Au secours ! Comment réfuter efficacement le socle ?

Bon, je lance un appel à l'aide car je suis à bout d'arguments.

Une de mes collègues de français est allée, au nom de l'établissement, à une formation avec notre IPR sur le socle de compétence. Elle en est revenue bouleversée, et voici en substance ce qu'a dit notre IPR :
- de toute façon, le socle, c'est la loi, nous sommes OBLIGES d'y passer.
- d'ici la fin de l'année scolaire 2011, au plus tard l'an prochain, nous devons ARRETER DE NOTER et ne plus faire que de la validation de compétences.
- D'ici 2 ans, le socle commun sera édité en français (alors qu'il n'est déjà dans beaucoup de matières), en attendant, débrouillons-nous, les IPR prendront ce qu'il y a de bien dans chacun de nos essais.

Je vous passe les élucubrations sur le monde de bisounours que deviendront nos classes grâce au socle.

J'essaie, par tous les arguments à ma disposition, de lutter contre cela au sein de mon établissement, mais ne suis suivie que par les profs de français, en gros (les profs de maths sont déjà à fond dedans, les profs de langues ne parlent que de tâche complexe et de A2 etc).

Alors concrètement, comment puis-je lutter contre cela ? (Le pire pour moi étant d'arrêter les notes).

Aidez-moi à trouver des arguments s'il vous plait, car je suis perdue, là.

Je ne sais pas comment t'aider mais je suis étonnée que les profs de maths soient à fond dedans. Moi je ne sais toujours pas comment faire ça concrètement. Le seul truc qu'on a mis en place au premier trimestre est une heure tous les 15 jours par groupes de niveau, eh bien c'était un beau boxon et on a arrêté ça vite fait bien fait. On était loin des bisounours.

elfiane a écrit:Je ne sais pas comment t'aider mais je suis étonnée que les profs de maths soient à fond dedans. Moi je ne sais toujours pas comment faire ça concrètement. Le seul truc qu'on a mis en place au premier trimestre est une heure tous les 15 jours par groupes de niveau, eh bien c'était un beau boxon et on a arrêté ça vite fait bien fait. On était loin des bisounours.

En 6e, 5e, ils ont trouvé dans leur nouveau livre de maths, au début de chaque chapitre, les "items" détaillés correspondant à chaque compétence à valider dans chacun de ces chapitres. ils ont fait un fichier papier de 4 pages par élève et le remplissent consciencieusement en coloriant à chaque fin de chapitre et le donne aux parents pour qu'ils valident. Un de mes collègues pousse le zèle jusqu'à envoyer à la fin de chaque chapitre un bilan détaillé et personnalisé des acquisitions ou non acquisitions de chaque élève à chaque parent au moyen de la messagerie électronique.

Comme le fils du directeur est en 6e, le directeur a trouvé cela absolument génial -_-'.
Il souhaite que chaque matière de chaque niveau prépare son fichier par élève pour qu'on passe notre temps à colorier des gommettes et à compulser les fichiers de 7 ou 8 pages (faut pas rêver, en français, on aura au moins ça), de chacun de notre centaine d'élèves, et à les envoyer aux parents pour qu'ils les signent (sans même les lire, j'en suis certaine).

J'ai l'impression que certains cherchent vraiment à se compliquer la tâche pour quelque chose qui au départ déjà est une charge supplémentaire de travail. Pas la peine d'en rajouter.
On nous demande, tout au long des 4 années de collège, de valider les items quand on pense que c'est acquis, pas besoin de publier des grilles ou autres documents à chaque évaluation.
On a juste besoin pour nous d'une grille de suivi (des items) par classe parallèlement à notre carnet de notes chiffrées. Quand on pense que l'item a été réussi suffisamment de fois, on valide sur le livret de compétences. Enfin bon, je vois comme ça.

(quant à la fin des notes l'an prochain, je n'y crois pas trop (tant mieux!) mais c'est sûr que c'est dans l'air.)

4 pages par élèves !!!!!!! Mais c'est un truc de fou ! Rien que sur une classe de 25 ça fait 100 pages, pour peu qu'on ait plusieurs classes, ont est dans la m****.
Franchement c'est poussé le vice. (Question : l'éducation nous paie les crayons de couleur pour colorier les pages ?)

la validation se fera à terme sur serveur informatique. Une jolie base de résultats, un clic, et hop, le pôle emploi peut profiler nos chères têtes blondes. Bref, la fin des self-made men, des entrepreneurs, qui sont pourtant les héros médiatiques de notre gouvernement d'héritiers.

