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- maskNiveau 5
Bonjour
Je poste suite à un message que je viens de lire sur les insultes envers profs. Cela m'a interpellée. Je me demande comment vous parvenez à vous protéger face à ce statut de bouc émissaire que l'on assume souvent.
Je suis très mal dans ce travail.
J'ai longtemps douté de mes compétences pédagogiques, de ma capacité à intéresser les élèves, à parler en public, etc...
A présent, je commence à penser que c'est surtout une question de personnalité: ils sentent ma fragilité, et je suis trop sensible pour encaisser.
J'enseigne depuis cinq ans avec des hauts et des bas: des classes avec lesquelles ça se passe très bien, d'autres où c'est l'enfer.
Ces classes sont souvent qualifiées de difficiles par mes collègues aussi.
Le problème, c'est que je ne parviens pas à faire face du tout. Lorsqu'une heure de cours se passe mal: bruits, cris, ou autres, je rentre chez moi complètement démontée, je ne dors pas de la nuit et le lendemain, je suis dans un état si piteux que la qualité de mes cours s'en ressent gravement, que je perds pieds même avec les autres classes.
Je me demande donc comment vous faites pour assumer le regard souvent défavorable des élèves.
Je poste suite à un message que je viens de lire sur les insultes envers profs. Cela m'a interpellée. Je me demande comment vous parvenez à vous protéger face à ce statut de bouc émissaire que l'on assume souvent.
Je suis très mal dans ce travail.
J'ai longtemps douté de mes compétences pédagogiques, de ma capacité à intéresser les élèves, à parler en public, etc...
A présent, je commence à penser que c'est surtout une question de personnalité: ils sentent ma fragilité, et je suis trop sensible pour encaisser.
J'enseigne depuis cinq ans avec des hauts et des bas: des classes avec lesquelles ça se passe très bien, d'autres où c'est l'enfer.
Ces classes sont souvent qualifiées de difficiles par mes collègues aussi.
Le problème, c'est que je ne parviens pas à faire face du tout. Lorsqu'une heure de cours se passe mal: bruits, cris, ou autres, je rentre chez moi complètement démontée, je ne dors pas de la nuit et le lendemain, je suis dans un état si piteux que la qualité de mes cours s'en ressent gravement, que je perds pieds même avec les autres classes.
Je me demande donc comment vous faites pour assumer le regard souvent défavorable des élèves.
- leyadeEsprit sacré
mask a écrit:Je me demande donc comment vous faites pour assumer le regard souvent défavorable des élèves.
Pour commencer, , un bouquet de fleurs virtuel. Tu as bien fait de t'exprimer, ça fait du bien.
C'est vrai que l'on est exposé, mais comme tout personnage public. Si ma boulangère met un décolleté, toute la rue en parlera deux jours. Et là, j'ai envie de dire.... oui, et alors?
C'est normal que les élèves nous regardent, ils n'ont que ça à f... pendant des heures et des heures tout au long de l'année. C'est normal qu'ils aient un regard dur, puisqu'ils sont jeunes/préados/ados, c'est à dire superficiels, irrationnels, conformistes, obsédés par l'apparence, bébêtes et mals dans leur peau. Et souvent un peu c*ns.
Donc du coup, c'est une donnée du boulot, et puis c'est tout.
Un policier qui met qlqun en garde à vue sait qu'il va être regardé défavorablement par la famille du prévenu, une serveuse qui renverse une assiette sait qu'elle va être regardée défavorablement si la commande prend trop de temps, un garagiste sait qu'il va être regardé défavorablement, puisque de toute façon la facture sera forcément jugée trop salée.... etc ad libitum.
Donc du coup je m'en fous!
Les gamins avec qui ça passe bien, c'est cool, les autres... ben je m'en fous. Je leur fais cours au mieux, et puis voilou!
Ils ont déjà essayé de me mettre mal à l'aise en me parlant de moi, personnellement : mon physique : j'ai l'âge que j'ai, et puis basta. ma maison trop ci pas assez ça : "Tu veux venir la repeindre? non? bon alors tais toi occupe toi de la façade de la maison de tes parents".
le sport que je pratique : oui, et alors? C'est mieux que de ne rien faire. Etc.
Allez, ne te mines pas.
- EmeraldiaÉrudit
Il faut que tu réussisses à séparer le professionnel du privé. Je fais de mon mieux, avec certaines classes, c'est difficile mais souvent, le temps de décompresser et je m'en fous. Je suis même contente de rentrer chez moi, au calme, je savoure énormément mes moments de détente, qd je vais au ciné etc.
Je relativise plus vite qu'avant même si je trouve anormale la façon dont on est traités. Et puis, je suis gentille, bienveillante mais j'ai de la répartie, à l'inverse, il y a des élèves que j'ai sacrément remis à leur place.
Je relativise plus vite qu'avant même si je trouve anormale la façon dont on est traités. Et puis, je suis gentille, bienveillante mais j'ai de la répartie, à l'inverse, il y a des élèves que j'ai sacrément remis à leur place.
- RuthvenGuide spirituel
Il faut aussi faire une pause entre la sortie de cours et le retour chez toi. 5 à 10 min en salle des profs pour prendre un café, éventuellement ronchonner, histoire d'évacuer la tension au lieu de la ramener chez toi.
- KikiHabitué du forum
Très bon conseil de Ruthven. Je fais de même.
Si certains élèves sont très méchants, on n'y peut rien. Ce n'est pas de notre faute. Un élève qui "a pourri" un de mes cours ne m'empêche pas de dormir car je sais que je le lui ferai payer très cher.
Si certains élèves sont très méchants, on n'y peut rien. Ce n'est pas de notre faute. Un élève qui "a pourri" un de mes cours ne m'empêche pas de dormir car je sais que je le lui ferai payer très cher.
