- val09Neoprof expérimenté
Qui a déjà testé ? Pour quel niveau ? Comment s'est passée la séquence ?
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Plus vraiment "néo" : prof de LM depuis 2001
- V.MarchaisEmpereur
Mais je crois que Val sera toujours au collège, l'an prochain, non ? Là, ce serait du niveau 3e.
J'ai déjà donné cette oeuvre en cursive et, en général, les élèves ont du mal à percevoir la dimension vraiment subversive du roman et s'essoufflent sur la longueur. Par contre, quand on leur fait toucher du doigt cette dimension subversive avec une étude de texte bien choisie, là, ils accrochent bien. Désormais, je me contente donc d'un extrait dans un GT - et les élèves doivent lire en entier une des oeuvres ainsi entraperçue. Quelques-uns choisissent Le Diable au corps mais il faut de la maturité pour l'apprécier.
J'ai déjà donné cette oeuvre en cursive et, en général, les élèves ont du mal à percevoir la dimension vraiment subversive du roman et s'essoufflent sur la longueur. Par contre, quand on leur fait toucher du doigt cette dimension subversive avec une étude de texte bien choisie, là, ils accrochent bien. Désormais, je me contente donc d'un extrait dans un GT - et les élèves doivent lire en entier une des oeuvres ainsi entraperçue. Quelques-uns choisissent Le Diable au corps mais il faut de la maturité pour l'apprécier.
- val09Neoprof expérimenté
V.Marchais a écrit:Mais je crois que Val sera toujours au collège, l'an prochain, non ? Là, ce serait du niveau 3e.
J'ai déjà donné cette oeuvre en cursive et, en général, les élèves ont du mal à percevoir la dimension vraiment subversive du roman et s'essoufflent sur la longueur. Par contre, quand on leur fait toucher du doigt cette dimension subversive avec une étude de texte bien choisie, là, ils accrochent bien. Désormais, je me contente donc d'un extrait dans un GT - et les élèves doivent lire en entier une des oeuvres ainsi entraperçue. Quelques-uns choisissent Le Diable au corps mais il faut de la maturité pour l'apprécier.
@ Véronique : Merci pour ta réponse. Oui,je serai tjrs en collège donc c'est en 3ème en cursive que tu l'as tenté ?
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- CircéExpert
ça me semble difficile à aborder en cursive en 3° mais apr_s, je ne connais pas le niveau des classes et excuse-moi Val09, je pensais que tu parlais du lycée.
Quand je trie la BDD, je vois peu cette oeuvre étudiée au collège.
Quand je trie la BDD, je vois peu cette oeuvre étudiée au collège.
- V.MarchaisEmpereur
Oui, Val. Dans le cadre d'un GT sur le romancier et l'Histoire. Je voulais quelques extraits assez classiques, où l'écrivain joue un rôle de témoin, et des extraits moins classiques, où le propos apparaît à contre-courant du mouvement de l'Histoire. J'ai donc retenu le passage où les personnages principaux détruisent les lettres du mari - ces fameuses "lettres de poilu" dont les élèves de 3e connaissent la teneur pour les avoir étudiées en Histoire. C'est un passage qui frappe les élèves. Si tu veux cette ET, je te l'envoie, mais je n'ai pas grand chose de plus sur cette oeuvre.
- V.MarchaisEmpereur
Circé a écrit:ça me semble difficile à aborder en cursive en 3°
C'est la conclusion que j'ai tirée de mon expérience, Circé, c'est pourquoi, désormais, je me contente de faire découvrir l'oeuvre à travers un extrait - ceux qui ont accroché pouvant lire l'intégralité du roman.
- CircéExpert
Véronique, je donnerai n'importe quoi pour aller farfouiller chez toi, ce doit être une mine d'or. Puis-je t'envoyer un MP pour que tu me l'envoies également? Non pas que j'ai envie de le faire étudier (je ne connais pas encore mes niveaux de l'an prochain...du collège, c'est vague), mais ce que tu proposes attise ma curiosité à titre personnel.
- val09Neoprof expérimenté
Pas de souci CircéCircé a écrit:ça me semble difficile à aborder en cursive en 3° mais apr_s, je ne connais pas le niveau des classes et excuse-moi Val09, je pensais que tu parlais du lycée.
Merci à ttes les 2
@Véronique: je t'envoie mon adresse en MP : merci !
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- V.MarchaisEmpereur
Messages reçus, les filles. Il faut que je rédige et que je tape mes notes (parce que scanner mes gribouillis ne vous avancera pas à grand chose...) et je vous envoie ça. J'essaie de le faire ce soir ou demain. Mais c'est pas la 9e merveille du monde, hein. C'est même pas très fouillé du point de vue stylistique - juste un texte que j'aime bien faire découvrir pour son côté iconoclaste.
- V.MarchaisEmpereur
Je suis truffe. Je l'ai déjà rédigée pour Dictame, cette ET... La voilà.
I. L’histoire d’une passion amoureuse.
1. Résumez en quelques lignes la situation des amants : lequel est le plus âgé ? De qui le narrateur doit-il se cacher ? Pourquoi ? Et Marthe ?
2. Comment, dans ce texte, se manifeste l’amour de Marthe pour le narrateur ?
3. a) Quels sont les différents sentiments qu’éprouve le narrateur pour Marthe ? Justifiez votre réponse par des citations du texte que vous analyserez.
b) Comment sont rapportées les paroles de Marthe ? Et celles du narrateur ? À votre avis, pourquoi cette différence ?
4. Dans ce couple, qui vous paraît dominer l’autre ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur le texte.
5. Quels sont les sentiments du narrateur envers le mari de Marthe ? En quoi ces sentiments sont-ils étonnants ?
II. Un récit à scandale.
6. a) De qui sont les lettres que reçoit Marthe ? En vous aidant de l’introduction, rappelez la situation de cette personne.
b) Que fait Marthe de ces lettres ? Pourquoi ?
c) « Difficile à déchirer, la lettre devait être longue » : donnez la nature et la fonction du groupe souligné. Quel est l’intérêt de cette précision ?
7. Qu’annonce Jacques dans une de ses lettres ? Comment a-t-il pu recevoir cette nouvelle ? Comment Marthe la reçoit-elle ? Comment peut-on qualifier sa remarque ?
8. Analysez la longueur et la construction des phrases qui dominent dans le récit, ainsi que la manière dont ces phrases s’enchaînent : que révèlent-elles de la manière dont les deux amants vivent ces temps de guerre ?
9. « Elle m'interrogeait pour savoir comment je m'étais enfui de la maison. Elle riait, puis sa figure s'assombrissait ; alors elle me remerciait, en me serrant les doigts de toutes ses forces, d'avoir couru tant de risques. »
a) Quel est le temps employé dans ce passage ? Quelle est sa valeur ?
b) En quoi ces paroles sont-elles cyniques ou inconsidérées ? Pour répondre, évaluez les « risques » courus par le narrateur.
10. Pourquoi le narrateur veut-il d’abord envoyer le panier aux armées ? Que pensez-vous de cette attitude ?
11. Lequel des deux personnages vous paraît-il le plus choquant ? Pourquoi ?
Pour conclure
12. A sa sortie, le roman fit scandale. A votre avis, pourquoi ? Pour répondre, appuyez-vous notamment sur la date de publication du roman.
13. a) A votre avis, cette histoire est-elle une simple provocation ? De quoi parle-t-elle, à travers ses personnages insouciants jusqu’au scandale ?
b) Connaissez-vous d’autres histoires dans lesquelles la passion amoureuse prend un tour maléfique ?
Vocabulaire
14. Analysez la formation du mot bravade (l. 6), donnez son sens et trouvez, dans la suite du texte, un synonyme.
Correction
I. L’histoire d’une passion amoureuse.
1. Marthe est la plus âgée des deux. Elle est mariée et doit donc se cacher de son mari mais surtout, eu égard aux circonstances, de ses voisins et amis qui pourraient lui rapporter ses infidélités. Le narrateur, adolescent, doit se cacher de ses parents, qui verraient probablement d’un mauvais œil sa relation avec une femme mariée, la femme d’un soldat de surcroît.
2. Marthe cherche à se conformer en tous points aux désirs de son jeune amant. C’est pour lui plaire qu’elle déchire les lettres de son mari. Au bord de l’eau, elle se serre contre lui, boit ses paroles, frémit au moindre danger qu’il pourrait courir : elle est dans l’adoration aveugle du narrateur.
3. a) « L’amour » incontestable du narrateur (l. 14) ne l’empêche pas d’être critique : il a conscience de ses « fautes de goût », multiplie les observations péjoratives (les « pires bravades », « une nouvelle occasion de reproches ») et conclut même « que d'après cette scène il était impossible que Marthe ne fût pas méchante. » Mais il est aussi possessif et jaloux, souffrant à l’idée que Marthe puisse manifester de l’affection à son mari (cf. ses « doutes » au début du texte) et s’irritant de remords qui pourraient la rendre moins inexorable envers lui.
b) Les paroles de Marthe sont relatées au discours direct, restituées dans toute leur naïveté crue. Les paroles du narrateur, au contraire, sont narrativisées, voire passées sous silence au profit d’une réflexion critique. La différence de traitement entre les deux souligne l’inégalité des personnages dans cette passion amoureuse.
4. C’est le narrateur qui, malgré la différence d’âge, a un ascendant sur sa maîtresse : il lui dicte son attitude (voir les nombreux CC de cause en tête de phrase) et elle s’exécute.
5. Le narrateur est jaloux. La situation est assez étonnante puisque c’est l’amant qui est jaloux de celui qu’il trompe, alors même qu’il jouit d’un sort infiniment plus enviable. Il se montre aussi possessif qu’un mari.
II. Un récit à scandale.
6. a) Les lettres sont envoyée du front par le mari de Marthe.
b) Marthe les déchire pour prouver à son amant qu’elle n’a que faire de son mari, qu’elle ne s’intéresse qu’à lui.
c) Le groupe adjectival est une apposition au nom « lettre ». Cette précision montre que l’auteur de la lettres avait beaucoup de choses à dire, il a passé du temps à écrire à sa femme – on imagine ce qu’il a pu lui dire, son amour et ses souffrances de soldat – mais elle ne lit même pas cette lettre.
7. Jacques annonce que ses permissions sont supprimées pour un mois. Pour lui, cela a du être une terrible nouvelle. Mais Marthe s’en réjouit parce qu’elle pourra rester avec son amant sans être dérangée par son mari. Pas un instant elle n’essaie d’imaginer ce que peut ressentir son mari. Sa réaction est extrêmement cynique.
8. Les phrases sont pour la plupart des phrases simples, relativement courtes, qui s’enchaînent sans mots de liaison (parataxe) : les deux amants vivent les événements au jour le jour, plongés dans leur passion, sans souci des conséquences de leurs actes.
9. a) L’imparfait, utilisé ici pour relater une action ponctuelle, au premier plan, est inattendu. C’est le temps des actions envisagées sans considération de leur début ni de leur fin, avec un aspect duratif : le temps ni les circonstances n’ont de prise sur les amants, tout entiers à leur plaisir, loin des contraintes et des soucis de la guerre.
b) Les « risques » encourus par le narrateur sont ridicules en regard de ceux, réels, courus par le mari. Marthe s’émeut du supposé courage de son amant mais n’a pas une pensée pour son mari qui est sur le front.
10. Pour le narrateur, il s’agit d’une sorte de blague : devant se débarrasser d’un panier encombrant, il pense l’envoyer aux soldats qui manquent de tout. C’est une nouvelle manière de se moquer du malheureux mari de Marthe. Mais il a conscience du cynisme de cette attitude et renonce à son projet.
11. La discussion reste ouverte. Marthe peut paraître particulièrement égoïste. Mais elle est totalement aveuglée par l’amour et elle fait preuve de davantage de naïveté que de réel cynisme. Le narrateur, plus lucide, contrôle davantage ses faits et gestes, mais c’est cette lucidité même qui le rend moins excusable.
Deux amants insouciants
Raymond Radiguet a à peine 17 ans lorsqu’il publie ce roman en partie autobiographique. L’histoire se passe pendant la première Guerre Mondiale. Le narrateur, un adolescent, s’éprend de Marthe, une jeune femme dont le mari, Jacques, se bat sur le front. Marthe devient sa maîtresse et installe chez lui son jeune amant. Le récit de ces amours adultères en pleine guerre fit scandale.
La bonne des propriétaires glissa des lettres sous la porte. Marthe les prit. Il y en avait deux de Jacques. Comme réponse à mes doutes : « Fais-en, dit elle, ce que bon te semble. » J'eus honte. Je lui demandai de les lire, mais de les garder pour elle. Marthe, par un de ces réflexes qui nous poussent aux pires bravades, déchira une des enveloppes. Difficile à déchirer, la lettre devait être longue. Son geste devint une nouvelle occasion de reproches. Je détestais cette bravade, le remords qu'elle ne manquerait pas d'en ressentir. Je fis, malgré tout, un effort, et, voulant qu'elle ne déchirât point la seconde lettre, je gardai pour moi que d'après cette scène il était impossible que Marthe ne fût pas méchante. Sur ma demande, elle la lut. Un réflexe pouvait lui faire déchirer la première lettre, mais non lui faire dire, après avoir parcouru la seconde : « Le Ciel nous récompense de ne pas avoir déchiré la lettre. Jacques m'y annonce que les permissions viennent d'être suspendues dans son secteur, il ne viendra pas avant un mois. »
L'amour seul excuse de telles fautes de goût.
Ce mari commençait à me gêner, plus que s'il avait été là et que s'il avait fallu prendre garde. Une lettre de lui prenait soudain l'importance d'un spectre. Nous déjeunâmes tard. Vers cinq heures, nous allâmes nous promener au bord de l'eau. Marthe resta stupéfaite lorsque d'une touffe d'herbes je sortis un panier, sous l'oeil de la sentinelle. L'histoire du panier l'amusa bien. Je n'en craignais plus le grotesque. Nous marchions, sans nous rendre compte de l'indécence de notre tenue, nos corps collés l'un contre l'autre. Nos doigts s'enlaçaient. Ce premier dimanche de soleil avait fait pousser les promeneurs à chapeau de paille, comme la pluie les champignons. Les gens qui connaissaient Marthe n'osaient pas lui dire bonjour ; mais elle, ne se rendant compte de rien, leur disait bonjour sans malice. Ils durent y voir une fanfaronnade. Elle m'interrogeait pour savoir comment je m'étais enfui de la maison. Elle riait, puis sa figure s'assombrissait ; alors elle me remerciait, en me serrant les doigts de toutes ses forces, d'avoir couru tant de risques. Nous repassâmes chez elle pour y déposer le panier. A vrai dire, j'entrevis pour ce panier, sous forme d'envoi aux armées, une fin digne de ces aventures. Mais cette fin était si choquante que je la gardai pour moi.
Raymond RADIGUET, Le Diable au corps, 1923.
I. L’histoire d’une passion amoureuse.
1. Résumez en quelques lignes la situation des amants : lequel est le plus âgé ? De qui le narrateur doit-il se cacher ? Pourquoi ? Et Marthe ?
2. Comment, dans ce texte, se manifeste l’amour de Marthe pour le narrateur ?
3. a) Quels sont les différents sentiments qu’éprouve le narrateur pour Marthe ? Justifiez votre réponse par des citations du texte que vous analyserez.
b) Comment sont rapportées les paroles de Marthe ? Et celles du narrateur ? À votre avis, pourquoi cette différence ?
4. Dans ce couple, qui vous paraît dominer l’autre ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur le texte.
5. Quels sont les sentiments du narrateur envers le mari de Marthe ? En quoi ces sentiments sont-ils étonnants ?
II. Un récit à scandale.
6. a) De qui sont les lettres que reçoit Marthe ? En vous aidant de l’introduction, rappelez la situation de cette personne.
b) Que fait Marthe de ces lettres ? Pourquoi ?
c) « Difficile à déchirer, la lettre devait être longue » : donnez la nature et la fonction du groupe souligné. Quel est l’intérêt de cette précision ?
7. Qu’annonce Jacques dans une de ses lettres ? Comment a-t-il pu recevoir cette nouvelle ? Comment Marthe la reçoit-elle ? Comment peut-on qualifier sa remarque ?
8. Analysez la longueur et la construction des phrases qui dominent dans le récit, ainsi que la manière dont ces phrases s’enchaînent : que révèlent-elles de la manière dont les deux amants vivent ces temps de guerre ?
9. « Elle m'interrogeait pour savoir comment je m'étais enfui de la maison. Elle riait, puis sa figure s'assombrissait ; alors elle me remerciait, en me serrant les doigts de toutes ses forces, d'avoir couru tant de risques. »
a) Quel est le temps employé dans ce passage ? Quelle est sa valeur ?
b) En quoi ces paroles sont-elles cyniques ou inconsidérées ? Pour répondre, évaluez les « risques » courus par le narrateur.
10. Pourquoi le narrateur veut-il d’abord envoyer le panier aux armées ? Que pensez-vous de cette attitude ?
11. Lequel des deux personnages vous paraît-il le plus choquant ? Pourquoi ?
Pour conclure
12. A sa sortie, le roman fit scandale. A votre avis, pourquoi ? Pour répondre, appuyez-vous notamment sur la date de publication du roman.
13. a) A votre avis, cette histoire est-elle une simple provocation ? De quoi parle-t-elle, à travers ses personnages insouciants jusqu’au scandale ?
b) Connaissez-vous d’autres histoires dans lesquelles la passion amoureuse prend un tour maléfique ?
Vocabulaire
14. Analysez la formation du mot bravade (l. 6), donnez son sens et trouvez, dans la suite du texte, un synonyme.
Correction
I. L’histoire d’une passion amoureuse.
1. Marthe est la plus âgée des deux. Elle est mariée et doit donc se cacher de son mari mais surtout, eu égard aux circonstances, de ses voisins et amis qui pourraient lui rapporter ses infidélités. Le narrateur, adolescent, doit se cacher de ses parents, qui verraient probablement d’un mauvais œil sa relation avec une femme mariée, la femme d’un soldat de surcroît.
2. Marthe cherche à se conformer en tous points aux désirs de son jeune amant. C’est pour lui plaire qu’elle déchire les lettres de son mari. Au bord de l’eau, elle se serre contre lui, boit ses paroles, frémit au moindre danger qu’il pourrait courir : elle est dans l’adoration aveugle du narrateur.
3. a) « L’amour » incontestable du narrateur (l. 14) ne l’empêche pas d’être critique : il a conscience de ses « fautes de goût », multiplie les observations péjoratives (les « pires bravades », « une nouvelle occasion de reproches ») et conclut même « que d'après cette scène il était impossible que Marthe ne fût pas méchante. » Mais il est aussi possessif et jaloux, souffrant à l’idée que Marthe puisse manifester de l’affection à son mari (cf. ses « doutes » au début du texte) et s’irritant de remords qui pourraient la rendre moins inexorable envers lui.
b) Les paroles de Marthe sont relatées au discours direct, restituées dans toute leur naïveté crue. Les paroles du narrateur, au contraire, sont narrativisées, voire passées sous silence au profit d’une réflexion critique. La différence de traitement entre les deux souligne l’inégalité des personnages dans cette passion amoureuse.
4. C’est le narrateur qui, malgré la différence d’âge, a un ascendant sur sa maîtresse : il lui dicte son attitude (voir les nombreux CC de cause en tête de phrase) et elle s’exécute.
5. Le narrateur est jaloux. La situation est assez étonnante puisque c’est l’amant qui est jaloux de celui qu’il trompe, alors même qu’il jouit d’un sort infiniment plus enviable. Il se montre aussi possessif qu’un mari.
II. Un récit à scandale.
6. a) Les lettres sont envoyée du front par le mari de Marthe.
b) Marthe les déchire pour prouver à son amant qu’elle n’a que faire de son mari, qu’elle ne s’intéresse qu’à lui.
c) Le groupe adjectival est une apposition au nom « lettre ». Cette précision montre que l’auteur de la lettres avait beaucoup de choses à dire, il a passé du temps à écrire à sa femme – on imagine ce qu’il a pu lui dire, son amour et ses souffrances de soldat – mais elle ne lit même pas cette lettre.
7. Jacques annonce que ses permissions sont supprimées pour un mois. Pour lui, cela a du être une terrible nouvelle. Mais Marthe s’en réjouit parce qu’elle pourra rester avec son amant sans être dérangée par son mari. Pas un instant elle n’essaie d’imaginer ce que peut ressentir son mari. Sa réaction est extrêmement cynique.
8. Les phrases sont pour la plupart des phrases simples, relativement courtes, qui s’enchaînent sans mots de liaison (parataxe) : les deux amants vivent les événements au jour le jour, plongés dans leur passion, sans souci des conséquences de leurs actes.
9. a) L’imparfait, utilisé ici pour relater une action ponctuelle, au premier plan, est inattendu. C’est le temps des actions envisagées sans considération de leur début ni de leur fin, avec un aspect duratif : le temps ni les circonstances n’ont de prise sur les amants, tout entiers à leur plaisir, loin des contraintes et des soucis de la guerre.
b) Les « risques » encourus par le narrateur sont ridicules en regard de ceux, réels, courus par le mari. Marthe s’émeut du supposé courage de son amant mais n’a pas une pensée pour son mari qui est sur le front.
10. Pour le narrateur, il s’agit d’une sorte de blague : devant se débarrasser d’un panier encombrant, il pense l’envoyer aux soldats qui manquent de tout. C’est une nouvelle manière de se moquer du malheureux mari de Marthe. Mais il a conscience du cynisme de cette attitude et renonce à son projet.
11. La discussion reste ouverte. Marthe peut paraître particulièrement égoïste. Mais elle est totalement aveuglée par l’amour et elle fait preuve de davantage de naïveté que de réel cynisme. Le narrateur, plus lucide, contrôle davantage ses faits et gestes, mais c’est cette lucidité même qui le rend moins excusable.
- La JabotteNeoprof expérimenté
V.Marchais a écrit:Je suis truffe.
ça va pas, non ?!
:colere: :marteau:
- val09Neoprof expérimenté
Merci Véronique !
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Plus vraiment "néo" : prof de LM depuis 2001
- cléoNiveau 9
Je l'ai relu l'été dernier, et j'ai été très déçue : du coup je ne l'ai pas fait étudier à mes 3è cette années. Je déteste le comportement du jeune homme, son état d'esprit, c'est un personnage antipathique au possible. Effectivement, je voterais moi aussi pour une lecture d'extrait.
- V.MarchaisEmpereur
Ah ! ça ! le narrateur, c'est un vrai petit c*** ! Mais de temps en temps, en littérature, ça fait du bien, je trouve, un être veule comme Lucien de Rubempré (que j'adore), un type sans scrupules comme Vautrin, une garce finie comme Milady ou un looser comme Jean-Jacques...
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