- AbraxasDoyen
De récentes et douloureuses affaires de suicides de jeunes ont incité le gouvernement — Jeannette Bougrab, en l'occurrence — à lancer une vaste enquête sur cette question.
À qui diable confier la mission, sinon à l'apôtre de la "résilience", Boris Cyrulnik ?
Alors, voilà : il a commencé à penser, le grand homme…
Ci-dessous, ses premières conclusions, résumées aujourd'hui par l'AEF.
Quand on croit avoir touché le fond, il y a toujours plus abyssal.
"Il faut que l'opinion publique s'approprie le débat autour du suicide des jeunes, car il n'est pas uniquement le fait de l'école, du ministère, mais le fait de tous », indique Jeannette Bougrab, secrétaire d'État à la Jeunesse et la Vie associative, jeudi 3 février 2011. Elle lance une mission visant à analyser les causes du suicide des enfants et des adolescents (AEF n°144531), confiée à Boris Cyrulnik, éthologue, neuropsychiatre et psychanalyste. « Nous voulons apporter une vision nouvelle de la compéhension du phénomène du suicide. Elle prend en compte deux dimensions : le développement affectif et l'entourage socio-culturel » explique Boris Cyrulnik.
La « dimension » de l'entourage socio-culturel inclut l'école. Pour Boris Cyrulnik, « l'école joue surtout un rôle pour insécuriser [l'enfant] actuellement. Elle crée les conditions expérimentales de l'angoisse ». Il explique que trois facteurs « permettent de lutter contre l'angoisse : l'action, l'affection et la mentalisation ». Or, selon lui, ces trois facteurs ne sont pas ou peu présents à l'école : « Il n'y a pas d'action à l'école, on dit aux élèves de rester assis et de se taire. L'affection, il y en a peu, les compagnons changent d'école facilement. Et la mentalisation il n'y en a pas, il y a l'intellectualisation, on apprend des règles, on ne parle pas de soi, ni de son histoire », estime le neuropsychiatre.
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> Ainsi Boris Cyrulnik avance qu' « il y a probablement des solutions à trouver en modifiant l'école ». Il relève que « des pays l'ont fait : en Finlande les enfants ont deux fois moins d'heure de cours, ils sont premiers ou deuxièmes aux évaluations Pisa ». Mais selon lui, des pays comme la Finlande ou le Japon « en mettant la barre très très haut, angoissent leurs enfants. L'école prend un tel effet socialisant qu'il y a un pic de suicide à l'adolescence dû à cette angoisse à l'école ».
>
> Boris Cyrulnik souhaite également prendre en compte « l'attachement de quartier, entre compagnons, ceux-ci pouvant avoir une fonction sécurisante ». Le rôle des structures socio-culturelles dans la prévention de la souffrance est selon lui important : « À Mons en Belgique, l'effondrement économique a provoqué un effondrement scolaire. Les seuls enfants qui se sont maintenus à niveau sont ceux qui allaient dans des clubs, artistiques ou sportifs, avaient des niches péri-familiales et ce, alors que leurs parents étaient en grande difficulté » économique et morale, illustre-t-il.
À qui diable confier la mission, sinon à l'apôtre de la "résilience", Boris Cyrulnik ?
Alors, voilà : il a commencé à penser, le grand homme…
Ci-dessous, ses premières conclusions, résumées aujourd'hui par l'AEF.
Quand on croit avoir touché le fond, il y a toujours plus abyssal.
"Il faut que l'opinion publique s'approprie le débat autour du suicide des jeunes, car il n'est pas uniquement le fait de l'école, du ministère, mais le fait de tous », indique Jeannette Bougrab, secrétaire d'État à la Jeunesse et la Vie associative, jeudi 3 février 2011. Elle lance une mission visant à analyser les causes du suicide des enfants et des adolescents (AEF n°144531), confiée à Boris Cyrulnik, éthologue, neuropsychiatre et psychanalyste. « Nous voulons apporter une vision nouvelle de la compéhension du phénomène du suicide. Elle prend en compte deux dimensions : le développement affectif et l'entourage socio-culturel » explique Boris Cyrulnik.
La « dimension » de l'entourage socio-culturel inclut l'école. Pour Boris Cyrulnik, « l'école joue surtout un rôle pour insécuriser [l'enfant] actuellement. Elle crée les conditions expérimentales de l'angoisse ». Il explique que trois facteurs « permettent de lutter contre l'angoisse : l'action, l'affection et la mentalisation ». Or, selon lui, ces trois facteurs ne sont pas ou peu présents à l'école : « Il n'y a pas d'action à l'école, on dit aux élèves de rester assis et de se taire. L'affection, il y en a peu, les compagnons changent d'école facilement. Et la mentalisation il n'y en a pas, il y a l'intellectualisation, on apprend des règles, on ne parle pas de soi, ni de son histoire », estime le neuropsychiatre.
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> Ainsi Boris Cyrulnik avance qu' « il y a probablement des solutions à trouver en modifiant l'école ». Il relève que « des pays l'ont fait : en Finlande les enfants ont deux fois moins d'heure de cours, ils sont premiers ou deuxièmes aux évaluations Pisa ». Mais selon lui, des pays comme la Finlande ou le Japon « en mettant la barre très très haut, angoissent leurs enfants. L'école prend un tel effet socialisant qu'il y a un pic de suicide à l'adolescence dû à cette angoisse à l'école ».
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> Boris Cyrulnik souhaite également prendre en compte « l'attachement de quartier, entre compagnons, ceux-ci pouvant avoir une fonction sécurisante ». Le rôle des structures socio-culturelles dans la prévention de la souffrance est selon lui important : « À Mons en Belgique, l'effondrement économique a provoqué un effondrement scolaire. Les seuls enfants qui se sont maintenus à niveau sont ceux qui allaient dans des clubs, artistiques ou sportifs, avaient des niches péri-familiales et ce, alors que leurs parents étaient en grande difficulté » économique et morale, illustre-t-il.
- CathEnchanteur
De la part de quelqu'un qui dit tant de choses intelligentes, c'est affligeant...
Depuis combien de temps n'a-t-il pas mis les pieds dans une école?
Depuis combien de temps n'a-t-il pas mis les pieds dans une école?
- AbraxasDoyen
Je rappelle au passage que ce même Cyrulnik fait partie du quarteron d'illuminés qui ont prêché récemment le renoncement aux notes, si traumatisantes…
Voir
http://bonnetdane.midiblogs.com/archive/2010/11/24/la-dictature-des-notes.html
Voir
http://bonnetdane.midiblogs.com/archive/2010/11/24/la-dictature-des-notes.html
- ChocolatGuide spirituel
:shock: Est-ce que qq'un pourrait me dire que c'est une blague, svp?
Le problème vient surtout du fait que l'école joue tous les rôles, aujourd'hui.
Alors forcément, dès qu'il y a quelque chose qui ne va pas - c'est l'école, qui est fautive, et ces hordes d'enseignants, les uns plus sadiques que les autres!
A force d'entendre les élèves, les parents, les CDE, les IPR, les "experts" divers et variés le claironner... tout le monde va finir par le croire! (si ce n'est déjà fait)
Le problème vient surtout du fait que l'école joue tous les rôles, aujourd'hui.
Alors forcément, dès qu'il y a quelque chose qui ne va pas - c'est l'école, qui est fautive, et ces hordes d'enseignants, les uns plus sadiques que les autres!
A force d'entendre les élèves, les parents, les CDE, les IPR, les "experts" divers et variés le claironner... tout le monde va finir par le croire! (si ce n'est déjà fait)
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- Reine MargotDemi-dieu
"ces trois facteurs ne sont pas ou peu présents à l'école : « Il n'y a pas d'action à l'école, on dit aux élèves de rester assis et de se taire. L'affection, il y en a peu, les compagnons changent d'école facilement. Et la mentalisation il n'y en a pas, il y a l'intellectualisation, on apprend des règles, on ne parle pas de soi, ni de son histoire », estime le neuropsychiatre."
Il a oublié le rôle de l'école, d'instruire, le bon monsieur...qu'il retourne auprès de ses patients, et qu'il laisse de côté ce qu'il ne connaît pas... :colere: :colere: :colere:
Il a oublié le rôle de l'école, d'instruire, le bon monsieur...qu'il retourne auprès de ses patients, et qu'il laisse de côté ce qu'il ne connaît pas... :colere: :colere: :colere:
- FinrodExpert
Mouais puis "se taire" c'est pas la spécialité des élèves. De même que le manque d'affection, vu la cadence de certaines relations.
Sur 100, j'ai un seul élève qui correspond au profil dont parle le monsieur. Stressé un peu aussi sans doute car les parents le pousse pas mal et qu'il est uniquement moyen-bon.
Sur 100, j'ai un seul élève qui correspond au profil dont parle le monsieur. Stressé un peu aussi sans doute car les parents le pousse pas mal et qu'il est uniquement moyen-bon.
- AnguaGrand sage
Le massacre des bébés phoques, c'est la faute à l'école.
(il fallait que quelqu'un ose le dire, non?)
(il fallait que quelqu'un ose le dire, non?)
- AbraxasDoyen
Je sens qu'il y en a, au lycée, à qui je vais prodiguer de l'affection… :lol!:
Je vais enrayer les suicides potentiels de toutes les élèves de plus de 18 ans à longues jambes… :censure:
Je vais enrayer les suicides potentiels de toutes les élèves de plus de 18 ans à longues jambes… :censure:
- doublecasquetteEnchanteur
De tels propos, c'est incroyable de la part de quelqu'un qui, il y a peu, écrivait cela :
" Dans notre culture, on encourage l’enfant blessé à faire une carrière de victime. C’est trop souvent le regard de l’adulte qui bloque son développement. J’ai entendu des psys dire: « Madame, vous avez été violée par votre père, vous serez frigide. » C’est criminel ! Un gamin est foutu parce qu’on l’a pensé foutu. Pendant longtemps, dans les orphelinats, on s’est contenté de soigner les enfants, de les nourrir, de les laver. C’était nécessaire, bien sûr, mais insuffisant. La résilience jaillit de l’imaginaire : un enfant traumatisé qui ne rêve pas reste soumis au réel délabrant. Un jour ou l’autre, le trauma devient souvenir. Si l’on en fait un spectacle, une réflexion, un éclat de rire, on devient celui qui donne et on répare l’estime de soi. "
- CathEnchanteur
Abraxas a écrit:Je rappelle au passage que ce même Cyrulnik fait partie du quarteron d'illuminés qui ont prêché récemment le renoncement aux notes, si traumatisantes…
Voir
http://bonnetdane.midiblogs.com/archive/2010/11/24/la-dictature-des-notes.html
doublecasquette a écrit:De tels propos, c'est incroyable de la part de quelqu'un qui, il y a peu, écrivait cela :
" Dans notre culture, on encourage l’enfant blessé à faire une carrière de victime. C’est trop souvent le regard de l’adulte qui bloque son développement. J’ai entendu des psys dire: « Madame, vous avez été violée par votre père, vous serez frigide. » C’est criminel ! Un gamin est foutu parce qu’on l’a pensé foutu. Pendant longtemps, dans les orphelinats, on s’est contenté de soigner les enfants, de les nourrir, de les laver. C’était nécessaire, bien sûr, mais insuffisant. La résilience jaillit de l’imaginaire : un enfant traumatisé qui ne rêve pas reste soumis au réel délabrant. Un jour ou l’autre, le trauma devient souvenir. Si l’on en fait un spectacle, une réflexion, un éclat de rire, on devient celui qui donne et on répare l’estime de soi. "
Faudrait pas vieillir...
- JohnMédiateur
C'est pas grave : selon ce jeune sarkozyste, les suicides d'ados, c'est la faute des homos :
http://leblogdearthurnouaillat.blogspot.com/2011/02/la-mode-est-au-suicide.html
http://leblogdearthurnouaillat.blogspot.com/2011/02/la-mode-est-au-suicide.html
_________________
En achetant des articles au lien ci-dessous, vous nous aidez, sans frais, à gérer le forum. Merci !
"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- CarabasVénérable
Mais voyons, il faudrait s'entendre.
Je croyais, comme un certain candidat aux présidentielles à une certaine époque, que c'était génétique?
Je croyais, comme un certain candidat aux présidentielles à une certaine époque, que c'était génétique?
_________________
Les chances uniques sur un million se réalisent neuf fois sur dix.
Terry Pratchett
- JohnMédiateur
Le suicide ? Il a dit ça ?Carabas a écrit:Mais voyons, il faudrait s'entendre.
Je croyais, comme un certain candidat aux présidentielles à une certaine époque, que c'était génétique?
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"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- CarabasVénérable
Ca avait fait débat à l'époque. Tu y as échappé?
http://www.lemonde.fr/politique/article/2007/04/04/les-propos-sur-la-genetique-de-nicolas-sarkozy-suscitent-la-polemique_892092_823448.html
http://www.lemonde.fr/politique/article/2007/04/04/les-propos-sur-la-genetique-de-nicolas-sarkozy-suscitent-la-polemique_892092_823448.html
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Terry Pratchett
- JohnMédiateur
Ah j'avais oublié que ça concernait le suicide !
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- ClintNiveau 6
Bon si je résume les représentations actuelles :
En classe, nous avons donc
- des élèves traumatisés et tristes, tellement terrorisés par leurs professeurs, qu'ils osent à peine prendre la parole pour répondre à leurs questions.
- des élèves muets et immobiles, entièrement concentrés sur leurs tâches, incapables de faire partager à leurs camarades ne serait-ce que le récit des évènements de la dernière récréation.
- des élèves affectivement frigides, inaptes à nouer toute relation sentimentale, même de courte durée
- des élèves tellement centrés sur leurs apprentissages qu'ils n'accordent aucune importance à leur petite personne et répriment avec force leur ça.
Alors, quel est le miracle qui fait qu'en 10 ans de tzriat, je tombe systématiquement sur des établissements scolaires qui constituent des exceptions à ces règles ? Et je n'ai fait qu'un an de ZEP.....
P........n, mais qu'ils viennent visiter de manière anonyme un bahut, tous ces penseurs. Pas même la peine de venir en classe, une immersion en cour de récréation pourrait suffire....
En classe, nous avons donc
- des élèves traumatisés et tristes, tellement terrorisés par leurs professeurs, qu'ils osent à peine prendre la parole pour répondre à leurs questions.
- des élèves muets et immobiles, entièrement concentrés sur leurs tâches, incapables de faire partager à leurs camarades ne serait-ce que le récit des évènements de la dernière récréation.
- des élèves affectivement frigides, inaptes à nouer toute relation sentimentale, même de courte durée
- des élèves tellement centrés sur leurs apprentissages qu'ils n'accordent aucune importance à leur petite personne et répriment avec force leur ça.
Alors, quel est le miracle qui fait qu'en 10 ans de tzriat, je tombe systématiquement sur des établissements scolaires qui constituent des exceptions à ces règles ? Et je n'ai fait qu'un an de ZEP.....
P........n, mais qu'ils viennent visiter de manière anonyme un bahut, tous ces penseurs. Pas même la peine de venir en classe, une immersion en cour de récréation pourrait suffire....
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