Page 3 sur 3 • 1, 2, 3
- lapetitemuExpert
Merci à tous pour tous ces conseils et toutes ces attentions !
Avant toute chose, je tiens à dire que mon vendredi matin m'a quand même remontée le moral. Avec les deux 4e, que je n'avais pas eues le jeudi, c'était loin d'être parfait, mais le cours de 6e s'est nettement mieux passé, ce qui m'a fait beaucoup relativiser l'heure de la veille.
Non que je sois obtuse aux conseils, bien au contraire, mais, pour hier, j'ai quand même tenu à rester dans ma première ligne de conduite, pour voir ce que ça donnait. J'ai donc fait une heure de cours normale, mais bien plus cadrée, je pense, que toutes celles que j'avais faites depuis le début de l'année. J'ai fait une rapide présentation de l'auteur et du livre, en leur faisant écrire une sorte de fiche de renseignements, puis on a fait une lecture analytique, en vingt minutes, certes, mais j'ai quand même eu le temps de faire la trace écrite, et même de leur faire noter les devoirs deux minutes avant la sonnerie, au lieu de tout faire dans l'urgence, comme d'habitude. Ils ont à la fois écrit, répondu à des questions orales, ils se sont impliqués dans le cours, même ceux qui n'avaient pas le livre ont suivi ma lecture à voix haute et ont répondu à certaines questions, les deux plus terribles se sont tenus à carreau, et (chose assez notable) même l'interruption du cours par un surveillant venu apporter certains documents pour la classe n'a pas déconcentré les élèves plus d'une ou deux minutes (alors que d'habitude c'est le genre de chose qui peut me pourrir toute la fin d'une séance). Donc un vrai mieux !
Je ne sais pas si cela va se confirmer, mais si oui, je vais rester là-dessus : des séances rythmées, en continuant les croix (mais j'en ai eu beaucoup moins à noter). Je crois qu'en fait ils ont besoin d'être occupés.
Je réponds pêle-mêle aux conseils et remarques que vous m'avez faits :
- l'écriture du conte en groupe, c'est prévu hors des séances de cours, je précise. C'est un projet que je veux mener en parallèle de ma séquence, mais je veux qu'ils puissent être autonomes : je ne prendrai qu'un quart d'heure de temps en temps pour leur donner des conseils d'écriture, les aider à corriger leurs fautes, les dépanner s'ils sont bloqués, etc... Pour le moment, j'ai très rarement (voire jamais) fait faire un travail de groupe en classe. Je veux qu'ils travaillent chacun pour soi.
- pour ce qui est du rituel de classe, je fais à peu près tout ce que vous dites : j'attends qu'ils soient rangés proprement dans le couloir, puis j'ouvre la porte, et ils rentrent un par un, je reste à côté de la porte et dis bonjour à chacun. Dans l'ensemble, ils répondent, ou me disent bonjour spontanément, sauf quelques uns, pas forcément les pires d'ailleurs. Je les laisse debout le temps qu'il faut, car j'attends 1) que tout le monde soit debout, 2) qu'ils arrêtent de parler, 3) qu'ils soient face à moi, et pas en train de farfouiller dans leur sac ou autre. J'attends vraiment qu'il y ait le silence... mais ça ne fait pas grand-chose, parce qu'une fois assis, le brouhaha revient vite. Un jour, un prof m'a dit "tu ne peux pas attendre des élèves qu'ils soient calmes et attentifs s'ils n'ont rien à faire". Donc, parfois, je me demande si ce ne serait pas mieux de les mettre le plus rapidement au travail, sans passer par tout ce rituel qui prend bien cinq minutes. Mais je ne sais pas si je saurais le gérer, donc pour le moment, je reste comme ça.
- l'idée de les faire se lever de nouveau pendant le cours quand ça devient vraiment trop bruyant me plaît. Je verrai si je le fais la prochaine fois. Les 4e, ça pourrait peut-être les calmer. Mais ils peuvent aussi s'en ficher royalement, et en rire.
