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- IsiaSage
Colle d'un élève de 1ère... j'ai promis de me renseigner mais je ne trouve pas d'infos sur le net, je me tourne donc faire vous (et assume la honte qui m'envahit !)
A quel siècle, les peintres ont-ils institutionnalisé la signature sur une toile ?
Si on met de côté les peintures rupestres, de quand date le premier tableau signé ?
ma reconnaissance éternelle à qui aura la réponse !
A quel siècle, les peintres ont-ils institutionnalisé la signature sur une toile ?
Si on met de côté les peintures rupestres, de quand date le premier tableau signé ?
ma reconnaissance éternelle à qui aura la réponse !
- MarillionEsprit éclairé
Je ne sais pas. Les Grecs signaient déjà leur peinture sur les vases antiques.
- JaneMonarque
Notamment Ephaïstos, le plus célèbre d'entre eux !
Sauf erreur de ma part, pour la peinture française, c'est un tableau de Jean Fouquet (XV°s). Ca m'avait frappé car dans mes cours à l'Ecole du Louvre, c'est le premier nom de peintre français connu. Pour les autres, notamment les peintres italiens, la coutume remonte au XIV°s (il me semble, mais je n'en mettrais pas ma main au feu), peut-être au XIII°.
Sauf erreur de ma part, pour la peinture française, c'est un tableau de Jean Fouquet (XV°s). Ca m'avait frappé car dans mes cours à l'Ecole du Louvre, c'est le premier nom de peintre français connu. Pour les autres, notamment les peintres italiens, la coutume remonte au XIV°s (il me semble, mais je n'en mettrais pas ma main au feu), peut-être au XIII°.
- boris vassilievGrand sage
Je ne sais pas, mais toujours est-il qu'à la Renaissance les artistes se mettent désormais en valeur, notamment en se représentant parmi les personnages (Raphaël parmi les savants et philosophes de l'école d'Athènes), alors que jusqu'à présent ils étaient plutôt considérés comme des "artisans".
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On a beau dire, y'a pas seulement que de la pomme, y'a autre chose : ça serait pas des fois de la betterave, hein ? Si, y'en a aussi... (Jean Lefebvre / Lino Ventura, Les Tontons flingueurs, 1963, Michel Audiard évidemment, à propos du... "bizarre").
- eliamEsprit éclairé
La signature d'un tableau commence à devenir courante au commencement du XVIIème siècle environ. C'est ce que dit le bouquin que j'ai : Lire la peinture.
- BélinacFidèle du forum
Jan Van Eyck doit être un des premiers artistes à signer systématiquement ses tableaux , non ? Plutôt début XV ème , alors ??
- eliamEsprit éclairé
Quand le bouquin que j'ai parle de signature, il s'agit d'une signature réduite au minimum. Avant, la signature est plus rare et bien plus visible (autoportrait, inscription entière), on peut alors la trouver dès le Moyen-Age.
- JaneMonarque
D'où l'autoportrait de Jean Fouquet
Sinon oui, le premier à voir (presque) systématiquement signé toutes ses toiles est Jan Van Eyck (donc XV°)
Sinon oui, le premier à voir (presque) systématiquement signé toutes ses toiles est Jan Van Eyck (donc XV°)
- NitaEmpereur
Dürer aussi (XVe)
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A clean house is a sign of a broken computer.
- Marie LaetitiaBon génie
Jane a écrit:Notamment Ephaïstos, le plus célèbre d'entre eux !
Sauf erreur de ma part, pour la peinture française, c'est un tableau de Jean Fouquet (XV°s). Ca m'avait frappé car dans mes cours à l'Ecole du Louvre, c'est le premier nom de peintre français connu. Pour les autres, notamment les peintres italiens, la coutume remonte au XIV°s (il me semble, mais je n'en mettrais pas ma main au feu), peut-être au XIII°.
ça montre bien que l'histoire est tout sauf linéaire. Ça va, ça vient, si j'ose dire... Hahum.
Mais effectivement, comme l'a dit Boris, avec la Renaissance, renforcement de la fierté d'être "artiste" (et pas juste un artisan qui sait manier les couleurs et maîtrise bien les techniques, mais un type qui a un génie propre) donc peu à peu les signatures se font fréquentes.
