- ArtémisHabitué du forum
Je suis en train de m'énerver avec un extrait du Phédon pour des terminales parce que je ne comprends pas une construction. Voici le passage et ma traduction :
Oὕτω λογίσαιτ᾽ ἂν ψυχὴ ἀνδρὸς φιλοσόφου, "C'est ainsi, dirais-je, que raisonne l'âme d'un philosophe,"
καὶ οὐκ ἂν οἰηθείη τὴν μὲν φιλοσοφίαν χρῆναι αὐτὴν λύειν, " elle ne pense pas que la philosophie doive la délier"
λυούσης δὲ ἐκείνης, αὐτὴν παραδιδόναι ταῖς ἡδοναῖς καὶ λύπαις "et que quand elle la délie, elle se livre elle-même aux plaisirs et aux peines"
ἑαυτὴν πάλιν αὖ ἐγκαταδεῖν καὶ πράττειν ἀνήνυτον ἔργον "pour (???) s'enchainer de nouveau et accomplir le travail sans fin"
Πηνελόπης μεταχειριζομένης τινὰ ἐναντίως ἱστὸν. "de Pénélope s'appliquant à défaire sa toile."
En fait, je suis perturbée par les infinitifs ἐγκαταδεῖν et πράττειν. Je n'arrive pas à comprendre s'ils sont sur le même plan que παραδιδόναι, car dans ce cas je ne vois pas la conjonction (est-ce que ça peut être αὖ ?) ; ou bien s'ils ont une valeur particulière, ce qui m'a fait tenter un "pour".
Oὕτω λογίσαιτ᾽ ἂν ψυχὴ ἀνδρὸς φιλοσόφου, "C'est ainsi, dirais-je, que raisonne l'âme d'un philosophe,"
καὶ οὐκ ἂν οἰηθείη τὴν μὲν φιλοσοφίαν χρῆναι αὐτὴν λύειν, " elle ne pense pas que la philosophie doive la délier"
λυούσης δὲ ἐκείνης, αὐτὴν παραδιδόναι ταῖς ἡδοναῖς καὶ λύπαις "et que quand elle la délie, elle se livre elle-même aux plaisirs et aux peines"
ἑαυτὴν πάλιν αὖ ἐγκαταδεῖν καὶ πράττειν ἀνήνυτον ἔργον "pour (???) s'enchainer de nouveau et accomplir le travail sans fin"
Πηνελόπης μεταχειριζομένης τινὰ ἐναντίως ἱστὸν. "de Pénélope s'appliquant à défaire sa toile."
En fait, je suis perturbée par les infinitifs ἐγκαταδεῖν et πράττειν. Je n'arrive pas à comprendre s'ils sont sur le même plan que παραδιδόναι, car dans ce cas je ne vois pas la conjonction (est-ce que ça peut être αὖ ?) ; ou bien s'ils ont une valeur particulière, ce qui m'a fait tenter un "pour".
- User5899Demi-dieu
au est une particule marquant la succession et fonctionnant en parataxe avec paradidonai. ce verbe est bien attesté par Bailly avec infinitif construit derrière une coordination pour indiquer le but. Donc je traduirais comme vous par une finale.Artémis a écrit:Je suis en train de m'énerver avec un extrait du Phédon pour des terminales parce que je ne comprends pas une construction. Voici le passage et ma traduction :
Oὕτω λογίσαιτ᾽ ἂν ψυχὴ ἀνδρὸς φιλοσόφου, "C'est ainsi, dirais-je, que raisonne l'âme d'un philosophe,"
καὶ οὐκ ἂν οἰηθείη τὴν μὲν φιλοσοφίαν χρῆναι αὐτὴν λύειν, " elle ne pense pas que la philosophie doive la délier"
λυούσης δὲ ἐκείνης, αὐτὴν παραδιδόναι ταῖς ἡδοναῖς καὶ λύπαις "et que quand elle la délie, elle se livre elle-même aux plaisirs et aux peines"
ἑαυτὴν πάλιν αὖ ἐγκαταδεῖν καὶ πράττειν ἀνήνυτον ἔργον "pour (???) s'enchainer de nouveau et accomplir le travail sans fin"
Πηνελόπης μεταχειριζομένης τινὰ ἐναντίως ἱστὸν. "de Pénélope s'appliquant à défaire sa toile."
