- kiwiGuide spirituel
L'avez-vous déjà fait?
Une mère d'élève me propose d'accueillir son oncle, ancien déporté, pour témoigner dans ma classe de 3ème.
Je ne sais pas très bien comment m'y prendre. Préparer l'intervention en classe avec les élèves en leur demandant d'élaborer des questions? Il faudrait pour cela avoir commencé à aborder la déportation, la Solution finale et les camps. Le témoignage viendrait donc appuyer ce qui aurait été déjà fait en classe.
Le faire venir comme ça, le laisser parler, laisser les questions venir d'elles-mêmes? J'ai un peu peur qu'il n'y ait aucune question... C'est une classe assez discrète. Les élèves intervenant d'habitude dans le cadre du cours ne prendraient peut-être pas la parole ce jour-là. Et si jamais les élèves n'avaient pas de questions à poser? ...
Faut-il voir avec le monsieur le contenu exact de son intervention? J'ignore s'il est vraiment habitué à cela ou pas. La plupart du temps, les anciens déportés qui viennent dans les classes font cela depuis des années, ont un discours rompu et fournissent le même témoignage à tout le monde. Est-ce souhaitable d'ailleurs? En tant qu'historienne évidemment. Cela me faciliterait la tâche. Mais cela enlèverait toute spontanéité au témoignage...
Autre souci : il était déjà venu il y a 2ans. Aux dires de ma collègue, il est très âgé, se déplace mal, et s'était trouvé très ému. Elle n'avait pas osé l'année dernière le rappeler pour un nouveau témoignage. Est-ce une bonne idée? Maintenant, si cette mère d'élève me le propose en me donnant le numéro du monsieur, c'est sans doute qu'il se sent prêt à intervenir devant les élèves.
Une mère d'élève me propose d'accueillir son oncle, ancien déporté, pour témoigner dans ma classe de 3ème.
Je ne sais pas très bien comment m'y prendre. Préparer l'intervention en classe avec les élèves en leur demandant d'élaborer des questions? Il faudrait pour cela avoir commencé à aborder la déportation, la Solution finale et les camps. Le témoignage viendrait donc appuyer ce qui aurait été déjà fait en classe.
Le faire venir comme ça, le laisser parler, laisser les questions venir d'elles-mêmes? J'ai un peu peur qu'il n'y ait aucune question... C'est une classe assez discrète. Les élèves intervenant d'habitude dans le cadre du cours ne prendraient peut-être pas la parole ce jour-là. Et si jamais les élèves n'avaient pas de questions à poser? ...
Faut-il voir avec le monsieur le contenu exact de son intervention? J'ignore s'il est vraiment habitué à cela ou pas. La plupart du temps, les anciens déportés qui viennent dans les classes font cela depuis des années, ont un discours rompu et fournissent le même témoignage à tout le monde. Est-ce souhaitable d'ailleurs? En tant qu'historienne évidemment. Cela me faciliterait la tâche. Mais cela enlèverait toute spontanéité au témoignage...
Autre souci : il était déjà venu il y a 2ans. Aux dires de ma collègue, il est très âgé, se déplace mal, et s'était trouvé très ému. Elle n'avait pas osé l'année dernière le rappeler pour un nouveau témoignage. Est-ce une bonne idée? Maintenant, si cette mère d'élève me le propose en me donnant le numéro du monsieur, c'est sans doute qu'il se sent prêt à intervenir devant les élèves.
- CondorcetOracle
Je n'ai pas été suffisamment dans l'EN pour en avoir l'occasion mais avais vu ma tutrice (excellentissime) de collège (stage en pratique accompagnée) accueillir dans sa classe de 3ème un déporté et les élèves s'étaient très bien tenus. Je pense qu'il ne faut pas s'en priver et me demande quelquefois (comme je l'ai dis à mes secondes il y a longtemps) si la parole du témoin - précieuse - n'a pas plus de portée que la nôtre.
L'effet de réel, l'archive orale, les rapports entre histoire et mémoire : autant d'aspects d'ordinaire très abstraits que cette visite te donne l'occasion d'aborder. L'émotion a aussi sa place dans les cours d'histoire : en tant qu'êtres de chair et de sang, il me semble important de montrer aux élèves que nous ne traitons pas de l'abscons mais de l'humain. Que, nonobstant Foucault et la mort de l'homme, tout se rapporte in fine à l'homme et à l'idée que l'on s'en fait.