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- JohnMédiateur
Dürer signait ses tableaux ? Vraiment ? :shock:Nita a écrit:Dürer aussi (XVe)
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- CondorcetOracle
John a écrit:Dürer signait ses tableaux ? Vraiment ? :shock:Nita a écrit:Dürer aussi (XVe)
Oui : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:D%C3%BCrer_self_portrait_28.jpg
- CondorcetOracle
Marie Laetitia a écrit:Jane a écrit:Notamment Ephaïstos, le plus célèbre d'entre eux !
Sauf erreur de ma part, pour la peinture française, c'est un tableau de Jean Fouquet (XV°s). Ca m'avait frappé car dans mes cours à l'Ecole du Louvre, c'est le premier nom de peintre français connu. Pour les autres, notamment les peintres italiens, la coutume remonte au XIV°s (il me semble, mais je n'en mettrais pas ma main au feu), peut-être au XIII°.
ça montre bien que l'histoire est tout sauf linéaire. Ça va, ça vient, si j'ose dire... Hahum.
Mais effectivement, comme l'a dit Boris, avec la Renaissance, renforcement de la fierté d'être "artiste" (et pas juste un artisan qui sait manier les couleurs et maîtrise bien les techniques, mais un type qui a un génie propre) donc peu à peu les signatures se font fréquentes.
+ 1.
- JohnMédiateur
Mais Holbein mettait aussi son nom sur ses auto-portraits, et il me semble qu'il n'en mettait pas ailleurs. Je n'aurais donc pas considéré ça comme une signature, mais plutôt comme une sorte de titre.condorcet a écrit:John a écrit:Dürer signait ses tableaux ? Vraiment ? :shock:Nita a écrit:Dürer aussi (XVe)
Oui : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:D%C3%BCrer_self_portrait_28.jpg
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- CondorcetOracle
John a écrit:Mais Holbein mettait aussi son nom sur ses auto-portraits, et il me semble qu'il n'en mettait pas ailleurs. Je n'aurais donc pas considéré ça comme une signature, mais plutôt comme une sorte de titre.condorcet a écrit:John a écrit:Dürer signait ses tableaux ? Vraiment ? :shock:Nita a écrit:Dürer aussi (XVe)
Oui : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:D%C3%BCrer_self_portrait_28.jpg
Je n'en ai pas vu ailleurs effectivement mais je ne suis un spécialiste de la Renaissance. Il me semble qu'à bien regarder ces Autoportraits, il y a d'un côté la date et les initiales "A.D" et de l'autre, un texte "Albertus Durerus Noricus ipsum me propriis sic effingebam coloribus oetatis anno XXVIII" (Moi, Albrecht Dürer me représentais moi-même ainsi avec des couleurs durables à l'âge de vingt-huit ans).
- JohnMédiateur
Mais AD, c'est pour anno domini, non ?les initiales "A.D"
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
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- CondorcetOracle
John a écrit:Mais AD, c'est pour anno domini, non ?les initiales "A.D"
Le texte me semble à la fois un titre et une signature.
- NitaEmpereur
John a écrit:Dürer signait ses tableaux ? Vraiment ? :shock:Nita a écrit:Dürer aussi (XVe)
Oh que oui !
En plus des mentions peintes sur les tableaux qui indiquent qui est le peintre, plutôt fréquentes à son époque :
il n'y a pratiquement aucune oeuvre (peinture, gravure, eau-forte, dessin, aquarelle...) qui ne porte pas son monogramme :
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- JohnMédiateur
Ah merci !
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- CondorcetOracle
Nita
Quant à moi
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- NitaEmpereur
Et il ne s'agit pas du tout d'anno domini, en l'espèce, mais bel et bien de ses initiales : Albrecht Dürer ; il avait une très haute opinion de lui même (qui était d'ailleurs partagée par ses contemporains, comme Erasme, par exemple) , il est d'ailleurs tout à fait intéressant en ce qu'il se représente lui-même, non comme un homme dans une foule (ou un apôtre parmi d'autres), "en majesté", si on peut dire.