- totoroMonarque
Pour assumer, je râle, je m'afflige de leur manque de maturité... Parfois, c'est plus dur, mais j'essaie de prendre un jour après l'autre. Mais il y a des jours où je n'ai pas envie de faire cours. (Le cours du lundi soir avec les premières est un vrai calvaire, je soupire rien que d'y penser...)
_________________
- KikiHabitué du forum
Oui, prendre un jour après l'autre est ici un très bon conseil. On arrive ainsi tout doucement à la fin de l'année (ou du moins aux vacances intermédiaires).totoro a écrit:Pour assumer, je râle, je m'afflige de leur manque de maturité... Parfois, c'est plus dur, mais j'essaie de prendre un jour après l'autre. Mais il y a des jours où je n'ai pas envie de faire cours. (Le cours du lundi soir avec les premières est un vrai calvaire, je soupire rien que d'y penser...)
- Invité14Expert
mask a écrit:Bonjour
Je poste suite à un message que je viens de lire sur les insultes envers profs. Cela m'a interpellée. Je me demande comment vous parvenez à vous protéger face à ce statut de bouc émissaire que l'on assume souvent.
Je suis très mal dans ce travail.
J'ai longtemps douté de mes compétences pédagogiques, de ma capacité à intéresser les élèves, à parler en public, etc...
A présent, je commence à penser que c'est surtout une question de personnalité: ils sentent ma fragilité, et je suis trop sensible pour encaisser.
J'enseigne depuis cinq ans avec des hauts et des bas: des classes avec lesquelles ça se passe très bien, d'autres où c'est l'enfer.
Ces classes sont souvent qualifiées de difficiles par mes collègues aussi.
Le problème, c'est que je ne parviens pas à faire face du tout. Lorsqu'une heure de cours se passe mal: bruits, cris, ou autres, je rentre chez moi complètement démontée, je ne dors pas de la nuit et le lendemain, je suis dans un état si piteux que la qualité de mes cours s'en ressent gravement, que je perds pieds même avec les autres classes.
Je me demande donc comment vous faites pour assumer le regard souvent défavorable des élèves.
Tu résumes à 200% ce que je ressens! sauf qu'heureusement je dors la nuit.
Je n'ai pas de solutions miracle .
Mais je pense que tout dépend de la personnalité des gens.
Je vais consulter une psy spécialisée dans les thérapies comportementales .
Je pense qu'au fond, je me complais un peu dans cette attitude de "bouc émissaire" avec des ruminations perpétuelles.Je veux changer et j'espère y arriver.
cela fait 10 ans que moi aussi j'ai des hauts et des bas et je ne veux pas que cela dure ... aussi je crois que j'ai besoin d'une aide.
Après si tu as une vie perso riche , je pense que cela peut aider.
Moi je multiplie les activités et je fais de la sophro ( qui ne m'aide pas trop...)
Courage
- ZarkoHabitué du forum
Moi, j'en suis totalement persuadé aujourd'hui, il y a des différences entre les classes, les écoles...
Heureusement que je tombe encore dans des classes avec des élèves "normaux", qui ont soif d'apprendre, qui nous respectent et qui ont aussi de l'humour de temps en temps...mais je sais que j'aurais vraiment du mal à tenir une année dans certaines classes ou plusieurs dans un établissement ghettoïsé. J'ai déjà donné...
D'ailleurs, ça m'agace un peu ce "concept-projet" de "stabisation des équipes". Un enseignant qui est en souffrance dans tel ou tel établissement, il a le droit de vouloir partir non ? Pour lui-même et pour les élèves d'ailleurs.
Heureusement que je tombe encore dans des classes avec des élèves "normaux", qui ont soif d'apprendre, qui nous respectent et qui ont aussi de l'humour de temps en temps...mais je sais que j'aurais vraiment du mal à tenir une année dans certaines classes ou plusieurs dans un établissement ghettoïsé. J'ai déjà donné...
D'ailleurs, ça m'agace un peu ce "concept-projet" de "stabisation des équipes". Un enseignant qui est en souffrance dans tel ou tel établissement, il a le droit de vouloir partir non ? Pour lui-même et pour les élèves d'ailleurs.
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Chacun a raison de son propre point de vue, mais il n'est pas impossible que tout le monde ait tort. (Gandhi)
La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi. (Albert Einstein)
Tout ce qui ne tue pas rend plus fort...ou bien très malade ! (Nietzsche...et moi, mais pas malade !)
- maskNiveau 5
Merci à tous! Je ne suis pas dans un bahut difficile, sinon j'aurai rendu les armes depuis longtemps! Mais même les bahuts normaux sont confrontés à l'irrespect des élèves, sans que ça atteigne des proportions graves comme les agressions physiques.
C'est vrai que le conseil de ne pas se projeter trop loin est bien utile.
En gros, il faut regarder la feuille de paye et ne pas trop penser au reste. Un peu dur quand il reste une quarantaine d'années à tenir...
Chanig, j'ai aussi une vie sociale riche mais ça ne me suffit pas et avec les insomnies, ça devient vite impossible de faire du sport. ce métier me "bouffe". Dommage, il y a des cours que j'aime beaucoup et je suis passionnée par ma matière.
Pour ma part, je vais tenter une reconversion l'année prochaine.
Je veux voir si je souffre moins dans un boulot moins exposé. Ce métier dans les conditions actuelles de l'enseignement n'est pas fait pour moi. Mais je suis assez lucide pour savoir que le monde du travail est dur partout et la critique permanente.
C'est vrai que le conseil de ne pas se projeter trop loin est bien utile.