L'effet de réel, l'archive orale, les rapports entre histoire et mémoire : autant d'aspects d'ordinaire très abstraits que cette visite te donne l'occasion d'aborder. L'émotion a aussi sa place dans les cours d'histoire : en tant qu'êtres de chair et de sang, il me semble important de montrer aux élèves que nous ne traitons pas de l'abscons mais de l'humain. Que, nonobstant Foucault et la mort de l'homme, tout se rapporte in fine à l'homme et à l'idée que l'on s'en fait.
- CondorcetOracle
Tu peux toujours prendre contact un peu avant avec lui pour voir si cette intervention ne va pas trop lui coûter physiquement et psychologiquement, le connaître un peu pour pouvoir le présenter aux élèves. Je me rappelle de ce déporté qui évoquait ces marches de la mort en avril 1945 : la parole, le besoin de transmettre aussi étaient bouleversantes.
- CondorcetOracle
Sur le comment : il me semble indispensable de ne pas déconnecter ce témoignage du thème de la leçon afin que tes élèves fassent bien le lien entre la période et l'homme.
- kiwiGuide spirituel
Merci pour vos réponses. Je vais évidemment le contacter, ne serait-ce que pour savoir si cela vient de lui ou si c'est la mère de mon élève qui, pour bien faire, m'a donné son numéro (vu qu'il était déjà intervenu une fois au collège). J'ignore s'il voudrait bien intervenir sur plusieurs classes (beaucoup d'élèves, pas toujours évident de s'exprimer devant autant de monde. Les miens sont déjà à 29). Donc pour le moment, s'il vient, ça ne sera que pour ma classe. Je vais en parler avec mon chef pour obtenir son accord de principe, mais je suis sûre de l'obtenir.
Je vais aussi demander à mon collègue qui l'avait fait venir il y a deux ans pour savoir comment il avait fait concrètement : préparation ou non, quelle exploitation derrière, en début de chapitre sur la déportation ou bien à la fin, en plein milieu... J'aurais aimé faire venir ce monsieur au début, pour que les élèves "découvrent" en fait. Mais sans doute vaut-il mieux commencer un peu le cours avant. Nuit et Brouillard, on va le travailler, mais je ne sais pas quand encore. Avant, après?...
C'est bête, mais j'ai peur que ça se passe mal. J'ai déjà assisté à moult interventions de ce type. Mais je n'en ai jamais organisé. C'est le fait que ma collègue m'ait dit qu'il avait été très ému qui me gêne. D'habitude, il y a rarement de l'émotion. Quand les anciens déportés sont habitués à cet exercice, ils témoignent avec un certain détachement. Bref, je vais voir ça.
Je vais aussi demander à mon collègue qui l'avait fait venir il y a deux ans pour savoir comment il avait fait concrètement : préparation ou non, quelle exploitation derrière, en début de chapitre sur la déportation ou bien à la fin, en plein milieu... J'aurais aimé faire venir ce monsieur au début, pour que les élèves "découvrent" en fait. Mais sans doute vaut-il mieux commencer un peu le cours avant. Nuit et Brouillard, on va le travailler, mais je ne sais pas quand encore. Avant, après?...
C'est bête, mais j'ai peur que ça se passe mal. J'ai déjà assisté à moult interventions de ce type. Mais je n'en ai jamais organisé. C'est le fait que ma collègue m'ait dit qu'il avait été très ému qui me gêne. D'habitude, il y a rarement de l'émotion. Quand les anciens déportés sont habitués à cet exercice, ils témoignent avec un certain détachement. Bref, je vais voir ça.
- sandmanNiveau 10
Dans la même optique, qui contacter pour avoir un intervenant? Existe-t-il des réseaux?
Car, j'aurais aimé réitérer l'initiative de l'année dernière où un résistant déporté était intervenu. Seulement, le grand âge aidant, j'avais trouvé son intervention émouvante mais parfois un peu incohérente, et les élèves étaient vite perdus.
Car, j'aurais aimé réitérer l'initiative de l'année dernière où un résistant déporté était intervenu. Seulement, le grand âge aidant, j'avais trouvé son intervention émouvante mais parfois un peu incohérente, et les élèves étaient vite perdus.
- ProvenceEnchanteur
matahari a écrit:
D'ici quelques années, il n'y aura plus de témoins. Donc, si tu as l'occasion fonce...