Mélisande a écrit:Bon, je lance un appel à l'aide car je suis à bout d'arguments.

Une de mes collègues de français est allée, au nom de l'établissement, à une formation avec notre IPR sur le socle de compétence. Elle en est revenue bouleversée, et voici en substance ce qu'a dit notre IPR :
- de toute façon, le socle, c'est la loi, nous sommes OBLIGES d'y passer.

Je ne sais pas quoi te dire car c'est aussi ce que j'ai compris: pas le choix, c'est la loi.
Cependant, la loi ne nous oblige à valider QUE les élèves de 3e et ceci pour le troisième trimestre. Rien ne nous force (à part les IPR et l'administration:veneration: ) à valider les autres niveaux.

Comment se débarrasser du socle commun et du LPC?

Dans mon établissement, nous avons décidé de valider massivement les 3e à la fin de l'année. Ce seront les profs principaux qui cliqueront sur les petites étoiles, pour éviter les pressions sur le personnel enseignant (bien sûr entre nous on compte se partager la tâche).
On envisage aussi de prévenir les parents que nous boycottons ce type d'évaluation et qu'elle n'aura aucune valeur. Si nous n'expliquons pas notre point de vue aux parents d'élèves, nous n'avons aucune chance de voir disparaître le LPC.

Comment avertirez-vous les parents d'élève ?
Est-ce que vous CDE valide (c'est dans le contexte -_-' ) votre décision ou est-ce que cela va à l'encontre de son projet ?

J'aimerais bien, moi aussi, prévenir les parents d'élèves, mais dans ce cas, j'irais contre mon CDE qui est super à fond là-dedans. Alors ai-je le droit de passer un message aux parents dans son dos ?

De notre côté, nous allons faire venir jeudi prochain dans notre collège Angélique Del Rey, auteur de " à l'école des compétences: de l'éducation à la fabrique de l'élève performant."
Les parents et tous ceux qui le souhaitent seront conviés à cette rencontre, avec débat, pour expliquer clairement quels objectifs, et quelles idéologies sous-tendent ce type d'évaluation. D'ailleurs, si des collègues de l'Ain, ou même des courageux du Rhône veulent venir, il y aura à boire et à manger! lol

Des liens:
A.Del Rey sur france Culture

Présentation du livre d'A.Del Rey.

EDIT: J'oubliais ce super texte de Véronique Marchais que j'ai déjà fait circuler auprès de mes collègues qui l'ont adoré!

L'évaluation par compétence: pourquoi l'élève n'atteindra jamais sa cible

C'est aussi l'objet de mon post, même si le titre est moins direct! Oui, réfutons, rejetons cette ineptie! Détruisons l'Etoile Noire! Des arguments pour convaincre mes collègues, j'en cherche aussi, j'y réfléchis autant que je peux. Demain je relance l'idée de l'heure syndicale. L'argument "c'est la loi, on est obligés", notre direction nous l'a donné aussi, à croire que là-haut on leur a fait vraiment un gros bourrage de crâne pour nous mettre la pression. IL faut arrêter le délire. Pour moi ce n'est vraiment pas un argument qui tient la route dans la mesure on peut, on doit lutter contre des lois qui nous semblent injustes. Vive Antigone! L'Histoire passée et récente nous en montre tout de même pas mal d'exemples. La question que je me pose c'est: comment expliquer notre point de vue aux parents d'élèves concrètement? Si une réunion avec les parents est organisée sur le socle, la présentation par la direction n'ira évidemment pas dans notre sens.

La loi nous oblige à faire en sorte que chaque élève à l'issue du collège possède les compétences du socle commun. L'incurie et l'indigence de moyens a mené l'EN à transformer ça en "au final, quel que soit leur niveau, il faudra que vous les ayez validés sur ce socle."
Je pense que c'est là que nous avons matière à argumenter, et lutter, et résister.
Quand on explique aux parents qu'un enfant peut être validé tout en ne sachant pas lire correctement, que cette grille de compétences n'est qu'un cache misère, un leurre destiné à faire croire aux parents que l'Etat a tout fait pour leur enfant, et donc à désengager l'EN devant les manques de moyens mis au service de l'instruction (je dis bien instruction des élèves), ils nous soutiennent.