Quant à la direction de l'établissement, en gros : la chef est à peu près compétente pour l'administratif, et elle fait quand même de bonnes choses (c'est elle qui m'a d'emblée fait un service à 15h alors que je suis certifiée, en me disant que j'aurai bien assez de travail comme ça cette année), mais pour le relationnel avec les élèves, c'est zéro, elle n'en impose pas. L'adjointe est incompétente sur tous les plans, adminstratif comme relationnel. Les élèves ne la voient jamais. Quant à la CPE, elle est complètement du côté des profs, mais est souvent inaccessible. Comme il y a des problèmes bien plus graves que les miens dans le collège, je comprends qu'elle ne puisse pas toujours répondre présente à mes demandes. Et puis ce n'est pas toujours elle qui décide : si la principale a décidé qu'elle interviendrait elle-même pour tel problème, ça se passera comme ça, et la CPE ne sera même pas tenue au courant. Notre collège souffre vraiment d'une dégradation progressive, et apparemment, cette année, c'est pire que tout, les élèves explosent, les sanctions et conseils de discipline se multiplient. Je tombe la mauvaise année au mauvais endroit, quoi. Et encore, je n'ai pas les pires classes.
Et puis il y a des situations familiales tellement compliquées, que le principe du carnet ne fonctionne plus vraiment, ce n'est plus une sanction pour certains élèves. Une de mes élèves de 6e m'a dit déjà deux fois "ma mère n'a pas signé le mot parce qu'elle n'a pas voulu", et le pire, c'est que je sais que c'est vrai (le PP l'a rencontrée). Et je viens d'apprendre que l'un de mes 4e, un des pires, va se retrouver livré à lui-même dans peu de temps, car sa mère va être hospitalisée pour problèmes psychologiques, et son père ne veut plus le prendre avec lui. Là, il faut vraiment passer à d'autres systèmes et faire preuve d'imagination...
Ah, et pour finir ce roman, je me sens proche des témoignages de titeprof et miss sophie : moi aussi j'ai ressenti ce malaise physique et l'impression que je vais tomber dans les pommes jeudi (et certains autres jours avant les vacances), et c'est bien ça qui me faisait le plus peur, je craignais de ne plus tenir physiquement face à une classe. Et je pense tenir la même ligne de conduite que titeprof ou miss sophie, je ne sais plus laquelle des deux : ne rien lâcher, même si ça ne semble pas fonctionner, faire mon boulot le plus consciencieusement possible, et essayer de ne pas prendre en grippe les élèves. Le dernier point étant le plus difficile
Avant toute chose, je tiens à dire que mon vendredi matin m'a quand même remontée le moral. Avec les deux 4e, que je n'avais pas eues le jeudi, c'était loin d'être parfait, mais le cours de 6e s'est nettement mieux passé, ce qui m'a fait beaucoup relativiser l'heure de la veille.
Non que je sois obtuse aux conseils, bien au contraire, mais, pour hier, j'ai quand même tenu à rester dans ma première ligne de conduite, pour voir ce que ça donnait. J'ai donc fait une heure de cours normale, mais bien plus cadrée, je pense, que toutes celles que j'avais faites depuis le début de l'année. J'ai fait une rapide présentation de l'auteur et du livre, en leur faisant écrire une sorte de fiche de renseignements, puis on a fait une lecture analytique, en vingt minutes, certes, mais j'ai quand même eu le temps de faire la trace écrite, et même de leur faire noter les devoirs deux minutes avant la sonnerie, au lieu de tout faire dans l'urgence, comme d'habitude. Ils ont à la fois écrit, répondu à des questions orales, ils se sont impliqués dans le cours, même ceux qui n'avaient pas le livre ont suivi ma lecture à voix haute et ont répondu à certaines questions, les deux plus terribles se sont tenus à carreau, et (chose assez notable) même l'interruption du cours par un surveillant venu apporter certains documents pour la classe n'a pas déconcentré les élèves plus d'une ou deux minutes (alors que d'habitude c'est le genre de chose qui peut me pourrir toute la fin d'une séance). Donc un vrai mieux !
Je ne sais pas si cela va se confirmer, mais si oui, je vais rester là-dessus : des séances rythmées, en continuant les croix (mais j'en ai eu beaucoup moins à noter). Je crois qu'en fait ils ont besoin d'être occupés.
