Liste des incivilités au quotidien - Tome II

Ramoneur a écrit:Ça m'arrive de temps en temps de choisir exprès un vocabulaire, disons, très fleuri. Ça les surprend et c'est le signe pour eux que je suis vraiment en colère.
Au choix :
"tu dégages" (toujours très efficace)
"tu me gonfles"
"tu gicles"
"ferme la ... ta bouche!"
Jamais eu de problème avec les parents. Qu'ils viennent, d'ailleurs, les parents... Comme dirait ma grand-mère, ils ne vont pas me faire un trou où j'en ai déjà un !

Et je rajoute le "tu te la fermes", utilisé UNIQUEMENT envers le même gamin complètement azimuté, en 5è.
Sinon, "tu te fous de moi", c'est souvent aussi et "tu me saoules"...
En général, ils savent qu'ils ont dépassé les bornes des limites...

Flof a écrit:ils ont fait un travail de groupe.

Je serais toi, je menacerais le groupe entier. Y en aura bien un pour (se) dénoncer, au pire tu leur proposes de déposer un mot dans ton casier s'ils ne veulent pas se poser en "balance". Sinon tant pis, le groupe entier prend : solidaires dans la co***rie, solidaires dans la punition ! :malmaisbien:
[méthode testée en classe suite à un jet de boulette dans une rangée. J'ai menacé toute la rangée, pris tous leurs carnets (y compris les choupinous) en leur disant que je les punirai tous si le(s) coupable(s) n'étai(en)t pas démasqué(s), le(s)dit(s) coupable(s) étant responsable(s) de la punition de tout le monde en cas de silence... J'ai fini par avoir des noms, en classe ET sur papier ! Bon courage en tout cas !!!]

A mon époque, quand je faisais une connerie (je rassure tout le monde, dans mon collège une connerie c'était pas une insulte à un prof) et que le prof évoquait une menace collective, je levais direct la main pour me dénoncer.

J'ai constaté l'an dernier que ça marchait pas, à mon grand étonnement. Des lâches...

Aujourd'hui, je rends les devoirs maison à mes 6ème.
Il fallait remplir une grille avec des nombres, et tous les calculs devaient être faits sur une copie double.

6 élèves n'ont rien rendu : 0/20
5 élèves ont rendu uniquement la grille : 8/20
1 élève m'a rendu un brouillon (feuille d'agenda déchirée) avec des calculs dans tous les sens en plus de sa feuille : 8/20 aussi avec comme commentaire : "je ne corrige pas les brouillons"

Jusqu'à la fin de l'heure, les 12 élèves concernés (c'est à dire la moitié de la classe) ont râlé, en essayant de ralier le reste de la classe à leur cause, m'empêchant de faire mon cours correctement. "Au moins avec le remplaçant on avait la moyenne! Ils sont trop durs vos devoirs c'est abusé! J'ai fait les calculs c'est juste que je les ai pas recopiés! Bah puisque c'est comme ça je m'en fous je ferai plus jamais vos devoirs maison!"

Celui qui m'a rendu un brouillon m'a menacé de faire intervenir ses parents.

Déjà en 6e... Ça fait peur...

En 4e LV2 tout à l'heure: le portable d'une élève sonne, je le confisque. Normal, jusque là. Je le range dans le tiroir en haut à droite de mon bureau. A la fin de l'heure, l'élève en question vient pour le récupérer, je cherche dans le tiroir, il n'y est pas! L'angoisse me prend tout d'un coup, pendant toute la récré. A la fin de la récré, une autre élève de la même classe me dit que le portable apparemment a été retrouvé. Mais comment?? La seule explication que j'aie est qu'un élève est venu fouiller dans mon bureau. Pffff......

En 4e latin cet aprem, en dernière heure de la journée (vive les horaires de latin), après que la majorité de la classe (groupe de 21 avec 17 élève d'une classe) a eu 2 heures de perm juste avant : une jeune demoiselle décide de sortir une feuille à carreaux et de (pas)subtilement la cacher dans son cahier pour écrire je ne sais quoi à je ne sais qui dessus. Je lui confisque la chose (après une tentative désespérée de rester innocente tout en refusant d'enlever sa main d'une autre feuille qui cachait celle que je voulais récupérer !) puis reprends le cours. A la fin de l'heure, j'examine la feuille : petite copie double, quelques graffitis sur la première page et subliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiime ode à la vie scolaire sur la double page intérieure en orange fluo : "A mort les pions !!!"
Passée ma surprise (la jeune fille étant habituellement calme, discrète et sérieuse !!!), je me suis évidemment empressée d'en faire part aux surveillants ! Affaire à suivre...

Hier, certains de mes charmants terminales ont appelé le lycée, trois fois, pour savoir si "Kruella était là". Pas de "madame", bien sûr, ni bonjour ni s'il vous plaît, et ils ont fini par insulter l'agent d'accueil... Bon, le numéro de téléphone s'est affiché au standard, du coup la classe flippe un peu... mais je ne pense pas qu'il y aura matière à dégager le coupable (j'ai de forts soupçons sur l'un d'eux)...
Et comme c'était sa journée, l'agent d'accueil s'est aussi fait traiter de "sale pute" par un élève, parce qu'elle n'avait pas déverrouillé assez vite le portillon d'entrée...

Ce matin, intervention d'un ancien déporté. J'attendais ce moment depuis très longtemps, pour mes classes, mais aussi pour moi, car c'est la première fois que j'assistais à un témoignage de ce type. Bref. Une autre classe assiste à l'intervention en compagnie de la mienne. Je demande d'un air "sympa" aux élèves de quitter leur veste car nous sommes dans la salle pour 2 heures et qu'elle est surchauffée. 1 fois, deux fois, trois fois, toujours sur le ton sympathique "Mettez-vous à l'aise". Un garçon me dit d'un ton très sec qu'il ne l’enlèvera pas. Je précise que ce ne sont pas mes élèves mais ceux du collègue, donc je ne connaissais pas ce jeune homme. Ok, tu ne veux pas suivre les règles, je trouve ça irrespectueux envers le monsieur, tu sors. Le môme se lève, "C'est bon, je sors, j'm'en fous de votre truc" et part limite en courant. Je lui demande de s'arrêter et de me donner son carnet vu que je ne le connais pas, il refuse et accélère le pas (on est dans le couloir). Je l'agrippe par la poignée du sac à dos (je ne l'ai donc pas touché et encore moins agressé). Il me hurle dessus en me tutoyant "Ne me touche pas, tu vas voir, tu vas voir". C'est hyper violent mais bon, j'en ai déjà vu des loulous de ce type en ZEP les années précédentes, je garde mon calme. Il avance, on est devant le couloir de la direction, je lui demande de tourner à gauche, il refuse. Jusque là je ne criais pas mais là j'ai haussé le ton, ça commençait à bien faire, et je lui ordonne en criant d'entrer dans ce couloir. Là, il se poste devant moi. Son visage était à 2 cm du mien, son torse collé au mien, et il m'a hurlé dessus, en me tutoyant "tu vas me faire quoi, tu vas me faire quoi ?, tu vas voir, je vais pas te laisser faire ça etc". L'intendante, entendant cela, sort de son bureau, je lui lance le regard le plus désespéré que j'ai jamais eu et, la voix tremblante, je lui dit "s'il vous plait, faites quelque chose". J'étais tétanisée, collée à cet élève qui me parlait comme à de la merde et qui me menaçait, la main levée. Là, l'ouvrier du collège, mon sauveur, est arrivé, alerté par le bruit, et ça a de suite fait reculer l'élève qui s'apprêtait à me frapper. Dans le bureau de la principale, le môme était dans le même état de violence, il s'en est pris à ma chef, la tutoyant. Il s'est vanté de ses 92 demi-journées d'absence... J'étais toujours en état de choc, je tremblais comme une feuille des bras et, chose étrange, uniquement de la jambe gauche. J'ai eu véritablement peur deux fois dans ma vie : il y a deux ans, lorsqu'on s'est faites caillassées en voiture avec une collègue, en sortant du collège, et ce matin. J'étais dans le même état physique avec cette fichue jambe qui tremblait... Aussitôt après que l'élève a été parti, ma chef a appelé le commissariat pour leur annoncer que j'allais arriver avec un collègue pour porter plainte et elle a lancé la procédure de conseil de discipline. Un collègue m'a emmenée au commissariat. J'étais bouleversée, toujours tremblante et en pleurs. J'étais à deux doigts de me faire frapper, putain. La flic a été adorable et très à l'écoute. Quand j'ai annoncé le nom de l'élève, elle a dit "Je connais très bien". Il est en effet impliqué dans des vols de voiture... Au retour au collège, mes collègues ont été adorables, je suis hyper touchée de leurs gestes et mots... La direction a été extra aussi. Une fois à peu près remise, je suis rentrée chez moi. J'ai dormi un peu et, tellement conne que je suis, j'ai corrigé un paquet de copies... Dès que j'y repense, je pleure. En quittant mon collège de merde en ZEP, je pensais être "protégée" de tout cela... Mais j'ai vite été rattrapée. Je le répète mais j'ai eu peur, véritablement. Si l'OP n'avait pas été là, je me faisais frapper. Pour une veste. Alors qu'on allait assister au témoignage d'un monsieur de 85 ans ancien résistant et déporté... Mais où va-t-on ?? Merci de m'avoir lue, j'avais besoin de écrire tout ça. Cela peut arriver à n'importe qui, n'importe quand, pour n'importe quoi.

Houlà, Janis, quelle violence en effet !
Heureusement que ta CDE, au moins, a réagi immédiatement !

Une cde efficace au moins et beaucoup de courage de ta part de ne pas avoir cédé.Par contre, le prof de l'élève n'est pas intervenu?

Oh janis, je suis désolée pour toi.

Grosses bises de soutien!

Janis... je sais par quoi tu passes. J'ai vécu ça l'année dernière et cette année.


Et quand même.... tu as de la chance d'avoir une CDE qui assure... je ne parlerai pas de la mienne.

Tout mon soutien, Janis. ET heureusement que les adultes de l'établissement, OP et CDE, ont été à la hauteur !

C'est d'une violence ! Heureusement tu es soutenue

Merci à tous pour vos messages, je suis très touchée
J'ai eu beaucoup de mal à dormir, j'ai rêvé de conflits avec les élèves... Mais bon, c'est passé, je digère peu à peu l'évènement même si j'en garderai des traces. Lundi, si mes élèves me demandent pourquoi je n'ai pas assisté à l'intervention du déporté et pourquoi je n'étais pas là l'après-midi, je crois que je leur raconterai ce qui s'est passé.

Par rapport à mon collègue présent dans la salle (son élève donc), je ne sais pas trop. Je lui ai dit que j'excluais son élève car il ne respectait pas les règles, il m'a juste dit "ok". Il n'a pas assisté au clash. Ce qui me gène un peu c'est que quand j'étais en pleurs en salle des profs, à raconter mon passage au commissariat avec tous les collègues autour, il s'est assis loin et a corrigé des copies. Je ne sais même pas s'il a compris ce qui s'était passé en fait. Mais bon, je ne vais pas me formaliser pour ça.

janis a écrit:Ce qui me gêne un peu c'est que quand j'étais en pleurs en salle des profs, à raconter mon passage au commissariat avec tous les collègues autour, il s'est assis loin et a corrigé des copies. Je ne sais même pas s'il a compris ce qui s'était passé en fait. Mais bon, je ne vais pas me formaliser pour ça.

Je n'aurais pas l'idée de corriger des copies si quelqu'un pleure à côté.

Bon courage, Janis! Il m'est arrivé une situation assez semblable à la tienne, en moins violent toutefois. j'étais extrêmement choquée (et j'ai été bien bête de faire cours après).

Janis :

Qu'en disent nos candidats à la Présidence de la Ré ?
On fait la liste de leurs réponses ?

Oh, Janis, plein de bises et toutes mes pensées !

Janis

janis a écrit:Ce matin, intervention d'un ancien déporté. J'attendais ce moment depuis très longtemps, pour mes classes, mais aussi pour moi, car c'est la première fois que j'assistais à un témoignage de ce type. Bref. Une autre classe assiste à l'intervention en compagnie de la mienne. Je demande d'un air "sympa" aux élèves de quitter leur veste car nous sommes dans la salle pour 2 heures et qu'elle est surchauffée. 1 fois, deux fois, trois fois, toujours sur le ton sympathique "Mettez-vous à l'aise". Un garçon me dit d'un ton très sec qu'il ne l’enlèvera pas. Je précise que ce ne sont pas mes élèves mais ceux du collègue, donc je ne connaissais pas ce jeune homme. Ok, tu ne veux pas suivre les règles, je trouve ça irrespectueux envers le monsieur, tu sors. Le môme se lève, "C'est bon, je sors, j'm'en fous de votre truc" et part limite en courant. Je lui demande de s'arrêter et de me donner son carnet vu que je ne le connais pas, il refuse et accélère le pas (on est dans le couloir). Je l'agrippe par la poignée du sac à dos (je ne l'ai donc pas touché et encore moins agressé). Il me hurle dessus en me tutoyant "Ne me touche pas, tu vas voir, tu vas voir". C'est hyper violent mais bon, j'en ai déjà vu des loulous de ce type en ZEP les années précédentes, je garde mon calme. Il avance, on est devant le couloir de la direction, je lui demande de tourner à gauche, il refuse. Jusque là je ne criais pas mais là j'ai haussé le ton, ça commençait à bien faire, et je lui ordonne en criant d'entrer dans ce couloir. Là, il se poste devant moi. Son visage était à 2 cm du mien, son torse collé au mien, et il m'a hurlé dessus, en me tutoyant "tu vas me faire quoi, tu vas me faire quoi ?, tu vas voir, je vais pas te laisser faire ça etc". L'intendante, entendant cela, sort de son bureau, je lui lance le regard le plus désespéré que j'ai jamais eu et, la voix tremblante, je lui dit "s'il vous plait, faites quelque chose". J'étais tétanisée, collée à cet élève qui me parlait comme à de la *** et qui me menaçait, la main levée. Là, l'ouvrier du collège, mon sauveur, est arrivé, alerté par le bruit, et ça a de suite fait reculer l'élève qui s'apprêtait à me frapper. Dans le bureau de la principale, le môme était dans le même état de violence, il s'en est pris à ma chef, la tutoyant. Il s'est vanté de ses 92 demi-journées d'absence... J'étais toujours en état de choc, je tremblais comme une feuille des bras et, chose étrange, uniquement de la jambe gauche. J'ai eu véritablement peur deux fois dans ma vie : il y a deux ans, lorsqu'on s'est faites caillassées en voiture avec une collègue, en sortant du collège, et ce matin. J'étais dans le même état physique avec cette fichue jambe qui tremblait... Aussitôt après que l'élève a été parti, ma chef a appelé le commissariat pour leur annoncer que j'allais arriver avec un collègue pour porter plainte et elle a lancé la procédure de conseil de discipline. Un collègue m'a emmenée au commissariat. J'étais bouleversée, toujours tremblante et en pleurs. J'étais à deux doigts de me faire frapper, ***. La flic a été adorable et très à l'écoute. Quand j'ai annoncé le nom de l'élève, elle a dit "Je connais très bien". Il est en effet impliqué dans des vols de voiture... Au retour au collège, mes collègues ont été adorables, je suis hyper touchée de leurs gestes et mots... La direction a été extra aussi. Une fois à peu près remise, je suis rentrée chez moi. J'ai dormi un peu et, tellement conne que je suis, j'ai corrigé un paquet de copies... Dès que j'y repense, je pleure. En quittant mon collège de *** en ZEP, je pensais être "protégée" de tout cela... Mais j'ai vite été rattrapée. Je le répète mais j'ai eu peur, véritablement. Si l'OP n'avait pas été là, je me faisais frapper. Pour une veste. Alors qu'on allait assister au témoignage d'un monsieur de 85 ans ancien résistant et déporté... Mais où va-t-on ?? Merci de m'avoir lue, j'avais besoin de écrire tout ça. Cela peut arriver à n'importe qui, n'importe quand, pour n'importe quoi.

Je reviens sur cet évènement qui a eu lieu il y a un mois maintenant. L'élève a été exclu définitivement mardi soir suite à son conseil de discipline. Je suis soulagée !

Bonne nouvelle !

Ouf!

C'est bien.