Merci pour le lien vers le texte de Véronique Marchais , je diffuse auprès de mes collègues. Je pense aussi qu'on peut résister en dénonçant les incohérences du livret, l'aspect sibyllin de certains items etc. Mais concrètement quand, comment, dans quel contexte parler aux parents? On ne va pas solliciter une réunion, pour laquelle il faut l'autorisation du CDE, qui aura pour objet la dénonciation du livret. Le CDE ne pourra jamais suivre les enseignants dans ce sens. Alors que faire? surtout comment?

Beh euh, notre chef est une fonctionnaire parfaite. Elle fonctionne. Fait ce que le ministère demande. Trouve intéressante l'évaluation par compétence. Pour autant quand nous lui avons demandé une salle pour recevoir les parents et accueillir cette enseignante de Philo, en lui expliquant clairement l'objectif, elle n'a rien dit.
Vous pouvez toujours proposer à votre chef de venir participer au débat, pour faire valoir ses arguments....

Je suis d'accord avec toi, Audrey, la majorité des parents nous soutiendrait, si on le leur expliquait. Mais comment prévenir les parents quand la direction de l'établissement veut aller dans le sens contraire ? je me vois mal demander l'autorisation à mon directeur de faire une réunion pour remonter les parents contre le socle, ça ne passera jamais.

Et je te remercie pour les liens. J'ai imprimé la lettre de V. Marchais pour la faire circuler demain à mes collègues (au moins celles de français).

Fantomette, oui, je me retrouve dans ta situation, et j'ai bien suivi tout ton post, avec grande inquiétude, ça me noue les tripes qu'on nous ordonne de faire du travail au rabais comme ils le veulent.

Mélisande a écrit:Comment avertirez-vous les parents d'élève ?

Alors là, on n'a pas encore décidé/ trouvé! Je pense qu'on fera une heure syndicale pour essayer de trouver une solution.

Mélisande a écrit:Je suis d'accord avec toi, Audrey, la majorité des parents nous soutiendrait, si on le leur expliquait. Mais comment prévenir les parents quand la direction de l'établissement veut aller dans le sens contraire ? je me vois mal demander l'autorisation à mon directeur de faire une réunion pour remonter les parents contre le socle, ça ne passera jamais.

Et je te remercie pour les liens. J'ai imprimé la lettre de V. Marchais pour la faire circuler demain à mes collègues (au moins celles de français).

Fantomette, oui, je me retrouve dans ta situation, et j'ai bien suivi tout ton post, avec grande inquiétude, ça me noue les tripes qu'on nous ordonne de faire du travail au rabais comme ils le veulent.

Mélisande, une autre possibilité: vous réunissez les parents dans une salle publique, en la réservant... nous, par exemple, on a réservé à d'autres occasions une salle à la maison des assocs, financée par divers syndicats... pour ce qui est d'informer des paretns, vous pouvez le faire à l'extérieur du collège, sur le parking par exemple, par distribution de tracts... rien n'empêche que vous préveniez dans un contexte "privé" les délégués de parents d'élèves d'une telle réunion, qui à leur tour préviendront les parents par la voie de leur fédération.

Je me permets (mode auto-pub ON) :

— Quand le socle sonne creux (comme l'article de Véronique, ça a été publié sur SLL)

— Le socle comique (première partie, deuxième partie et troisième partie)

En espérant que ça puisse aider.

Merci Céléborn.

J'avais déjà fait lire à mes collègues le texte, très drôle, que tu avais écrit sur le socle comique (mise en application). Je vais aussi utiliser ceux-ci, si tu me le permets.

Il faut que je me prépare mentalement à affronter seule mon chef lors de la prochaine réunion, et donc à fourbir mes arguments, car je crains de n'avoir que très très peu de soutien de la part de mes collègues (à part celles de français).

il faut que je sois forte !

Audrey, ta suggestion de rencontres informelles m'a donné une idée. je vais aider mes collègues de langues qui organisent un loto dans 15 jours. Je vais me mettre à un poste stratégique (vente des cartons ou vente des gâteaux), pour lancer insidieusement dans l'oreille des parents (si possible les bavards/bien placés/influents) qu'une bouffonnerie monumentale se prépare dans leur dos. ce sera un premier angle d'attaque.

Mélisande a écrit:Je vais aussi utiliser ceux-ci, si tu me le permets.

Ils sont là pour ça : pas besoin de mon autorisation

c'est vraiment excellent