En fait, je suis perturbée par les infinitifs ἐγκαταδεῖν et πράττειν. Je n'arrive pas à comprendre s'ils sont sur le même plan que παραδιδόναι, car dans ce cas je ne vois pas la conjonction (est-ce que ça peut être αὖ ?) ; ou bien s'ils ont une valeur particulière, ce qui m'a fait tenter un "pour".
En revanche, je marquerais mieux la parataxe de men dé plus haut : que la philosophie doive la délier, quand elle, alors qu'elle la délie, se livre etc.
- thrasybuleDevin
J'ai pas réfléchi à fond mais e vois pas trop le problème: elle ne saurait penser qu'il faille que la philosophie la libère et que, au moment où elle la libère, qu''il faille la livrer aux plaisirs et aux peines, s'enchâiner à nouveau et accomplir un travail sans fin etc...
- ArtémisHabitué du forum
Bon, après consultation de vos avis éclairés et de cinq traductions, je pars dans la direction confirmée par Cripure :
"elle ne saurait penser (merci Thrasybule pour la trad du ἂν + optatif !) que la philosophie doive la délivrer, alors que, quand cette dernière la délivre, elle s'abandonne aux plaisirs et aux peines, pour se laisser de nouveau enchainer et accomplir le travail sans fin de Pénélope s'appliquant à défaire sa toile."
En traduisant de manière nette μὲν δὲ que j'avais laissés de côté, je trouve qu'on obtient une phrase bien plus cohérente !
"elle ne saurait penser (merci Thrasybule pour la trad du ἂν + optatif !) que la philosophie doive la délivrer, alors que, quand cette dernière la délivre, elle s'abandonne aux plaisirs et aux peines, pour se laisser de nouveau enchainer et accomplir le travail sans fin de Pénélope s'appliquant à défaire sa toile."
En traduisant de manière nette μὲν δὲ que j'avais laissés de côté, je trouve qu'on obtient une phrase bien plus cohérente !
- IphigénieProphète
bon je vais me coucher moi, ce soir, j'y vois plus clair
En fait mon ntervention ne sert à rien, en gros, donc... sauf à me faire faire un peu de grec et à aérer mon Budé....
En fait mon ntervention ne sert à rien, en gros, donc... sauf à me faire faire un peu de grec et à aérer mon Budé....
- thrasybuleDevin
Je retrouve pas mon Budé et j'ai laissé mon Bailly à la caserne : crotte de dindon farci!
C'est quoi les références du passage Artémis?
C'est quoi les références du passage Artémis?
- IphigénieProphète
c'est ce passage:
[34] XXXIV - Τούτων τοίνυν ἕνεκα, ὦ Κέβης, οἱ δικαίως φιλομαθεῖς κόσμιοί εἰσι
καὶ ἀνδρεῖοι, οὐχ ὧν οἱ πολλοὶ ἕνεκά φασιν· ἢ σὺ οἴει;
- (84a) Οὐ δῆτα ἔγωγε.
- Οὐ γάρ· ἀλλ᾽ οὕτω λογίσαιτ᾽ ἂν ψυχὴ ἀνδρὸς φιλοσόφου, καὶ οὐκ ἂν
οἰηθείη τὴν μὲν φιλοσοφίαν χρῆναι αὐτὴν λύειν, λυούσης δὲ ἐκείνης, αὐτὴν
παραδιδόναι ταῖς ἡδοναῖς καὶ λύπαις ἑαυτὴν πάλιν αὖ ἐγκαταδεῖν καὶ
ἀνήνυτον ἔργον πράττειν Πηνελόπης τινὰ ἐναντίως ἱστὸν μεταχειριζομένης,
ἀλλὰ γαλήνην τούτων παρασκευάζουσα, ἑπομένη τῷ λογισμῷ καὶ ἀεὶ ἐν
τούτῳ οὖσα, τὸ ἀληθὲς καὶ τὸ θεῖον καὶ τὸ ἀδόξαστον (84b) θεωμένη καὶ ὑπ᾽
ἐκείνου τρεφομένη, ζῆν τε οἴεται οὕτω δεῖν ἕως ἂν ζῇ, καὶ ἐπειδὰν
τελευτήσῃ, εἰς τὸ συγγενὲς καὶ εἰς τὸ τοιοῦτον ἀφικομένη ἀπηλλάχθαι τῶν
ἀνθρωπίνων κακῶν. Εκ δὴ τῆς τοιαύτης τροφῆς οὐδὲν δεινὸν μὴ φοβηθῇ,
(ταῦτα δ᾽ ἐπιτηδεύσασα,) ὦ Σιμμία τε καὶ Κέβης, ὅπως μὴ διασπασθεῖσα ἐν
τῇ ἀπαλλαγῇ τοῦ σώματος ὑπὸ τῶν ἀνέμων διαφυσηθεῖσα καὶ διαπτομένη
οἴχηται καὶ οὐδὲν ἔτι οὐδαμοῦ ᾖ. » [34] XXXIV. — Voilà donc pour quelles raisons, Cébès, les véritables amis du savoir sont
tempérants et courageux, et non pour les raisons que le vulgaire s’imagine. Est-ce que tu
penserais comme lui ?
— Moi ? non certes.
— Et tu fais bien : c’est comme je le dis que raisonne l’âme du philosophe. Elle ne pense
pas que la philosophie doive la délier pour qu’au moment où elle la délie, elle
s’abandonne aux plaisirs et aux peines et se laisse enchaîner à nouveau et pour qu’elle
s’adonne au travail sans fin de Pénélope défaisant sa toile. Au contraire, elle se ménage
le calme du côté des passions, suit la raison et ne s’en écarte jamais, contemple ce qui est
vrai, divin et ne relève pas de l’opinion, et s’en nourrit, convaincue que c’est ainsi qu’elle
doit vivre, durant toute la vie, puis après la mort, s’en aller vers ce qui lui est apparenté
et ce qui est de même nature qu’elle, délivrée des maux humains. Une âme ainsi nourrie,
Simmias et Cébès, et qui a pratiqué ce détachement n’a pas du tout à craindre d’être
mise en pièces en quittant le corps, et, dispersée par les vents, de s’envoler dans tous les
sens et de n’être plus nulle part. »
[34] XXXIV - Τούτων τοίνυν ἕνεκα, ὦ Κέβης, οἱ δικαίως φιλομαθεῖς κόσμιοί εἰσι
καὶ ἀνδρεῖοι, οὐχ ὧν οἱ πολλοὶ ἕνεκά φασιν· ἢ σὺ οἴει;
- (84a) Οὐ δῆτα ἔγωγε.
- Οὐ γάρ· ἀλλ᾽ οὕτω λογίσαιτ᾽ ἂν ψυχὴ ἀνδρὸς φιλοσόφου, καὶ οὐκ ἂν
οἰηθείη τὴν μὲν φιλοσοφίαν χρῆναι αὐτὴν λύειν, λυούσης δὲ ἐκείνης, αὐτὴν
παραδιδόναι ταῖς ἡδοναῖς καὶ λύπαις ἑαυτὴν πάλιν αὖ ἐγκαταδεῖν καὶ
ἀνήνυτον ἔργον πράττειν Πηνελόπης τινὰ ἐναντίως ἱστὸν μεταχειριζομένης,
ἀλλὰ γαλήνην τούτων παρασκευάζουσα, ἑπομένη τῷ λογισμῷ καὶ ἀεὶ ἐν
τούτῳ οὖσα, τὸ ἀληθὲς καὶ τὸ θεῖον καὶ τὸ ἀδόξαστον (84b) θεωμένη καὶ ὑπ᾽
ἐκείνου τρεφομένη, ζῆν τε οἴεται οὕτω δεῖν ἕως ἂν ζῇ, καὶ ἐπειδὰν
τελευτήσῃ, εἰς τὸ συγγενὲς καὶ εἰς τὸ τοιοῦτον ἀφικομένη ἀπηλλάχθαι τῶν
ἀνθρωπίνων κακῶν. Εκ δὴ τῆς τοιαύτης τροφῆς οὐδὲν δεινὸν μὴ φοβηθῇ,
(ταῦτα δ᾽ ἐπιτηδεύσασα,) ὦ Σιμμία τε καὶ Κέβης, ὅπως μὴ διασπασθεῖσα ἐν
τῇ ἀπαλλαγῇ τοῦ σώματος ὑπὸ τῶν ἀνέμων διαφυσηθεῖσα καὶ διαπτομένη
οἴχηται καὶ οὐδὲν ἔτι οὐδαμοῦ ᾖ. » [34] XXXIV. — Voilà donc pour quelles raisons, Cébès, les véritables amis du savoir sont
tempérants et courageux, et non pour les raisons que le vulgaire s’imagine. Est-ce que tu
penserais comme lui ?
— Moi ? non certes.
— Et tu fais bien : c’est comme je le dis que raisonne l’âme du philosophe. Elle ne pense
pas que la philosophie doive la délier pour qu’au moment où elle la délie, elle
s’abandonne aux plaisirs et aux peines et se laisse enchaîner à nouveau et pour qu’elle
s’adonne au travail sans fin de Pénélope défaisant sa toile. Au contraire, elle se ménage
le calme du côté des passions, suit la raison et ne s’en écarte jamais, contemple ce qui est
vrai, divin et ne relève pas de l’opinion, et s’en nourrit, convaincue que c’est ainsi qu’elle
doit vivre, durant toute la vie, puis après la mort, s’en aller vers ce qui lui est apparenté
et ce qui est de même nature qu’elle, délivrée des maux humains. Une âme ainsi nourrie,
Simmias et Cébès, et qui a pratiqué ce détachement n’a pas du tout à craindre d’être
mise en pièces en quittant le corps, et, dispersée par les vents, de s’envoler dans tous les
sens et de n’être plus nulle part. »
- ArtémisHabitué du forum
Oups j'espère ne pas t'avoir vexée Iphigénie ! C'est adorable de t'être donné du mal !
Et oui, le passage que tu donnes est le bon. Je n'ai pas le Budé, mais j'ai trouvé des traductions sur internet.
Et oui, le passage que tu donnes est le bon. Je n'ai pas le Budé, mais j'ai trouvé des traductions sur internet.
- User5899Demi-dieu
Si je puis me permettre, quand vous avez un souci et qu'il y a un men dé, partez tout de suite sur la parataxe, ça éclaire la plupart du temps bien des choses.Artémis a écrit:Bon, après consultation de vos avis éclairés et de cinq traductions, je pars dans la direction confirmée par Cripure :
"elle ne saurait penser (merci Thrasybule pour la trad du ἂν + optatif !) que la philosophie doive la délivrer, alors que, quand cette dernière la délivre, elle s'abandonne aux plaisirs et aux peines, pour se laisser de nouveau enchainer et accomplir le travail sans fin de Pénélope s'appliquant à défaire sa toile."
En traduisant de manière nette μὲν δὲ que j'avais laissés de côté, je trouve qu'on obtient une phrase bien plus cohérente !
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