Faire un brouillon

Voltaire a écrit:Je n'ai jamais fait un brouillon de ma vie dans aucune matière ...

Certes, mais je n'ai jamais fait aucune fiche de révision de ma vie de lycéenne ou d'étudiante...

Prezbo a écrit:J'en ai toujours fait, mais comme d'autres, j'aurais détesté qu'on les regarde (je pense que ça m'aurait fait régresser), et j'aurais souhaité bon courage à celui qui aurait essayé de les déchiffrer.

Un "brouillon académique", c'est un bel oxymore, non ?

Je suis bien d'accord. Si quelqu'un devait lire un de mes brouillons, il deviendrait fou...

Je dois dire que ce qui me désole c'est de voir les élèves commencer à répondre à une question directerment sur la copie, sans même avoir relu le texte...

Tiens, ça me fait penser à un élève de 1e hier. Je travaille sur la contraction de texte et un élève me sort : mais alors il va faaloir faire un brouillon à cause du nombre de mots !

X.Y.U. a écrit:Je me demande quelle importance est donnée au brouillon en primaire... J'ai souvent l'impression que mes 6ème ne savent pas ce que c'est..!

C'est là dessus qu'on va bosser cette année dans le cadre de la liaison CM2-6eme ( le genre de réunion qui chez nous ne sert à rien)

Eh bien si tu es motivé(e?) je veux bien que tu nous dises ce qu'il en est ressorti ! Je vais questionner ma fille sur le sujet, on est très adepte des brouillons pour tout et n'importe quoi à la maison, mais je ne sais pas trop si ça se pratique beaucoup à l'école, dans sa classe...
Ce qui me surprend (enfin plus maintenant, mais j'ai toujours du mal à l'accepter quand je le constate), ce sont les 6ème fraîchement arrivés qui n'osent pas écrire au stylo bleu, qui demandent toujours l'autorisation d'écrire au crayon de papier (perso j'insiste lourdement sur les figures/axes/tableaux au crayon de papier, le reste en bleu), enfin depuis que les stylos billes se gomment, ils ne font plus la différence or moi je veux qu'ils la fassent ! Enfin bref, ça leur coûte, je le sens, si je leur dis d'écrire en bleu... Et dès qu'ils peuvent revenir au crayon de papier, ils le prennent : et dès qu'ils ont une erreur, ou qu'ils changent de démarche dans un exo, ils s'empressent de tout gommer, de tout faire disparaître, au final on ne peut rien voir de leurs tentatives, on ne peut pas exploiter leurs erreurs pour comprendre leur cheminement et les aider eux-mêmes à comprendre comment s'améliorer ou comment repérer à quel moment ils ont fait fausse route... Si on corrige un calcul au tableau, par exemple, et qu'ils voient que leur propre résultat est faux, ils se dépêchent de tout gommer, alors qu'en fait il n'y a peut-être qu'une toute petite étape qui est fausse. Je ne trouve pas ça constructif et je vois bien que c'est un réflexe acquis à l'école primaire... ça me gêne de voir quel statut on donne à l'erreur, comme si c'était tabou et qu'il fallait vite la faire disparaître... Et du coup je me dis qu'on les pousse peut-être à chercher à faire bien du premier coup plutôt que de s'autoriser des essais, des erreurs, des rectificatifs... ce qui expliquerait aussi pourquoi ils sont de plus en plus incapables de se lancer dans la moindre recherche, dès lors qu'ils n'ont pas la bonne réponse en tête au moment où ils lisent l'énoncé. :-/

Dans la vie je fais des brouillons, mais c'est souvent par manque de temps. Pendant ma scolarité, je méditais un bon moment sur les questions (que ce soit un texte, un problème de maths ...) puis je me lançais directement sur la copie. Parfois je griffonnais quelques calculs un peu trop complexes pour être faits directement sur un chiffon de papier (on ne pouvait pas appeler ces gribouillis obscurs et foutraques un brouillon !). J'apprenais à mes élèves à faire un peu comme ça, il y avait une zone du tableau pour l'énoncé (vidéoprojeté si je pouvais), une zone pour les réponses (rédigées) et un petit bout de tableau pour les calculs (accessoirement c'est comme ça que moi même j'ai appris à l'école primaire).

oups, j'ai édité mon message sans voir que tu avais posté entre temps..!

Comme prof, j'avais interdit le crayon de papier sauf pour les graphiques. Il vaut mieux garder la trace de ses errances, parfois on s'aperçoit après coup que certaines choses n'étaient pas si mal finalement. Et si on s'est trompé, on barre tout (proprement) et on recommence du départ, il n'y a rien de pire que ces calculs ou ces raisonnements remâchés et revomis. Et travailler directement au propre (pour les questions faciles, c'est à dire en lycée 90 % du temps), ça oblige à faire attention et ça fait gagner un temps fou.

Et d'accord avec toi, faire disparaitre les erreurs est totalement contre productif. En colle, il m'est arrivé de mettre zéro pour un calcul presque tout juste, que l'élève a effacé entièrement parce que la dernière ligne était fausse. En lui expliquant bien qu'en fait, il aurait eu une très bonne note si nous avions pu discuter de la toute petite bêtise commise à la fin ...

X.Y.U. a écrit:Eh bien si tu es motivé(e?) je veux bien que tu nous dises ce qu'il en est ressorti ! Je vais questionner ma fille sur le sujet, on est très adepte des brouillons pour tout et n'importe quoi à la maison, mais je ne sais pas trop si ça se pratique beaucoup à l'école, dans sa classe...
Ce qui me surprend (enfin plus maintenant, mais j'ai toujours du mal à l'accepter quand je le constate), ce sont les 6ème fraîchement arrivés qui n'osent pas écrire au stylo bleu, qui demandent toujours l'autorisation d'écrire au crayon de papier (perso j'insiste lourdement sur les figures/axes/tableaux au crayon de papier, le reste en bleu), enfin depuis que les stylos billes se gomment, ils ne font plus la différence or moi je veux qu'ils la fassent ! Enfin bref, ça leur coûte, je le sens, si je leur dis d'écrire en bleu... Et dès qu'ils peuvent revenir au crayon de papier, ils le prennent : et dès qu'ils ont une erreur, ou qu'ils changent de démarche dans un exo, ils s'empressent de tout gommer, de tout faire disparaître, au final on ne peut rien voir de leurs tentatives, on ne peut pas exploiter leurs erreurs pour comprendre leur cheminement et les aider eux-mêmes à comprendre comment s'améliorer ou comment repérer à quel moment ils ont fait fausse route... Si on corrige un calcul au tableau, par exemple, et qu'ils voient que leur propre résultat est faux, ils se dépêchent de tout gommer, alors qu'en fait il n'y a peut-être qu'une toute petite étape qui est fausse. Je ne trouve pas ça constructif et je vois bien que c'est un réflexe acquis à l'école primaire... ça me gêne de voir quel statut on donne à l'erreur, comme si c'était tabou et qu'il fallait vite la faire disparaître... Et du coup je me dis qu'on les pousse peut-être à chercher à faire bien du premier coup plutôt que de s'autoriser des essais, des erreurs, des rectificatifs... ce qui expliquerait aussi pourquoi ils sont de plus en plus incapables de se lancer dans la moindre recherche, dès lors qu'ils n'ont pas la bonne réponse en tête au moment où ils lisent l'énoncé. :-/

Mon petit fils (8 ans) a perdu des points en dictée car il avait deux ratures (mots exacts toutefois), ses camarades qui utilisent les stylos friction n'ont pas été pénalisés. Sa maman était déçue pour lui car elle avait refusé ces fameux stylos, la maîtresse est exigeante sur la graphie et la propreté du travail, c'est le côté positif ! Cependant je trouve intéressant d'apprendre à repérer ses erreurs contrairement à la façon dont j'ai été éduquée (dressée), il y a fort longtemps. En dictée la feuille de brouillon à côté du cahier est rarement proposé.

Je pense que l'apprentissage du soin, de la graphie est très important aussi (et d'ailleurs ils sont beaucoup moins forts là-dessus comparé à avant, donc je ne suis pas sûre qu'on y gagne ! ), mais l'un n'empêche pas l'autre, et puis on peut barrer proprement sans raturer comme un cochon (c'est ce que je me tue à leur apprendre en 6ème d'ailleurs, quand ils s'éparpillent à vouloir piquer le correcteur d'un camarade plutôt que de se débrouiller seul et de simplement barrer...).
Pour ton exemple, je trouve ça vraiment inadapté de compter faux un mot bien orthographié dans une dictée, sous prétexte qu'il est raturé ! grrrr... Il est plus simple (s'il y a une note) de réserver qq points pour le soin, à part, où l'on peut pénaliser celui qui rature etc..., et bien noter l'orthographe et seulement l'orthographe si c'est ce qu'on évalue ! (ma seule limite dans ce cas c'est la lisibilité : ce n'est pas à moi de deviner ce que le gamin a voulu écrire). Et pourtant je suis très exigeante avec le soin, la présentation en général (aérer son travail, mettre de la couleur/souligner mais pas tout et n'importe quoi car certains surlignent toutes les lignes...! ).

Nous sommes bien d'accord !

Certaines copies sont carrément flashy parfois avec l'usage intensif des fluos de couleurs différentes pour souligner !

Voltaire a écrit:Je n'ai jamais fait un brouillon de ma vie dans aucune matière ...

Mon père (un ancien prof lui-même) a toujours dit que le premier brouillon qu'il avait fait, c'était pour écrire une lettre d'amour à ma mère rencontrée dans un train et retrouvée par miracle grâce au bottin téléphonique (il était déjà agrégé à ce moment là...)

bénou a écrit:

Voltaire a écrit:Je n'ai jamais fait un brouillon de ma vie dans aucune matière ...

Mon père (un ancien prof lui-même) a toujours dit que le premier brouillon qu'il avait fait, c'était pour écrire une lettre d'amour à ma mère rencontrée dans un train et retrouvée par miracle grâce au bottin téléphonique (il était déjà agrégé à ce moment là...)

Apparemment, ça a marché.

ysabel a écrit:J'aime bien ramasser les plans détaillés (une sous-partie, une partie de commentaire/essai ou dissertation). Comme ils n'ont pas le droit de faire des phrases, c'est pratique.

Je trouve que les plans, même détaillés, ont leur limites. On a souvent besoin de rédiger vraiment pour réfléchir. Trop de méthodologie peut paralyser les élèves.

Je fais un compromis.  Les élèves rédigent certes mais une seule partie, avec introduction ou conclusion.  Franchement,  c'est suffisant pour savoir où ils en sont et les copies, 35, sont un peu moins lourdes.