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- IgniatiusGuide spirituel
snoop a écrit:Je n'ai jamais été capable de mémoriser durablement une notion que je n'avais pas comprise. A la place de tes élèves, je me révolterais aussi. J'ai l'impression que tu leur demandes d'être bêtes, d'apprendre bêtement et d'appliquer bêtement, alors que l'école est justement un lieu on l'on s'instruit, où l'on s'élève. J'assiste à un cours pour en ressortir enrichie d'un nouveau savoir qui nourrira ma réflexion. Agir comme une machine, dans laquelle on entre des données et qui ressort bien gentiment le résultat attendu, ne m'a jamais intéressée et ne m'intéressera jamais.
C'est sans doute faux : tu as mémorisé les conjugaisons alors même que tu ne maîtrisais que très peu la concordance des temps, tu as maîtrisé les tables de multiplication alors même que tu ne sais peut-être pas pourquoi a*b=b*a.
C'est le niveau dont l'on discute ici, pas de comprendre l'importance des métaphores chez Lamartine ou celle de la compacité pour la définition de l'intégrale de Riemann.
D'autre part, tu devais être une élève dont on rêve tous : pour ma part, bien que premier de ma classe du CP à la TC (et pas trop mauvais ensuite), je ne suis jamais allé assisté à un cours "pour en ressortir enrichi d'un nouveau savoir qui aurait nourri ma réflexion".
C'est trop de maturité pour un branleur comme moi.
- Nielsen Rika BellNiveau 7
neomath a écrit:J'allais justement commencer un sujet sur ce thème là. C'est ma première année comme prof de math et je suis sidéré de certains comportements :
- des élèves qui se mettent à brailler "je comprend rieeeeen !" alors que je n'ai même pas fini mon explication et encore moins traité un exemple.
- des parents qui protestent bruyamment lorsque je leur demande en réunion de faire apprendre par cœur à leur enfant les textes encadrés en rouge dans le cahier.
- le constat que la moitié de mes troisièmes n'a pas appris les identités remarquables.
- le perpétuel reproche, formulé plus ou moins explicitement : "si je ne comprends pas, c'est votre faute".
En écoutant bien les uns les autres j'ai le sentiment qu'il existe dans une partie de la population la croyance suivante : la "compréhension" des mathématiques serait une sorte d'illumination qui descendrait sur l'heureux élu telle la grâce divine. Il suffirai d'attendre le prophète c'est à dire le "bon" professeur, celui qui va donner la "bonne" explication.
S'il en est ainsi, alors pourquoi apprendre les règles de calculs et les théorèmes, faire des exercices d'applications et autre basse besognes. N'est il pas plus confortable d'attendre patiemment l'"élu" ?
L'origine de cette croyance ? A mon humble avis, la figure populaire du savant véhiculée par la tradition et les médias, depuis Archimède dans sa baignoire jusqu'à Einstein.
Le remède ? Rappeler inlassablement que : "Le génie est fait d’un pour cent d’inspiration et de quatre-vingt-dix-neuf pour cent de transpiration" ( Thomas Edison).
Sidérant, isn't it.
La croyance que je décèle dans ce que tu relates, c'est d'abord le culte de l'enfant et de sa boîte cranienne si bien fichue.
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Parlons éducation... il me vient encore quelques élèves normaux... certes!... jamais vous pouvez vous vanter d'être absolument sans normaux!... non! un de temps à autre... bon!... je les instruis... pas plus mal que les autres professeurs... pas mieux... pédagogue, je suis! oh! très pédagogue! et très scrupuleux!... jamais une séance de chic!... jamais un cours fantaisiste!... depuis trente et cinq années, jamais une pédagogie drôlette!... pas que je me tienne pas au courant!... que si! que si!... je lis à fond tous les cahiers pédagogiques, les sciences de l'éducation... deux, trois kilos par semaine!... au feu! au feu le tout! c'est pas moi qui serai inquiété pour "instruction à la légère"!...
- pkHabitué du forum
Ici, cela semble relever de supputations Nielsen Rika Bell. Si ce sont des extrapolations, il faudrait étayer... Ce n'est que de la curiosité!
- Nielsen Rika BellNiveau 7
Supputations médisantes, même, mais ça n'empêche pas d'étayer !
Je reprends, donc :
D'où ce genre de réaction.