Je réponds pêle-mêle aux conseils et remarques que vous m'avez faits :
- l'écriture du conte en groupe, c'est prévu hors des séances de cours, je précise. C'est un projet que je veux mener en parallèle de ma séquence, mais je veux qu'ils puissent être autonomes : je ne prendrai qu'un quart d'heure de temps en temps pour leur donner des conseils d'écriture, les aider à corriger leurs fautes, les dépanner s'ils sont bloqués, etc... Pour le moment, j'ai très rarement (voire jamais) fait faire un travail de groupe en classe. Je veux qu'ils travaillent chacun pour soi.
- pour ce qui est du rituel de classe, je fais à peu près tout ce que vous dites : j'attends qu'ils soient rangés proprement dans le couloir, puis j'ouvre la porte, et ils rentrent un par un, je reste à côté de la porte et dis bonjour à chacun. Dans l'ensemble, ils répondent, ou me disent bonjour spontanément, sauf quelques uns, pas forcément les pires d'ailleurs. Je les laisse debout le temps qu'il faut, car j'attends 1) que tout le monde soit debout, 2) qu'ils arrêtent de parler, 3) qu'ils soient face à moi, et pas en train de farfouiller dans leur sac ou autre. J'attends vraiment qu'il y ait le silence... mais ça ne fait pas grand-chose, parce qu'une fois assis, le brouhaha revient vite. Un jour, un prof m'a dit "tu ne peux pas attendre des élèves qu'ils soient calmes et attentifs s'ils n'ont rien à faire". Donc, parfois, je me demande si ce ne serait pas mieux de les mettre le plus rapidement au travail, sans passer par tout ce rituel qui prend bien cinq minutes. Mais je ne sais pas si je saurais le gérer, donc pour le moment, je reste comme ça.
- l'idée de les faire se lever de nouveau pendant le cours quand ça devient vraiment trop bruyant me plaît. Je verrai si je le fais la prochaine fois. Les 4e, ça pourrait peut-être les calmer. Mais ils peuvent aussi s'en ficher royalement, et en rire.
Quant à la direction de l'établissement, en gros : la chef est à peu près compétente pour l'administratif, et elle fait quand même de bonnes choses (c'est elle qui m'a d'emblée fait un service à 15h alors que je suis certifiée, en me disant que j'aurai bien assez de travail comme ça cette année), mais pour le relationnel avec les élèves, c'est zéro, elle n'en impose pas. L'adjointe est incompétente sur tous les plans, adminstratif comme relationnel. Les élèves ne la voient jamais. Quant à la CPE, elle est complètement du côté des profs, mais est souvent inaccessible. Comme il y a des problèmes bien plus graves que les miens dans le collège, je comprends qu'elle ne puisse pas toujours répondre présente à mes demandes. Et puis ce n'est pas toujours elle qui décide : si la principale a décidé qu'elle interviendrait elle-même pour tel problème, ça se passera comme ça, et la CPE ne sera même pas tenue au courant. Notre collège souffre vraiment d'une dégradation progressive, et apparemment, cette année, c'est pire que tout, les élèves explosent, les sanctions et conseils de discipline se multiplient. Je tombe la mauvaise année au mauvais endroit, quoi. Et encore, je n'ai pas les pires classes.
Et puis il y a des situations familiales tellement compliquées, que le principe du carnet ne fonctionne plus vraiment, ce n'est plus une sanction pour certains élèves. Une de mes élèves de 6e m'a dit déjà deux fois "ma mère n'a pas signé le mot parce qu'elle n'a pas voulu", et le pire, c'est que je sais que c'est vrai (le PP l'a rencontrée). Et je viens d'apprendre que l'un de mes 4e, un des pires, va se retrouver livré à lui-même dans peu de temps, car sa mère va être hospitalisée pour problèmes psychologiques, et son père ne veut plus le prendre avec lui. Là, il faut vraiment passer à d'autres systèmes et faire preuve d'imagination...
Ah, et pour finir ce roman, je me sens proche des témoignages de titeprof et miss sophie : moi aussi j'ai ressenti ce malaise physique et l'impression que je vais tomber dans les pommes jeudi (et certains autres jours avant les vacances), et c'est bien ça qui me faisait le plus peur, je craignais de ne plus tenir physiquement face à une classe. Et je pense tenir la même ligne de conduite que titeprof ou miss sophie, je ne sais plus laquelle des deux : ne rien lâcher, même si ça ne semble pas fonctionner, faire mon boulot le plus consciencieusement possible, et essayer de ne pas prendre en grippe les élèves. Le dernier point étant le plus difficile
- CeriseNiveau 6
Ca fait plaisir de voir que tu tiens bon !
Je rebondis sur ton dernier point : ne pas prendre en grippe les élèves. Dis-toi qu'ils sont ados, en construction et qu'ils vont évoluer. Les élèves sont sensibles à l'injustice et souffrent quand ils se sentent catalogués. Certains élèves, mal dans leur peau en 4ème et "têtes à claques", évoluent et sont adorables en 3ème. Pas facile d'être ado !
Bonne continuation !
Je rebondis sur ton dernier point : ne pas prendre en grippe les élèves. Dis-toi qu'ils sont ados, en construction et qu'ils vont évoluer. Les élèves sont sensibles à l'injustice et souffrent quand ils se sentent catalogués. Certains élèves, mal dans leur peau en 4ème et "têtes à claques", évoluent et sont adorables en 3ème. Pas facile d'être ado !
Bonne continuation !
- ProvenceEnchanteur
Tu as vraiment du cran, Lapetitemu! J'ignore si je tiendrais dans les conditions que tu rapportes.
- PlumeNiveau 6
Que de bonnes nouvelles !
Tu as raison de suivre ta propre ligne de conduite : chacun a sa méthode et il faut trouver ce qui marche pour soi.
Apparemment tu as déjà bien avancé dans ta réflexion et ta pratique au niveau du rythme du cours.
Si tu as à nouveau un coup de blues, relis ton dernier message
Tout ce que tu dis sur les élèves, leurs parents, leurs conditions de vie difficiles, ça prouve tout de même qu'il y a de nombreux facteurs qui n'aident pas les élèves à se concentrer à/sur l'école, et ça doit te permettre de relativiser. Même si c'est tout cela qui rend les cours compliqués.
Et merci pour ce post : je réfléchis moi-même beaucoup à ma pratique, je n'en suis toujours pas pleinement satisfaite. Et c'est sympa de savoir comment les autres font.
Tu as raison de suivre ta propre ligne de conduite : chacun a sa méthode et il faut trouver ce qui marche pour soi.
Apparemment tu as déjà bien avancé dans ta réflexion et ta pratique au niveau du rythme du cours.
Si tu as à nouveau un coup de blues, relis ton dernier message
Tout ce que tu dis sur les élèves, leurs parents, leurs conditions de vie difficiles, ça prouve tout de même qu'il y a de nombreux facteurs qui n'aident pas les élèves à se concentrer à/sur l'école, et ça doit te permettre de relativiser. Même si c'est tout cela qui rend les cours compliqués.
Et merci pour ce post : je réfléchis moi-même beaucoup à ma pratique, je n'en suis toujours pas pleinement satisfaite. Et c'est sympa de savoir comment les autres font.
- selampruNiveau 6
Bon courage lapetitemu,
Pour achever de te rassurer, dis-toi que nous avons tous des heures où cela se passe plus ou moins bien et que la classe qui nous a démoralisés un jour peut être celle qui nous remontera le moral la fois d'après.
Ensuite, parmi les mesures dont je crois on n'a pas parlé, il y a la fiche de suivi pour les élèves vraiment récalcitrants à mettre en place par le p.P, qui peut être efficace parfois.
Pour achever de te rassurer, dis-toi que nous avons tous des heures où cela se passe plus ou moins bien et que la classe qui nous a démoralisés un jour peut être celle qui nous remontera le moral la fois d'après.
Ensuite, parmi les mesures dont je crois on n'a pas parlé, il y a la fiche de suivi pour les élèves vraiment récalcitrants à mettre en place par le p.P, qui peut être efficace parfois.
Page 3 sur 3 • 1, 2, 3
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum