Intervenir pour donner des cours à une élève malade: dur.....

Cette année en 6° j'ai une petite qui vient de rentrer après un an de déscolarisation, en milieu de CM2 on lui a détecté une sorte de cancer des os très rare et elle a eu 13 semaines de chimio, ablation de 9 cm du tibia, puis à nouveau 13 semaines de chimio et à nouveau opération de greffe du tibia. Je suis allée la voir quelques fois chez elle le lundi quand je ne travaillais pas et qu'elle était à la maison et pas en aplasie et je sais que c'était très important pour elle et ses parents même si elle bénéficiait en partie des cours à l'hôpital. Il me semblait normal de lui donner quelques heures de mon temps pour la connaître et assurer au mieux sa réintégration quand le moment serait venu.

La première fois que j'ai vu cette petite, j'ai été choquée de voir une enfant si jeune si marquée par la maladie, ayant perdu ses cheveux, très faible par moments, d'autant plus que j'ai sa soeur en bonne santé en classe qui est sa copie conforme. Elle est rentrée en classe mi-février et depuis cette semaine elle enlève son bonnet: ses cheveux repoussent et elle est toute mignonne!

Courage Audrey! N'hésite pas à en parler ici ou ailleurs!

Merci Amaliah...mon élève suit un peu le même parcours que la tienne: elle sort d'une très lourde opération pour recommencer la chimio direct....

Audrey, ce que tu fais pour cette élève est très important...Courage à toi...
Tes messages et celui d'Angua me touchent beaucoup.

Courage à toi.
L'année dernière, une de mes élèves, atteinte d'un cancer, a passé les deux premiers mois de l'année à l'hôpital à Paris. Je lui avais envoyé mes cours par internet. Mais je n'ai jamais eu à aller chez elle, car après elle est revenue en classe normalement.

Tous vos témoignages sont si douloureux à lire malgré l'espoir qui s'y profile parfois. J'ai le coeur très serré. C'est une bien triste réalité.
Tout mon soutien Audrey

Merci Blanche...celui d'Angua m'a beaucoup touchée aussi...
Mais bon, vais essayer de me ressaisir et de quitter le mode madeleine...c'est pas tout, faut qu'je mange, quand même!

Merci les filles...

Vos messages m'ont beaucoup émue .
, Audrey.

Dis-toi bien que ce que tu fais est essentiel.
C'est la vie qui continue malgré tout, la vie qui est si banale quand tout va bien, et qui a une toute autre valeur pour elle.
Cela va te donner le courage de continuer.

Oui, c'est exactement ça, Sapotille!
Faut juste que je me blinde un peu plus... c'est tout moi ça: devant, pas de souci, je tiens le coup...c'est chez moi que ça lâche. Mais ça ira: elle était tellement contente de parler boulot que forcément, ça ira!
Et puis je croise les doigts pour qu'elle puisse venir au théâtre voir "Bérénice" Jeudi...elle avait des étoiles dans les yeux rien que quand je le lui ai proposé, et qu'ensuite on a parlé de la pièce...une victoire après l'autre, hein?

Audrey a écrit:

Alors voilà... si d'autres néos vivent ou ont vécu cette situation..dites-moi si à un moment, on "fait avec". Dites-moi si on arrive à penser à autre chose que "putain, pourvu qu'elle s'en sorte" , ou "mais bon sang, l'incipit des Confessions, on s'en tamponne le coquillard!"...

J'ai déjà dû donner des cours à domicile pour une élève qui avait été violée et ne voulait plus revenir au collège. Elle était complètement "molle" (ce n'est pas méchant), dépressive (ça se comprend). Rien à voir avec ton élève dc, dans le sens où sa vie était gâchée mais pas en danger.
Mais je compatis : la situation que tu décris nous oblige à relativiser, oui il y a plus important que le français dans la vie !!!
Dans notre collège, nous avons une élève qui a le cancer (et qui venait au collège malgré tt) et un élève qui a la mucoviscidose et si on a un brin d'humanité on ne peut rester insensible... En même temps, le collège leur permet aussi de penser à autre chose !

Courage Audrey !

Merci Val!

Audrey a écrit:Oui, c'est exactement ça, Sapotille!
Faut juste que je me blinde un peu plus... c'est tout moi ça: devant, pas de souci, je tiens le coup...c'est chez moi que ça lâche. Mais ça ira: elle était tellement contente de parler boulot que forcément, ça ira!
Et puis je croise les doigts pour qu'elle puisse venir au théâtre voir "Bérénice" Jeudi...elle avait des étoiles dans les yeux rien que quand je le lui ai proposé, et qu'ensuite on a parlé de la pièce...une victoire après l'autre, hein?

Pas si facile de se blinder face à quelqu'un qui a eu si peu le temps de goûter à la vie avant une telle épreuve...

Elle a un âge où les jeunes devraient tous pouvoir vivre dans l'insouciance...

Je souhaite vraiment qu'elle puisse assister à cette pièce de Théâtre, comme ses camarades de classe et que ce soit pour elle un vrai temps d'insouciance et de plaisir profond parmi les autres, comme si tout allait bien...

Mon mari avait un copain qui a eu une grave maladie du cœur à 20 ans.

Il s'est retrouvé sous bulle stérile, à l'hosto, en l'attente d'une greffe, qui était l'une des premières de France (c'était il y a 30 ans). Les gens de la fac sont venus le voir, enfin, de l'autre côté de la paroi... à l'un d'entre eux, il a demandé de lui prendre un dossier pour l'inscription ou je ne sais plus quoi de l'année suivante. Le gars s'est dit "bah, je lui dis oui, mais l'année prochaine, il sera mort", et ne l'a pas fait.

Quand mon mari raconte ça, il a encore de la rage dans la voix.

Le copain a reçu une greffe du cœur, et s'en est sorti — je crois que c'était le premier cas en France ! Quand il parle de ça, il dit que le plus dur pour lui, plus dur que la souffrance, plus dur que la peur de la mort, plus dur que tout, ça a été quand il s'est rendu compte qu'il ne pouvait pas s'inscrire à la fac à cause de ce :censure: qui l'avait enterré un peu vite.

Je crois — mais il faudrait que je redemande — que l'administration, à une époque où tout n'était pas informatisé, a été moins odieuse que le gars, et l'a inscrit quand même hors délai. En tout cas, il a fait des études brillantes.

Il ne s'est jamais marié, n'a jamais eu d'enfants, mais la dernière fois qu'on l'a vu il avait une quarantaine d'années et toutes ses dents. Et il disait "J'ai tenu le coup parce que je voulais faire Sciences Po".

Chouette histoire Rikki...merci...

C'est bouleversant.
La cousine de mon homme est à peine âgée de 30 ans, elle est infirmière en pédiatrie et côtoie tous les jours des gamins malades de cancers et autres saloperies... J'avoue ne pas savoir comment elle fait pour se blinder. Moi ça me dépasse !
Audrey, Dis toi que ce que tu lui apportes est immense pour elle, c'est une partie de sa "vie normale" qu'elle partage avec toi.

Courage !

Je pense que blinder n'est pas forcément le mot en fait...
Il faudrait juste se concentrer sur le positif, le présent, l'espoir, l'avenir... ça doit être ça.

Audrey a écrit:Je pense que blinder n'est pas forcément le mot en fait...
Il faudrait juste se concentrer sur le positif, le présent, l'espoir, l'avenir... ça doit être ça.

Oui, et puis il faut aussi se dire que le présent a une vraie valeur en soi. Un adolescent n'est pas QUE un être en devenir, c'est aussi quelqu'un qui vit ici et maintenant, comme disait l'autre. Ca paraît une évidence, mais ce genre de situation nous renvoie à ces évidences.

Notre famille a aussi été touchée — mon mari a eu un cancer il y a quatre ans — et mes enfants, qui étaient dans le Secondaire, ont beaucoup morflé. Le fait que les profs aient été compréhensifs a été d'un très très grand secours dans les collèges de mes filles. Alors que dans le lycée de mon fils les gens étaient distants et hautains, et on n'a reçu aucun soutien.

Ne crois pas que le "danger de mort" fasse relativiser l'importance du scolaire. Au contraire !

Je te souhaite bon courage.

Les infirmières et les médecins, je ne sais pas comment ils font, moi non plus ; rien que pour ça, c'est un métier que je ne pourrais pas faire.
Pour mes enfants, j'essaie de ne pas penser que leur vie est gâchée par le handicap ; tout ce qu'ils peuvent vivre de joies et de bonheur, je me dis que c'est toujours ça de pris.

Je viens d'en parler avec ma copine prof d'hg, qui va elle aussi rendre visite à cette élève et qui a l'expérience de ce type d'intervention... Elle m'a dit que ma réaction était normale, et que ça passait ensuite...

Nasopi a écrit:
Pour mes enfants, j'essaie de ne pas penser que leur vie est gâchée par le handicap ; tout ce qu'ils peuvent vivre de joies et de bonheur, je me dis que c'est toujours ça de pris.

Nasopi : pour toi !

Merci val .

Oui, Nasopi....c'est exactement comme ça qu'il faut prendre la situation... je vais m'habituer, promis!