- AbraxasDoyen
On va privilégier le recrutement local de la maternelle à l'université, au nom des postes à profil — c'est-à-dire de la sauvegarde des copains / copines. Népotisme, mon ami, me voilà !
Sûr que le niveau des facs, déjà très inégal (dieu que je suis poli aujourd'hui !) va monter…
Quant à la loi LRU, elle est globalement plébiscitée par le SNE-Sup, à qui elle a permis de rafler la direction de très nombreuses facs.
Ce qui est le plus clair dans ce projet, c'est qu'il pense modifier à la marge (avec des moyens dont il faudra bien trouver le financement — rien de dit là-dessus) la loi Pécresse. Sans rien bouleverser. pourtant, dans le cadre d'une camapgne, c'est là qu'il faudrait avoir de l'audace, non ? Cette capacité à se vouloir raisonnable traduit à mon sens une grande frilosité.
Sûr que le niveau des facs, déjà très inégal (dieu que je suis poli aujourd'hui !) va monter…
Quant à la loi LRU, elle est globalement plébiscitée par le SNE-Sup, à qui elle a permis de rafler la direction de très nombreuses facs.
Ce qui est le plus clair dans ce projet, c'est qu'il pense modifier à la marge (avec des moyens dont il faudra bien trouver le financement — rien de dit là-dessus) la loi Pécresse. Sans rien bouleverser. pourtant, dans le cadre d'une camapgne, c'est là qu'il faudrait avoir de l'audace, non ? Cette capacité à se vouloir raisonnable traduit à mon sens une grande frilosité.
- AuroreEsprit éclairé
Marc, sur la position du PS sur la question de la sélection en fac, il n'y a qu'à entendre ce cher Bruno Julliard, le cerveau de l'équipe, pour tout comprendre.
- AuroreEsprit éclairé
Abraxas a écrit:On va privilégier le recrutement local de la maternelle à l'université, au nom des postes à profil — c'est-à-dire de la sauvegarde des copains / copines. Népotisme, mon ami, me voilà !
Sûr que le niveau des facs, déjà très inégal (dieu que je suis poli aujourd'hui !) va monter…
Quant à la loi LRU, elle est globalement plébiscitée par le SNE-Sup, à qui elle a permis de rafler la direction de très nombreuses facs.
Ce qui est le plus clair dans ce projet, c'est qu'il pense modifier à la marge (avec des moyens dont il faudra bien trouver le financement — rien de dit là-dessus) la loi Pécresse. Sans rien bouleverser. pourtant, dans le cadre d'une camapgne, c'est là qu'il faudrait avoir de l'audace, non ? Cette capacité à se vouloir raisonnable traduit à mon sens une grande frilosité.
Petite forme aujourd'hui, Abraxas ?
- frecheGrand sage
Marie Laetitia a écrit:condorcet a écrit:Parce qu'il y a surplus par rapport aux débouchés disponibles (en SHS notamment) : laisser des étudiants s'engager dans des études au long cours sans financement ou perspective professionnelle n'est pas responsable.
en même temps, ça, Condorcet, c'est de la responsabilité et des doctorants et des directeurs de thèse: faire une thèse sans financement, pour moi c'était hors de question. Ou alors en bossant dans le secondaire et en y mettant le temps qu'il faut. Et encore. Personne ne force personne à faire une thèse. L'argument économique doit réguler les candidatures. Et si j'ai un étudiant de milieu modeste, je j'enquille sur un Master enseignement pour assurer la priorité: le concours pour avoir une expérience de l'enseignement ce qui lui donnera tjrs de quoi bouffer.
Ta proposition est peut être valable dans certaines disciplines, mais en chimie par exemple, tu ne peux pas te consacrer à ta thèse un ou deux jours par semaine, les expériences n'attendent pas. Quand j'étais en thèse, je venais voir mes résultats y compris le week end ou le soir tard, parce que la manip durait plusieurs heures. Je ne vois pas comment ça peut être compatible avec l'enseignement en secondaire, à moins d'avoir des journées de 40 heures.
Sinon, je n'aurais jamais accepté une thèse non payée non plus, en celà je suis d'accord avec toi
- marc44Niveau 9
Noooooooooon ?? C'est vrai ? Sans déc' !
je crois que c'est un peu plus compliqué que ça en pratique, mais je ne crois pas qu'on soit ici pour discuter des complications, puisque tout semble simple.
- marc44Niveau 9
Aurore a écrit:Marc, sur la position du PS sur la question de la sélection en fac, il n'y a qu'à entendre ce cher Bruno Julliard, le cerveau de l'équipe, pour tout comprendre.
Il n'intervient pas du tout sur l'enseignement supérieur - heureusement.
L'avantage de tout comprendre avant de tout savoir, c'est qu'on peut sauter des classes, j'en conviens....
On discute en ce moment de filières sélectives en fac, en parallèle des filières non sélectives, et des passerelles possibles dans les deux sens...
- AbraxasDoyen
Qu'est-ce que le PS pense des "prépas intégrées" ?
C'est une question urgente et personnelle — j'aimerais avoir des idées sur le sujet avant demain.
C'est une question urgente et personnelle — j'aimerais avoir des idées sur le sujet avant demain.
- AuroreEsprit éclairé
marc44 a écrit:Aurore a écrit:Marc, sur la position du PS sur la question de la sélection en fac, il n'y a qu'à entendre ce cher Bruno Julliard, le cerveau de l'équipe, pour tout comprendre.
Il n'intervient pas du tout sur l'enseignement supérieur - heureusement.
L'avantage de tout comprendre avant de tout savoir, c'est qu'on peut sauter des classes, j'en conviens....
Chacun sait qu'il l'a assez fait par le passé en tant que président d'un syndicat étudiant. N'y aurait-il donc que toi pour feindre de l'ignorer ?
- marc44Niveau 9
Je ne sais pas exactement ce qu'on entend par "prépa intégrées".... pas vraiment d'idée sur l'avis "du PS" (pas sûr qu'un tel avis existe), mais mon avis inutile :
1) L1-L2 avec contenu pédago préparant spécifiquement aux concours, tels qu'ils sont actuellement : je connais peu, j'en vois peu. Je ne vois pas l'intérêt de faire ça à l'université. Les passerelles CPGE-Univ mentionnées dans le doc PS n'exposent pas clairement les problèmes qu'on veut résoudre. Ca reste trop sur l'air : rencontrons nous, chacun fait un peu d'activité chez l'autre, et ça ira mieux spontanément.
2) écoles d'ingénieurs dont les 2 années post-bac se passent à l'université (cas des écoles d'ingé universitaires - dont plusieurs formats existent INPx/Polytech), ou dans les écoles elles-mêmes (INSA,UTx,...) : je connais bien. Ce ne sont pas des préparations aux concours, mais des cycles préparatoires au cycle ingénieur. Les emplois du temps sont ceux de L1-L2, ou similaires, avec des enseignements supplémentaires. Le recrutement observé au niveau bac est bon (beaucoup de bachelier cherchent à éviter les prépas et assurer immédiatement un parcours prévisible vers bon bac+5 dans un établissement correct). Les élèves ne sont pas dépendants du caractère assez aléatoire d'un concours à bac+2 pour choisir leur spécialité ingénieur : la grande majorité entre dans la spécialité bac+3 de son choix. Vu d'une école recrutant sur un vivier mixte prépa-cycle intégré-DUT, des élèves ayant suivi le cycle intégré sont les profils les plus équilibrés : les élèves ont un parcours plus académique que les DUT mais ont eu plus le temps que les élèves de prépa de cogiter et expérimenter sur leurs goûts professionnels. Cette bonne combinaison théorique est confirmée par l'observation de ces élèves dans les cycles ingénieurs.
Du bac au bac+5, on réussit à faire travailler ces élèves avec une bonne intensité. Dans une situation sans concours entre bac et bac+5 et où l'objectif est d'en mener au moins 80% au bout, on pourrait s'attendre à ce que les élèves mettent la pédale douce. J'observe qu'en étant sur leur dos en permanence à leur mettre une pression amicale mais continue, ça marche bien. Il y a une bonne dose de travail en autonomie, mais l'autonomie est suivie de près pour détecter les dérives au plus tôt.
Le manque de suivi, à la fac, vient à mon avis pour bonne partie du manque de personnes à poigne dans les équipes pédaogiques : poigne vis à vis des étudiants, mais aussi vis à vis des collègues. Tant que les EC essaieront d'en faire un min en licence pour en faire un max en master, et mettront des moniteurs et des ATER à assurer une bonne partie de la licence, ça ne pourra pas marcher. Tant que, pour les EC, l'enseignement sera vécu comme une punition (et malheureusement le MESR n'aide pas du tout), ça ne pourra pas marcher...
1) L1-L2 avec contenu pédago préparant spécifiquement aux concours, tels qu'ils sont actuellement : je connais peu, j'en vois peu. Je ne vois pas l'intérêt de faire ça à l'université. Les passerelles CPGE-Univ mentionnées dans le doc PS n'exposent pas clairement les problèmes qu'on veut résoudre. Ca reste trop sur l'air : rencontrons nous, chacun fait un peu d'activité chez l'autre, et ça ira mieux spontanément.
2) écoles d'ingénieurs dont les 2 années post-bac se passent à l'université (cas des écoles d'ingé universitaires - dont plusieurs formats existent INPx/Polytech), ou dans les écoles elles-mêmes (INSA,UTx,...) : je connais bien. Ce ne sont pas des préparations aux concours, mais des cycles préparatoires au cycle ingénieur. Les emplois du temps sont ceux de L1-L2, ou similaires, avec des enseignements supplémentaires. Le recrutement observé au niveau bac est bon (beaucoup de bachelier cherchent à éviter les prépas et assurer immédiatement un parcours prévisible vers bon bac+5 dans un établissement correct). Les élèves ne sont pas dépendants du caractère assez aléatoire d'un concours à bac+2 pour choisir leur spécialité ingénieur : la grande majorité entre dans la spécialité bac+3 de son choix. Vu d'une école recrutant sur un vivier mixte prépa-cycle intégré-DUT, des élèves ayant suivi le cycle intégré sont les profils les plus équilibrés : les élèves ont un parcours plus académique que les DUT mais ont eu plus le temps que les élèves de prépa de cogiter et expérimenter sur leurs goûts professionnels. Cette bonne combinaison théorique est confirmée par l'observation de ces élèves dans les cycles ingénieurs.
Du bac au bac+5, on réussit à faire travailler ces élèves avec une bonne intensité. Dans une situation sans concours entre bac et bac+5 et où l'objectif est d'en mener au moins 80% au bout, on pourrait s'attendre à ce que les élèves mettent la pédale douce. J'observe qu'en étant sur leur dos en permanence à leur mettre une pression amicale mais continue, ça marche bien. Il y a une bonne dose de travail en autonomie, mais l'autonomie est suivie de près pour détecter les dérives au plus tôt.
Le manque de suivi, à la fac, vient à mon avis pour bonne partie du manque de personnes à poigne dans les équipes pédaogiques : poigne vis à vis des étudiants, mais aussi vis à vis des collègues. Tant que les EC essaieront d'en faire un min en licence pour en faire un max en master, et mettront des moniteurs et des ATER à assurer une bonne partie de la licence, ça ne pourra pas marcher. Tant que, pour les EC, l'enseignement sera vécu comme une punition (et malheureusement le MESR n'aide pas du tout), ça ne pourra pas marcher...
- marc44Niveau 9
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Chacun sait qu'il l'a assez fait par le passé en tant que président d'un syndicat étudiant. N'y aurait-il donc que toi pour feindre de l'ignorer ? [/quote]
Il faut arrêter de croire que c'est lui qui fait la pluie et le beau temps au PS. Il y a des gens comme Forestier derrière qui tiennent les manettes.
- AuroreEsprit éclairé
marc44 a écrit:
Il faut arrêter de croire que c'est lui qui fait la pluie et le beau temps au PS. Il y a des gens comme Forestier derrière qui tiennent les manettes.
Nous sommes d'accord, mais l'un n'empêche pas l'autre...
- AbraxasDoyen
Pour ce que j'en sais, Julliard porte sa croix… Et aimerait bien passer à autre chose : il est phagocyté par les "spécialistes" — pauvre de lui, pauvres de nous.
- Marie LaetitiaBon génie
marc44 a écrit:
Du bac au bac+5, on réussit à faire travailler ces élèves avec une bonne intensité. Dans une situation sans concours entre bac et bac+5 et où l'objectif est d'en mener au moins 80% au bout, on pourrait s'attendre à ce que les élèves mettent la pédale douce. J'observe qu'en étant sur leur dos en permanence à leur mettre une pression amicale mais continue, ça marche bien. Il y a une bonne dose de travail en autonomie, mais l'autonomie est suivie de près pour détecter les dérives au plus tôt.
Le manque de suivi, à la fac, vient à mon avis pour bonne partie du manque de personnes à poigne dans les équipes pédaogiques : poigne vis à vis des étudiants, mais aussi vis à vis des collègues. Tant que les EC essaieront d'en faire un min en licence pour en faire un max en master, et mettront des moniteurs et des ATER à assurer une bonne partie de la licence, ça ne pourra pas marcher. Tant que, pour les EC, l'enseignement sera vécu comme une punition (et malheureusement le MESR n'aide pas du tout), ça ne pourra pas marcher...
Tu as cité une partie de mon précédent message seulement. Merci de me dire que c'est un peu plus compliqué que cela au lieu de botter en touche. Tu veux une discussion ou tu n'en veux pas ?!
et sinon une fois que l'on a détecté, on fait quoi? Marc est-ce que tu t'es frotté pendant des années à l'enseignement des premières années? En histoire, on aura beau tout faire, remédiation, TD de méthodologie du travail universitaire, mais face à certains étudiants :
- soit qui ont des capacités mais un palmier dans la main
- qui n'ont pas les capacités pour faire des études supérieures (he oui, ça existe) mais ça veut dire aussi que l'étudiant ou l'étudiante a sans doute D'AUTRES CAPACITÉS et que ce n'est en rien criminel de mieux l'orienter, de ne pas confondre valorisation du potentiel des étudiants et multiplication des effectifs d'étudiants dans le sup. Toujours le même discours ! C'est si honteux d'être artisan ?! C'est si scandaleux de vouloir devenir plombier ou boulanger comme son père et de ne pas vouloir à toute force progresser dans l'échelle socio-économique?
Face donc à certains étudiants, on peut tout essayer on ne changera pas leurs capacités, on ne travaillera pas à leur place ! Est-ce si compliqué à comprendre ?! Le discours "si ça marche pas c'est la faute aux enseignants" merde ! il va falloir un jour reconnaître qu'un enseignant n'est pas un magicien. Un élève ne peut réussir que si on lui donne les moyens ET s'il s'en donne les moyens !
Je me suis vue, étudiante, manquer d'échouer par insuffisance de travail. Une fois que j'ai admis qu'il fallait travailler largement plus de cinq ou six heures par jour, je m'en suis sortie. Si je n'avais rien fait, j'aurais échoué. Les enseignants ont fait leur part, j'ai fait la mienne. Et je vois ça chez beaucoup beaucoup d'étudiants. Si seulement ils comprenaient l'or qu'ils ont entre les mains. Mais c'est à eux de le comprendre, au sens premier du mot.
Par ailleurs, ce que je trouve hallucinant dans ce texte du PS c'est de viser les turbo-profs comme étant la source de tous les maux (pas du tooout classique, comme attaque, juste vu, revu et re-revu !). J'apelle ça par son nom : de la démagogie et rien d'autre !
Démagogie aussi de dire que "50 % d’une classe d’âge" doit parvenir au niveau de la licence. Parce que ça mettre dans le programme du supérieur, ça veut dire que c'est au supérieur de se mettre au niveau de cette moitié d'une classe d'âge au lieu de faire en amont le nécessaire pour que les étudiants y parviennent. Au lieu de ça, par idéologie, on condamne des mômes qui ont les moyens intellectuels de faire des études sup d'y parvenir au nom du collège unique qui piège ces élèves dans nombres de zones scolaires.
Et les généralités du type "tant que les enseignants chercheurs considéreront l'enseignement comme une punition" tu devrais en avoir honte, si tu l'es enseignant-chercheur, parce que s'il y en a qui pensent cela, il y en a aussi qui considèrent que l'enseignement les rend meilleurs chercheurs. Au nom de ces enseignants chercheurs là, tu devrais avoir honte de tenir ce genre de propos. C'est tout à fait comme Sarkozy pendant la réforme LRU, parce qu'il y a de enseignants-chercheurs qui n'en foutent pas une, on fustige tout le monde. Démagogie !
_________________
Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- JohnMédiateur
Prépa intégrée, normalement, ça désigne les années bac +1 et bac +2 des étudiants en écoles d'ingénieurs scientifiques et commerciales recrutés directement par concours après le bac (au lieu de passer par une CPGE). C'est vraiment là-dessus que vous voulez des renseignements, ou bien vous pensez à autre chose ?Abraxas a écrit:Qu'est-ce que le PS pense des "prépas intégrées" ?
C'est une question urgente et personnelle — j'aimerais avoir des idées sur le sujet avant demain.
C'est très bien, les prépas intégrées, dans ce sens-là.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- Marie LaetitiaBon génie
Les prépa intégrées ça aussi le gros défaut de fermer des portes.
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- AuroreEsprit éclairé
Marie Laetitia a écrit:
Tu as cité une partie de mon précédent message seulement. Merci de me dire que c'est un peu plus compliqué que cela au lieu de botter en touche. Tu veux une discussion ou tu n'en veux pas ?!
et sinon une fois que l'on a détecté, on fait quoi? Marc est-ce que tu t'es frotté pendant des années à l'enseignement des premières années? En histoire, on aura beau tout faire, remédiation, TD de méthodologie du travail universitaire, mais face à certains étudiants :
- soit qui ont des capacités mais un palmier dans la main
- qui n'ont pas les capacités pour faire des études supérieures (he oui, ça existe) mais ça veut dire aussi que l'étudiant ou l'étudiante a sans doute D'AUTRES CAPACITÉS et que ce n'est en rien criminel de mieux l'orienter, de ne pas confondre valorisation du potentiel des étudiants et multiplication des effectifs d'étudiants dans le sup. Toujours le même discours ! C'est si honteux d'être artisan ?! C'est si scandaleux de vouloir devenir plombier ou boulanger comme son père et de ne pas vouloir à toute force progresser dans l'échelle socio-économique?
Face donc à certains étudiants, on peut tout essayer on ne changera pas leurs capacités, on ne travaillera pas à leur place ! Est-ce si compliqué à comprendre ?! Le discours "si ça marche pas c'est la faute aux enseignants" merde ! il va falloir un jour reconnaître qu'un enseignant n'est pas un magicien. Un élève ne peut réussir que si on lui donne les moyens ET s'il s'en donne les moyens !
Je me suis vue, étudiante, manquer d'échouer par insuffisance de travail. Une fois que j'ai admis qu'il fallait travailler largement plus de cinq ou six heures par jour, je m'en suis sortie. Si je n'avais rien fait, j'aurais échoué. Les enseignants ont fait leur part, j'ai fait la mienne. Et je vois ça chez beaucoup beaucoup d'étudiants. Si seulement ils comprenaient l'or qu'ils ont entre les mains. Mais c'est à eux de le comprendre, au sens premier du mot.
Par ailleurs, ce que je trouve hallucinant dans ce texte du PS c'est de viser les turbo-profs comme étant la source de tous les maux (pas du tooout classique, comme attaque, juste vu, revu et re-revu !). J'apelle ça par son nom : de la démagogie et rien d'autre !
Démagogie aussi de dire que "50 % d’une classe d’âge" doit parvenir au niveau de la licence. Parce que ça mettre dans le programme du supérieur, ça veut dire que c'est au supérieur de se mettre au niveau de cette moitié d'une classe d'âge au lieu de faire en amont le nécessaire pour que les étudiants y parviennent. Au lieu de ça, par idéologie, on condamne des mômes qui ont les moyens intellectuels de faire des études sup d'y parvenir au nom du collège unique qui piège ces élèves dans nombres de zones scolaires.
Et les généralités du type "tant que les enseignants chercheurs considéreront l'enseignement comme une punition" tu devrais en avoir honte, si tu l'es enseignant-chercheur, parce que s'il y en a qui pensent cela, il y en a aussi qui considèrent que l'enseignement les rend meilleurs chercheurs. Au nom de ces enseignants chercheurs là, tu devrais avoir honte de tenir ce genre de propos. C'est tout à fait comme Sarkozy pendant la réforme LRU, parce qu'il y a de enseignants-chercheurs qui n'en foutent pas une, on fustige tout le monde. Démagogie !
Complètement d'accord !
Mais il faut bien admettre qu'au PS la démagogie est une seconde nature - au moins depuis les années 1980.
- AuroreEsprit éclairé
Sur le PS et les classes prépa, voir :
http://www.vincent-peillon.fr/au-parlement-europeen/courriers-citoyens/le-non-sens-pedagogique-des-classes-preparatoires-aux-ecoles-dites-grandes-par-jean-francois-minot-et-bernard-frouin
« Le non-sens pédagogique des classes préparatoires aux écoles dites ‘grandes’ », par Jean-François Minot et Bernard Frouin
Paris, avril 2009
Pour avoir pu être une bonne idée lors de leur création, certaines structures deviennent avec le temps néfastes. Il convient alors de les réformer ou de les remplacer. Nous allons étudier ici le cas des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE).
L’institution militaire fut la première, sous l’Ancien régime, à mettre en place des concours pour l’accès au Génie, à l’Artillerie et à la Marine. L’idée était d’améliorer le recrutement en sélectionnant les jeunes gens par le mérite. Les écoles et leurs préparations se développèrent et le terme de « grande école » apparut pendant la Révolution française. Par principe, les concours sont largement ouverts, ce qui donne plus de chance de garder les meilleurs. Ils sont fondés sur un programme de connaissances ou d’aptitudes auquel il convient de se préparer. D’où les classes préparatoires.
Aujourd’hui, ce système est devenu nocif pour des raisons à la fois individuelles et collectives.
Raisons individuelles :
Il est évident que les concepts éducatifs ont évolué depuis un siècle. On s’est aperçu que l’enfance et la jeunesse sont des moments éducatifs déterminants et que l’on ne peut pas faire n’importe quoi. Rechercher l’émulation chez l’enfant est une bonne chose, organiser une compétition à outrance est une erreur qui devient inacceptable au moment où les jeunes gens sont de plus en plus précoces. Les conséquences s’échelonnent sur trois niveaux : appauvrissement durable des sensibilités dû à l’abrutissement pendant deux ou trois ans sur des matières trop spécialisées ; infantilisation prolongée due au parcage des CPGE dans les lycées ; traumatismes psychologiques provoqués par la difficulté excessive, le surmenage et les échecs ; égotisme conformiste exacerbé des gagnants et rancœur sclérosante des perdants.
Le principe des CPGE est un sacrifice des plus belles années de la jeunesse et du souci d’autrui en échange d’une hypothétique rente de situation. Les conséquences psychologiques pèseront sur l’existence entière. C’est Faust inversé : je vends ma jeunesse pour devenir vieux ! L’Etat n’a pas à organiser cette aliénation consentie (mais plus ou moins imposée dans certains milieux) au moment du passage à la majorité de 18 ans.
Tout au long du cursus scolaire, la dépréciation des uns versus la valorisation des autres est devenue une regrettable fatalité. On ne peut pas exister sans avoir droit à un épanouissement qui lui-même n’est pas possible sans une image positive de soi. L’actuelle généralisation de la compétition est une aberration car elle crée des victimes définitives : d’une part, celles et ceux qui ont été exclus de cette compétition ; d’autre part, celles et ceux qui y ont participé mais s’y sont brûlés les ailes.
Raisons collectives :
Le problème majeur des CPGE est l’inégalité d’accès. Les journalistes Thomas Lebègue et Emmanuelle Walter décrivent l’édifice actuel dans Grandes écoles : la fin d’une exception française. Au lieu de participer à la démocratisation de l’enseignement, les CPGE sont devenues des chasses gardées. Les milieux aisés ou bien renseignés ont compris que c’était un excellent moyen de se réserver les hautes rémunérations et il en a résulté un quasi-système d’initiés : il ne s’agit pas seulement de s’inscrire à une CPGE, mais d’être dans un lycée qui prépare aux CPGE, puis d’intégrer les meilleures CPGE. Du même coup, les universités deviennent le parent pauvre de l’Education Nationale. Moins de moyens sont accordés par étudiant et les débouchés restent limités, voire inexistants selon les domaines. C’est toute la relation au travail qui est fragilisée : qu’ils soient originaires d’une autre culture, d’un milieu défavorisé ou d’un groupe aisé, maints jeunes gens, conscients de l’absurdité de la compétition à outrance génératrice d’un élitisme désincarné, perdent tout esprit d’émulation.
Les CPGE induisent inévitablement un système à deux vitesses non-démocratique. A tel point que l’Europe ne s’oriente en aucune façon vers celui-ci. D’aucuns disent que les CPGE disparaîtront à terme du fait des Directives européennes instituant le cursus LMD (Licence, Master, Doctorat).
Un autre problème est la déperdition considérable dans le domaine des sciences et des lettres. L’appauvrissement individuel entraîne un appauvrissement collectif. Les lettres disparaissent au profit des sciences et une grande partie des meilleurs jeunes gens scientifiques – qui feraient d’excellents chercheurs – est happée par la finance et le management où les rémunérations sont nettement plus élevées.
Combien de temps cela va-t-il durer ? Changer une institution nationale est très difficile car, avec le temps, elle a fini par imprégner toutes les mentalités. Les résistances sont à la hauteur des enjeux économiques. En attendant, les souffrances individuelles et collectives s’accroissent, le fil se tend de plus en plus dangereusement entre deux mondes contradictoires : une minorité uniformisée enfermée dans sa tour d’ivoire, une majorité multiple désinvestie.
Analyse politique :
Il semble que la gauche en général et le parti socialiste en particulier n’aient jamais posé le problème de ces écoles et réfléchi à une alternative qui serait davantage en accord avec les principes qui doivent nous guider collectivement : égalité des chances, équité, respect de la personne humaine.
Bizarrement, nous renforçons, par un discours conformiste, un système que nous devrions dénoncer et auquel nous devrions tenter d’apporter des solutions. Nous approuvons l’existant comme si nous le considérions comme nécessairement immuable. L’entrée des diplômés des grandes écoles dans la gestion du Parti socialiste fut même l’un des leviers de la conquête du pouvoir en 1981. On s’étonne ensuite que nous soyons coupés des classes populaires !
Avec le LMD (Licence, Master, Doctorat), l’université française s’est mise aux normes des universités européennes, et il est à présent beaucoup plus facile pour un étudiant d’aller étudier à l’étranger et de faire reconnaître ses diplômes.
L’ironie de l’histoire est que les passerelles deviennent presque plus faciles à franchir à l’intérieur de l’Union Européenne qu’au sein même de notre propre système franco-français d’enseignement supérieur compartimenté.
Comment accepter, pour des socialistes, un protocole qui creuse les inégalités et favorise un élitisme fondé sur les mathématiques et la perspicacité parentale ? Comment pouvons-nous nous contenter de la proposition de montages sans concours pour permettre à quelques jeunes issus de zones défavorisées d’entrer dans des institutions auxquelles ils n’avaient pas accès auparavant ? Le succès du plus grand nombre doit-il être sacrifié sur l’autel de la réussite d’une minorité devant lequel nous allons nous prosterner mais qui ne justifiera pas le formidable échec dans les autres lieux de savoir qui n’auront pas reçu le soutien nécessaire.
On remarquera d’ailleurs que cet élitisme de sortie d’études s’inscrit dans une inégalité qui commence dès le début de la scolarisation. On sait maintenant que les jeunes enfants de deux ou trois ans qui ne vivent pas dans une pratique familiale du français oral risquent d’être définitivement défavorisés pour l’acquisition de l’écrit. L’écrit s’acquiert à partir d’un minimum de maîtrise du vocabulaire parlé.
Au moment où la droite s’attaque à la recherche et aux chercheurs, au moment où elle tente de transformer les universités en entreprises gérées davantage par des présidents-patrons plus soucieux de la réussite financière que de la réussite humaine et intellectuelle de l’ensemble du pays, la gauche n’a pas le droit de se taire et d’accepter des systèmes qui écrasent et divisent, qui sont source de toutes les inégalités, et qui relèvent d’archaïsmes au regard des évolutions pédagogiques en Europe.
Accepter le système actuel avec la bonne conscience que l’on s’accorde, en donnant quitus à la discrimination positive d’inspiration sarkozyste, c’est se voiler la face et se dédouaner de toute réflexion globale sur notre système d’enseignement supérieur. Ne pas poser le problème d’une grande université française rassemblant tous les savoirs, toutes les compétences et tous les jeunes sortant du lycée avec le baccalauréat, c’est s’éloigner de l’idée que tout socialiste doit avoir de l’enseignement prodigué au plus grand nombre pour une plus grande égalité des chances.
Le morcellement actuel de notre enseignement universitaire est source d’inégalités : inégalités de moyens, inégalités de niveaux, inégalités de diplômes et finalement, inégalités devant l’avenir pour des centaines de milliers d’étudiants qui, tout comme ils n’affichent pas la bonne adresse familiale, ne peuvent arborer, sur le plan académique, l’adresse qui leur permettra de décrocher l’emploi qu’ils seraient en droit d’obtenir à niveau égal.
Le parti socialiste se doit d’ouvrir ce débat en son sein, puis dans la société afin, à la fois de stopper cette course effrénée vers un élitisme délétère et de revenir au principe essentiel de l’égalité devant l’accès au savoir et aux métiers, sans privilèges ni discriminations quels qu’ils soient.
Jean-François Minot, Biophysicien, Section PS 12ème arrdt
Bernard Frouin, Université Paris 12, Section PS 12ème arrdt
http://www.vincent-peillon.fr/au-parlement-europeen/courriers-citoyens/le-non-sens-pedagogique-des-classes-preparatoires-aux-ecoles-dites-grandes-par-jean-francois-minot-et-bernard-frouin
« Le non-sens pédagogique des classes préparatoires aux écoles dites ‘grandes’ », par Jean-François Minot et Bernard Frouin
Paris, avril 2009
Pour avoir pu être une bonne idée lors de leur création, certaines structures deviennent avec le temps néfastes. Il convient alors de les réformer ou de les remplacer. Nous allons étudier ici le cas des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE).
L’institution militaire fut la première, sous l’Ancien régime, à mettre en place des concours pour l’accès au Génie, à l’Artillerie et à la Marine. L’idée était d’améliorer le recrutement en sélectionnant les jeunes gens par le mérite. Les écoles et leurs préparations se développèrent et le terme de « grande école » apparut pendant la Révolution française. Par principe, les concours sont largement ouverts, ce qui donne plus de chance de garder les meilleurs. Ils sont fondés sur un programme de connaissances ou d’aptitudes auquel il convient de se préparer. D’où les classes préparatoires.
Aujourd’hui, ce système est devenu nocif pour des raisons à la fois individuelles et collectives.
Raisons individuelles :
Il est évident que les concepts éducatifs ont évolué depuis un siècle. On s’est aperçu que l’enfance et la jeunesse sont des moments éducatifs déterminants et que l’on ne peut pas faire n’importe quoi. Rechercher l’émulation chez l’enfant est une bonne chose, organiser une compétition à outrance est une erreur qui devient inacceptable au moment où les jeunes gens sont de plus en plus précoces. Les conséquences s’échelonnent sur trois niveaux : appauvrissement durable des sensibilités dû à l’abrutissement pendant deux ou trois ans sur des matières trop spécialisées ; infantilisation prolongée due au parcage des CPGE dans les lycées ; traumatismes psychologiques provoqués par la difficulté excessive, le surmenage et les échecs ; égotisme conformiste exacerbé des gagnants et rancœur sclérosante des perdants.
Le principe des CPGE est un sacrifice des plus belles années de la jeunesse et du souci d’autrui en échange d’une hypothétique rente de situation. Les conséquences psychologiques pèseront sur l’existence entière. C’est Faust inversé : je vends ma jeunesse pour devenir vieux ! L’Etat n’a pas à organiser cette aliénation consentie (mais plus ou moins imposée dans certains milieux) au moment du passage à la majorité de 18 ans.
Tout au long du cursus scolaire, la dépréciation des uns versus la valorisation des autres est devenue une regrettable fatalité. On ne peut pas exister sans avoir droit à un épanouissement qui lui-même n’est pas possible sans une image positive de soi. L’actuelle généralisation de la compétition est une aberration car elle crée des victimes définitives : d’une part, celles et ceux qui ont été exclus de cette compétition ; d’autre part, celles et ceux qui y ont participé mais s’y sont brûlés les ailes.
Raisons collectives :
Le problème majeur des CPGE est l’inégalité d’accès. Les journalistes Thomas Lebègue et Emmanuelle Walter décrivent l’édifice actuel dans Grandes écoles : la fin d’une exception française. Au lieu de participer à la démocratisation de l’enseignement, les CPGE sont devenues des chasses gardées. Les milieux aisés ou bien renseignés ont compris que c’était un excellent moyen de se réserver les hautes rémunérations et il en a résulté un quasi-système d’initiés : il ne s’agit pas seulement de s’inscrire à une CPGE, mais d’être dans un lycée qui prépare aux CPGE, puis d’intégrer les meilleures CPGE. Du même coup, les universités deviennent le parent pauvre de l’Education Nationale. Moins de moyens sont accordés par étudiant et les débouchés restent limités, voire inexistants selon les domaines. C’est toute la relation au travail qui est fragilisée : qu’ils soient originaires d’une autre culture, d’un milieu défavorisé ou d’un groupe aisé, maints jeunes gens, conscients de l’absurdité de la compétition à outrance génératrice d’un élitisme désincarné, perdent tout esprit d’émulation.
Les CPGE induisent inévitablement un système à deux vitesses non-démocratique. A tel point que l’Europe ne s’oriente en aucune façon vers celui-ci. D’aucuns disent que les CPGE disparaîtront à terme du fait des Directives européennes instituant le cursus LMD (Licence, Master, Doctorat).
Un autre problème est la déperdition considérable dans le domaine des sciences et des lettres. L’appauvrissement individuel entraîne un appauvrissement collectif. Les lettres disparaissent au profit des sciences et une grande partie des meilleurs jeunes gens scientifiques – qui feraient d’excellents chercheurs – est happée par la finance et le management où les rémunérations sont nettement plus élevées.
Combien de temps cela va-t-il durer ? Changer une institution nationale est très difficile car, avec le temps, elle a fini par imprégner toutes les mentalités. Les résistances sont à la hauteur des enjeux économiques. En attendant, les souffrances individuelles et collectives s’accroissent, le fil se tend de plus en plus dangereusement entre deux mondes contradictoires : une minorité uniformisée enfermée dans sa tour d’ivoire, une majorité multiple désinvestie.
Analyse politique :
Il semble que la gauche en général et le parti socialiste en particulier n’aient jamais posé le problème de ces écoles et réfléchi à une alternative qui serait davantage en accord avec les principes qui doivent nous guider collectivement : égalité des chances, équité, respect de la personne humaine.
Bizarrement, nous renforçons, par un discours conformiste, un système que nous devrions dénoncer et auquel nous devrions tenter d’apporter des solutions. Nous approuvons l’existant comme si nous le considérions comme nécessairement immuable. L’entrée des diplômés des grandes écoles dans la gestion du Parti socialiste fut même l’un des leviers de la conquête du pouvoir en 1981. On s’étonne ensuite que nous soyons coupés des classes populaires !
Avec le LMD (Licence, Master, Doctorat), l’université française s’est mise aux normes des universités européennes, et il est à présent beaucoup plus facile pour un étudiant d’aller étudier à l’étranger et de faire reconnaître ses diplômes.
L’ironie de l’histoire est que les passerelles deviennent presque plus faciles à franchir à l’intérieur de l’Union Européenne qu’au sein même de notre propre système franco-français d’enseignement supérieur compartimenté.
Comment accepter, pour des socialistes, un protocole qui creuse les inégalités et favorise un élitisme fondé sur les mathématiques et la perspicacité parentale ? Comment pouvons-nous nous contenter de la proposition de montages sans concours pour permettre à quelques jeunes issus de zones défavorisées d’entrer dans des institutions auxquelles ils n’avaient pas accès auparavant ? Le succès du plus grand nombre doit-il être sacrifié sur l’autel de la réussite d’une minorité devant lequel nous allons nous prosterner mais qui ne justifiera pas le formidable échec dans les autres lieux de savoir qui n’auront pas reçu le soutien nécessaire.
On remarquera d’ailleurs que cet élitisme de sortie d’études s’inscrit dans une inégalité qui commence dès le début de la scolarisation. On sait maintenant que les jeunes enfants de deux ou trois ans qui ne vivent pas dans une pratique familiale du français oral risquent d’être définitivement défavorisés pour l’acquisition de l’écrit. L’écrit s’acquiert à partir d’un minimum de maîtrise du vocabulaire parlé.
Au moment où la droite s’attaque à la recherche et aux chercheurs, au moment où elle tente de transformer les universités en entreprises gérées davantage par des présidents-patrons plus soucieux de la réussite financière que de la réussite humaine et intellectuelle de l’ensemble du pays, la gauche n’a pas le droit de se taire et d’accepter des systèmes qui écrasent et divisent, qui sont source de toutes les inégalités, et qui relèvent d’archaïsmes au regard des évolutions pédagogiques en Europe.
Accepter le système actuel avec la bonne conscience que l’on s’accorde, en donnant quitus à la discrimination positive d’inspiration sarkozyste, c’est se voiler la face et se dédouaner de toute réflexion globale sur notre système d’enseignement supérieur. Ne pas poser le problème d’une grande université française rassemblant tous les savoirs, toutes les compétences et tous les jeunes sortant du lycée avec le baccalauréat, c’est s’éloigner de l’idée que tout socialiste doit avoir de l’enseignement prodigué au plus grand nombre pour une plus grande égalité des chances.
Le morcellement actuel de notre enseignement universitaire est source d’inégalités : inégalités de moyens, inégalités de niveaux, inégalités de diplômes et finalement, inégalités devant l’avenir pour des centaines de milliers d’étudiants qui, tout comme ils n’affichent pas la bonne adresse familiale, ne peuvent arborer, sur le plan académique, l’adresse qui leur permettra de décrocher l’emploi qu’ils seraient en droit d’obtenir à niveau égal.
Le parti socialiste se doit d’ouvrir ce débat en son sein, puis dans la société afin, à la fois de stopper cette course effrénée vers un élitisme délétère et de revenir au principe essentiel de l’égalité devant l’accès au savoir et aux métiers, sans privilèges ni discriminations quels qu’ils soient.
Jean-François Minot, Biophysicien, Section PS 12ème arrdt
Bernard Frouin, Université Paris 12, Section PS 12ème arrdt
- Marie LaetitiaBon génie
La théorie du complot maintenant. Et tout ça écrit par des enseignants chercheurs... Lamentable...
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- AuroreEsprit éclairé
C'est bien beau leurs théories, mais j'aimerais bien savoir où est-ce qu'ils mettent leurs propres enfants... Mon petit doigt me dit qu'avec ces Tartuffes on n'est pas au bout de nos surprises !
La lutte contre les méchants "élitistes", c'est surtout pour les autres.
La lutte contre les méchants "élitistes", c'est surtout pour les autres.
- jehanneNiveau 8
Je khôlle en classe prépa dans un grand lycée parisien: il y a un certain nombre de parcours (jeunes asiatiques particulièrement) qui vont à l'encontre de cette vision: des jeunes gens de banlieue, dans des familles ayant connu des tribulations parfois terribles, ayant le culte du travail et de la réussite; des garçons et filles qui travaillent comme des fous pour réussir, dès qu'ils ont appris que les prépas sont la voie royale pour réussir, par son travail, et non grâce au carnet d'adresse de sa famille...
- JohnMédiateur
Recentrons-nous : on parle du projet PS, pas de Peillon - ce n'est pas tout à fait la même chose.
Marc44, si c'est Christian Forestier qui tient les manettes du programme PS en matière d'éducation, on est extrêmement mal...
Marc44, si c'est Christian Forestier qui tient les manettes du programme PS en matière d'éducation, on est extrêmement mal...
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- Marie LaetitiaBon génie
jehanne a écrit:Je khôlle en classe prépa dans un grand lycée parisien: il y a un certain nombre de parcours (jeunes asiatiques particulièrement) qui vont à l'encontre de cette vision: des jeunes gens de banlieue, dans des familles ayant connu des tribulations parfois terribles, ayant le culte du travail et de la réussite; des garçons et filles qui travaillent comme des fous pour réussir, dès qu'ils ont appris que les prépas sont la voie royale pour réussir, par son travail, et non grâce au carnet d'adresse de sa famille...
ce que tu dis là il faudrait l'imprimer en GROS et le distribuer à tous les députés et candidats PS. Il y a peut-être un espoir que certains comprennent.
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- CondorcetOracle
Marie Laetitia a écrit:condorcet a écrit:Parce qu'il y a surplus par rapport aux débouchés disponibles (en SHS notamment) : laisser des étudiants s'engager dans des études au long cours sans financement ou perspective professionnelle n'est pas responsable.
en même temps, ça, Condorcet, c'est de la responsabilité et des doctorants et des directeurs de thèse: faire une thèse sans financement, pour moi c'était hors de question. Ou alors en bossant dans le secondaire et en y mettant le temps qu'il faut. Et encore. Personne ne force personne à faire une thèse. L'argument économique doit réguler les candidatures. Et si j'ai un étudiant de milieu modeste, je j'enquille sur un Master enseignement pour assurer la priorité: le concours pour avoir une expérience de l'enseignement ce qui lui donnera tjrs de quoi bouffer.
La responsabilité repose sur celui qui a le plus de pouvoir et ce n'est pas le thésard.
De plus, la Charte des thèses est une aimable plaisanterie et j'aimerais bien qu'on m'expliquât comment on peut encadrer vingt thèses à la fois.
La multiplication des thèses et la réduction des délais pour les réaliser en diminuent forcément la valeur : la planche à billets diplômante en quelque sorte...
- User5899Demi-dieu
Je me rappelle qu'au cours de l'hiver 1980, avant la présidentielle, donc, le lycée Thiers de Marseille (grosse boîte avec collège, lycée et prépas) bruissait de la rumeur que les rouges fermeraient immédiatement les prépas, ces antres de la reproduction in uitro de l'élite bourgeoise. Et puis les socialistes vinrent. Les communistes vinrent. Et les prépas demeurèrent. Parce qu'elles seront indispensables aussi longtemps que les facs recevront sans possibilité de tri les pauvres élèves que nous leur envoyons avec un bac qui ne garantit même pas que l'impétrant comprend 10 lignes du journal local.
Remarquez qu'il y a un moyen d'éviter le tri : c'est d'enseigner des connaissances dans le secondaire. Mais ceux qui font les programmes ne semblent pas disposés à aller dans ce sens, et on en a encore pour longtemps avec les zactivités et les téhicéheux.
Remarquez qu'il y a un moyen d'éviter le tri : c'est d'enseigner des connaissances dans le secondaire. Mais ceux qui font les programmes ne semblent pas disposés à aller dans ce sens, et on en a encore pour longtemps avec les zactivités et les téhicéheux.
- CondorcetOracle
Abraxas a écrit:On va privilégier le recrutement local de la maternelle à l'université, au nom des postes à profil — c'est-à-dire de la sauvegarde des copains / copines. Népotisme, mon ami, me voilà !
Sûr que le niveau des facs, déjà très inégal (dieu que je suis poli aujourd'hui !) va monter…
Quant à la loi LRU, elle est globalement plébiscitée par le SNE-Sup, à qui elle a permis de rafler la direction de très nombreuses facs.
Ce qui est le plus clair dans ce projet, c'est qu'il pense modifier à la marge (avec des moyens dont il faudra bien trouver le financement — rien de dit là-dessus) la loi Pécresse. Sans rien bouleverser. pourtant, dans le cadre d'une camapgne, c'est là qu'il faudrait avoir de l'audace, non ? Cette capacité à se vouloir raisonnable traduit à mon sens une grande frilosité.
- CondorcetOracle
Marie Laetitia a écrit:jehanne a écrit:Je khôlle en classe prépa dans un grand lycée parisien: il y a un certain nombre de parcours (jeunes asiatiques particulièrement) qui vont à l'encontre de cette vision: des jeunes gens de banlieue, dans des familles ayant connu des tribulations parfois terribles, ayant le culte du travail et de la réussite; des garçons et filles qui travaillent comme des fous pour réussir, dès qu'ils ont appris que les prépas sont la voie royale pour réussir, par son travail, et non grâce au carnet d'adresse de sa famille...
ce que tu dis là il faudrait l'imprimer en GROS et le distribuer à tous les députés et candidats PS. Il y a peut-être un espoir que certains comprennent.
+1 Marie Laetitia, Jehanne et Aurore.
Il importe de mieux financer le premier cycle universitaire et non pas de déshabiller les CPGE pour habiller le premier cycle universitaire.
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