Merci, merci - c'est un de mes peintres préférés, je n'ai guère de mérite ! :lol:
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- eliamEsprit éclairé
Je vous mets l'extrait du livre car je ne sais pas joindre un fichier :
Cette manière de signer réduite au minimum a commencé à devenir courante au commencement du XVIIème siècle environ. L'artiste médiéval, quant à lui, apposait sa signature plus rarement, mais aussi plus visiblement : il faisait figurer une inscription entière en son honneur ou même, inscrivait son autoportrait dans l'œuvre. Ainsi au XIIème siècle, sur la page du missel qu'il a enluminé, le miniaturiste bohémien Hildebert se peint tenant les instruments de son métier — le pinceau et le bol contenant les couleurs — avec en plus, surmontant sa tête, les mots «H. pictor» (H (ildebert) peintre) (l'œuvre est conser-vée à la Kungliga Bibliothek de Stockholm).
Au XVème siècle, cette manière de se proposer à l'admiration des spectateurs est loin d'avoir disparu. Dans un cycle décoratif exécuté à Pérouse en 1496, Pérugin, le maître de Raphaël, place son portrait dans un cadre en trompe-l’œil avec au-dessous l'inscription : «Si l'art de la peinture avait disparu, / Il l'a restitué. / S'il n'avait été inventé nulle part, / Il l'a produit. Pinturicchio fait de même cinq ans plus tard dans l'église Santa Maria Maggiore de Spello, mais il n'inscrit que son nom au-dessous de son portrait. Plus souvent, les artistes se peignent à l'intérieur de leurs œuvres sans se désigner nommément : on soupçonne déjà Giotto de s'être montré parmi les élus dans le Jugement dernier de Padoue (chapelle Scrovegni ou de l'Arena, vers 1305); Andrea Mantegna, au siècle suivant, se reconnaît, jeune, dans une Présentation au temple conservée à Berlin, puis plus âgé, dans une fresque de la chambre des Époux au palais de Mantoue ; et le Florentin Sandro Botticelli, son contemporain, introduit sa silhouette dans l'Adoration des mages conservée au musée des Offices à Florence.
L'identification de ces autoportraits est un jeu amusant que l'artiste a lui-même solli¬cité. Souvent, la tradition épargne au spectateur tout effort : le souvenir du portrait s'est conservé, car il fut reconnu et commenté tant que le peintre fut vivant. Lorsque ce n'est pas le cas, la particularité d'un personnage, dans un groupe, permet souvent de soupçonner la vérité : les traits physiques sont rendus avec une singularité exceptionnelle ou bien la position adoptée — de trois quarts par exemple, regardant le spectateur alors que les autres sont de profil — constitue une indication suffisante.
Même les signatures qui, selon nos critères, sont les plus sobres — le patronyme accompagné ou non de la date — prennent souvent une forme extraordinaire dans l'Italie du XVème siècle. Sur un panneau représentant l'Apparition de la Vierge à saint Georges et saint Antoine (1445, Londres, National Gallery), Pisanello fait figurer sa signature, PISANUS, en bas de la peinture : les lettres gothiques flamboyantes qui dessinent le mot ont la couleur des végétaux et se tordent à la façon de brins d'herbe caressés par le vent, transformant la lecture en un rébus à la résolution compliquée. Dans les années qui suivent, nombre d'artistes, dans le nord de l'Italie, inscrivent leur nom sur une tablette ou une feuille qui semble surajoutée à la composition : l'objet, nommé cartellino, est un trompe-l'oeil, résultat d'un tour de force illusionniste par lequel le peintre manifeste sa virtuosité, précisément à l'endroit où il choisit d'apposer son patronyme.
L'Europe du Nord n'est pas en reste dans l'invention de signatures qui attirent l'attention aux XVe et XVIe siècles. L'un des exemples les plus connus est l'inscription portée par Jan Van Eyck sur le petit PORTRAIT DES ÉPOUX ARNOLFINI . Au centre du tableau, dans le fond de la pièce, au-dessus des mains jointes des jeunes mariés, un miroir circulaire est ap¬posé au mur. Il fixe le reflet de dos de Giovanni Arnolfini et Giovanna Cenami et celui, de face, de deux personnages minuscules, l'un en bleu l’autre en rouge, qui se tiennent dans un encadrement de porte. Deux lignes calligraphiées, au-dessus du miroir, se lisent ainsi : «Johannes de Eyck fuit hic. 1434» («Jan Van Eyck fut ici», et la date). La signature, cette fois, n'est pas à proprement parler signature : elle vaut plutôt témoignage, protocole visuel qui fait de l'image (portrait des conjoints) un acte officiel valant attestation. En Allemagne, au commencement du siècle suivant, le graveur et peintre ALBRECHT DÜRER ne manque pas non plus de signer visiblement. Il fait figurer sur ses gravures et ses peintures un monogramme, c'est-à-dire l'agencement graphi¬quement harmonieux des initiales de son prénom et de son nom (un «D» plus petit à l'intérieur et sous la barre d'un «A» plus grand). Et il ajoute souvent une inscription qui signale la date du tableau et commente le sujet et les conditions d'exécution de celui-ci (ainsi de l'Autoportrait de 1498 conservé au musée national du Prado à Madrid). Dans le Martyre des dix mille, enfin, il se peint en pied presque au centre, fière silhouette tenant une pancarte où sont marqués l'inscription et le monogramme. Au XVIIème et au XVIIIème siècle, l'habitude de s'introduire dans la composition se perd sans que la signature se réduise à la forme minimale qu'elle adopte sur les œuvres contemporaines. Le nom et la date figurent seuls, mais ils sont souvent placés de manière à se fondre dans la composition. Du spectateur est attendu le léger effort qui consiste à chercher où la signa-ture est dissimulée : gravée sur l'écorce d'un tronc, intégrée à un morceau d'architecture, etc.
Cette manière de signer réduite au minimum a commencé à devenir courante au commencement du XVIIème siècle environ. L'artiste médiéval, quant à lui, apposait sa signature plus rarement, mais aussi plus visiblement : il faisait figurer une inscription entière en son honneur ou même, inscrivait son autoportrait dans l'œuvre. Ainsi au XIIème siècle, sur la page du missel qu'il a enluminé, le miniaturiste bohémien Hildebert se peint tenant les instruments de son métier — le pinceau et le bol contenant les couleurs — avec en plus, surmontant sa tête, les mots «H. pictor» (H (ildebert) peintre) (l'œuvre est conser-vée à la Kungliga Bibliothek de Stockholm).
Au XVème siècle, cette manière de se proposer à l'admiration des spectateurs est loin d'avoir disparu. Dans un cycle décoratif exécuté à Pérouse en 1496, Pérugin, le maître de Raphaël, place son portrait dans un cadre en trompe-l’œil avec au-dessous l'inscription : «Si l'art de la peinture avait disparu, / Il l'a restitué. / S'il n'avait été inventé nulle part, / Il l'a produit. Pinturicchio fait de même cinq ans plus tard dans l'église Santa Maria Maggiore de Spello, mais il n'inscrit que son nom au-dessous de son portrait. Plus souvent, les artistes se peignent à l'intérieur de leurs œuvres sans se désigner nommément : on soupçonne déjà Giotto de s'être montré parmi les élus dans le Jugement dernier de Padoue (chapelle Scrovegni ou de l'Arena, vers 1305); Andrea Mantegna, au siècle suivant, se reconnaît, jeune, dans une Présentation au temple conservée à Berlin, puis plus âgé, dans une fresque de la chambre des Époux au palais de Mantoue ; et le Florentin Sandro Botticelli, son contemporain, introduit sa silhouette dans l'Adoration des mages conservée au musée des Offices à Florence.
L'identification de ces autoportraits est un jeu amusant que l'artiste a lui-même solli¬cité. Souvent, la tradition épargne au spectateur tout effort : le souvenir du portrait s'est conservé, car il fut reconnu et commenté tant que le peintre fut vivant. Lorsque ce n'est pas le cas, la particularité d'un personnage, dans un groupe, permet souvent de soupçonner la vérité : les traits physiques sont rendus avec une singularité exceptionnelle ou bien la position adoptée — de trois quarts par exemple, regardant le spectateur alors que les autres sont de profil — constitue une indication suffisante.
Même les signatures qui, selon nos critères, sont les plus sobres — le patronyme accompagné ou non de la date — prennent souvent une forme extraordinaire dans l'Italie du XVème siècle. Sur un panneau représentant l'Apparition de la Vierge à saint Georges et saint Antoine (1445, Londres, National Gallery), Pisanello fait figurer sa signature, PISANUS, en bas de la peinture : les lettres gothiques flamboyantes qui dessinent le mot ont la couleur des végétaux et se tordent à la façon de brins d'herbe caressés par le vent, transformant la lecture en un rébus à la résolution compliquée. Dans les années qui suivent, nombre d'artistes, dans le nord de l'Italie, inscrivent leur nom sur une tablette ou une feuille qui semble surajoutée à la composition : l'objet, nommé cartellino, est un trompe-l'oeil, résultat d'un tour de force illusionniste par lequel le peintre manifeste sa virtuosité, précisément à l'endroit où il choisit d'apposer son patronyme.
