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- speranzaNiveau 4
Maudit soit à jamais le rêveur inutile
Qui voulut le premier, dans sa stupidité,
S'éprenant d'un problème insoluble et stérile,
Aux choses de l'amour mêler l'honnêteté!
Qui voulut le premier, dans sa stupidité,
S'éprenant d'un problème insoluble et stérile,
Aux choses de l'amour mêler l'honnêteté!
- MurrNiveau 9
Mon cœur, lassé de tout, même de l'espérance,
N'ira plus de ses vœux importuner le sort ;
Prêtez-moi seulement, vallon de mon enfance,
Un asile d'un jour pour attendre la mort.
N'ira plus de ses vœux importuner le sort ;
Prêtez-moi seulement, vallon de mon enfance,
Un asile d'un jour pour attendre la mort.
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Ich bin der Geist, der stets verneint! (Goethe)
- JaleeNiveau 3
"Il meurt lentement
celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n’écoute pas de musique ..."
Pablo Neruda
celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n’écoute pas de musique ..."
Pablo Neruda
- SomniumNiveau 5
Nom de nom de pétard, je relis les Fragments du Narcisse de Valéry et il y a quand même des morceaux d'anthologie là-dedans:
"Si la feuille éperdue effleure la napée,
Elle suffit à rompre un univers dormant…
Votre sommeil importe à mon enchantement,
Il craint jusqu’au frisson d’une plume qui plonge !"
[...]
"Ô présence pensive, eau calme qui recueilles
Tout un sombre trésor de fables et de feuilles,
L’oiseau mort, le fruit mûr, lentement descendus,
Et les rares lueurs des clairs anneaux perdus,"
[...]
"Ô semblable !… Et pourtant plus parfait que moi-même,
Éphémère immortel, si clair devant mes yeux,
Pâles membres de perle, et ces cheveux soyeux,
Faut-il qu’à peine aimés, l’ombre les obscurcisse,
Et que la nuit déjà nous divise, ô Narcisse,
Et glisse entre nous deux le fer qui coupe un fruit !"
[...]
"La nuit vient sur ma chair lui souffler que je l’aime.
Sa voix fraîche à mes vœux tremble de consentir ;
À peine, dans la brise, elle semble mentir,
Tant le frémissement de son temple tacite
Conspire au spacieux silence d’un tel site.
Ô douceur de survivre à la force du jour,
Quand elle se retire enfin rose d’amour,
Encore un peu brûlante, et lasse, mais comblée,
Et de tant de trésors tendrement accablée
Par de tels souvenirs qu’ils empourprent sa mort,
Et qu’ils la font heureuse agenouiller dans l’or,
Puis s’étendre, se fondre, et perdre sa vendange,
Et s’éteindre en un songe en qui le soir se change."
"Si la feuille éperdue effleure la napée,
Elle suffit à rompre un univers dormant…
Votre sommeil importe à mon enchantement,
Il craint jusqu’au frisson d’une plume qui plonge !"
[...]
"Ô présence pensive, eau calme qui recueilles
Tout un sombre trésor de fables et de feuilles,
L’oiseau mort, le fruit mûr, lentement descendus,
Et les rares lueurs des clairs anneaux perdus,"
[...]
"Ô semblable !… Et pourtant plus parfait que moi-même,
Éphémère immortel, si clair devant mes yeux,
Pâles membres de perle, et ces cheveux soyeux,
Faut-il qu’à peine aimés, l’ombre les obscurcisse,
Et que la nuit déjà nous divise, ô Narcisse,
Et glisse entre nous deux le fer qui coupe un fruit !"
[...]
"La nuit vient sur ma chair lui souffler que je l’aime.
Sa voix fraîche à mes vœux tremble de consentir ;
À peine, dans la brise, elle semble mentir,
Tant le frémissement de son temple tacite
Conspire au spacieux silence d’un tel site.
Ô douceur de survivre à la force du jour,
Quand elle se retire enfin rose d’amour,
Encore un peu brûlante, et lasse, mais comblée,
Et de tant de trésors tendrement accablée
Par de tels souvenirs qu’ils empourprent sa mort,
Et qu’ils la font heureuse agenouiller dans l’or,
Puis s’étendre, se fondre, et perdre sa vendange,
Et s’éteindre en un songe en qui le soir se change."
- IncalNiveau 2
J'ai le dégoût du cerf qu'est devenu le faon,
Et celui de ce sang ruisselant sur le fer,
Qui déchira le bois et la chair de l'enfant,
Tout en les unissant en un symbole de foi.
Et celui de ce sang ruisselant sur le fer,
Qui déchira le bois et la chair de l'enfant,
Tout en les unissant en un symbole de foi.
- ipomeeGuide spirituel
Merci Somnium. Il y avait longtemps que je n'avais pas pensé à Valéry.
Et j'ai relu Ebauche d'un serpent, dont j'aime surtout le passage suivant :
En vain, Vous avez, dans la fange,
Pétri de faciles enfants,
Qui de Vos actes triomphants
Tout le jour Vous fissent louange !
Sitôt pétris, sitôt soufflés,
Maître Serpent les a sifflés,
Les beaux enfants que Vous créâtes !
Holà ! dit-il, nouveaux venus !
Vous êtes des hommes tout nus,
Ô bêtes blanches et béates !
Et j'ai relu Ebauche d'un serpent, dont j'aime surtout le passage suivant :
En vain, Vous avez, dans la fange,
Pétri de faciles enfants,
Qui de Vos actes triomphants
Tout le jour Vous fissent louange !
Sitôt pétris, sitôt soufflés,
Maître Serpent les a sifflés,
Les beaux enfants que Vous créâtes !
Holà ! dit-il, nouveaux venus !
Vous êtes des hommes tout nus,
Ô bêtes blanches et béates !
- HonchampDoyen
Je t'aimais inconstant qu'aurais-je fait fidèle ?
Racine. Dans Andromaque.
Racine. Dans Andromaque.
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"Tu verras bien qu'il n'y aura pas que moi, assise par terre comme ça.."
- PoupoutchModérateur
"Le pâtre, à travers le vent, suit des yeux
Le vol monstrueux et vague des diables."
C'est une madeleine de Proust pour moi, ce poème... J'avais un album magnifiquement illustré, étant enfant, de ce poème et mes parents nous le lisaient souvent.
Le vol monstrueux et vague des diables."
C'est une madeleine de Proust pour moi, ce poème... J'avais un album magnifiquement illustré, étant enfant, de ce poème et mes parents nous le lisaient souvent.
- Spoiler:
- Victor HUGO
1802 - 1885
Choses du soir
Le brouillard est froid, la bruyère est grise ;
Les troupeaux de boeufs vont aux abreuvoirs ;
La lune, sortant des nuages noirs,
Semble une clarté qui vient par surprise.
Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.
Le voyageur marche et la lande est brune ;
Une ombre est derrière, une ombre est devant ;
Blancheur au couchant, lueur au levant ;
Ici crépuscule, et là clair de lune.
Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.
La sorcière assise allonge sa lippe ;
L'araignée accroche au toit son filet ;
Le lutin reluit dans le feu follet
Comme un pistil d'or dans une tulipe.
Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.
On voit sur la mer des chasse-marées ;
Le naufrage guette un mât frissonnant ;
Le vent dit : demain ! l'eau dit : maintenant !
Les voix qu'on entend sont désespérées.
Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.
Le coche qui va d'Avranche à Fougère
Fait claquer son fouet comme un vif éclair ;
Voici le moment où flottent dans l'air
Tous ces bruits confus que l'ombre exagère.
Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.
Dans les bois profonds brillent des flambées ;
Un vieux cimetière est sur un sommet ;
Où Dieu trouve-t-il tout ce noir qu'il met
Dans les coeurs brisés et les nuits tombées ?
Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.
Des flaques d'argent tremblent sur les sables ;
L'orfraie est au bord des talus crayeux ;
Le pâtre, à travers le vent, suit des yeux
Le vol monstrueux et vague des diables.
Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.
Un panache gris sort des cheminées ;
Le bûcheron passe avec son fardeau ;
On entend, parmi le bruit des cours d'eau,
Des frémissements de branches traînées.
Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.
La faim fait rêver les grands loups moroses ;
La rivière court, le nuage fuit ;
Derrière la vitre où la lampe luit,
Les petits enfants ont des têtes roses.
Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.
_________________
Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.
"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
- SomniumNiveau 5
ipomee a écrit:Merci Somnium. Il y avait longtemps que je n'avais pas pensé à Valéry.
Et j'ai relu Ebauche d'un serpent, dont j'aime surtout le passage suivant :
En vain, Vous avez, dans la fange,
Pétri de faciles enfants,
Qui de Vos actes triomphants
Tout le jour Vous fissent louange !
Sitôt pétris, sitôt soufflés,
Maître Serpent les a sifflés,
Les beaux enfants que Vous créâtes !
Holà ! dit-il, nouveaux venus !
Vous êtes des hommes tout nus,
Ô bêtes blanches et béates !
Oui ça en jette! L'Ebauche d'un serpent est tout entier un morceau d'anthologie, avec quelques excès d'ailleurs, mais certainement l'un des poèmes les plus virtuoses de Valéry:
"Soleil, soleil !… Faute éclatante !
Toi qui masques la mort, Soleil,
Sous l’azur et l’or d’une tente
Où les fleurs tiennent leur conseil ;
Par d’impénétrables délices,
Toi, le plus fier de mes complices,
Et de mes pièges le plus haut,
Tu gardes le cœur de connaître
Que l’univers n’est qu’un défaut
Dans la pureté du Non-être !"
"Ô quelle prose non pareille,
Que d’esprit n’ai-je pas jeté
Dans le dédale duveté
De cette merveilleuse oreille !
Là, pensais-je, rien de perdu ;
Tout profite au cœur suspendu !
Sûr triomphe ! si ma parole,
De l’âme obsédant le trésor,
Comme une abeille une corolle
Ne quitte plus l’oreille d’or !"
(Ce "dédale duveté" est délicieux, on entend les sons s'amortir dans l'oreille d'Eve).
- NLM76Grand Maître
Tu saurais retrouver les références de cet album ?Poupoutch a écrit:"Le pâtre, à travers le vent, suit des yeux
Le vol monstrueux et vague des diables."
C'est une madeleine de Proust pour moi, ce poème... J'avais un album magnifiquement illustré, étant enfant, de ce poème et mes parents nous le lisaient souvent.
- Spoiler:
Victor HUGO
1802 - 1885
Choses du soir
Le brouillard est froid, la bruyère est grise ;
Les troupeaux de boeufs vont aux abreuvoirs ;
La lune, sortant des nuages noirs,
Semble une clarté qui vient par surprise.
Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.
Le voyageur marche et la lande est brune ;
Une ombre est derrière, une ombre est devant ;
Blancheur au couchant, lueur au levant ;
Ici crépuscule, et là clair de lune.
Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.
La sorcière assise allonge sa lippe ;
L'araignée accroche au toit son filet ;
Le lutin reluit dans le feu follet
Comme un pistil d'or dans une tulipe.
Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.
On voit sur la mer des chasse-marées ;
Le naufrage guette un mât frissonnant ;
Le vent dit : demain ! l'eau dit : maintenant !
Les voix qu'on entend sont désespérées.
Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.
Le coche qui va d'Avranche à Fougère
Fait claquer son fouet comme un vif éclair ;
Voici le moment où flottent dans l'air
Tous ces bruits confus que l'ombre exagère.
Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.
Dans les bois profonds brillent des flambées ;
Un vieux cimetière est sur un sommet ;
Où Dieu trouve-t-il tout ce noir qu'il met
Dans les coeurs brisés et les nuits tombées ?
Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.
Des flaques d'argent tremblent sur les sables ;
L'orfraie est au bord des talus crayeux ;
Le pâtre, à travers le vent, suit des yeux
Le vol monstrueux et vague des diables.
Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.
Un panache gris sort des cheminées ;
Le bûcheron passe avec son fardeau ;
On entend, parmi le bruit des cours d'eau,
Des frémissements de branches traînées.
Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.
La faim fait rêver les grands loups moroses ;
La rivière court, le nuage fuit ;
Derrière la vitre où la lampe luit,
Les petits enfants ont des têtes roses.
Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.
- SomniumNiveau 5
Ah oui Poupoutch, je n'avais pas vu le spoiler, je serais également curieux de savoir pour cet album.
- PoupoutchModérateur
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Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.
"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
- SomniumNiveau 5
Merci! Je l'ai commandé. Les prix que j'ai vus sur le net vont de 4 à 75 euros pour ceusses que ça intéresserait. J'aime ces vieux bouquins pour enfants. (Y en a-t-il encore d'édités aujourd'hui avec de tels poèmes? Et, question subsidiaire pour Nlm76, quelle est la fonction du "d" apostrophe dans la phrase précédente? Pardon c'est hors fil.)
Edit: je relis ce poème que je ne connaissais pas. La diérèse sur "biniou" est un peu raide quand même
Edit: je relis ce poème que je ne connaissais pas. La diérèse sur "biniou" est un peu raide quand même
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