En gros, il faut regarder la feuille de paye et ne pas trop penser au reste. Un peu dur quand il reste une quarantaine d'années à tenir...
Chanig, j'ai aussi une vie sociale riche mais ça ne me suffit pas et avec les insomnies, ça devient vite impossible de faire du sport. ce métier me "bouffe". Dommage, il y a des cours que j'aime beaucoup et je suis passionnée par ma matière.
Pour ma part, je vais tenter une reconversion l'année prochaine.
Je veux voir si je souffre moins dans un boulot moins exposé. Ce métier dans les conditions actuelles de l'enseignement n'est pas fait pour moi. Mais je suis assez lucide pour savoir que le monde du travail est dur partout et la critique permanente.
- JaneMonarque
c'est clair Zarko ! pour avoir fait plusieurs années de ZEP (où ça se passait finalement pas si mal que ça pour moi comparativement à certains collègues, puisque j'avais la chance de faire partie des profs "appréciés") et avoir été nommée dans l'un des meilleurs collèges de ma bonne ville, je suis persuadée que c'est la classe qui fait le prof. Pas en termes de compétences bien sûr, mais d'implication, oui. Quand tu vas prendre tes classes avec la boule au ventre ou les larmes aux yeux, c'est quand même pas l'idéal pour faire passer ton message...
D'accord aussi avec toi pour la 2° partie de ton message. Il y a des quantités de collègues coincés dans des établissements où ils sont malheureux, chahutés, insultés (de façon directe ou indirecte d'ailleurs, le mépris est pour moi une insulte peut-être plus dure à gérer que les mots blessants).
D'accord aussi avec toi pour la 2° partie de ton message. Il y a des quantités de collègues coincés dans des établissements où ils sont malheureux, chahutés, insultés (de façon directe ou indirecte d'ailleurs, le mépris est pour moi une insulte peut-être plus dure à gérer que les mots blessants).
- MSFidèle du forum
J'approuve ce que disent Zarko et Jane. J'ai la chance de ne pas aller en cours la boule au ventre. D'ailleurs depuis que je fréquente néoprofs, j'apprécie de plus en plus mon collège et ma situation d'enseignante. Je ne peux que dire courage à ceux qui souffrent en espérant qu'ils auront un jour la chance d'enseigner dans de bonnes conditions et de s'épanouir dans leur travail.
_________________
Pas de deuxième année d'IUFM!
- pallasNiveau 9
Pas de recette miracle pour se protéger malheureusement. Il y a des hauts et des bas, des jours où tu as envie de tout foutre en l'air après t'être fait chahutée/insultée/méprisée etc, des jours où bon enfin kevinou a compris un truc "ah ouais genre la lettre on l'envoie" (j'ai eu ça hier après quatre-cinq séances sur la lettre quand même),ou ils ont sorti tellement de trucs énormes que t'es obligée d'en rire le soir venu.
Prendre du temps pour décompresser avant de monter dans la voiture le soir est très important, ou dans la voiture (moi je chante à fond et à tue tête mes chansons préférées, ça fait un bien !). Je parle pas mal à mes proches aussi ou à mes collègues pour éviter de dramatiser à l'extrême. Et pour me dire, ah la prochaine fois, je ferai pas comme ça ou au contraire, bon d'accord il n'y avait rien d'autre à faire.
J'essaie de trouver des solutions en prenant chaque problème un par un, j'ai pas de solution contre la classe chiante (j'en ai une vraiment gratinée) hein ?
En terme de boulot, ça fait du bien (oui je sais comme les élèves) de se dire, prochaine échéance, telles vacances, ah ça y est, j'ai fait un tiers de ma semaine etc.
Voilà et après, essayez de faire du sport, des activités autres, voir d'autres personnes aussi qui te parlent de leur problème au boulot (comme ça tu vois que d'autres en ont), ou au contraire de leurs bonheurs.
Courage Mask. On a tous des faiblesses, maintenant je comprends tout à fait qu'on ne se sente pas bien, qu'on ait envie de changer de boulot (je ne dis pas que je pourrai faire ça dans ses conditions toute ma carrière).
Prendre du temps pour décompresser avant de monter dans la voiture le soir est très important, ou dans la voiture (moi je chante à fond et à tue tête mes chansons préférées, ça fait un bien !). Je parle pas mal à mes proches aussi ou à mes collègues pour éviter de dramatiser à l'extrême. Et pour me dire, ah la prochaine fois, je ferai pas comme ça ou au contraire, bon d'accord il n'y avait rien d'autre à faire.
J'essaie de trouver des solutions en prenant chaque problème un par un, j'ai pas de solution contre la classe chiante (j'en ai une vraiment gratinée) hein ?
En terme de boulot, ça fait du bien (oui je sais comme les élèves) de se dire, prochaine échéance, telles vacances, ah ça y est, j'ai fait un tiers de ma semaine etc.
Voilà et après, essayez de faire du sport, des activités autres, voir d'autres personnes aussi qui te parlent de leur problème au boulot (comme ça tu vois que d'autres en ont), ou au contraire de leurs bonheurs.
Courage Mask. On a tous des faiblesses, maintenant je comprends tout à fait qu'on ne se sente pas bien, qu'on ait envie de changer de boulot (je ne dis pas que je pourrai faire ça dans ses conditions toute ma carrière).
- FinrodExpert
Vous me faites peur.
J'ai pas encore eu mon premier poste moi. Et comme j'ai une thèse, pas d'année de stage (ce qui n'aurais rien changé avec la nouvelle forme de l'année de "stage" de tt façon)
ça m'inspire deux questions :
Ils vendent du matériel militaire au marché noir ? est ce que ça peut passer en frai réels pour les impots ?
J'ai pas encore eu mon premier poste moi. Et comme j'ai une thèse, pas d'année de stage (ce qui n'aurais rien changé avec la nouvelle forme de l'année de "stage" de tt façon)
ça m'inspire deux questions :
Ils vendent du matériel militaire au marché noir ? est ce que ça peut passer en frai réels pour les impots ?
- phychi67Niveau 5
Plutôt que de venir au collège avec une arme, vas-y avec un instrument de musique
A 36 ans (après 12 ans comme prof, un peu en zep puis dans un collège de campagne qui devient de plus en plus dur d'année en année), je me suis fait offrir une guitare, puis j'ai pris des cours.
Cela m'a valu un contact tout à fait différent avec certains élèves, surtout ceux que je croisais à l'école de musique du village ("quoi ? Le prof prends des cours avec le même prof que moi ?!) et surtout : quand je joue de la musique je me déconnecte de tout et ça fait un bien fou !!
J'ai commencé à apporter ma guitare avec moi à chaque fois que j'allais au collège (je continu d'ailleurs). A la pause de midi je m'entrainais et, petit à petit, je progressais. Au bout de deux ans, j'ai osé jouer un petit morceau pour le départ à la retraite d'une collège lors d'une fête organisée par des élèves de sa classe (oui, oui, des élèves comme ça ça existe encore !!).
Une semaine après, un groupe d'élève de 4ème est venu me trouver en salle des profs pour me demander si je voulais bien faire un groupe avec eux !
C'était fin avril. En juin de l'année suivant on a fait un concert d'une heure dans la cour et depuis j'ai chaque année une quinzaine d'élèves qui me demandent de former un nouveau groupe !
Tout n'est pas rose dans le collège, mais j'avoue que beaucoup d'élèves me voient de façon totalement différente et j'ai l'impression d'être beaucoup plus respecté que mes collègues (globalement, même s'il arrive que certains élèves grillent une pile pour x raisons. Mais ils viennent généralement s'excuser dés qu'ils ont repris leurs esprits).
Pour moi ça a donc été le double effet kisscool : un moyen de m'évader totalement et un nouveau regard des élèves.
Et puis (pour la petite histoire et après je ne vous embête plus avec moi), j'ai trouvé un autre musicien depuis août dernier (par petite annonce) et on sorti un premier album (sous le nom de groupe "Good Luck John") en janvier de cette année (en vente sur amazon, itunes, fnac...). Cet été on a des concerts de prévus, c'est trop cool de jouer en public (je fais de la basse dans ce groupe d'ailleurs et de la guitare avec le groupe rock de mon collège).
A 36 ans (après 12 ans comme prof, un peu en zep puis dans un collège de campagne qui devient de plus en plus dur d'année en année), je me suis fait offrir une guitare, puis j'ai pris des cours.
Cela m'a valu un contact tout à fait différent avec certains élèves, surtout ceux que je croisais à l'école de musique du village ("quoi ? Le prof prends des cours avec le même prof que moi ?!) et surtout : quand je joue de la musique je me déconnecte de tout et ça fait un bien fou !!
J'ai commencé à apporter ma guitare avec moi à chaque fois que j'allais au collège (je continu d'ailleurs). A la pause de midi je m'entrainais et, petit à petit, je progressais. Au bout de deux ans, j'ai osé jouer un petit morceau pour le départ à la retraite d'une collège lors d'une fête organisée par des élèves de sa classe (oui, oui, des élèves comme ça ça existe encore !!).
Une semaine après, un groupe d'élève de 4ème est venu me trouver en salle des profs pour me demander si je voulais bien faire un groupe avec eux !
C'était fin avril. En juin de l'année suivant on a fait un concert d'une heure dans la cour et depuis j'ai chaque année une quinzaine d'élèves qui me demandent de former un nouveau groupe !
Tout n'est pas rose dans le collège, mais j'avoue que beaucoup d'élèves me voient de façon totalement différente et j'ai l'impression d'être beaucoup plus respecté que mes collègues (globalement, même s'il arrive que certains élèves grillent une pile pour x raisons. Mais ils viennent généralement s'excuser dés qu'ils ont repris leurs esprits).
Pour moi ça a donc été le double effet kisscool : un moyen de m'évader totalement et un nouveau regard des élèves.
Et puis (pour la petite histoire et après je ne vous embête plus avec moi), j'ai trouvé un autre musicien depuis août dernier (par petite annonce) et on sorti un premier album (sous le nom de groupe "Good Luck John") en janvier de cette année (en vente sur amazon, itunes, fnac...). Cet été on a des concerts de prévus, c'est trop cool de jouer en public (je fais de la basse dans ce groupe d'ailleurs et de la guitare avec le groupe rock de mon collège).
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"The first principle is that you must not fool yourself–and you are the easiest person to fool."
R. Feynman
- FinrodExpert
phychi67 a écrit:Plutôt que de venir au collège avec une arme, vas-y avec un instrument de musique
Je te rassure, meme si c'était évidement de l'humour, je pensais plus à un gilet pare balle ou autre.
En gros, la problématique, c'est de communiquer avec les élèves, même s'ils
leyade a écrit:sont jeunes/préados/ados, c'est à dire superficiels, irrationnels, conformistes, obsédés par l'apparence, bébêtes et mals dans leur peau. Et souvent un peu c*ns.
Après tout ils ne sont pas que ça et nous ne sommes pas parfaits non plus (mais presque c'est vrai).
- phychi67Niveau 5
Finrod a écrit:
Je te rassure, meme si c'était évidement de l'humour, je pensais plus à un gilet pare balle ou autre.
En gros, la problématique, c'est de communiquer avec les élèves, même s'ilsleyade a écrit:sont jeunes/préados/ados, c'est à dire superficiels, irrationnels, conformistes, obsédés par l'apparence, bébêtes et mals dans leur peau. Et souvent un peu c*ns.
Après tout ils ne sont pas que ça et nous ne sommes pas parfaits non plus (mais presque c'est vrai).
Excellent :lol!:
Pour le gilet pare balle, je n'y avais pas pensé, mais je sors de la lecture des commentaires de l'article de rue89 sur la collègue qui s'est fait agressée et certains parlaient de flash ball ou de tasers pour se défendre des élèves agressifs :mitrailler: la connexion du cerveau s'est faite toute seule
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R. Feynman
- lene75Prophète
Complètement d'accord avec Zarko et Jane. C'est seulement ma 2e année d'enseignement, 2 établissements différents, et c'est le jour et la nuit !
L'année dernière, j'allais faire cours la boule au ventre en me demandant ce qu'ils allaient encore me faire, j'étais exactement dans la situation de mask : insomnies, impossibilité de penser à autre chose, le soir, le we, etc. Cette année je me fais une joie d'aller retrouver mes élèves. Forcément, dans ces conditions, les cours ne sont pas de la même qualité !
Du coup, j'appréhende mon affectation pour l'année prochaine.
L'année dernière, j'allais faire cours la boule au ventre en me demandant ce qu'ils allaient encore me faire, j'étais exactement dans la situation de mask : insomnies, impossibilité de penser à autre chose, le soir, le we, etc. Cette année je me fais une joie d'aller retrouver mes élèves. Forcément, dans ces conditions, les cours ne sont pas de la même qualité !
Du coup, j'appréhende mon affectation pour l'année prochaine.
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- valentineNiveau 3
Ben... lu ce message il y a plus de deux heures, et ça a du mal à passer...
phychi67" : "Plutôt que de venir au collège avec une arme, vas-y avec un instrument de musique "
Très honnêtement, je suis bien contente que cela fonctionne pour vous : tant mieux ! je ne pense pas que je vivrai mieux les violences quotidiennes si on m'assurait que tous les profs de France s'en prennent eux aussi plein la g...
Mais alors quand même, quand on sait jusqu'où ça peut aller, quand on sait ce que ça peut représenter pour ses collègues débutants (et il serait étrange que vous l'ignoriez complètement) le "faites l'amour pas la guerre", c'est tellement léger comme conseil que ça en devient presque insultant !
"Tout n'est pas rose dans le collège, mais j'avoue que beaucoup d'élèves me voient de façon totalement différente et j'ai l'impression d'être beaucoup plus respecté que mes collègues "
Là aussi, j'ai du mal : vous contentez-vous de faire un constat ou donnez-vous un conseil ? Une fois encore, tant mieux pour le constat. Mais pour le conseil...
Finalement, ça veut dire quoi "les élèves me voient d'une façon différente" ? Il faudrait qu'ils nous voient comment ? Comme des potes ? comme des animateurs ? Et on fait comment quand on ne joue que du violoncelle dans un collège où les élèves (merde ! viens d'écrire "les élèvent", ça va très mal !) n'écoutent que du rap et conchient tout ce qui se peut apparenter à une culture classique ? J'y crois moyen le coup d'une ptite suite de Bach entre 13h et 14h avec des volontaires alors que de 12h à 13h, le cours sur Molière a viré au cauchemar ! Ça me rappelle le personnage du "prof-humain-à-lécoute-des-élèves-contre-linjustice-du-système" dans la Journée de la jupe. Les élèves que j'ai cette année seraient plutôt, eux aussi, du genre à mépriser, éventuellement à cogner, tout ce qui voudrait se rapprocher un peu trop d'eux. Mes élèves, voyez-vous, c'est pas des bouffons, eux, ça parle pas avec des baltringues de prof.
Pi on fait comment quand on joue de rien, quand on sait pas dessiner, qu'on aime pas le ciné, qu'on sait juste analyser une phrase, étudier la formation du lexique, lire et commenter des textes et qu'on s'est dit un jour - me miseram ! - "tiens si je transmettais ce plaisir-là ?"
Trois ans seulement (et encore, on comptant l'année de stage à 6 heures de cours hebdo) que j'enseigne et j'en ai déjà plus qu'assez des conseils du tye "faut les prendre à l'affectif".
Et quand on a peur d'eux ? La peur, ça relève de l'affectif aussi.
Si on leur apprenait à RESPECTER leurs professeurs EN TANT QU'ILS SONT PROFESSEURS et pas selon le bon vouloir de leur "personnalité" balbutiante. Si on n'avait pas peur en allant au collège. Si on travaillait dans une ambiance sereine. Si on était assuré d'un soutien rapide et efficace au moindre "incident grave". Si ces "incidents graves" n'étaient pas notre lot quotidien... si tout ça, moi, j'ai un paquet d'idées sympas à faire avec ces mômes que je ne déteste pas, dont j'ai profondément pitié et à qui je voudrais tellement être utile. Si tout ça. Pas avant.
V.G.
phychi67" : "Plutôt que de venir au collège avec une arme, vas-y avec un instrument de musique "
Très honnêtement, je suis bien contente que cela fonctionne pour vous : tant mieux ! je ne pense pas que je vivrai mieux les violences quotidiennes si on m'assurait que tous les profs de France s'en prennent eux aussi plein la g...
Mais alors quand même, quand on sait jusqu'où ça peut aller, quand on sait ce que ça peut représenter pour ses collègues débutants (et il serait étrange que vous l'ignoriez complètement) le "faites l'amour pas la guerre", c'est tellement léger comme conseil que ça en devient presque insultant !
"Tout n'est pas rose dans le collège, mais j'avoue que beaucoup d'élèves me voient de façon totalement différente et j'ai l'impression d'être beaucoup plus respecté que mes collègues "
Là aussi, j'ai du mal : vous contentez-vous de faire un constat ou donnez-vous un conseil ? Une fois encore, tant mieux pour le constat. Mais pour le conseil...
Finalement, ça veut dire quoi "les élèves me voient d'une façon différente" ? Il faudrait qu'ils nous voient comment ? Comme des potes ? comme des animateurs ? Et on fait comment quand on ne joue que du violoncelle dans un collège où les élèves (merde ! viens d'écrire "les élèvent", ça va très mal !) n'écoutent que du rap et conchient tout ce qui se peut apparenter à une culture classique ? J'y crois moyen le coup d'une ptite suite de Bach entre 13h et 14h avec des volontaires alors que de 12h à 13h, le cours sur Molière a viré au cauchemar ! Ça me rappelle le personnage du "prof-humain-à-lécoute-des-élèves-contre-linjustice-du-système" dans la Journée de la jupe. Les élèves que j'ai cette année seraient plutôt, eux aussi, du genre à mépriser, éventuellement à cogner, tout ce qui voudrait se rapprocher un peu trop d'eux. Mes élèves, voyez-vous, c'est pas des bouffons, eux, ça parle pas avec des baltringues de prof.
Pi on fait comment quand on joue de rien, quand on sait pas dessiner, qu'on aime pas le ciné, qu'on sait juste analyser une phrase, étudier la formation du lexique, lire et commenter des textes et qu'on s'est dit un jour - me miseram ! - "tiens si je transmettais ce plaisir-là ?"
Trois ans seulement (et encore, on comptant l'année de stage à 6 heures de cours hebdo) que j'enseigne et j'en ai déjà plus qu'assez des conseils du tye "faut les prendre à l'affectif".
Et quand on a peur d'eux ? La peur, ça relève de l'affectif aussi.
Si on leur apprenait à RESPECTER leurs professeurs EN TANT QU'ILS SONT PROFESSEURS et pas selon le bon vouloir de leur "personnalité" balbutiante. Si on n'avait pas peur en allant au collège. Si on travaillait dans une ambiance sereine. Si on était assuré d'un soutien rapide et efficace au moindre "incident grave". Si ces "incidents graves" n'étaient pas notre lot quotidien... si tout ça, moi, j'ai un paquet d'idées sympas à faire avec ces mômes que je ne déteste pas, dont j'ai profondément pitié et à qui je voudrais tellement être utile. Si tout ça. Pas avant.
V.G.
- EmeraldiaÉrudit
Je pense que le collègue donnait juste un conseil pour s'évader et voulait témoigner de l'impact positif que ça avait eu sur les élèves mais n'en fait pas une généralité.
Après, je conçois que ça puisse vous agacer si vous souffrez dans votre établissement : évidemment que non, nous n'allons pas tous apprendre à jouer d'un instrument juste pour se les mettre dans la poche, je trouve déjà qu'on en fait bcp pour créer, modifier nos cours pour bien peu de résultat face à des gens qui n'ont pas le sens du travail...
Pour vous consoler, je peux vous dire que je chante ds un groupe de rock, que mes élèves l'ont vu sur le net (je ne leur ai pas dit) et qu'ils m'ont gonflée, se sont foutu de moi en parlant de la Nouvelle Star. Avec mon sens de la répartie bien aiguisé par ce métier, je les ai ramenés sur terre en leur faisant remarquer qu'ils ne voyaient pas plus loin que la télé... Là, plus aucune remarque concernant cela du coup...
Après, je conçois que ça puisse vous agacer si vous souffrez dans votre établissement : évidemment que non, nous n'allons pas tous apprendre à jouer d'un instrument juste pour se les mettre dans la poche, je trouve déjà qu'on en fait bcp pour créer, modifier nos cours pour bien peu de résultat face à des gens qui n'ont pas le sens du travail...
Pour vous consoler, je peux vous dire que je chante ds un groupe de rock, que mes élèves l'ont vu sur le net (je ne leur ai pas dit) et qu'ils m'ont gonflée, se sont foutu de moi en parlant de la Nouvelle Star. Avec mon sens de la répartie bien aiguisé par ce métier, je les ai ramenés sur terre en leur faisant remarquer qu'ils ne voyaient pas plus loin que la télé... Là, plus aucune remarque concernant cela du coup...
- ZarkoHabitué du forum
Perso, je pense que ce que dit Psychy67 peut marcher mais dans certaines situations (impossibles dans bcp de classes) et à condition de ne pas tomber dans l'animation-prof-sympa...Là, je rejoins Valentine...Finalement c'est un peu le fond du débat entre pédagogo et ceux qui pensent que nous devons transmettre des savoirs et rien d'autre...
Une confidence, quand j'étais en ZEP, au primaire, j'ai largement utilisé "l'arme musicale" (et j'ai une formation très classique, mais les élèves comprenaient que je leur apportais qq chose et ils étaient demandeurs)...Les élèves adoraient et moi je me régalais, bien que cela me demandait bcp plus de temps (parce qu'en plus je les enregistrais pour faire un CD en fin d'année).
Mais voilà, c'était au temps où j'étais encore bonne poire.
Une confidence, quand j'étais en ZEP, au primaire, j'ai largement utilisé "l'arme musicale" (et j'ai une formation très classique, mais les élèves comprenaient que je leur apportais qq chose et ils étaient demandeurs)...Les élèves adoraient et moi je me régalais, bien que cela me demandait bcp plus de temps (parce qu'en plus je les enregistrais pour faire un CD en fin d'année).
