Quel est votre vers préféré ?

Drum schlafe nun du,
schliesse dein Auge ;
träumend erschau' mein Ende !

"C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar."

Première phrase de "Salammbô" ; j'en suis dingue.

Soulevant, balançant le feston et l'ourlet

Villon, inévitablement : "Mais où sont les neiges d'antan ?"

Malherbe, un vers : "Et les fruits passeront la promesse des fleurs."

Ou une strophe entière :
"Mais elle était du monde, où les plus belles choses
Ont le pire destin ;
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,
L'espace d'un matin."

Et, bien sûr, Racine...

"Cet heureux temps n'est plus. Tout a changé de face
Depuis que sur ces bords les dieux ont envoyé
La fille de Minos et de Pasiphaé."

"Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?
Que le jour recommence et que le jour finisse
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice ?"

Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire

Une de mes strophes préférées, à tout le moins :
"With your mercury mouth in the missionary times
And your eyes like smoke and your prayers like rhymes
And your silver cross, and your voice like chimes
Oh, who among them do they think could bury you ?
With your pockets well protected at last
And your streetcar visions which you place on the grass
And your flesh like silk, and your face like glass
Who among them do they think could carry you ?"

Nell a écrit:"Il pleut dans mon coeur comme il pleut sur la ville" de Verlaine (puis ça fait 2 vers et tout le quatrain en vérité). Mais à chaque fois qu'il pleut, il revient, air obsédant...

Idem.

Je propose alors le vers préféré de mon compagnon:

"L'étoile a pleuré rose au creux de tes oreilles"

J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson.

Et : "ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare"...

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé

( Bon c'est malin mais ce poème me fait toujours autant pleurer)

Va, dors! L'espoir luit comme un caillou dans un creux.

"J'ai dans l'âme une fleur que nul ne peut cueillir!" V.H.

"Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne" G.A.

"Quelle vie! La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde." (ce n'est pas un vers mais c'est tiré d'un poème) A.R.

"Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément." N.B.

"L'impossible clarté de tes yeux m'épouvante" (moi-même)

P.S. Y aurait-il quelques versificateurs sur le forum?

"Et j'ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d'enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d'étoiles parfumées."

&

"L’ouvrage le plus plat a, chez les courtisans,
De tout temps rencontré de zélés partisans ;
Et, pour finir enfin par un trait de satire,
Un sot trouve toujours un plus sot qui l’admire."

&

" Adieu.
Vous mentez, ô fleur nue
De mes lèvres !
J’attends une chose inconnue
Ou peut-être, ignorant le mystère et vos cris,
Jetez-vous les sanglots suprêmes et meurtris
D’une enfance sentant parmi les rêveries
Se séparer enfin ses froides pierreries."

VicomteDeValmont a écrit:

P.S. Y aurait-il quelques versificateurs sur le forum?

Oui, à mes heures. De mauvais vers, je le reconnais - mais ce sont les miens

"Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !"
(tout le dernier tercet en réalité)

Ça m'achève. A chaque fois.

Hermione0908 a écrit:"Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !"
(tout le dernier tercet en réalité)

Ça m'achève. A chaque fois.

Exact.

¿Qué es la vida? Un frenesí.

¿Qué es la vida? Una ilusión,

una sombra, una ficción,

y el mayor bien es pequeño:

que toda la vida es sueño,

y los sueños, sueños son.

Pedro Calderón de la Barca

En français, mais c'est bien moins beau:

"Les parfums, les couleurs et les sons se répondent" "Correspondances"

Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés? (Ruteboeuf)

Et

Mais habillé de neuf je veux dormir enfin
sous des arbres pleins d'oiseaux muets et de singes. Apollinaire

Besoin de rien, envie de toi
Comme j'avais envie de personne
TU vois le jour
C'est à l'amour qu'il ressemble

Ces vers sont au-delà du sublime (s'il est possible)

Tss Tss...
"Comme jamais envie de personne"

:arachnee:
:KO3:
(dirais-je même plus)
"Nous n'irons plus jamais" (phrase adorée de Duras, pour radoter!)

DesolationRow a écrit:Une de mes strophes préférées, à tout le moins :
"With your mercury mouth in the missionary times
And your eyes like smoke and your prayers like rhymes
And your silver cross, and your voice like chimes
Oh, who among them do they think could bury you ?
With your pockets well protected at last
And your streetcar visions which you place on the grass
And your flesh like silk, and your face like glass
Who among them do they think could carry you ?"

[troll] Merveilleusement chantée par Joan Baez [/troll]

thrasybule a écrit: :arachnee:
:KO3:
(dirais-je même plus)
"Nous n'irons plus jamais" (phrase adorée de Duras, pour radoter!)

Tss Tss

"Nous n'irons plus j'avais"

Cette anthologie est validable, acceptable, désirable, oserais-je dire, par la lettreuserie académique.
Peut-être avec une problématique de bon aloi, serait-elle recevable? Nous verrons comment la beauté du vers peut-il....? Je laisse Cripure compléter... Je suis tout étourdi de possibilités.

"Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons !"