- mymouneNiveau 10
Une femme écrivain à succès, un homme critique littéraire influent : un couple. Dans le portrait que dresse de Delphine de Vigan Libération ce lundi 31 octobre, on apprend que l'auteure du récent roman Rien ne s'oppose à la nuit (éd. JC Lattès), qui a dépassé les 100 000 ventes, est la compagne "du journaliste et critique littéraire François Busnel, animateur de la Grande Librairie" sur France 5 – ainsi que directeur de la rédaction du magazine Lire, chroniqueur hebdomadaire à L'Express et animateur d'une heure d'interview quotidienne sur France Inter, ce que Libé oublie de mentionner. Ni vu ni connu, le journaliste a reçu l'écrivain mi-septembre.
La relation n'était pas connue des non-spécialistes. Libé l'a même découverte par hasard. "Le petit soldat peut même se muer en maître de l’esquive. A «que fait votre compagnon actuel dans la vie ?» elle répond, «Je préfère ne pas dire.»", indique le quotidien, avant de glisser que Charlie Hebdo a vendu la mèche quelques jours après cette interview. Dans son numéro paru la semaine dernière, l'hebdo satirique décerne en effet son "conflit d'intérêts de la semaine" à Busnel et de Vigan : "A la ville, Delphine de Vigan partage la vie de François Busnel. Tout le monde le sait dans le petit milieu de l'édition. On n'en aurait rien à faire si ce dernier n'avait pas invité sa belle dans son émission pour parler de son roman."
C'est lors de l'émission du 15 septembre que compagne et compagnon se sont ainsi fait face sur le plateau de France 5. Le journaliste a vouvoyé l'auteure, ne l'a pas traitée différemment des autres invités, et l'a interrogée sur le sujet de son livre (la mère de l'auteure) comme si de rien n'était.
Mais, sur une vingtaine de minutes d'entretien, il a tout de même couvert son livre d'éloges à deux reprises:
Un livre "absolument extraordinaire", qui "sort totalement du lot"
Que l'on s'entende bien. Il n'est pas question ici de remettre en cause le talent de Delphine de Vigan (invitée voici quelque temps de notre émission littéraire D@ns le texte). De fait, étant donné son succès critique (elle a obtenu le prix Fnac cette année et était encore retenue sur l'avant-dernière liste du prix Goncourt) et le niveau des ventes de son livre, elle n'a pas besoin de la Grande librairie pour se faire connaître.
De même, la vie privée de Busnel lui appartient. Mais il y a eu une interaction publique entre Busnel et de Vigan. L'un a encensé l'autre, sur un plateau du service public. Sans doute aurait-il fallu que Busnel en informe les téléspectateurs avant de la recevoir sur son plateau, comme le suggère Charlie. Dans un monde où l'espace médiatique est très réduit pour les écrivains, la question du favoritisme se pose. Une fois cette information connue, on est en tout cas tenté d'écouter autrement les louanges du critique (l'auteure elle-même semblait peu à l'aise sur France 5). Comme on lit d'un œil différent les compliments qu'il a adressés en 2009 à son précédent roman, Les heures souterraines, dans L'Express. Ou dans le JDD, où, interrogé sur ses préférences pour le Goncourt 2009, il déclarait : "En un mot: Delphine de Vigan." Même question, inévitable, sur la mention "révélation de l'année" qui a été attribuée à de Vigan en 2007 par Lire.
BUSNEL CONTRE "LA DICTATURE DE LA TRANSPARENCE"
Contacté par @si, Busnel confirme la relation, qui a démarré "très récemment, il y a quelques mois" (donc bien après les articles élogieux de 2009). Le journaliste se dit "très décontracté avec ça" : "Nous ne nous cachons pas, nous sortons ensemble au restaurant, au théâtre, à l'opéra..." Alors, pourquoi ne pas l'avoir anoncé clairement sur le plateau ? "Je me suis posé la question, mais je crois vraiment qu'il faut séparer la vie privée de la vie professionnelle. Je choisis mes invités de France 5 sur deux critères : est-ce que j'ai aimé le livre? est-ce que tout le monde en parle?" Pour le second critère, c'est indéniable, "Delphine de Vigan avait déjà reçu le prix Fnac et était sur les listes de sélection de tous les prix avant que nous l'invitions". Quant à savoir si Busnel a aimé son livre... "Très franchement, je l'ai ouvert avec appréhension, lorsque je l'ai reçu en juin de son éditeur. Je ne l'avais pas lu avant. Et j'ai été épaté."
"On est dans une époque où de petits Saint-Just sont prompts à vous faire dégainer des certificats de vertu, je me méfie de la dictature de la transparence", justifie le journaliste. Dans une réthorique classique, il interroge : "Fallait-il pénaliser la femme que j'aime parce qu'elle est la femme que j'aime ?" Cela dit, il souligne qu'il a glissé "un petit message en fin d'émission". Réservé à ceux qui savent, puisqu'il a effectivement déclaré, en présentant les livres de ses quatre invités pour conclure l'émission : "Livre que j'ai particulièrement aimé... pas que le livre d'ailleurs."
Busnel tient à préciser qu'il n'a pas insisté pour que de Vigan soit invitée dès la première de l'émission à la rentrée, et surtout, qu'il s'interdit "d'écrire une ligne sur le livre" dans ses chroniques ou d'en parler dans son émission d'Inter, "qui est beaucoup plus une émission de l'intime". Sur France 5, explique-t-il, "on n'est pas dans la critique littéraire pure, on a la chance de bénéficier d'une audience, et il faut exposer les auteurs dont tout le monde parle". Pour sa défense, il enrôle même Estelle Denis, journaliste télé et femme de Raymond Domenech : "Je suis journaliste, et si j'étais journaliste sportif sur M6 et qu'il fallait inviter mon mari, sélectionneur de l'équipe de foot, je le ferais aussi, en professionnel, et en laissant la vie privée de côté."
Par Dan Israel, Arrêt sur images
La relation n'était pas connue des non-spécialistes. Libé l'a même découverte par hasard. "Le petit soldat peut même se muer en maître de l’esquive. A «que fait votre compagnon actuel dans la vie ?» elle répond, «Je préfère ne pas dire.»", indique le quotidien, avant de glisser que Charlie Hebdo a vendu la mèche quelques jours après cette interview. Dans son numéro paru la semaine dernière, l'hebdo satirique décerne en effet son "conflit d'intérêts de la semaine" à Busnel et de Vigan : "A la ville, Delphine de Vigan partage la vie de François Busnel. Tout le monde le sait dans le petit milieu de l'édition. On n'en aurait rien à faire si ce dernier n'avait pas invité sa belle dans son émission pour parler de son roman."
C'est lors de l'émission du 15 septembre que compagne et compagnon se sont ainsi fait face sur le plateau de France 5. Le journaliste a vouvoyé l'auteure, ne l'a pas traitée différemment des autres invités, et l'a interrogée sur le sujet de son livre (la mère de l'auteure) comme si de rien n'était.
Mais, sur une vingtaine de minutes d'entretien, il a tout de même couvert son livre d'éloges à deux reprises:
Un livre "absolument extraordinaire", qui "sort totalement du lot"
Que l'on s'entende bien. Il n'est pas question ici de remettre en cause le talent de Delphine de Vigan (invitée voici quelque temps de notre émission littéraire D@ns le texte). De fait, étant donné son succès critique (elle a obtenu le prix Fnac cette année et était encore retenue sur l'avant-dernière liste du prix Goncourt) et le niveau des ventes de son livre, elle n'a pas besoin de la Grande librairie pour se faire connaître.
De même, la vie privée de Busnel lui appartient. Mais il y a eu une interaction publique entre Busnel et de Vigan. L'un a encensé l'autre, sur un plateau du service public. Sans doute aurait-il fallu que Busnel en informe les téléspectateurs avant de la recevoir sur son plateau, comme le suggère Charlie. Dans un monde où l'espace médiatique est très réduit pour les écrivains, la question du favoritisme se pose. Une fois cette information connue, on est en tout cas tenté d'écouter autrement les louanges du critique (l'auteure elle-même semblait peu à l'aise sur France 5). Comme on lit d'un œil différent les compliments qu'il a adressés en 2009 à son précédent roman, Les heures souterraines, dans L'Express. Ou dans le JDD, où, interrogé sur ses préférences pour le Goncourt 2009, il déclarait : "En un mot: Delphine de Vigan." Même question, inévitable, sur la mention "révélation de l'année" qui a été attribuée à de Vigan en 2007 par Lire.
BUSNEL CONTRE "LA DICTATURE DE LA TRANSPARENCE"
Contacté par @si, Busnel confirme la relation, qui a démarré "très récemment, il y a quelques mois" (donc bien après les articles élogieux de 2009). Le journaliste se dit "très décontracté avec ça" : "Nous ne nous cachons pas, nous sortons ensemble au restaurant, au théâtre, à l'opéra..." Alors, pourquoi ne pas l'avoir anoncé clairement sur le plateau ? "Je me suis posé la question, mais je crois vraiment qu'il faut séparer la vie privée de la vie professionnelle. Je choisis mes invités de France 5 sur deux critères : est-ce que j'ai aimé le livre? est-ce que tout le monde en parle?" Pour le second critère, c'est indéniable, "Delphine de Vigan avait déjà reçu le prix Fnac et était sur les listes de sélection de tous les prix avant que nous l'invitions". Quant à savoir si Busnel a aimé son livre... "Très franchement, je l'ai ouvert avec appréhension, lorsque je l'ai reçu en juin de son éditeur. Je ne l'avais pas lu avant. Et j'ai été épaté."
"On est dans une époque où de petits Saint-Just sont prompts à vous faire dégainer des certificats de vertu, je me méfie de la dictature de la transparence", justifie le journaliste. Dans une réthorique classique, il interroge : "Fallait-il pénaliser la femme que j'aime parce qu'elle est la femme que j'aime ?" Cela dit, il souligne qu'il a glissé "un petit message en fin d'émission". Réservé à ceux qui savent, puisqu'il a effectivement déclaré, en présentant les livres de ses quatre invités pour conclure l'émission : "Livre que j'ai particulièrement aimé... pas que le livre d'ailleurs."
Busnel tient à préciser qu'il n'a pas insisté pour que de Vigan soit invitée dès la première de l'émission à la rentrée, et surtout, qu'il s'interdit "d'écrire une ligne sur le livre" dans ses chroniques ou d'en parler dans son émission d'Inter, "qui est beaucoup plus une émission de l'intime". Sur France 5, explique-t-il, "on n'est pas dans la critique littéraire pure, on a la chance de bénéficier d'une audience, et il faut exposer les auteurs dont tout le monde parle". Pour sa défense, il enrôle même Estelle Denis, journaliste télé et femme de Raymond Domenech : "Je suis journaliste, et si j'étais journaliste sportif sur M6 et qu'il fallait inviter mon mari, sélectionneur de l'équipe de foot, je le ferais aussi, en professionnel, et en laissant la vie privée de côté."
Par Dan Israel, Arrêt sur images
- mymouneNiveau 10
Et vous qu'en pensez-vous ? Polémique justifiée ou non ? Busnel aurait-il dû évoquer ses liens avec Delphine de Vigan comme l'aurait souhaité France 5 ?
- liliepingouinÉrudit
Pour moi, il n'y a vraiment pas de quoi polémiquer.
De toute façon F.Busnel encense tous les livres évoqués dans son émission.
ça n'a rien à voir mais je me demande s'il lui arrive de dormir, il fait tellement de choses à la fois...
De toute façon F.Busnel encense tous les livres évoqués dans son émission.
ça n'a rien à voir mais je me demande s'il lui arrive de dormir, il fait tellement de choses à la fois...
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Spheniscida qui se prend pour une Alcida.
"Laissons glouglouter les égouts." (J.Ferrat)
"Est-ce qu'on convainc jamais personne?" (R.Badinter)
Même si c'est un combat perdu d'avance, crier est important.
- minnieExpert
J'avais vu cette émission et la petite phrase m'avait interpellée sans que je comprenne évidemment.
C'est un peu hypocrite mais ce n'est pas très grave.
J'aime beaucoup ce journaliste.
C'est un peu hypocrite mais ce n'est pas très grave.
J'aime beaucoup ce journaliste.
- HannibalHabitué du forum
Je choisis mes invités de France 5 sur deux critères : est-ce que j'ai aimé le livre? est-ce que tout le monde en parle?
C'est surtout ça qui m'énerve, personnellement. Et ça doit pouvoir se formuler en termes de conflit d'intérêts aussi, après tout.
- NitaEmpereur
Pfffffffffff. Je trouve la polémique un peu ridicule (pas le topic, hein) et Libé démago : il semblerait que ce Rien ne s'oppose à la nuit soit un excellent roman (pas lu, donc pas d'opinion), et jouer les père la pudeur parce que l'auteur est allée sur le plateau de son compagnon parler de son livre, et aussi de ceux des autres, alors qu'on me les brise menu-menu avec le suspense insoutenable qui a vu Gallimard remporter le Goncourt (non, mais, quel coup de théâtre !! c'est inouï !) comme prévu, n'est-ce pas un peu mesquin ? Est-ce réellement un scoop ? Le monde littéraire est un monde de piston, copinage, renvois d'ascenseur, je t'écris une chronique ici, tu diras du bien de moi là... sans blague ?
Je me demande bien, d'ailleurs, quelle est la "part de marché" de la Grande librairie... et l'influence de Busnel.
Je me demande bien, d'ailleurs, quelle est la "part de marché" de la Grande librairie... et l'influence de Busnel.
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A clean house is a sign of a broken computer.
- CondorcetOracle
http://www.jeanmarcmorandini.com/article-54411-audiences-tnt-cartons-pour-tmc-w9-et-direct-8.html
La grande librairie est la plus regardée des émissions littéraires télévisées en France (grâce à sa diffusion en 1ère partie de soirée et au talent de son animateur ). Convaincre 500 000 téléspectateurs de regarder une émission littéraire relève aujourd'hui de l'exploit alors qu'Apostrophes, programmée à 21 h 40, attirait régulièrement 2,5 millions de téléspectateurs entre 1975 et 1990. Autres temps, autres moeurs : la télévision des débuts de l'illustre devancière comptait 3 chaînes de télévision !
La grande librairie est la plus regardée des émissions littéraires télévisées en France (grâce à sa diffusion en 1ère partie de soirée et au talent de son animateur ). Convaincre 500 000 téléspectateurs de regarder une émission littéraire relève aujourd'hui de l'exploit alors qu'Apostrophes, programmée à 21 h 40, attirait régulièrement 2,5 millions de téléspectateurs entre 1975 et 1990. Autres temps, autres moeurs : la télévision des débuts de l'illustre devancière comptait 3 chaînes de télévision !
- SicretteNiveau 10
pfff quel intérêt tout ça? Le critique est tout de même un bon critique qui a le mérité de parler de livres, et bien, sur différents médias. A l'heure de secret story et autres déchéances intellectuelles c'est déjà hautement remarquable! Quant à Vigan, ses livres sont bons. Elle n'a pas attendu d'être encensée par son compagnon pour bien écrire. Donc c'est une polémique vide de plus à mon avis.
- AbraxasDoyen
Bah, ils ont dû se régaler durant l'émission.
Je e rappelle avoir fait une émission sur France Inter avec la Vieille Néotit qui était également fort drôle — mais l'animateur ignorait tout de nous, ce qui rendait la situation encore plus cocasse.
Et le livre est paraît-il bon. Alors, quelle importance ?
Je e rappelle avoir fait une émission sur France Inter avec la Vieille Néotit qui était également fort drôle — mais l'animateur ignorait tout de nous, ce qui rendait la situation encore plus cocasse.
Et le livre est paraît-il bon. Alors, quelle importance ?
- CondorcetOracle
Oh, quelle surprise, un prix littéraire attribué à ....
http://www.magazine-litteraire.com/content/newsletter_actualite-ecrivain/article.html?id=20360
http://culture.france2.fr/livres/prix-france-televisions/prix-litteraires-france-televisions-47893348.html
Les téléspectateurs ont bien choisi !
http://www.magazine-litteraire.com/content/newsletter_actualite-ecrivain/article.html?id=20360
http://culture.france2.fr/livres/prix-france-televisions/prix-litteraires-france-televisions-47893348.html
Les téléspectateurs ont bien choisi !
- Palombella RossaNeoprof expérimenté
Rentrée littéraire et saison des prix :
- CondorcetOracle
:lol!: :lol!: :lol!: :aad: :aad: :aad:
- Palombella RossaNeoprof expérimenté
Abraxas a écrit: le livre est paraît-il bon. Alors, quelle importance ?
Oui, c'est un beau livre, et on ne peut pas dire que le prix soit volé !
- CondorcetOracle
Palombella Rossa a écrit:Abraxas a écrit: le livre est paraît-il bon. Alors, quelle importance ?
Oui, c'est un beau livre, et on ne peut pas dire que le prix soit volé !
Il est décerné
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