Mais voilà, c'était au temps où j'étais encore bonne poire.
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Chacun a raison de son propre point de vue, mais il n'est pas impossible que tout le monde ait tort. (Gandhi)
La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi. (Albert Einstein)
Tout ce qui ne tue pas rend plus fort...ou bien très malade ! (Nietzsche...et moi, mais pas malade !)
- clemiecamieHabitué du forum
valentine a écrit:Ben... lu ce message il y a plus de deux heures, et ça a du mal à passer...
phychi67" : "Plutôt que de venir au collège avec une arme, vas-y avec un instrument de musique "
Très honnêtement, je suis bien contente que cela fonctionne pour vous : tant mieux ! je ne pense pas que je vivrai mieux les violences quotidiennes si on m'assurait que tous les profs de France s'en prennent eux aussi plein la g...
Mais alors quand même, quand on sait jusqu'où ça peut aller, quand on sait ce que ça peut représenter pour ses collègues débutants (et il serait étrange que vous l'ignoriez complètement) le "faites l'amour pas la guerre", c'est tellement léger comme conseil que ça en devient presque insultant !
"Tout n'est pas rose dans le collège, mais j'avoue que beaucoup d'élèves me voient de façon totalement différente et j'ai l'impression d'être beaucoup plus respecté que mes collègues "
Là aussi, j'ai du mal : vous contentez-vous de faire un constat ou donnez-vous un conseil ? Une fois encore, tant mieux pour le constat. Mais pour le conseil...
Finalement, ça veut dire quoi "les élèves me voient d'une façon différente" ? Il faudrait qu'ils nous voient comment ? Comme des potes ? comme des animateurs ? Et on fait comment quand on ne joue que du violoncelle dans un collège où les élèves (merde ! viens d'écrire "les élèvent", ça va très mal !) n'écoutent que du rap et conchient tout ce qui se peut apparenter à une culture classique ? J'y crois moyen le coup d'une ptite suite de Bach entre 13h et 14h avec des volontaires alors que de 12h à 13h, le cours sur Molière a viré au cauchemar ! Ça me rappelle le personnage du "prof-humain-à-lécoute-des-élèves-contre-linjustice-du-système" dans la Journée de la jupe. Les élèves que j'ai cette année seraient plutôt, eux aussi, du genre à mépriser, éventuellement à cogner, tout ce qui voudrait se rapprocher un peu trop d'eux. Mes élèves, voyez-vous, c'est pas des bouffons, eux, ça parle pas avec des baltringues de prof.
Pi on fait comment quand on joue de rien, quand on sait pas dessiner, qu'on aime pas le ciné, qu'on sait juste analyser une phrase, étudier la formation du lexique, lire et commenter des textes et qu'on s'est dit un jour - me miseram ! - "tiens si je transmettais ce plaisir-là ?"
Trois ans seulement (et encore, on comptant l'année de stage à 6 heures de cours hebdo) que j'enseigne et j'en ai déjà plus qu'assez des conseils du tye "faut les prendre à l'affectif".
Et quand on a peur d'eux ? La peur, ça relève de l'affectif aussi.
Si on leur apprenait à RESPECTER leurs professeurs EN TANT QU'ILS SONT PROFESSEURS et pas selon le bon vouloir de leur "personnalité" balbutiante. Si on n'avait pas peur en allant au collège. Si on travaillait dans une ambiance sereine. Si on était assuré d'un soutien rapide et efficace au moindre "incident grave". Si ces "incidents graves" n'étaient pas notre lot quotidien... si tout ça, moi, j'ai un paquet d'idées sympas à faire avec ces mômes que je ne déteste pas, dont j'ai profondément pitié et à qui je voudrais tellement être utile. Si tout ça. Pas avant.
V.G.
Je ne sais comment réagir à ce message plein de désespoir. Je te souhaite sincèrement de trouver un établissement où tu trouveras le plaisir d'enseigner. Courage!
- SessiExpert
mask a écrit:Bonjour
Je poste suite à un message que je viens de lire sur les insultes envers profs. Cela m'a interpellée. Je me demande comment vous parvenez à vous protéger face à ce statut de bouc émissaire que l'on assume souvent.
Je suis très mal dans ce travail.
J'ai longtemps douté de mes compétences pédagogiques, de ma capacité à intéresser les élèves, à parler en public, etc...
A présent, je commence à penser que c'est surtout une question de personnalité: ils sentent ma fragilité, et je suis trop sensible pour encaisser.
J'enseigne depuis cinq ans avec des hauts et des bas: des classes avec lesquelles ça se passe très bien, d'autres où c'est l'enfer.
Ces classes sont souvent qualifiées de difficiles par mes collègues aussi.
Le problème, c'est que je ne parviens pas à faire face du tout. Lorsqu'une heure de cours se passe mal: bruits, cris, ou autres, je rentre chez moi complètement démontée, je ne dors pas de la nuit et le lendemain, je suis dans un état si piteux que la qualité de mes cours s'en ressent gravement, que je perds pieds même avec les autres classes.
Je me demande donc comment vous faites pour assumer le regard souvent défavorable des élèves.
Dis-toi une chose: ce n'est pas à TOI qu'ils s'attaquent mais au PROFESSEUR, à l'autorité et à la fonction que tu représentes. Quand ils te parlent, quand ils crient ou je ne sais quoi d'autre, cela s'adresse non pas à toi personnellement mais au professeur. Quand on était élève et qu'on avait un prof devant nous, c'était pareil, on n'y voyait pas "l'humain" mais quelqu'un qui représentait une autorité.
Je comprends ce que tu ressens, couper les ponts entre vie professionnelle et vie privée est ce qui m'a causé le plus de problème. Tu dois réussir à te dire que c'est un rôle que tu joues, comme au théâtre, et que quand tu es en classe, tu n'es pas Mask tu la laisses à la porte), humaine, sensible, fragile, tu es le prof, qui maîtrise, qui sanctionne, qui enseigne et qui ne se laisse pas atteindre par la bêtise. Il faut que tu te crées une carapace. Cette année, une collègue m'a dit qu'elle me trouvait distante avec les élèves. Ben oui, c'est ma carapace à moi. Si je ne mets pas cette distance, je me laisse attendrir, et j'ai déjà assez de mal comme ça à garder un climat de travail dans certaines classes.
Essaie aussi, pendant quelques temps au moins, de ne pas prévoir de boulot pour le soir, mais au contraire quelque chose que tu aimes faire. Pas de corrections, pas de préparation. Ainsi, tu peux laisser ton sac au travail et rentrer chez toi pour te faire plaisir.
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- Tout ce que nous pouvons faire est d'ajouter à la création, le plus que nous le pouvons, pendant que d'autres travaillent à la destruction. C'est ce long, patient et secret effort qui a fait avancer réellement les hommes depuis qu'ils ont une histoire.-
Albert Camus
- JaneMonarque
Sessi a écrit: Dis-toi une chose: ce n'est pas à TOI qu'ils s'attaquent mais au PROFESSEUR, à l'autorité et à la fonction que tu représentes. Quand ils te parlent, quand ils crient ou je ne sais quoi d'autre, cela s'adresse non pas à toi personnellement mais au professeur. Quand on était élève et qu'on avait un prof devant nous, c'était pareil, on n'y voyait pas "l'humain" mais quelqu'un qui représentait une autorité.
Je comprends ce que tu ressens, couper les ponts entre vie professionnelle et vie privée est ce qui m'a causé le plus de problème. Tu dois réussir à te dire que c'est un rôle que tu joues, comme au théâtre, et que quand tu es en classe, tu n'es pas Mask tu la laisses à la porte), humaine, sensible, fragile, tu es le prof, qui maîtrise, qui sanctionne, qui enseigne et qui ne se laisse pas atteindre par la bêtise. Il faut que tu te crées une carapace. Cette année, une collègue m'a dit qu'elle me trouvait distante avec les élèves. Ben oui, c'est ma carapace à moi. Si je ne mets pas cette distance, je me laisse attendrir, et j'ai déjà assez de mal comme ça à garder un climat de travail dans certaines classes.
Essaie aussi, pendant quelques temps au moins, de ne pas prévoir de boulot pour le soir, mais au contraire quelque chose que tu aimes faire. Pas de corrections, pas de préparation. Ainsi, tu peux laisser ton sac au travail et rentrer chez toi pour te faire plaisir.
Oui et non; quand ils se moquent de toi parce que tu es vieux/gros/moche/mal sapé (par ex), c'est quand même à toi qu'ils s'en prennent. Ce n'est peut-être qu'un moyen pour dénigrer l'autorité qu'on est supposé représenter, mais ils peuvent se montrer particulièrement blessants.
De plus, en ce qui me concerne, c'est moins tant ce qu'ils disent (effet "copains" et groupe à prendre en compte) que ce qu'ils font ou sont qui peut me perturber. J'ai eu des gamins dans de telles situations que ça m'a vraiment touchée... finalement, c'est plus à force d'absorber malgré eux et malgré moi la misère humaine (et intellectuelle) que ce métier a pu, à un certain moment, me rendre malheureuse.
- Invité31Sage
Je n'ai pas répondu car je ne sais pas me protéger.
J'ai la chance après quelques années en APV et une petite expérience en ZEP APV que ça se passe plutôt bien avec mes élèves. Ca se passe même souvent bien. D'ailleurs les insultes dont j'ai parlé dans un autre fil n'ont pas été proférées par des élèves que j'ai, mais par d'autres que je n'ai pas (dont une ancienne 6e qui m'en veut car je lui avais proposé une SEGPA).
Je ne sais pas à quoi ça tient; l'expérience, probablement, le fait d'être en poste fixe depuis quelques années là-bas très certainement aussi.
Tant mieux pour moi car je suis très émotive et je ne sais pas séparer le professionnel du privé, d'autant que mes collègues pour certains sont de véritables amis. Là, j'ai appris que notre CDE s'en allait, je le trouvais vraiment bien et j'ai du mal à digérer la nouvelle. Enfin ça sort du sujet, mais c'est pour dire que je mets beaucoup d'affectif dans le boulot, c'est bizarre.
D'ailleurs je commets souvent un lapsus révélateur: "maison" au lieu de "collège".
J'ai la chance après quelques années en APV et une petite expérience en ZEP APV que ça se passe plutôt bien avec mes élèves. Ca se passe même souvent bien. D'ailleurs les insultes dont j'ai parlé dans un autre fil n'ont pas été proférées par des élèves que j'ai, mais par d'autres que je n'ai pas (dont une ancienne 6e qui m'en veut car je lui avais proposé une SEGPA).
Je ne sais pas à quoi ça tient; l'expérience, probablement, le fait d'être en poste fixe depuis quelques années là-bas très certainement aussi.
Tant mieux pour moi car je suis très émotive et je ne sais pas séparer le professionnel du privé, d'autant que mes collègues pour certains sont de véritables amis. Là, j'ai appris que notre CDE s'en allait, je le trouvais vraiment bien et j'ai du mal à digérer la nouvelle. Enfin ça sort du sujet, mais c'est pour dire que je mets beaucoup d'affectif dans le boulot, c'est bizarre.
D'ailleurs je commets souvent un lapsus révélateur: "maison" au lieu de "collège".
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