- cristalExpert spécialisé
Comment expliquez-vous à vos élèves pourquoi Antigone préfère-t-elle mourir plutôt que de vivre?
- RaphFidèle du forum
Avis de lecteur puisque pas prof de lettres, je peux? Pour moi, Antigone préfère mourir car elle rejette la vie et le "bonheur" tels que les évoque Créon, elle refuse les compromissions que semble impliquer la vie d'adulte. Elle préfère la mort en gardant son caractère entier que la vie si elle doit faire preuve de bassesse.
Mais j'ai peut-être tout compris de travers en le lisant - et ça fait longtemps.
Mais j'ai peut-être tout compris de travers en le lisant - et ça fait longtemps.
_________________
"Il faut rire de tout. C'est la seule humaine façon de friser la lucidité sans tomber dedans." Pierre Desproges
- lulucastagnetteEmpereur
Antigone est entière, elle veut "tout, tout de suite". Elle ne veut pas faire de compromis, elle rejette la tiédeur (je cite de mémoire : "si Hémon ne doit plus rougir quand il me voit, s'il ne doit plus me croire morte quand j'ai 5 minutes de retard, je ne veux pas de ce Hémon là").
Elle refuse de comprendre que la mise à l'écart de Polynice (ou Etéocle, puisqu'on ne sait pas quel est le cadavre qui pourrit en fait) est nécessaire pour la paix dans Thèbes. Elle refuse de comprendre.
Une fois lancée, elle ne s'arrête plus.
Elle regrette son geste ("oh, Hémon, notre petit garçon", "j'ai peur" mais elle dit au garde de ne pas le noter dans la lettre finalement) une fois qu'elle est dans la grotte.
On peut se demander si finalement Antigone ne prend pas cette révolte contr eHémon comme prétexte pour mettre fin à ses jours. Aurait-elle supporté la vie calme dont parle Hémon ? ("le bonheur, c'est un banc pour se reposer le soir, un enfant qui joue à nos pieds, un outil qu'on tient bien dans sa main.")
Elle refuse de comprendre que la mise à l'écart de Polynice (ou Etéocle, puisqu'on ne sait pas quel est le cadavre qui pourrit en fait) est nécessaire pour la paix dans Thèbes. Elle refuse de comprendre.
Une fois lancée, elle ne s'arrête plus.
Elle regrette son geste ("oh, Hémon, notre petit garçon", "j'ai peur" mais elle dit au garde de ne pas le noter dans la lettre finalement) une fois qu'elle est dans la grotte.
On peut se demander si finalement Antigone ne prend pas cette révolte contr eHémon comme prétexte pour mettre fin à ses jours. Aurait-elle supporté la vie calme dont parle Hémon ? ("le bonheur, c'est un banc pour se reposer le soir, un enfant qui joue à nos pieds, un outil qu'on tient bien dans sa main.")
- kimyGrand sage
Pas mieux que lulu ... c'est ce qu'on a dit avec les élèves ...
- sandGuide spirituel
Trop fort ! Je t'embauche pour corriger mes copies !Raph a écrit:Avis de lecteur puisque pas prof de lettres, je peux? Pour moi, Antigone préfère mourir car elle rejette la vie et le "bonheur" tels que les évoque Créon, elle refuse les compromissions que semble impliquer la vie d'adulte. Elle préfère la mort en gardant son caractère entier que la vie si elle doit faire preuve de bassesse.
Mais j'ai peut-être tout compris de travers en le lisant - et ça fait longtemps.
- AudreyOracle
Raph, je t'avais pas dit que tu devrais tenter l'agreg de lettres? LOL
- VioletEmpereur
Oh la la ! c'est comme le premier avril ! C'est Raph qui répond, et avec quel brio ! aux questions littéraires et Audrey qui répond aux questions de SVT ! Vous m'embrouillez !
- AudreyOracle
Ah, mais c'est que je suis pas une vraie littéraire moi..suis une bâtarde...lol
- IsiaSage
Mes 3° ont aussi compris tout comme Raph (ça promet...) mais certains, plus précisément des filles, la trouvent lâche !!
Elle refuse de vivre, madame, elle refuse de tenter le coup....
Elle refuse de vivre, madame, elle refuse de tenter le coup....
- cristalExpert spécialisé
Merci pour vos réposes.
Pour Raph et et plus
Pour les autres, désolée mais vous avez (un peu) moins de mérite....
J'avais assez mal formulé ma question, en fait, je me demandais si les élèves comprenaient l'idéalisme d'Antigone, son choix et comment on peut, nous, l'expliquer, le faire comprendre.
Marmottine a un peu soulevé le problème...
Pour Raph et et plus
Pour les autres, désolée mais vous avez (un peu) moins de mérite....
J'avais assez mal formulé ma question, en fait, je me demandais si les élèves comprenaient l'idéalisme d'Antigone, son choix et comment on peut, nous, l'expliquer, le faire comprendre.
Marmottine a un peu soulevé le problème...
- IsiaSage
Raph, c'est rien qu'un fayot d'abord..... J'suis sûre qu'il a demandé à son frère..
:lol!:
:lol!:
- RaphFidèle du forum
Jalouse
_________________
"Il faut rire de tout. C'est la seule humaine façon de friser la lucidité sans tomber dedans." Pierre Desproges
- cristalExpert spécialisé
Raph a écrit:Jalouse
+1
Mais, j'ai pas tout suivi, c'est qui ton frère?
- V.MarchaisEmpereur
cristal a écrit:
J'avais assez mal formulé ma question, en fait, je me demandais si les élèves comprenaient l'idéalisme d'Antigone, son choix et comment on peut, nous, l'expliquer, le faire comprendre.
Marmottine a un peu soulevé le problème...
Je crois qu'on le comprend par opposition au personnage de Créon, hélas celui-ci est souvent trop négligé dans les études consacrées à l'Antigone d'Anouilh. Ce sont deux personnages à étudier en vis-à-vis pour comprendre deux visions du monde, du bonheur, deux systèmes de valeurs.
- cristalExpert spécialisé
V.Marchais a écrit:cristal a écrit:
J'avais assez mal formulé ma question, en fait, je me demandais si les élèves comprenaient l'idéalisme d'Antigone, son choix et comment on peut, nous, l'expliquer, le faire comprendre.
Marmottine a un peu soulevé le problème...
Je crois qu'on le comprend par opposition au personnage de Créon, hélas celui-ci est souvent trop négligé dans les études consacrées à l'Antigone d'Anouilh. Ce sont deux personnages à étudier en vis-à-vis pour comprendre deux visions du monde, du bonheur, deux systèmes de valeurs.
Merci pour le conseil.
- SergeMédiateur
J'ai ma schtroumpfette ( surnom d'une de mes élèves de 3ème) qui a trouvé en cours qu' Antigone était pour elle l'image d'un extrémisme sans nuance inquiétant, aveugle et sourd, égoïste, dangereux et destructeur et qu'elle pourrait aussi limite être aussi une figure du terrorisme ( je synthétise bien sûr). Sous prétexte d'intégrité, elle tombe dans l'intégrisme. Tout en affirmant sa sympathie pour ce personnage dont elle se sent malgré tout assez proche.
Quelque part ce n'est pas totalement faux. Je ne pense pas qu'Anouilh dresse une vision beaucoup plus positive d'Antigone que de Créon : leurs deux extrémismes les conduisent à une absence de dialogue et une fermeture d'esprit qui les empêchent de trouver des solutions. Deux facettes de la négativité, les deux sûrs de leur bonne foi.
Quelque part ce n'est pas totalement faux. Je ne pense pas qu'Anouilh dresse une vision beaucoup plus positive d'Antigone que de Créon : leurs deux extrémismes les conduisent à une absence de dialogue et une fermeture d'esprit qui les empêchent de trouver des solutions. Deux facettes de la négativité, les deux sûrs de leur bonne foi.
- V.MarchaisEmpereur
De toute façon, le propre d'une oeuvre riche est de laisser place à des interprétations ouvertes.
La seule chose qui est incontestable, c'est l'opposition entre Créon et Antigone. Le sens à donner à cette opposition est affaire d'interprétation.
On connaît celle qui consiste à faire d'Antigone, en pleine seconde Guerre mondiale, une figure de la résistance. A la marge, pourquoi pas - mais ramener l'oeuvre à cela m'a toujours paru réducteur. Certains vont jusqu'à traiter Anouilh de collabo puisque c'est Créon, qui prêche la soumission à la loi, même dure, qui "gagne" (et refusent d'étudier Anouilh, si, si, j'en connais). Là, je crois qu'on frise le contresens. Par contre - et là, je rejoins ton élève - face à la souplesse de Créon, Antigone pourrait bien incarner une forme de pureté dangereuse, comme disait le philosophe (mais lequel, déjà ?) qui, pour le coup, renverrait au contexte de façon plus large.
En tout cas, toute l'oeuvre d'Anouilh est traversée par ces interrogations sur le bonheur, le pouvoir, la liberté. L'oeuvre interroge mais n'apporte pas de réponses définitives.
Bref, la discussion doit, je crois, rester ouverte.
La seule chose qui est incontestable, c'est l'opposition entre Créon et Antigone. Le sens à donner à cette opposition est affaire d'interprétation.
On connaît celle qui consiste à faire d'Antigone, en pleine seconde Guerre mondiale, une figure de la résistance. A la marge, pourquoi pas - mais ramener l'oeuvre à cela m'a toujours paru réducteur. Certains vont jusqu'à traiter Anouilh de collabo puisque c'est Créon, qui prêche la soumission à la loi, même dure, qui "gagne" (et refusent d'étudier Anouilh, si, si, j'en connais). Là, je crois qu'on frise le contresens. Par contre - et là, je rejoins ton élève - face à la souplesse de Créon, Antigone pourrait bien incarner une forme de pureté dangereuse, comme disait le philosophe (mais lequel, déjà ?) qui, pour le coup, renverrait au contexte de façon plus large.
En tout cas, toute l'oeuvre d'Anouilh est traversée par ces interrogations sur le bonheur, le pouvoir, la liberté. L'oeuvre interroge mais n'apporte pas de réponses définitives.
Bref, la discussion doit, je crois, rester ouverte.
- SergeMédiateur
Heureusement. D'ailleurs j'ai trouvé sa réflexion assez audacieuse mais très pertinente. Je leur ai précisé en revanche que lorsqu'on émet des hypothèses ou si on se risque à une interprétation, il faut savoir aussi nuancer ses propos sans les balancer de façon absolument catégorique. Du coup on a embrayé sur les précautions oratoires, modalisateurs et marques de la subjectivité pour voir la différence que cela ferait dans la formulation sa réponse.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum