Comment commencer la séquence poésie en 5e ?

Bonjour à tous !

j'ai mes 5e pendant 2h demain matin. Ils seront en contrôle de lecture pendant la dernière demi-heure (sur le roman d'Yves Grevet C'était mon oncle !) et je suis censée commencer la séquence sur la poésie pendant l'heure et demi qui précède ! ma séquence n'est pas prête, je n'ai que de vagues idées (le thème du voyage) et je ne sais pas trop quoi leur faire faire pendant cette séance d'introduction.

Que feriez-vous ?

Je suis stagiaire comme toi, donc je ne sais pas si mes idées sont bonnes à prendre.
J'ai aussi travaillé sur le thème du voyage en poésie.
Tu peux peut-être commencer par faire écrire les élèves : c'est ce que j'ai mis en place lors de ma séquence 2. "Partons en voyage avec la poésie".
- Je leur ai présenté le titre. Ils devaient répondre à deux questions :
"Quelles sont mes connaissances en poésie ? À quoi me fait penser le titre de la séquence ?"
- Mise en commun orale (l'occasion de faire deux jolis soleils au tableau ) : ça dépend des réactions des élèves (j'ai quatre "limaces" : "Bah, madameuh, on sait rien...")
- à partir de cette mise en commun, ils peuvent construire une première définition de la poésie (travail en binôme ou en groupe)
- étude d'un poème ou plusieurs poèmes pour confirmer ou corriger ses hypothèses...

J'espère que des professeurs plus expérimentés t'aideront. À bientôt.

Merci pour ta réponse. Ce sont effectivement des choses auxquelles j'avais pensées, mais j'attendais d'avoir l'avis de quelqu'un qui l'avait déjà fait en vrai ! Tu as fait ça en une heure ?

Si je peux me permettre, quel GT avais-tu choisi pour ce thème du voyage ?
Je pensais à Heureux qui comme Ulysse, mais pour l'instant je m'éparpille en en cherchant d'autres.

Je ne trouve pas cela très heureux, si je puis me permettre. Quitte à susciter des interactions en classe, autant le faire sur des sujets moins arides que la classification des textes (de texte qu'ils n'ont pas encore lus, d'ailleurs).

Si tu te demandes ce qu'ils savent de la poésie en 5è, je vais te le dire, moi : pour eux, la poésie, c'est la récitation. Alors, pour aller plus loin, personnellement, j'exposerai très simplement le thème du cours, et rentrerai bille en tête dans l'étude du premier texte.

Ainsi, pas de temps perdu. t si tu veux leur dire des choses sur ce qu'est la poésie, ce qui est très légitime, tu le fais en parlant de textes concrets.

Si tu veux, je peux t'envoyer mon plan de séquence : j'ai aussi travaillé sur le voyage en poésie...

doctor who a écrit:Je ne trouve pas cela très heureux, si je puis me permettre. Quitte à susciter des interactions en classe, autant le faire sur des sujets moins arides que la classification des textes (de texte qu'ils n'ont pas encore lus, d'ailleurs).

Si tu te demandes ce qu'ils savent de la poésie en 5è, je vais te le dire, moi : pour eux, la poésie, c'est la récitation. Alors, pour aller plus loin, personnellement, j'exposerai très simplement le thème du cours, et rentrerai bille en tête dans l'étude du premier texte.

Ainsi, pas de temps perdu. t si tu veux leur dire des choses sur ce qu'est la poésie, ce qui est très légitime, tu le fais en parlant de textes concrets.

C'est ce que je m’apprêtais à te suggérer. Je doute que le bla-bla autour de leur ressenti les forme en quoi que ce soit. Pour étudier de la poésie, il faut lire des poèmes. Commence avec le premier que tu as choisi d'étudier: tu pourras toujours changer d'avis en cours de route, en ajouter certains et en supprimer d'autres. Éventuellement, un petit rappel sur la versification ne fera pas de mal.

Les conquérants

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d'un rêve héroique et brutal.

Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango murit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde occidental.

Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d'un mirage doré;

Où, penchés à l'avant de blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles.

José-Maria de Hérédia

@ Doctor Who, je suis un peu d'accord, mais j'avoue que j'ai quand même envie de tester, sous une forme ou une autre. J'ai deux bonnes 5e, une très scolaire mais sympa, et l'autre moins scolaire mais très sympa et très bonne à l'oral. Je suis déjà sure qu'ils vont me dire "ça sert à faire joli" "ça rime" "des fois on comprend rien" "des fois il y a une morale" "c'est court" etc. et du coup ça me permettrait de faire mon cours d'après leurs réflexions.

@ etoo, ça m'intéresse carrément ! je t'envoie mon mail en MP !

Aemilia a écrit:@ Doctor Who, je suis un peu d'accord, mais j'avoue que j'ai quand même envie de tester, sous une forme ou une autre. J'ai deux bonnes 5e, une très scolaire mais sympa, et l'autre moins scolaire mais très sympa et très bonne à l'oral. Je suis déjà sure qu'ils vont me dire "ça sert à faire joli" "ça rime" "des fois on comprend rien" "des fois il y a une morale" "c'est court" etc. et du coup ça me permettrait de faire mon cours d'après leurs réflexions.

Je crains que tu ne te retrouves à faire cours d'après leur verbiage en guise de réflexion(s).

Sur le thème du voyage, tu peux travailler :
"L'invitation au voyage" de Baudelaire (un ailleurs idéal),
"Conjugaison" de Queneau (la logique du poème, les jeux de mots),
"Les conquérants" de Heredia (enthousiasme et brutalité, contexte),
"Iles" de Cendrars,
"Heureux qui comme Ulysse" de Du Bellay (expression de la nostalgie),
"Ma bohème" de Rimbaud (le vagabondage heureux),
et bien sûr des notions de versification (dont le sonnet), un travail sur comparaison et métaphore, le vocabulaire du voyage, et une étude d'image (tableau de Gauguin, ou publicité pour la SNCF / Air France...). Ce sont quelques pistes.

Des précisions sur l'étude de ces poèmes ici :
http://neoprofs.forumactif.org/t19278-cherche-sequence-courte-poesie-en-5e?highlight=po%E9sie+voyage

Tu as déjà fait ce poème avec des 5e Provence ? Il n'est pas trop "hermétique" pour les élèves ?
J'aurais peur de perdre trop de temps à répondre à leurs "ça veut dire quoi" tous les deux mots...(pour un début de séquence du moins)

Provence a écrit:

Aemilia a écrit:@ Doctor Who, je suis un peu d'accord, mais j'avoue que j'ai quand même envie de tester, sous une forme ou une autre. J'ai deux bonnes 5e, une très scolaire mais sympa, et l'autre moins scolaire mais très sympa et très bonne à l'oral. Je suis déjà sure qu'ils vont me dire "ça sert à faire joli" "ça rime" "des fois on comprend rien" "des fois il y a une morale" "c'est court" etc. et du coup ça me permettrait de faire mon cours d'après leurs réflexions.

Je crains que tu ne te retrouves à faire cours d'après leur verbiage en guise de réflexion(s).

c'est un peu pour ça que je l'ai mis au pluriel !

Pourquoi ne pas partir d'un atelier d'écriture avec écriture de textes poétiques en prose?
Etape 1) Tu distribue par binômes des images "d'ailleurs"
Etape 2) Chaque binôme doit trouver cinq mots quui correspondent à l'image (ce mot peut être une émotion, une objet de l'image...)
Etape 3: Tu ramasses les 5 mots et les images.
Etapes 4) Tu redistribues au hasard une feuille de mots par binôme (mais pas les images)qui va tenter de rédiger un petit texte poétique en prose (tu inventes un court modèle pour montrer l'exemple)
Etape 5) Confrontation entre les textes et les images

Même avis que mes collègues chevronnés!

Pour parler de poésie, on n'a pas encore fait mieux que d'en lire! LOL

Plus sérieusement, je suis de plus en plus surprise par une tendance que je vois émerger: celle d'introduire, d'enrober le contenu que l'on vise réellement, par une séance, ou une activité de découverte... La progression je pense ne doit pas se faire dans le "degré d'immersion" (de nombreux collègues semblant redouter une entrée directe en la matière aussi vivement qu'une hydrocution), mais dans la logique des notions abordées.
Je viens de finir de bosser les fables avec les 6è, après avoir fait une séquence sur la poésie, eh bien que ce soit pour l'une ou pour l'autre, j'ia lancé directement le travail avec un texte. Pour les fables, directement "Le loup et l'agneau", et c'est en lisant ce texte qu'on a fait connaissance avec le genre de la fable...(même s'ils savaient déjà plein de choses... ).

N'aie pas peur, Aemilia! Lance-toi! Et petit conseil, vu que tu ne sembles pas avoir encore fixé ton choix sur les textes, prends comme premier texte un poème qui te plaît, vraiment! Ca te donnera l'énergie, la force d'entraînement, et te mettra à l'aise tout de suite!

Génial Miss Sophie ! j'étais passée à côté de ce post, merci beaucoup !

Audrey a écrit:Même avis que mes collègues chevronnés!

Pour parler de poésie, on n'a pas encore fait mieux que d'en lire! LOL

Plus sérieusement, je suis de plus en plus surprise par une tendance que je vois émerger: celle d'introduire, d'enrober le contenu que l'on vise réellement, par une séance, ou une activité de découverte... La progression je pense ne doit pas se faire dans le "degré d'immersion" (de nombreux collègues semblant redouter une entrée directe en la matière aussi vivement qu'une hydrocution), mais dans la logique des notions abordées.
Je viens de finir de bosser les fables avec les 6è, après avoir fait une séquence sur la poésie, eh bien que ce soit pour l'une ou pour l'autre, j'ia lancé directement le travail avec un texte. Pour les fables, directement "Le loup et l'agneau", et c'est en lisant ce texte qu'on a fait connaissance avec le genre de la fable...(même s'ils savaient déjà plein de choses... ).

N'aie pas peur, Aemilia! Lance-toi! Et petit conseil, vu que tu ne sembles pas avoir encore fixé ton choix sur les textes, prends comme premier texte un poème qui te plaît, vraiment! Ca te donnera l'énergie, la force d'entraînement, et te mettra à l'aise tout de suite!

Je découvre ce système, puisque je suis stagiaire. Cette idée d'une séance/activité d'introduction, on nous la rabâche à l'iufm pendant les jours de formation disciplinaire... ce n'est pas que j'approuve totalement, mais j'ai quand même un peu envie de faire "ce qu'on attend de moi", au moins jusqu'à la titularisation...

Aemilia a écrit:Tu as déjà fait ce poème avec des 5e Provence ? Il n'est pas trop "hermétique" pour les élèves ?
J'aurais peur de perdre trop de temps à répondre à leurs "ça veut dire quoi" tous les deux mots...(pour un début de séquence du moins)

Il passe très bien avec des 6e, à condition de prendre le temps de bien l’expliquer. Je l'ai appris moi-même en 5e; je m'en souviens encore avec bonheur.

Mas Aemilia, ce ne serait pas aussi sympa de passer une heure avec tes élèves à parler du sonnet d'Heredia, quitte à leur expliquer plein de mots. Il a un côté "mâle" qui peut plaire aux garçons (enfin, moi, ça m'aurait plu).

Et au fait, pour faire le lien avec leur conception de la poésie comme "récitation", n'hésite pas à leur dire, s'il n'en sortent pas, que ce sera le premier d'une liste de poème à apprendre par coeur dans l'année. Raison de plus pour en prendre un que tu aimes.

Pourquoi être contre l'activité d'intro? J'ai fait mon mémoire sur ces séances d'intro qui nous permettent de "lancer" les élèves dans la séquence en essayant de les passionner. Autant de gagné pour la suite.

De plus, on dit bien à l'iufm ,si je me souviens bien, de varier les approches.
Pour moi, commencer immédiatement et toujours par des textes, c'est

clairlaure a écrit:Pourquoi ne pas partir d'un atelier d'écriture avec écriture de textes poétiques en prose?
Etape 1) Tu distribue par binômes des images "d'ailleurs"
Etape 2) Chaque binôme doit trouver cinq mots quui correspondent à l'image (ce mot peut être une émotion, une objet de l'image...)
Etape 3: Tu ramasses les 5 mots et les images.
Etapes 4) Tu redistribues au hasard une feuille de mots par binôme (mais pas les images)qui va tenter de rédiger un petit texte poétique en prose (tu inventes un court modèle pour montrer l'exemple)
Etape 5) Confrontation entre les textes et les images

J'aime bien cette idée
ça me fait penser au jeu de société "dixit" que j'ai découvert récemment : soit dit en passant, il est génial !

En fait, la "séquence" est une idéologie de la "liaison". Tout doit être lié à autre chose, tout le temps. Ca pose donc le problème des débuts et des fins de cours. Donc, au lieu de se demander ce qu'il faut connaître pour comprendre le cours du jour, ou ce à quoi ce cours peut être nécessaire dans l'avenir, on cherche n'importe quel moyen pour effacer toute solution de continuité.

Je connais des instits qui ont planché des journées entières sur la notion de "transition" en didactique. Zauraient mieux fait de réfléchir à celle de progression.

Quand on a une vraie progression, pas besoin de transition. Sans progression, finalement, tout est toujours transition, et le cours de français un long cérémoniel compassé de tournage autour du pot.

doctor who a écrit:En fait, la "séquence" est une idéologie de la "liaison". Tout doit être lié à autre chose, tout le temps. Ca pose donc le problème des débuts et des fins de cours. Donc, au lieu de se demander ce qu'il faut connaître pour comprendre le cours du jour, où ce à quoi ce cours peut être nécessaire dans l'avenir, on cherche n'importe quel moyen pour effacer toute solution de continuité.

Je connais des instits qui ont planché des journées entières sur la notion de "transition" en didactique. Zauraient mieux fait de réfléchir à celle de progression.

Quand on a une vraie progression, pas besoin de transition. Sans progression, finalement, tout est toujours transition, et le cours de français un long cérémoniel compassé de tournage autour du pot.

C'est ma principale difficulté cette année, en tant que stagiaire... je ne pense pas avoir de mal à gérer à l'échelle d'une séance voire d'une séquence, mais comme je fais tout au jour le jour, ma progression annuelle est pourrie... à mon sens, ça va être plutôt une juxtaposition de séquences... ma formatrice m'a déjà reproché (lors de ma 1ere journée de formation... en novembre) d'avoir fait le Roman de Renart avant les romans de chevalerie...en me disant que maintenant j'étais coincée (sympa la formation, pas culpabilisateur du tout...)

Décidément, Clairlaure..... on va avoir du mal à s'entendre professionnellement parlant....

Désolée, mais la génération zapping, c'est pas mon époque. Les textes, ça n'a jamais rien d'ennuyeux quand on s'y intéresse vraiment...

Et franchement, l'ioufm.......je me tamponne le coquillard de ce qu'il dit, et je le faisais déjà à l'époque. Et j'ai quand même été validée. Les propos ioufèmesques ne sont en rien parole d'évangile, ça me fait un peu mal (si si...) de te voir brandir ça comme un argument d'autorité.

Perso, je les passionne avec les textes. Et ça commence par une belle lecture avec le ton, quitte à ce que je rie, crie, roule les r, imite des accents, ou sois au bord des larmes. Ouais, la littérature, c'est d'abord de l'émotion, un truc qui vit, et ça, c'est imparable.

C'est marrant, j'ai jamais vu de prof d'HG demander à ses élèves..." alors, si je vous dis Révolution, ça vous évoque quoi?".

Aemilia a écrit:
C'est ma principale difficulté cette année, en tant que stagiaire... je ne pense pas avoir de mal à gérer à l'échelle d'une séance voire d'une séquence, mais comme je fais tout au jour le jour, ma progression annuelle est pourrie... à mon sens, ça va être plutôt une juxtaposition de séquences... ma formatrice m'a déjà reproché (lors de ma 1ere journée de formation... en novembre) d'avoir fait le Roman de Renart avant les romans de chevalerie...en me disant que maintenant j'étais coincée (sympa la formation, pas culpabilisateur du tout...)

Ne t'inquiète pas. Moi, j'avais 6 heures au lycée, et ma prog était pourrie aussi. C'est naturel puisque c'est quelque chose qu'on prend par le mauvais bout dans les formations.

Je ne vois pas en quoi faire Renart avant Arthur mérite un blâme. Tout dans Renart n'est pas parodie du roman de chevalerie. Bien des passages ultraclassiques (les anguilles, la queue dans la glace, le corbeau et le fromage), n'ont rien à voir avec ça. D'ailleurs, sans minimiser la part de parodie, je ne suis pas sûr que ce soit le plus intéressant dans Renart. Et c'est souvent une instrumentalisation formaliste de cette oeuvre que de ne la voir que sous cet angle-là.

doctor who a écrit:Mas Aemilia, ce ne serait pas aussi sympa de passer une heure avec tes élèves à parler du sonnet d'Heredia, quitte à leur expliquer plein de mots. Il a un côté "mâle" qui peut plaire aux garçons (enfin, moi, ça m'aurait plu).

Qui peut plaire aussi aux filles! j'ai toujours été séduite par cette brutalité épique...

clairlaure a écrit:Pourquoi être contre l'activité d'intro? J'ai fait mon mémoire sur ces séances d'intro qui nous permettent de "lancer" les élèves dans la séquence en essayant de les passionner. Autant de gagné pour la suite.

De plus, on dit bien à l'iufm ,si je me souviens bien, de varier les approches.
Pour moi, commencer immédiatement et toujours par des textes, c'est

On dit de ces âneries à l'IUFM... Si tant est que les élèves se passionnent pour quelque chose, ce sera pour le caractère ludique de l'activité, pas pour la poésie: le meilleur moyen, à mon avis, de manquer la cible.