finir au pilon, après "désherbage".

En revanche, pourquoi ne pas se renseigner auprès des bibliothèques d'hôpitaux? Ils ont peu de crédits et achètent peu, donc un stock de bouquins serait le bienvenu. Les maisons de retraite peuvent aussi être intéressées.

Depuis mon stage en bibli, je suis moins fétichiste du livre. Mais j'avoue avoir du mal à jeter quand même.

Pour moi, ça devient un vrai problème. Je ne sais plus où les stocker, je vis dans un 2 pièces. Alors, je stocke chez mes parents mais ils commencent à en avoir marre et parlent de déménager dans une maison plus petite. Comment vais-je faire? mystère!

Camélionne a écrit:Non, tu te trompes, Camille.
Pourquoi pas?
Mais personnellement, j'aime le contact avec le papier, l'odeur du livre qu'on voit, qu'on sent vieillir. C'est très sensuel.
Et par ailleurs, ayant des petits soucis de ce côté-là, je ne sais pas si ma vue ne se fatiguerait pas plus vite sur un e-book.
Je n'ai jamais essayé en fait, mais je ne suis pas ennemie du colloque, comme dit l'autre.

J'aime les deux: le livre papier et le livre électronique.
Lire sur l'écran...tout dépend de l'écran. S'il est de bonne qualité, je ne pense pas que ça pose problème. Perso, je lis 10 fois plus vite sur l'ordi, je ne sais pas pourquoi...(enfin si: j'adore les ordis... )
Mais je ne suis pas prête pour autant à abandonner le papier, encore que je n'ai aucune dévotion pour l'objet livre, comme on dit. (j'en ai jeté, des manuels ...Oups!)

Ah Camélionne... Ton histoire me fait rêver! Je suis moi aussi une fétichiste des livres... et je crains que dans quelques années, notre maison ne ressemble à la tienne... Nous n'avons qu'un peu plus d'un millier de livres actuellement, j'avoue qu'on se limite tous les deux faute de place. Et encore, mon compagnon n'est pas enseignant...
Quand nous avons visité pour la première fois la maison que nous sommes en train d'acheter , notre coup de coeur est venu en grande partie d'une très grande pièce à l'étage. Tous les deux la voyions déjà en bibliothèque. Et par la fenêtre...Le toit de la bibliothèque municipale d'à côité!

Je ne peux ni jeter, ni vendre un livre. En donner, c'est très rare (quand j'ai deux spécimens identiques par exemple) ; en prêter, je ne le fais qu'avec beaucoup de réticence (beaucoup de gens abîment les livres, les salissent, les cornent à tout va) et je note toujours à qui j'ai prêté quoi...
Bizarrement, j'admets que je puisse abîmer un de mes livres (le corner, couverture fatiguée à force de traîner dans mon sac), mais C'EST MOI qui l'ai fait, j'y ai mis mon empreinte, et le livre porte les traces de sa vie avec MOI.
Pour moi, l'objet livre est important : j'ai besoin de ce contact presque sensuel avec le papier (donc les e-books, moyen-moyen, si ce n'est pour rendre la vie plus facile, tout en conservant le double papier !), alors même que passer au traitement de texte ne m'a posé aucun problème -mais je déteste écrire.
En fait, je me comporte comme une amoureuse jalouse avec mes livres (que j'appelle mes "bébés").

J'adore aussi passer des heures à les ranger, les trier, imaginer de nouveaux classements (jamais satisfaisants d'ailleurs...). Mais je ne les ai jamais comptés.

Pareil ici... il y en a partout ou presque. De manière assez logique pour le moment : de cuisine dans la cuisine, manuels dans mon bureau, littérature et essais dans le salon.
Le premier achat fut d'ailleurs une bibliothèque (IKEA pour l'agrandir au fur et à mesure....)
Soigneusement archivés dans l'ordi grâce à un logiciel
et mon homme est pareil
sauf que en plus il fait pareil avec les cds....
et moi avec les fringues.....

On vient d'aménager un grand placard (dressing) dans notre chambre et... il y a encore des cartons que je ne sais où mettre.
Et pourtant là j'arrive à jeter, ou plutôt à donner.

La maison de mes parents est mon annexe. Ils ont une pièce réservée à la bibliothèque, remplie de trucs qui ressemblent plus ou moins à des livres, alors je m'y fait de la place.