Je reprends, donc :
C'est les mêmes qui disent "j'aime pas" avant d'avoir goûté. Mais les parents laissent le gamin manger ce qu'il veut, parce qu' "il est libre de choisir". Et puis, à l'école, ensuite, il devient libre d'aimer le sport mais pas le français, la technologie mais pas les maths, et on se coltine des gosses incapables d'imaginer qu'il est possible qu'on puisse aimer des domaines qui nécessitent un minimum de travail en amont.- des élèves qui se mettent à brailler "je comprend rieeeeen !" alors que je n'ai même pas fini mon explication et encore moins traité un exemple.
D'où ce genre de réaction.
Bah oui, les élèves doivent tout faire en cours, z'ont pas que ça à faire à la maison, entre Plus Belle La Vie et facebook (la vie sociale c'est important). Et puis faut bien rentabiliser le forfait de téléphone à 50€ et le laptop.- des parents qui protestent bruyamment lorsque je leur demande en réunion de faire apprendre par cœur à leur enfant les textes encadrés en rouge dans le cahier.
Mais, mon bon monsieur, vous perturbez les élèves avec cette manie du par coeur et de l'apprentissage. Ca n'est pas du tout ce qu'il faut évaluer, les compétences, c'est ça qu'est important, ce qu'un apprenant peut faire avec ce qu'on lui sert. Espèce de fasciste rétrograde.- le constat que la moitié de mes troisièmes n'a pas appris les identités remarquables.
Ah mais vous savez, Kévin est très intelligent et doué pour les maths, l'autre jour tenez, pas plus tard qu'hier, à la boulangerie il a trouvé le prix de trois pains et deux croissants tout seul, sans calculatrice, à 10 centimes près ! Alors vraiment, je ne comprends pas comment il peut avoir de si mauvaises notes, cette année... c'est à n'y rien comprendre, il fait des sudokus comme personne !- le perpétuel reproche, formulé plus ou moins explicitement : "si je ne comprends pas, c'est votre faute".
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Parlons éducation... il me vient encore quelques élèves normaux... certes!... jamais vous pouvez vous vanter d'être absolument sans normaux!... non! un de temps à autre... bon!... je les instruis... pas plus mal que les autres professeurs... pas mieux... pédagogue, je suis! oh! très pédagogue! et très scrupuleux!... jamais une séance de chic!... jamais un cours fantaisiste!... depuis trente et cinq années, jamais une pédagogie drôlette!... pas que je me tienne pas au courant!... que si! que si!... je lis à fond tous les cahiers pédagogiques, les sciences de l'éducation... deux, trois kilos par semaine!... au feu! au feu le tout! c'est pas moi qui serai inquiété pour "instruction à la légère"!...
- pkHabitué du forum
+1
Nous sommes donc d'accord ; j'avais mal compris tes propos. Je suis confus. :oops:
Nous sommes donc d'accord ; j'avais mal compris tes propos. Je suis confus. :oops:
- mathmaxExpert spécialisé
Je relis cette discussion, et cette remarque :
me paraît très judicieuse, et je crois qu'elle explique un cercle vicieux dans lequel on peut se sentir enfermé, surtout en collège :
- la compréhension n'est plus, comme, me semble t-il, "de mon temps", une conquête personnelle, obtenue par le travail et/ou d'heureuses prédispositions, mais un dû, dont l'élève peu motivé entend faire un préalable à tout effort.
- L'absence de cette illumination signe l'incompétence du professeur, et légitime d'autant plus le refus de tout apprentissage.
- Le refus de tout travail ne fait qu'aggraver la situation de l'élève, et renforce l'accusation implicite sur la la qualité du professeur.
neomath a écrit:
- le perpétuel reproche, formulé plus ou moins explicitement : "si je ne comprends pas, c'est votre faute".
me paraît très judicieuse, et je crois qu'elle explique un cercle vicieux dans lequel on peut se sentir enfermé, surtout en collège :
- la compréhension n'est plus, comme, me semble t-il, "de mon temps", une conquête personnelle, obtenue par le travail et/ou d'heureuses prédispositions, mais un dû, dont l'élève peu motivé entend faire un préalable à tout effort.
- L'absence de cette illumination signe l'incompétence du professeur, et légitime d'autant plus le refus de tout apprentissage.
- Le refus de tout travail ne fait qu'aggraver la situation de l'élève, et renforce l'accusation implicite sur la la qualité du professeur.
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