Des choses importantes à savoir quand on débute en ZEP?

Voilà, je vais démarrer en ZEP à la rentrée en poste fixe (je serai néotitulaire), et n'ayant pas d'expérience en la matière, des conseils concrets me seraient bien utiles; hier, j'ai rencontré mes collègues, qui m'ont dit qu'en ZEP, il est préférable de faire cours porte ouverte, et d'éviter de tourner le dos aux élèves... Bien sûr ce sont des généralités mais je n'y aurais peut-être pas pensé toute seule... Auriez-vous d'autres conseils d'habitués?

Tout dépend du collège, je pense. Cette année, j'étais dans un établissement ZEP cette année, j'ai eu moins de problèmes que dans mon RAD (je suis TZR) qui n'est pas ZEP. Comme il y a plus de personnels, il y a un meilleur suivi des élèves. J'ai été très surprise, tout le monde m'avait dit du mal de cet établissement.

Il faut aussi être ferme sur la discipline. Peut être plus que dans les écoles non ZEP car les élèves ne sont pas forcément habitué à obéir à l'adulte.
Ne jamais prendre pour soi les critiques et insultes des élèves, ils vont critiquer/insulter la figure de l'autorité, pas la personne derrière.

être ferme, gelsomina a raison. Les élèves ne respectent pas les profs qui promettent des punitions et ne tiennent pas parole : il faut des règles claires, et s'y tenir, les élèves ont beau râler contre, ils savent qu'ils en ont besoin.
Echanger avec les collègues, ne pas hésiter à faire allusion en classe à qqc qui s'est passé dans un autre cours, avec un(e) collègue : les élèves prennent conscience de l'existence d'une équipe d'adultes.
Bon courage !

Ne pas s'énerver...surtout quand ils te parlent mal / se tiennent mal. Certains ( je dis bien certains ) n'ont même pas conscience du fait d'être insolent / irrespectueux dans leur niveau de langage. Dans ce cas, toujours recadrer sans le prendre contre toi.
Faire des cours simples et clairs en tenant compte de leurs difficultés ( de vocabulaire, en particulier!). Tu leur parleras sans doute chinois au début.
Rester très calme et ferme tout le temps.
Pour le reste, adapte-toi à la façon dont tes collègues fonctionneront...zep, ça recouvre beaucoup de réalités différentes!

Je suis prof en communication, suis en lycée pro depuis + de 10 ans...et chaque année, j'ai droit à mon petit lot d'élèves un peu spécial : pas méchants mais qui " parlent mal et forts, ont un problème avec la vie en société..", jeunes gens qui confondent "gentillesse" et "faiblesse", sont donc à la recherche d'adultes leur donnant un cadre bien structuré.

Conseils à te donner :
- fixer des règles de vie simples à appliquer à tous les élèves : rentrer en silence, rester debout derrière la chaise, attendre autorisation de s'asseoir
- interdiction de parler, lever le doigt pour avoir autorisation de parler
- leur rappeler que tu es leur prof, le "chef" de la classe, qu'ils sont là pour étudier et non pour passer le temps, donc avoir toujours ses affaires

Déjà, si tu commences par cela, cd leur apprendre le minimum du savoir-être, tu pourras bien travailler à ta façon et à ton ryhtme!!

-Fais un deuil de ton programme, car TOUT se fait en classe. Donner des devoirs ne sert à rien car de toute façon, c'est pas fait, et tu perds finalement plus de temps à vérifier et ensuite à faire l'exo avec les élèves qu'à le traiter directement.

-Adapter les contenus. Tu pourras sans doute faire cours normalement avec certaines classes (les latinistes, les sections euro...), mais pas avec la plupart. Ces élèves ont horreur d'être en échec mine de rien et si les leçons proposées ne sont pas à leur portée, ils vont te le faire payer.

-Fixe des règles strictes et respecte-les. Les élèves en général mais encore plus en ZEP n'aiment pas les "surprises" qu'ils interprètent comme une injustice. Préviens des sanctions et applique-les. En effet, ils ont besoin de cadre.

-Ne fais pas ton "Beigaudeau" si je puis dire, à parlementer avec les élèves pour des broutilles. Ils en profitent, ton cours n'avance pas et les élèves n'apprennent rien.

-Enfin : rester zen. Hurler après un élève ne sert à rien. "Bien maintenant M. tu prends tes affaires et tu sors immédiatement. Tu ne veux pas sortir? Pas de problème. Je vais faire appeler le CPE. Ton attitude te vaudra un rapport", sur le ton le plus calme et ferme possible.
Pour avoir gain de cause (tu dois toujours avoir le dernier mot), il faut parfois être mielleux. Passer en force, tu n'y arriveras pas la plupart du temps.

En fait, j'ai lu vos conseils avec intérêt... Et je me suis rendu compte que la plupart des choses que vous conseillez (être ferme, avoir des sanctions claires...), ce sont des choses que j'ai déjà pratiquées cette année, en collège non classé... sans succès (les élèves ne faisaient pas les punitions, ou pire me prévenaient qu'ils s'en foutaient et qu'ils ne les feraient pas), et l'année s'est vraiment mal terminée. Est-ce parce que je n'ai pas d'autorité? que les élèves ressentaient que je n'étais pas sûre de moi, fragile,pas convaincue de ce que je disais? En tous les cas ça m'inquiète un peu pour la rentrée, car concrètement je ne pourrai guère faire plus que ce que je faisais déjà cette année...

Tess. a écrit:En fait, j'ai lu vos conseils avec intérêt... Et je me suis rendu compte que la plupart des choses que vous conseillez (être ferme, avoir des sanctions claires...), ce sont des choses que j'ai déjà pratiquées cette année, en collège non classé... sans succès (les élèves ne faisaient pas les punitions, ou pire me prévenaient qu'ils s'en foutaient et qu'ils ne les feraient pas), et l'année s'est vraiment mal terminée. Est-ce parce que je n'ai pas d'autorité? que les élèves ressentaient que je n'étais pas sûre de moi, fragile,pas convaincue de ce que je disais? En tous les cas ça m'inquiète un peu pour la rentrée, car concrètement je ne pourrai guère faire plus que ce que je faisais déjà cette année...

L'autorité n'est pas quelque chose de forcément innée. Certain ont certainement plus de facilité, mais tout le monde peut se construire son autorité, en se remettant en question.

Tu dis : "les élèves ressentaient que je n'étais pas sûre de moi, fragile,pas convaincue de ce que je disais"
Tout est là, il faut vraiment croire à ce que tu dis, sinon les élèves s'engouffrent dans la brèche. Il faut certainement du temps pour réussir à croire à ce que tu dis. Ca a été mon cas: la première année de ZEP, franchement je n'étais pas sûr de mon bon droit, je n'étais pas au clair, moi-même, sur ce que je trouvais tolérable et intolérable. Peut-être parce qu'avant d'être prof on est élève et que la transition peut être plus longue que l'année de stage. Bref, avec le temps tu réussiras à te positionner fermement face aux situations qu'on rencontre en ZEP.

En discutant avec mes collègues, on s'est aperçu qu'on avait tous eu un gros choc face aux élèves. Parce que c'est, par certains aspects, pire que ce qu'on avait imaginé : l'indiscipline y est constante, les incivilités (surtout entre élèves) aussi. Mais à côté, on perçoit vite que les élèves sont rarement méchants, en tout cas pas plus qu'ailleurs, et que tu peux créer une relation satisfaisante avec eux, et c'est ce qui permet de tenir.

L'impression que j'ai avec la ZEP, c'est que là où dans un bahut normal, tu as un mois ou un trimestre de test au terme duquel, si tu n'as rien lâché, les choses se passent bien, en ZEP, le test dure un an voire deux. Mais il faut bien comprendre que pendant un an c'est un peu la guerre: tu dois tout reprendre, tu dois faire comprendre aux élèves ce que tu exiges d'eux, et le faire respecter. Et il ne faut jamais lâcher, car tu fais tout ça pour l'année d'après. Il suffit que tu sois là depuis un an pour faire partie de l'établissement.

Plus qu'ailleurs, il faut faire attention à ne pas copiner, parce que les élèves, avec leurs copains règlent leurs différends par la bagarre, donc s'ils te voient ainsi, tu t'exposes.

N'hésite pas à faire des cours audacieux sur la forme (travaux de groupe, échange de production, activités ludiques). Il faut que ce soit bien préparé et que les élèves soient prévenus les cours qui précèdent l'activité ("on va faire un truc différent, mais il faut une attitude exemplaire, sinon on s'arrête et on copie du cours"). Ca se passera peut-être mal une fois, et il faut alors s'arrêter. Mais la deuxième fois ça se passera mieux. Et un cours où on lâche un peu la bride, où ils sont en situation de réussite, ça les motive et ça adoucit d'ambiance pendant quelques cours.

Pour un élève qui te dit qu'il ne fera pas sa punition, sur le moment tu lui dis :" on verra au cour prochain"
Mais après, si la punition n'est pas faite, augmente la, colle l'élève (et tu peux noter le travail fait en colle), fait un rapport si la colle n'est pas faite, convoque les parents et surtout, quand tu as eu gain de cause, devant la classe tu médiatises: "Kévin n'a pas fait sa punition et s'est entêté, il est donc collé/renvoyé/ autre" Tu n'auras pas fait tout ça pour Kévin, mais pour la classe : donne une punition ensuite et tu auras plus de chance qu'elle soit faite.

ça va dépendre de l'ambiance de la classe...Perso, j'ai eu des classes très sympas en ZEP même si les élèves n'étaient pas très forts...Disons que le plus pénible , c'est de constater une énorme misère sociale et culturelle et qu'on se sent impuissants...Puis quand ils commencent à venir sans leurs affaires, qu'ils se foutent de tout, oui, c'est très pénible, un calvaire parfois.

D'ccord Freak.
Je sentais que c'était quelque chose de cet ordre-là...mais c'est ce qui est le plus dur finalement, être convaincu de ce qu'on dit et le laisser paraître.

D'autres trucs : les absences, il faut faire avec, mais il faut d'entrée les mettre devant le fait que tu n'es pas à leur service, sinon tu vas te retrouver avec des tonnes de polys. Tu choisis en début d'année des binômes, si l'un est absent, l'autre prend. Et s'ils sont tous les deux absents, les délégués. Il faut leur dire que le rattrapage des cours doit être systématique. Ne va pas à la chasse aux élèves !

Ils doivent sentir quand tu donnes un ordre qu'il n'y a pas de discussion possible, c'est comme ça, point. Le truc que j'ai trouvé pour moi: je n'ordonne qu'une fois, puis pendant quelques secondes je fais mine de continuer le cours avec les autres et que tout ce que le gamin peut me dire ne m'intéresse pas. Dans la plupart des cas, il arrête son cirque et fait ce que je lui ai demandé, sinon je punis / vire. Dans la ZEP où je bosse, l'avantage est que comme les surveillants sont plus nombreux que dans un bahut normal et qu'il y a un CPE, on peut bien s'appuyer sur la vie scolaire. Mais je ne sais pas si c'est partout le cas. Dès qu'un gamin a fait quelque chose, ils préviennent les parents.
Ne reviens pas sur ce que tu as dit, même si, comme c'est aussi mon cas, tu doutes, même si tu as le sentiment que ce n'est pas juste, même si le gamin te cherche.
Comme a dit Kiwi, reste zen. Ne va pas à l'affrontement. Il y a des gamins qui renchérissent tout le temps, n'entre pas dans ce jeu.
Il faut aussi savoir faire preuve d'humour. C'est mon armure en tout cas. Ca casse l'effet de groupe, ça dénoue les situations conflictuelles et ça permet de se mettre la classe dans la poche.

Avec mon très peu d'expérience (et en lycée zep pas en collège) je dirais qu'il faut aussi avoir des cours hyper structurés et préparés pour que les élèves se sentent bien cadrés. Et essayer de ritualiser autant que possible.
Ceci dit, étant moi-même mutée dans un collège en zep l'an prochain, je prends aussi note de tous vos bons conseils!

Tu peux aussi te dire qu'on doute toujours. J'ai toujours enseigné en ZEP (et je vais continuer, j'apprécie d'ailleurs mais là je vais dans un nouvel établissement ZEP et je doute de moi...).
La ZEP recouvre différente réalités (Ambition réussite de manière générale c'est dur (c'était pour mes deux premières années, le reste il faut voir : là j'ai fait 3 ans de ZEP tranquille....)
Un seul conseil pour ma part : Sois Bienveillante et juste. Ce qui révolte le plus ces élèves c'est l'injustice car souvent ils n'y sont que déjà trop confrontés.
Ah oui, autre chose, sauf si tu es très sûre de toi, sinon évite l'affrontement "frontal"car c'est difficile à tenir.
La ZEP ça a aussi de bons côtés en général: équipes plus soudées et élèves plus "attachants".