+1
Ma petite soeur avait écouté le témoignage d'un déporté lorsqu'elle était collégienne. Celui-ci avait raconté son expérience: les circonstances de son arrestation, la déportation. Ma soeur avait été très marquée par cet homme qui, des années après, ne pouvait évoquer son passé sans être ému aux larmes.
- olive-in-oilSage
Moi, je peux témoigner de mon expérience en tant qu'élève ! (ça date un peu mais bon...)
Lorsque j'étais en troisième, le nom de mon collège était celui d'un résistant de notre région. Lors du concours sur la résistance et la déportation, nous avions fait des recherches sur lui et avions pris contact avec sa famille et notamment son frère qui ne savait pas qu'un collège portait son nom.
De fil en aiguille, nous avons par la suite rencontré un ancien déporté et cette expérience est encore vive dans mon esprit. Nous étions filmés (un reportage a été réalisé par les professeurs assistés d'un professionnel) et c'était très enrichissant. J'avoue que nous étions une excellente classe mais très intimidés. Nous avions préparé une série de questions avec notre professeur pour qu'il y ait une certaine "logique" et que cela ne parte pas dans tous les sens mais nous étions libres de poser de nouvelles questions en rebondissants sur le témoignage de cet homme, ce que nous avons fait d'ailleurs.
Oui, c'est une bonne expérience et je pense que c'est même une chance de pouvoir encore le faire aujourd'hui.
Lorsque j'étais en troisième, le nom de mon collège était celui d'un résistant de notre région. Lors du concours sur la résistance et la déportation, nous avions fait des recherches sur lui et avions pris contact avec sa famille et notamment son frère qui ne savait pas qu'un collège portait son nom.
De fil en aiguille, nous avons par la suite rencontré un ancien déporté et cette expérience est encore vive dans mon esprit. Nous étions filmés (un reportage a été réalisé par les professeurs assistés d'un professionnel) et c'était très enrichissant. J'avoue que nous étions une excellente classe mais très intimidés. Nous avions préparé une série de questions avec notre professeur pour qu'il y ait une certaine "logique" et que cela ne parte pas dans tous les sens mais nous étions libres de poser de nouvelles questions en rebondissants sur le témoignage de cet homme, ce que nous avons fait d'ailleurs.
Oui, c'est une bonne expérience et je pense que c'est même une chance de pouvoir encore le faire aujourd'hui.
- DHMonarque
sandman a écrit:Dans la même optique, qui contacter pour avoir un intervenant? Existe-t-il des réseaux?
Car, j'aurais aimé réitérer l'initiative de l'année dernière où un résistant déporté était intervenu. Seulement, le grand âge aidant, j'avais trouvé son intervention émouvante mais parfois un peu incohérente, et les élèves étaient vite perdus.
Il faut voir avec le memorial de la shoah. Ils permettent d'organiser des rencontres avec d'anciens déportés. Tous les ans, mon lycée reçoit un ancien déporté . Il fut un temps aussi (avant que notre académie déonne) on allait avec nos élèves -via le mémorial - à Auschwitz.
C'est un moment. Aller là-bas il y a six ans a changé ma vie. Je n'ai plus été la même. Recevoir tous les ans Mme Francine Christophe ou mme Kolinka (la mère au passage du batteur de Téléphone et ex de Marie Trintignant pour les fans des scoops) me transporte. Quand mes enfants seront plus grandes, nous irons à Auschwitz. C'est mon devoir de femme, de mère, d'humain.
http://www.memorialdelashoah.org/
- DHMonarque
là je file manger. Je vous raconterai mes repas avec mme Kolinka. C'est un phénomène
- kiwiGuide spirituel
Le Mémorial est en relation avec des "réseaux" d'anciens déportés. Sinon, il y a parfois des musées de la résistance dans certains départements, ou des associations d'anciens déportés qui ont pignon sur rue.
J'avais assisté il y a quelques années à une formation au Mémorial, avec le témoignage d'Ida Grinspan. On était ensuite allés à Auschwitz et à Cracovie pour terminer le voyage d'étude. Juste un mot : inoubliable. Mais justement, on n'était pas tombé dans le pathos : mme Grinspan est une femme très dynamique, très rigolote et émouvante. Notre guide polonais à Auschwitz nous a expliqué les choses comme un historien aurait pu le faire. Particulièrement instructif.
J'avais assisté il y a quelques années à une formation au Mémorial, avec le témoignage d'Ida Grinspan. On était ensuite allés à Auschwitz et à Cracovie pour terminer le voyage d'étude. Juste un mot : inoubliable. Mais justement, on n'était pas tombé dans le pathos : mme Grinspan est une femme très dynamique, très rigolote et émouvante. Notre guide polonais à Auschwitz nous a expliqué les choses comme un historien aurait pu le faire. Particulièrement instructif.
- MalagaModérateur
Dr Housette a écrit:là je file manger. Je vous raconterai mes repas avec mme Kolinka. C'est un phénomène
Mme Kolinka est venue témoigner dans mon collège l'année dernière. C'était effectivement un moment très émouvant mais aussi très vivant. Cette dame explique remarquablement bien ce qui lui est arrivé et elle parvient même à faire des pointes d'humour.
Pour l'organisation, nous avons réuni trois classes de 3e dans la permanence le matin et les trois autres classes l'après-midi. Elle a donc témoigné deux fois. Les élèves avaient préparé quelques questions afin qu'il n'y ait pas de "blanc". Tous les élèves se sont globalement bien tenus, à part trois ou quatre imbéciles (que j'avais en classe) qui avaient trop chaud et donc qui souhaitaient bouger. Mme Kolinka leur a d'ailleurs dit avec le sourire que si rester deux heures assis était trop dur et donc s'ils souhaitaient partir de la salle, ils le pouvaient. Ils se sont sentis très très bêtes, de se comporter ainsi.
Enfin, elle est venue témoigner en mai donc les élèves avaient déjà étudié la Shoah en cours.
- cliohistHabitué du forum
plusieurs pistes :
- Partir de l'implantation locale. Vos collègues devraient pouvoir vous renseigner.
A l'échelle nationale, s'adresser aux Fondations (Résistance, Mémoire de la déportation, Mémoire de la shoah), aux amicales des camps, au cercle d'étude de la déportation et de la shoah.
http://www.cercleshoah.org/
http://clioweb.free.fr/camps/deportation1.htm
- de très nombreux témoignages ont été filmés et mis sur le web. En fonction du camp concerné, cela peut permettre de préparer la visite.
http://www.cercleshoah.org/spip.php?article73
http://www.cercleshoah.org/spip.php?rubrique40
http://clioweb.free.fr/camps/deportes.htm#t%C3%A9moignages
- Lire Robert Antelme et Primo Levi...
http://clioweb.free.fr/camps/deportation1.htm#antelme
- Sur le rapport entre l'historien et le témoin, lire ou écouter Annette Wieviorka en 2006
http://clioweb.canalblog.com/archives/2010/04/07/17491914.html
DL
- Partir de l'implantation locale. Vos collègues devraient pouvoir vous renseigner.
A l'échelle nationale, s'adresser aux Fondations (Résistance, Mémoire de la déportation, Mémoire de la shoah), aux amicales des camps, au cercle d'étude de la déportation et de la shoah.
http://www.cercleshoah.org/
http://clioweb.free.fr/camps/deportation1.htm
- de très nombreux témoignages ont été filmés et mis sur le web. En fonction du camp concerné, cela peut permettre de préparer la visite.
http://www.cercleshoah.org/spip.php?article73
http://www.cercleshoah.org/spip.php?rubrique40
http://clioweb.free.fr/camps/deportes.htm#t%C3%A9moignages
- Lire Robert Antelme et Primo Levi...
http://clioweb.free.fr/camps/deportation1.htm#antelme
- Sur le rapport entre l'historien et le témoin, lire ou écouter Annette Wieviorka en 2006
http://clioweb.canalblog.com/archives/2010/04/07/17491914.html
DL
- Ruggera7Neoprof expérimenté
Bonsoir, j'aimerais aussi tenter cette invitation. Quelqu'un l'a -t-il récemment fait? Avez-vous des contacts à partager? Mrci.
- Accueillir un AVS / AESH en classe
- Rentrée 2018 en 6e : un JT présenté par les élèves pour accueillir les futurs 6e
- Partage de pratiques et d'outils pour accueillir des élèves à besoins particuliers
- Besoin de votre témoignage - étude sur les émotions en classe
- 1ères technos : Que faire en classe en demi- groupe ? Je vois la classe pour la 1ère fois..
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