L'histoire de ton mari me rappelle que quand j'avais 18 ans, nous sommes allés chez une vieille tante de ma mère que je connaissais peu et dont la fille travaillait dans une imprimerie qui s'occupait des livres de poche GF.
Personne de la famille n'était lecteur, ils ramenaient surtout des magazines.
Elle me demande si je veux y aller pour prendre des livres. Et on arrive dans une pièce immense de 60/100m2 avec des poches partout, de la philo essentiellement et beaucoup de littérature.
Je demande combien je peux en prendre et elle me répond "tout ce que tu veux"
Je me suis limitée par ce que le plus grand carton que j'ai pu trouver contenait
La plupart sont chez mes parents parce que je n'en ai plus l'utilité immédiate (la philo surtout) mais quel bonheur ce jour-là.

minnie a écrit:L'histoire de ton mari me rappelle que quand j'avais 18 ans, nous sommes allés chez une vieille tante de ma mère que je connaissais peu et dont la fille travaillait dans une imprimerie qui s'occupait des livres de poche GF.
Personne de la famille n'était lecteur, ils ramenaient surtout des magazines.
Elle me demande si je veux y aller pour prendre des livres. Et on arrive dans une pièce immense de 60/100m2 avec des poches partout, de la philo essentiellement et beaucoup de littérature.
Je demande combien je peux en prendre et elle me répond "tout ce que tu veux"
Je me suis limitée par ce que le plus grand carton que j'ai pu trouver contenait
La plupart sont chez mes parents parce que je n'en ai plus l'utilité immédiate (la philo surtout) mais quel bonheur ce jour-là.

Ouah, quelle chance ! Ce serait mon rêve, ça !

Je me retrouve dans tout ce vous dites...Récemment une amie de ma mère a décidé de ranger sa maison et de jeter ses livres:affraid:Quand ma mère m'a raconté ça j'ai crié au scandale "on ne jette pas des livres, même si elle ne les lit plus etc..." j'ai fini par lui dire "héroïquement" que je me dévouais à prendre ses livres...Résultat je me retrouve maintenant avec X exemplaires du Père Goriot...Mais pas grave, dans les établissements où je suis on va faire le compte des bouquins qui manquent et si je les ai en double, je donne....Des livres à la poubelle, j'vous jure, y'en a qui ont de ces idées

Carabas, ma maman travaille en bibliothèque et hélas, à part les revues, elle n'a pas réussi à acquérir ton détachement vis à vis des bouquins. Tout ce qui devrait finir au pilon se retrouve donc sous pavillon !
Des piles, par-ci, par-là, dans le garage, la maison de jardin, le couloir, etc.
Elle donne ce qu'elle peut et ce que les gens veulent, mais il reste quand même un tas impressionnant !

Et la doc de mon collège a refusé des livres jeunesse en disant qu'elle n'avait pas le droit d'accepter les dons

On n'est pas sorti de l'auberge, chez nous

zabou a écrit:Je me retrouve dans tout ce vous dites...Récemment une amie de ma mère a décidé de ranger sa maison et de jeter ses livres:affraid:Quand ma mère m'a raconté ça j'ai crié au scandale "on ne jette pas des livres, même si elle ne les lit plus etc..."

Je ne sais pas d'où ça vient... à moins que tu aies eu la même prof de 6ème que moi : Mlle X nous interdisait d'écrire sur les livres (ça, ça se comprend), mais aussi d'en corner les pages et de les poser ouverts, couverture vers le haut ("Ca abîme la reliure!").

Camélionne a écrit:

zabou a écrit:Je me retrouve dans tout ce vous dites...Récemment une amie de ma mère a décidé de ranger sa maison et de jeter ses livres:affraid:Quand ma mère m'a raconté ça j'ai crié au scandale "on ne jette pas des livres, même si elle ne les lit plus etc..."

Je ne sais pas d'où ça vient... à moins que tu aies eu la même prof de 6ème que moi : Mlle X nous interdisait d'écrire sur les livres (ça, ça se comprend), mais aussi d'en corner les pages et de les poser ouverts, couverture vers le haut ("Ca abîme la reliure!").

