- ThalieGrand sage
Je souhaite travailler sur la première scène de La Thébaïde avec mes 3e avant de commencer Antigone. Jocaste s'adresse au soleil. Comment l'interprétez-vous ?
"O toi, soleil, ô toi qui rends le jour au monde,
Que ne l’as-tu laissé dans une nuit profonde !
A de si noirs forfaits prêtes-tu tes rayons ?
Et peux-tu sans horreur voir ce que nous voyons ?"
"O toi, soleil, ô toi qui rends le jour au monde,
Que ne l’as-tu laissé dans une nuit profonde !
A de si noirs forfaits prêtes-tu tes rayons ?
Et peux-tu sans horreur voir ce que nous voyons ?"
- AbraxasDoyen
Au fond, c'est très précieux…
Personnification du Soleil (normal, c'est une divinité en Grèce), interpellé comme dans le thème de la Belle matineuse. Opposition jour / nuit (même position dans le vers). Puis nuit génère noirs (avec une allitération en r qui unifie le 3ème vers, et permet d'opposer nirs à rayons). Et les r du 3ème vers génèrent horreur (se rappeler Racine, dans Athalie — c'était pendant l'horreur d'une profonde nuit) — avec l'idée générale que la nuit aurait mieux convenu à l'horreur que le jour, sauf que le jour permet de voir "ce que nous voyons" — valeur emphatique de la périphrase… Se rappeler Mallarmé, qui disait que phonétiquement nuit est lumineux, alors que jour est sombre — c'est au fond la même idée d'inversion des codes. Se rappeler Phèdre, "Soleil, je viens te voir pour la première fois" (dans la première tirade de Phèdre), et le dernier vers prononcé par l'héroïne — "rend au jour qu'il souillait toute sa pureté", bref, Racine a toujours fabriqué les mêmes images.
Voilà, en allant vite…
Personnification du Soleil (normal, c'est une divinité en Grèce), interpellé comme dans le thème de la Belle matineuse. Opposition jour / nuit (même position dans le vers). Puis nuit génère noirs (avec une allitération en r qui unifie le 3ème vers, et permet d'opposer nirs à rayons). Et les r du 3ème vers génèrent horreur (se rappeler Racine, dans Athalie — c'était pendant l'horreur d'une profonde nuit) — avec l'idée générale que la nuit aurait mieux convenu à l'horreur que le jour, sauf que le jour permet de voir "ce que nous voyons" — valeur emphatique de la périphrase… Se rappeler Mallarmé, qui disait que phonétiquement nuit est lumineux, alors que jour est sombre — c'est au fond la même idée d'inversion des codes. Se rappeler Phèdre, "Soleil, je viens te voir pour la première fois" (dans la première tirade de Phèdre), et le dernier vers prononcé par l'héroïne — "rend au jour qu'il souillait toute sa pureté", bref, Racine a toujours fabriqué les mêmes images.
Voilà, en allant vite…
- AudreyOracle
Quelle est ta question exactement? Tu veux savoir pourquoi elle s'adresse au Soleil plutôt qu'à un autre?
Disons que cette invocation au Soleil permet de rappeler le poids qui pèse sur sa famille...cet astre, par sa position, voit tout. Le champ lexical du regard est très présent, et accuse presque le Ciel, et les dieux, de laisser l'horreur s'accomplir. Ajoute à ça l'opposition lumière/ ténèbres, et le tragique est installé.
Disons que cette invocation au Soleil permet de rappeler le poids qui pèse sur sa famille...cet astre, par sa position, voit tout. Le champ lexical du regard est très présent, et accuse presque le Ciel, et les dieux, de laisser l'horreur s'accomplir. Ajoute à ça l'opposition lumière/ ténèbres, et le tragique est installé.
- AudreyOracle
Bon, ben voilà, comment passer pour une touriste en l'espace d'un post!
- ThalieGrand sage
Merci à tous les deux (je ne trouve pas que ta réponse soit contradictoire avec celle d'Abraxas Audrey )
Je me souvenais bien de Phèdre en effet.
Je me souvenais bien de Phèdre en effet.
- barègesÉrudit
Un peu H.S, mais j'avais vu un article où il était dit que la tragédie répondait aux termes latins horror et nefas. Nefas se rapporte à ce qui est trop injuste, trop criminel pour être acceptable par les dieux. Si le soleil est divinisé, c'est normal qu'il doive fermer les yeux et arrêter de dispenser ses rayons, face à une guerre fratricide (et face à toute l'histoire d'Oedipe et ses descendants, au passage, c'est du nefas de compétition; Oedipe s'aveugle après la découverte de ses crimes).
Voilà, petit délire du matin, livré aux foudres des antiquisants qui savent
Voilà, petit délire du matin, livré aux foudres des antiquisants qui savent
- JohnMédiateur
J'ajoute à ce qui a déjà été dit que, dans la mythologie grecque, Hélios est le seul Dieu qui voit tout ce qui se passe dans le monde.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- thrasybuleDevin
tu fais référence sans doute à Florence Dupont, elle parle surtout des tragédies de Sénèquebarèges a écrit:Un peu H.S, mais j'avais vu un article où il était dit que la tragédie répondait aux termes latins horror et nefas. Nefas se rapporte à ce qui est trop injuste, trop criminel pour être acceptable par les dieux. Si le soleil est divinisé, c'est normal qu'il doive fermer les yeux et arrêter de dispenser ses rayons, face à une guerre fratricide (et face à toute l'histoire d'Oedipe et ses descendants, au passage, c'est du nefas de compétition; Oedipe s'aveugle après la découverte de ses crimes).
Voilà, petit délire du matin, livré aux foudres des antiquisants qui savent
- AudreyOracle
Thalie, certes, je ne contredisais pas Abraxas, mais reconnais que ma réponse comparée à la sienne donne l'impression que je suis en tongs au boulot, hein...
...et c'est pas qu'une impression! LOL
...et c'est pas qu'une impression! LOL
- AudreyOracle
Et sinon, tu as lu la pièce? T'en penses quoi? N'est-elle pas juste à mourir de rire? franchement, moi, je n'ai pas pu m'en empêcher à la fin..
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