L'Europe du Nord n'est pas en reste dans l'invention de signatures qui attirent l'attention aux XVe et XVIe siècles. L'un des exemples les plus connus est l'inscription portée par Jan Van Eyck sur le petit PORTRAIT DES ÉPOUX ARNOLFINI . Au centre du tableau, dans le fond de la pièce, au-dessus des mains jointes des jeunes mariés, un miroir circulaire est ap¬posé au mur. Il fixe le reflet de dos de Giovanni Arnolfini et Giovanna Cenami et celui, de face, de deux personnages minuscules, l'un en bleu l’autre en rouge, qui se tiennent dans un encadrement de porte. Deux lignes calligraphiées, au-dessus du miroir, se lisent ainsi : «Johannes de Eyck fuit hic. 1434» («Jan Van Eyck fut ici», et la date). La signature, cette fois, n'est pas à proprement parler signature : elle vaut plutôt témoignage, protocole visuel qui fait de l'image (portrait des conjoints) un acte officiel valant attestation. En Allemagne, au commencement du siècle suivant, le graveur et peintre ALBRECHT DÜRER ne manque pas non plus de signer visiblement. Il fait figurer sur ses gravures et ses peintures un monogramme, c'est-à-dire l'agencement graphi¬quement harmonieux des initiales de son prénom et de son nom (un «D» plus petit à l'intérieur et sous la barre d'un «A» plus grand). Et il ajoute souvent une inscription qui signale la date du tableau et commente le sujet et les conditions d'exécution de celui-ci (ainsi de l'Autoportrait de 1498 conservé au musée national du Prado à Madrid). Dans le Martyre des dix mille, enfin, il se peint en pied presque au centre, fière silhouette tenant une pancarte où sont marqués l'inscription et le monogramme. Au XVIIème et au XVIIIème siècle, l'habitude de s'introduire dans la composition se perd sans que la signature se réduise à la forme minimale qu'elle adopte sur les œuvres contemporaines. Le nom et la date figurent seuls, mais ils sont souvent placés de manière à se fondre dans la composition. Du spectateur est attendu le léger effort qui consiste à chercher où la signa-ture est dissimulée : gravée sur l'écorce d'un tronc, intégrée à un morceau d'architecture, etc.
- RuthvenGuide spirituel
Pour ceux qui veulent approfondir la question, voir :
B. Fraenkel, La signature. Invention d'un signe, Gallimard
D. Arasse, Le détail, Champs Flammarion, p.312 sq.
D. Arasse, Le sujet dans le tableau, Champs Flammarion, chap. 2 "Signé Mantegna"
V. Stoichita, L'instauration du tableau chap. 8 "Images du peintre/images du peindre".
Désolé de répondre en coup de vent.
B. Fraenkel, La signature. Invention d'un signe, Gallimard
D. Arasse, Le détail, Champs Flammarion, p.312 sq.
D. Arasse, Le sujet dans le tableau, Champs Flammarion, chap. 2 "Signé Mantegna"
V. Stoichita, L'instauration du tableau chap. 8 "Images du peintre/images du peindre".
Désolé de répondre en coup de vent.
- ZazkFidèle du forum
Jane a écrit:Notamment Ephaïstos, le plus célèbre d'entre eux !.
Petit "lapsus calami", Jane : le célèbre peintre de vases grecs était EUPHRONIOS, qui signait ses vases. Tu as dû confondre son nom avec celui du dieu Héphaïstos.
(Faut dire qu'ils ont des noms plutôt "barbares", ces Grecs ! )
- JaneMonarque
oups oui, désolée je m'ai trompée... :lol!: je n'ai jamais fait de grec, j'ai confondu avec la divinité... je me souviens que mes profs d'HDA nous disaient toujours Euphronios (donc ) epoiesen (et je m'excuse du fond de mon coeur auprès de mes collègues de LC pour cette mauvaise mixture et déplorable réécriture ); je crois que ça voulait dire "Euphronios m'a peint" ou "Euphronios m'a fabriqué"(quelqu'un confirme ???)
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