J'ai horreur de cela ! Les livres, nous devons en prendre soin !!! :lol:

[quote="Basmehab]

J'ai horreur de cela ! Les livres, nous devons en prendre soin !!! :lol:[/quote]
oui, mais j'aime ausi avoir des livres qui sentent le vécu...

Vous rappelez de ces "coins" cartonnés (j'ignore le nom exact) qu'on trouvait à la fin des livres, à l'époque où on les empruntait avec une petite fiche dans les biblio? "Rendez vite vos livres! D'autres lecteurs les attendent! N'abîmez pas vos livres: ils sont votre bien commun..."... Si quelqu'un a le texte exact, je le connaissais par coeur dans mon enfance!

Et d'ajouter :
"Ne mouillez pas votre index pour tourner les pages! Ca salit le liiiivre!"

(Je ne sais pas si elle avait lu le Nom de la Rose ; en tout cas chaque fois que j'ai emprunté des bouquins à la bibliothèque, j'ai pensé à elle en voyant le coin de la page plié et sali...)

Camélionne a écrit:Je ne sais pas d'où ça vient... à moins que tu aies eu la même prof de 6ème que moi : Mlle X nous interdisait d'écrire sur les livres (ça, ça se comprend), mais aussi d'en corner les pages et de les poser ouverts, couverture vers le haut ("Ca abîme la reliure!").

Ben quoi? C'est vrai! Je déteste casser la reliure de mes livres, de corner les pages. J'écris parfois au crayon, mais rarement.

Stered, oui, je comprends mais bon... Certains livres sont vraiment "périmés" (désolée si le mot vous choque). Je ne parle pas de romans, mais de livres techniques, de géopolitique ou sur la médecine. On avait un vieux bouquin sur le sida datant de 1985. Autant vous dire que la plupart des infos n'étaient plus d'actualité. La place gagnée pour un livre envoyé au pilon permet d'accueillir un livre neuf, sur le même sujet, et plus pertinent.

Carabas a écrit:

Camélionne a écrit:Je ne sais pas d'où ça vient... à moins que tu aies eu la même prof de 6ème que moi : Mlle X nous interdisait d'écrire sur les livres (ça, ça se comprend), mais aussi d'en corner les pages et de les poser ouverts, couverture vers le haut ("Ca abîme la reliure!").

Ben quoi? C'est vrai!

Mais je le sais bien, Carabas!
Je dis juste que c'est ce discours qui doit avoir façonné mon regard sur les livres, et qui fait que je suis incapable d'en jeter...

Stered, oui, je comprends mais bon... Certains livres sont vraiment
"périmés" (désolée si le mot vous choque). Je ne parle pas de romans,
mais de livres techniques, de géopolitique ou sur la médecine. On avait
un vieux bouquin sur le sida datant de 1985. Autant vous dire que la
plupart des infos n'étaient plus d'actualité. La place gagnée pour un
livre envoyé au pilon permet d'accueillir un livre neuf, sur le même
sujet, et plus pertinent.

Oh, mais moi, je suis tooooooooooout à fait d'accord !! C'est à ma môman qu'il faut le dire

Ah oui! les pages cornées oudéchirées, les gribouillis sur les livres JE NE SUPPORTE PAS surtout quand ce sont MES LIVRES. J'aime prêter mes bouquins, j'éprouve même une certaine fierté et orgueil à montrer ma bibliothèque et à conseiller tel ou tel bouquin mais je dis toujours: "Je te le prête mais tu fais attention" -et d'une main je retiens le livre- Je devrais une petite fiche à la fin du bouquin comme à la bibliothèque...

Petite anecdote: récemment j'ai étudié Le Dernier jour... de Hugo avec des 3èmes et il manquait des livres, j'ai donc prêté mes bouquins à des élèves sérieux. Le jour du contrôle, les élèves avaient droit au livre et que vois-je??? une élève à qui j'avais prêté un de mes livres plié en 2. Je me précipite vers elle en lui disant:" MAis attention, tu ne te rends pas compte que tu lui fais mal!?" Ma réaction a été disprotionnée mais voir mon bouquin maltraité....

En même temps comme le disait qqu'un les livres avec des écritures, cornés témoignent d'un vécu, d'une histoire...C'est fascinant tout ça.

Avec ce post Camélionne, tu es en train de me faire réfléchir quant à la relation possessive et jalouse que j'entretiens avec le livre