Cela s'annonce..."sportif"!

En cette fin d'après-midi, j'ai enfin fait la connaissance de tous mes élèves. Bilan: les deux 5e et la 6e ont l'air sympathiques malgré quelques bavards (ils sont encore impressionnables, alors dès que l'on hausse un peu le ton, ça se calme immédiatement avec mines confuses en option) , mais la 3e...
Je m'explique: je connais presque tous les élèves qui la composent, qui sont pour la plupart bons élèves et agréables. Par contre, on leur a adjoint le "pire élève" du collège, que je n'ai jamais eu la malchance l'honneur d'avoir en cours. Sa réputation et le récit quotidien de ses exploits me faisaient cependant frémir et je priais intérieurement pour ne jamais "tomber" sur lui en cours. Raté. Il est arrivé en parlant très fort, en faisant des commentaires à tout-va, et j'ai dû le reprendre dès le début du cours. Ensuite, il a fallu le déplacer (ce qu'il a fait sans résistance) et au moment de se présenter, il s'est amusé à raconter n'importe quoi ( "j'aime aller voir la mère à B...."). J'ai donc pris son carnet en guise d'avertissement. Ensuite et subitement, il s'est calmé. Ce qui m'a étonnée, c'est qu'à chaque fois que je le sanctionnais (changement de place, carnet...) il n'a pas du tout protesté.
Le problème principal, c'est qu'il y a 4 garçons assez faibles et influençables qui rigolent bêtement à tout ce qu'il dit (les autres semblent sidérés par son comportement mais n'osent rien dire). J'ai peur que cet élève se fasse une mission de perturber les cours, j'ai peur de ne pas savoir comment le gérer.
Avez-vous des conseils? Que feriez-vous? Pensez-vous qu'un face-à-face puisse être une bonne chose? Pour lui dire quoi?
? ? ? Je plaisante bien sûr, mais si vous avez des conseils, je prends :-)

Parle lui d'abord en tête à tête....Et tu verras après pour les sanctions.

il est en 3°? vous pouvez l'envoyer en stage, lui faire faire un pif..à ce niveau, il faut le sortir de la classe et être solidaires........vous voyez le cde et vous montez un projet...

je le prendrais en tête à tête et lui dirais clairement que lui et ses attributs virils risquent sérieusement de prendre un coup de rabot s'il ne se fait pas aussi petit qu'une souris...

Disons que cet élève pose problème depuis la 6e, et il a redoublé en 4e... le seul souhait des profs est de le voir quitter le collège au plus vite...
C'est quoi un "pif", Roxanne?
Poups, tu lui dirais quoi lors de ce tête-à-tête? Je ne sais pas comment le prendre, je pense qu'on lui a déjà souvent fait la morale...
Ysabel... Il a désarmé absolument tous les profs du collège,ce n'est certainement pas moi qui vais l'effrayer...(je ne sais même pas comment il a pu échapper à l'exclusion définitive, c'est un mystère total)

ouais..sauf que ce genre de gamin , précédé de sa réputation en 3°, ça peut être ingérable et te pourrir une classe..donc, nous pour ce genre de cas , on essaie de vraiment travailler sur l'orientation...peut-être envisager le cfg..enfin le sortir de cette spirale et de ce fonctionnement..mais là , il faut une équipe soudée et une direction qui assure..

projet individuel de formation..il fait un peu de stages , écrit les rapports, prépare le cfg..enfin , on l'"aère" un peu pour son bien d'abord, et pour le bien collectif ensuite

Bérilune a écrit:Disons que cet élève pose problème depuis la 6e, et il a redoublé en 4e... le seul souhait des profs est de le voir quitter le collège au plus vite...
C'est quoi un "pif", Roxanne?
Poups, tu lui dirais quoi lors de ce tête-à-tête? Je ne sais pas comment le prendre, je pense qu'on lui a déjà souvent fait la morale...

Je ne lui ferai pas la morale.Je m'inquiéterai pour lui et lui demanderai ce qu'il a...S'il attire l'attention comme ça , il doit avoir des problèmes.
Tu peux essayer de le faire parler...
Tu verras ensuite...

Nous venons juste de changer de principal, Roxanne, alors j'ignore s'il me soutiendrait... l'équipe est, comment dire...soudée mais un peu molle...

je t'en dirai plus bientôt puisque cette année, j'ai une heure (sup) à mon edt pour suivre des pifs de 3°.

Ben justement , tu vas le voir , tu motives tes collègues pour un projet..enfin , avec ce genre d'élèves , je crois plus à ça qu'à discuter ou aux rapports de force..surtout en 3°.

Poups, je pense essayer par la douceur pour commencer, mais je ne voudrais pas non plus paraître "trop bonne, trop c...". La prof de religion ( je travaille en Alsace) a déjà essayé maintes fois de lui parler avec toute la gentillesse dont elle sait faire preuve, et il me semble que ça n'y a rien changé...
Par contre, il m'a demandé pendant le cours si je faisais des compliments aux élèves et je lui ai répondu: "Je serais enchanté de t'en faire un, mais il faut que tu m'en donnes l'occasion". Il a semblé intéressé!
Je pense qu'il est capable d'être gentil, mais ne serait-ce pas par pur calcul?

Bérilune a écrit:Poups, je pense essayer par la douceur pour commencer, mais je ne voudrais pas non plus paraître "trop bonne, trop c...". La prof de religion a déjà essayé maintes fois de lui parler avec toute la gentillesse dont elle sait faire preuve, et il me semble que ça n'y a rien changé...
Par contre, il m'a demandé pendant le cours si je faisais des compliments aux élèves et je lui ai répondu: "Je serais enchanté de t'en faire un, mais il faut que tu m'en donnes l'occasion". Il a semblé intéressé!
Je pense qu'il est capable d'être gentil, mais ne serait-ce pas par pur calcul?

Il a besoin d'être encouragé. Valorise le au maximum et au moindre effort . Il ya des gamins qui ont besoin de cela.

Je suis moyennement convaincue par cette méthode, même si c'est ce vers quoi je tends naturellement (que voulez-vous, j'ai un bon fond)...
D'autres expériences? Conseils?

Parfois les choses les plus simples sont les plus désarmantes pour les élèves :

En face à face :
"Tu sais que si tu te comportes de cette façon, tu gènes l'ensemble de la classe. Tu comprends que je ne peux pas l'accepter. Tu comprends que je vais réagir."

"Si un élève se comporte comme tu t'es comporté, que penses-tu que devrait faire le professeur ? Dois-je t'exclure du cours pour pouvoir permettre à tes camarades de travailler dans le calme qu'ils ont le droit d'avoir ?"

"Crois-tu qu'il est normal qu'un camarade qui est venu pour travailler soit gêné par quelqu'un, tous les jours, toutes les heures ?"

(ou tout autre chose de ce type)

Parfois, cela marchait un temps avec mes CAP les plus turbulents.

Parfois la réaction de la part de l'élève est tout aussi désarmante de sincérité. Ainsi j'ai eu droit un jour à quelque chose qui ressemblait à "Monsieur, j'essaie d'être sage, mais je n'y arrive pas, je ne sais pas comment faire. Je ne peux pas vous promettre, je sais que je n'y arrive pas."

Je suis d'une autre école que mes collègues ci-dessus, je dois dire. Pour ce type d'élèves, l'exclusion de cours est mon amie. Et je n'hésite pas à y recourir. Souvent. J'en ai quand même 25+ autres qui aimeraient travailler dans de bonnes conditions.

Celeborn a écrit:Je suis d'une autre école que mes collègues ci-dessus, je dois dire. Pour ce type d'élèves, l'exclusion de cours est mon amie. Et je n'hésite pas à y recourir. Souvent. J'en ai quand même 25+ autres qui aimeraient travailler dans de bonnes conditions.

+1.

j'ajouterai qu'il ne faut pas hésiter à rédiger un rapport d'incident à chaque problème, comme celui que tu nous rapportes ici. C'est mieux (voire nécessaire) de pouvoir présenter un dossier bien étoffé en cas de conseil de discipline.

Pour ma part, je pratique l'exclusion de cours en fonction d'une règle très simple : si un élève empêche le groupe de travailler malgré mes interventions, je considère que les autres élèves n'ont pas à souffrir de cette situation. Il me semble que c'est une mesure d'équité.

Celeborn a écrit:Je suis d'une autre école que mes collègues ci-dessus, je dois dire. Pour ce type d'élèves, l'exclusion de cours est mon amie. Et je n'hésite pas à y recourir. Souvent. J'en ai quand même 25+ autres qui aimeraient travailler dans de bonnes conditions.

+ 1000 come d'habitude. Je pense que je vais être dnas le même cas de Bérilune dès lundi avec un élève de 4e qui plus est violent qui a terrorisé sa classe de 6e dans laquelle on l'a à nouveau mis cette année.
L'an dernier, il a frappé un de mes petits 6e pour lui voler ce qu'il mangeait lors de la récré (le 6e est malade donc il a tj de quoi manger sur lui) ; il n'a eu que quelques jours d'exclusion. Grâce à Ségolène Royal, nous repartons donc à zéro avec cet élève qui est manifestement violent et ingérable et qui est soutenu par son père. Enfant roi d'une famille qui sème la terreur dans le quartier. Je suis déjà écoeurée et je ne sais pas comment je vais me comporter avec lui car j'ai bcp de mal à le considérer en dehors de tout ce que je sais déjà...

Bérilune a écrit:Ensuite, il a fallu le déplacer (ce qu'il a fait sans résistance) et au moment de se présenter, il s'est amusé à raconter n'importe quoi ( "j'aime aller voir la mère à B...."). J'ai donc pris son carnet en guise d'avertissement.

Ce genre de trucs : un élève déjà averti (puisque déplacé) qui sort ce genre d'énormité, c'est sanction direct. Alors, je sais bien que c'est le premier cours et que sanctionner trop tôt gêne par la suite (échelle des sanctions, blabla), mais ça mérite au moins une observation écrite : Madame, Monsieur, en guise de présentation, Machin a déclaré qu'il aimait "aller voir la mère à B." Ce type de commentaire n'a pas sa place dans une salle de classe.
Observation assortie d'une punition.

Et encore, c'est soft.

Évidemment, il va falloir faire des rapports régulièrement et secouer tes collègues pour qu'ils fassent de même afin qu'une solution soit trouvée pour qu'il ne pourrisse pas la classe toute l'année.

Celeborn a écrit:Je suis d'une autre école que mes collègues ci-dessus, je dois dire. Pour ce type d'élèves, l'exclusion de cours est mon amie. Et je n'hésite pas à y recourir. Souvent. J'en ai quand même 25+ autres qui aimeraient travailler dans de bonnes conditions.

Tout à fait d'accord, mais là, ça dépend de la vie scolaire ("C'est encore M. Machin qui t'a exclu ? Punaise ! T'as vu, Tony ? M. Machin, il a encore exclu un élève !"), du CPE ("Encore ! Bon, retourne en cours !"), de la direction (-Ne sachant que faire de ce boulet, nous ne sommes pas en mesure de répondre à votre appel.-).

Tu peux peut-être également te montrer très ferme avec les élèves qui seraient tentés de rire de ses bêtises. Je sais qu'ils sont très sensibles à l'injustice etc etc... mais préviens-les: les sanctions seront les mêmes pour ceux qui encouragent les perturbations du cours par leurs ricanements que pour ceux qui font des conneries (en gros, ils seront punis pour "complicité de bordélisation" ). Tu peux mêmes choisir de punir les ricaneurs encore plus sévèrement que le "bordéliseur".

Ca te permettra déjà de l'isoler un peu.

Merci pour vos conseils précieux.
J'aime particulièrement les répliques proposées par JPhMM et Nuits.
En ce qui concerne l'exclusion de cours, notre CPE et le Principal ont clairement insisté sur le fait que "l'exclusion doit rester exceptionnelle".
Et puis, je considère que renvoyer un élève est un échec. Je précise que l'année dernière une classe de 3e s'était lancé un défi: ce serait à qui serait le premier viré de cours... Insupportable! Je préfère largement isoler le perturbateur et lui donner un long texte à recopier (à finir chez soi s'il n'est pas recopié intégralement en fin d'heure). Évidemment, ça ne suffit pas toujours...
J'ai conscience que cet élève me teste; je n'ai pas voulu mettre de sanction dès le 1er jour, mais je n'hésiterai pas à le faire mardi (je vois cette classe 2 heures...). J'ai discuté avec un collègue de SVT qui a déjà puni deux élèves de cette classe (le pénible + un suiveur)...

Bérilune a écrit:Merci pour vos conseils précieux.
J'aime particulièrement les répliques proposées par JPhMM et Nuits.
En ce qui concerne l'exclusion de cours, notre CPE et le Principal ont clairement insisté sur le fait que "l'exclusion doit rester exceptionnelle".
Et puis, je considère que renvoyer un élève est un échec. Je précise que l'année dernière une classe de 3e s'était lancé un défi: ce serait à qui serait le premier viré de cours... Insupportable! Je préfère largement isoler le perturbateur et lui donner un long texte à recopier (à finir chez soi s'il n'est pas recopié intégralement en fin d'heure). Évidemment, ça ne suffit pas toujours...
J'ai conscience que cet élève me teste; je n'ai pas voulu mettre de sanction dès le 1er jour, mais je n'hésiterai pas à le faire mardi (je vois cette classe 2 heures...). J'ai discuté avec un collègue de SVT qui a déjà puni deux élèves de cette classe (le pénible + un suiveur)...

Pour moi, conserver en cours un élève perturbateur et irrespectueux, c'est un échec encore plus grave. Je ne suis pas responsable de la mauvaise éducation ou des troubles psychologiques de mes élèves; je n'ai pas à les subir ni à les imposer aux autres élèves.

Oh, je n'ai pas voulu critiquer en quoi que ce soit les profs qui renvoient leurs élèves, je le fais moi aussi lorsque je n'ai pas le choix. Je voulais juste expliquer qu'en ce qui me concerne, j'ai un peu de mal, je le vis comme un échec, parce que je n'ai pas réussi à calmer l'élève par ma propre autorité...
Tu ne m'en veux pas, Provence?