Nouveau thème BTS : le rire

Rire : pour quoi faire ?
Problématique
Rien ne semble plus spontané que le rire : on éclate de rire, on rit aux larmes, on en rit encore, on rit pour un rien. N'y-a-t-il dans le rire rien de sérieux, rien de sensé, aucune intention ?
« Rire, boire et chanter ! » : on rit pour se distraire, on détend ses muscles et ses zygomatiques. L'image du rieur est celle d'un bon vivant qui sait conjuguer les plaisirs du corps et ceux de l'esprit.
« Plus on est de fous, plus on rit ! » : on rit douze fois moins seul qu'en présence d'autres personnes, signe que le rire a une fonction sociale. On rit pour communiquer, pour échanger, on invente des blagues et des mots d'esprit dans une connivence joyeuse, on fait rire pour séduire. Dérider autrui est une façon d'humaniser les rapports inter-personnels.
« C'est vraiment pour rire ? » : du rire collectif au rire d'exclusion, il n'y a qu'un pas. Le rire est souvent un rire contre autrui. Un groupe trouve volontiers sa cohésion dans l'exclusion railleuse et aime à désigner un bouc émissaire qui essuiera ses plaisanteries.
« Ah, je ris de me voir si belle en ce miroir ! » : la comédie et les humoristes nous offrent un reflet de nous-mêmes, de nos petits travers, et nous aident à porter un autre regard sur nous-mêmes. Castigat ridendo mores, disent les anciens.
« Battez-moi plutôt, et me laissez rire tout mon soûl ! » (Molière, Le Bourgeois gentilhomme) : rire offre un refuge salutaire à l'individu qui un jour a besoin de mettre une barrière entre le monde et lui. Rire manifeste une force de subversion qui s'oppose à un pouvoir abusif qui veut tout contrôler
Manifestation de sagesse individuelle et collective, rire ne permet-il pas en définitive de se construire ? Savoir rire de soi, accepter qu'on rie de soi, ne serait-ce pas autant de promesses d'une vie sociale apaisée ?

Indications bibliographiques
Ces indications ne constituent en aucun cas un programme de lectures. Elles proposent des pistes et des suggestions pour permettre à chaque enseignant de s'orienter dans la réflexion sur le thème et d'élaborer son projet pédagogique.

Littérature
Aristophane, Lysistrata.
Coluche, Et vous trouvez ça drôle ?
Pierre Dac, Dico franco-loufoque.
Pierre Desproges, Le Petit Reporter, Le Tribunal des flagrants délires.
Feydeau, La Dame de chez Maxim.
Flaubert, Madame Bovary ( première partie, chapitre 1, les élèves et la casquette de Charles Bovary).
Hugo, L'Homme qui rit (livre II, chapitre 2 ; livre VIII, chapitre 7 ; livre IX, chapitre 2).
Hugo, Notre-Dame de Paris (livre I, chapitre 5).
Jarry, Ubu Roi.
Molière, Le Malade imaginaire, Le Bourgeois gentilhomme.
Rabelais, Gargantua.
Voltaire, Dictionnaire philosophique, article Foi, section III.
Zola, Nana ( chapitre 1).

Essais
Héliane Bernard, Alexandre Faure, C'est quoi le rire ? (2009).
Raymond Devos, Matière à rire (2006).
Sigmund Freud, Le Mot d'esprit et sa relation avec l'inconscient (1905).
Aymar du Chatenet, Caroline Guillot, René Goscinny, Faire rire, quel métier ! (2009).
Jim Holt, Petite Philosophie des blagues et autres facéties (2008).
Georges Minois, Histoire du rire et de la dérision (2000).
Olivier Mongin, Éclats de rire. Variations sur le corps comique (2001).
Valère Novarina, Pour Louis de Funès (1989).
Robert Provine, Le Rire, sa vie, son œuvre : le plus humain des comportements expliqué par la science (2003).
Jean-Michel Ribes, Le Rire de Résistance, de Diogène à Charlie Hebdo (2007).
Éric Smadja, Le Rire, Que sais-je ? (1993).

Films, documents iconographiques, bandes dessinées
D. Boon, Bienvenue chez les Ch'tis (2008).
C. Chaplin, Le Dictateur (1940).
B. Edwards, The Party (1968).
M. Hazanavicius, OSS117 Rio ne répond plus (2008).
G. Lautner, Les Tontons flingueurs (1963).
P. Leconte, Les Bronzés (1978), Ridicule (1995).
J. Lewis, Docteur Jerry et Mister Love (1963).
E. Lubitsch, To be or not to be (1942).
G. Oury, Les Aventures de Rabbi Jacob (1973).
J.-M. Poiré, Le père Noël est une ordure (1982).
F. Veber, Le Dîner de cons (1998).
J. Tati, Les Vacances de Monsieur Hulot (1953), Mon oncle (1958).
L. Tirard, Le Petit Nicolas (2009).
B. Wilder, Certains l'aiment chaud (1959).
Caricaturistes du XIX° siècle : Daumier, A. Gill.
Dessins de presse contemporaine : Cabu, Siné, Plantu, Wolinski.
Bandes dessinées humoristiques : Astérix (R. Goscinny, A. Uderzo), Titeuf (ZEP).

Sites et documents internet, médias
Captations de spectacles d'humoristes : Florence Forestie, Elie Kakou, Anne Roumanoff, Elie Semoun.
Chorégraphie : Ha ! Ha ! (Maguy Marin, 2006, Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape).
Émissions TV : Les Guignols de l'info ; Les Têtes à claques ; Les Jackass ; Les films en 5 secondes (par exemple « Amadeus en 5 secondes »).
Presse satirique : Charlie-Hebdo, Le Canard Enchaîné.
« Mourir de rire ! » Courrier international, supplément au n°978-979-980 du 1er au 18 août 2009.
« Pourquoi les Français ont besoin de rire », Le Figaro magazine, 3-03-2008
http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/
Vidéo INA : « Essayons de ne pas rire avant la fin d'Hamlet », La minute nécessaire de Monsieur Cyclopède - 13-02-1984
http://www.ina.fr/art-et-culture

Mots clés
Fou rire - éclats de rire - rire aux anges - rire à chaudes larmes - mourir de rire - rire sous cape - rire du bout des lèvres - rire à gorge déployée - rire jaune.
Pince-sans-rire - boute-en-train - bouffon
Divertissement - allégresse - joie - euphorie - exultation - bonheur - insouciance - gaieté - hilarité
Comédie - farce - ironie - satire - dérision - autodérision - subversion - contestation - caricature
Se moquer - blaguer - plaisanter - caricaturer
Esprit de sérieux - sens de l'humour
Rire est le propre de l'homme - Jean qui rit, Jean qui pleure - Mieux vaut en rire qu'en pleurer - Qui rit vendredi, dimanche pleurera - Rira bien qui rira le dernier

Ma première réaction, c'est de penser que traiter du rire sans intégrer Bergson dans les éléments de bibliographie, c'est tout de même étonnant.

Titeuf, les Ch'tis et OSS 117 y sont.
On va bien rire.

John a écrit:Ma première réaction, c'est de penser que traiter du rire sans intégrer Bergson dans les éléments de bibliographie, c'est tout de même étonnant.

J'y pensais aussi.
Ceci dit, rien ne t'empêche de le caser. Et la liste n'est qu'indicative, non? J'imagine qu'il faut réfléchir aux différentes sources du rire.

Spoiler:

Ben même une biblio indicative sur le rire : sans Bergson, ça fait bizarre.

Ce qui m'étonne, c'est la présence d'essais datant tous de la fin du XXème siècle. Des réflexions "contemporaines", donc, comme si les penseurs du passé n'avaient rien à en dire. Seul Freud fait exception (et encore, j'aurais plutôt mis "l'inquiétante étrangeté", qui complète bien Bergson).

Est-ce le constat historique d'une absence de réflexion sur le sujet (faux puisque le livre de Bergson fait référence) ou choix volontaire de la pensée contemporaine (plus "moderne", plus "accessible"...) ?

John a écrit:Ma première réaction, c'est de penser que traiter du rire sans intégrer Bergson dans les éléments de bibliographie, c'est tout de même étonnant.

Pire, il n'y a pas Bataille qui demeure un grand penseur du rire souverain.

Si certains doivent s'y coller, je peux retrouver des éléments de biblio. (notamment sur le rire chez les anciens, colloque édite chez J.Millon).

Il y a "Rire des Dieux" aussi, et "Le rire chez les Grecs".

Et le Nom de la rose, qui est le roman / essai / biblio définitif sur la question ?

on vous dit les Bronzés ou les cht'i vous partez sur Bergson Bataille et Eco:soyez sérieux!

rire sardonique

Je n'avais pas vu que les Bronzés fait partie des indications bibliographiques.

Ce qui est bien avec ce programme, c'est qu'il prend en compte le niveau et les préoccupations de nos étudiants.
Faut-il en rire ?

Lornet a écrit:Je n'avais pas vu que les Bronzés fait partie des indications bibliographiques.

Ce qui est bien avec ce programme, c'est qu'il prend en compte le niveau et les préoccupations de nos étudiants.
Faut-il en rire ?

En même temps, les Bronzés, ce n'est plus trop leur génération.
Ce serait plutôt Brice de Nice...

Ils ne parlent pas non plus de la célèbre citation du Mariage de Figaro : "Je m'empresse de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer"?

Et De L'essence du rire de Baudelaire passe à la trappe ce qui est quand même assez fou.

Carabas a écrit:

Lornet a écrit:Je n'avais pas vu que les Bronzés fait partie des indications bibliographiques.

Ce qui est bien avec ce programme, c'est qu'il prend en compte le niveau et les préoccupations de nos étudiants.
Faut-il en rire ?

En même temps, les Bronzés, ce n'est plus trop leur génération.
Ce serait plutôt Brice de Nice...

Ils ne parlent pas non plus de la célèbre citation du Mariage de Figaro : "Je m'empresse de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer"?

Ni Marivaux, ni Beaumarchais ne sont mentionnés.
Au niveau des dramaturges, Aristophane, Molière et Jarry...c'est "light"...
Le film Le petit Nicolas est cité, mais pas les livres.
Quant aux humoristes, leur choix est très subjectif : Florence Forestie (?), Elie Kakou, Anne Roumanoff, Elie Semoun.

Ahum...bof bof...et on a le droit d'ajouter les auteurs que vous citez en plus même s'ils n'apparaissent pas sur la biblio indicative ?

Ben oui : si la biblio est "indicative", elle est indicative

Pour avoir un peu bossé le sujet ces deux derniers mois, je peux vous dire qu'il y a peu de textes exploitables.
Beaucoup de textes font rire, mais ils ne sont pas utilisables en synthèse. L'objectivité requise nous amène à choisir des textes qui parlent du rire et des effets de réception. Eh bien, il y en a très peu et ça tourne vite en rond.
J'ai eu beaucoup de mal à construire mes corpus pour les Annales.

Bon courage à tous.

Ma question concerne l'autre thème : c'est toujours "détours" ?

Non c'est génération(s)

Merci Agamemnon.

Bonjour

Je ne suis pas certaine qu'on se marre tant que ça sur un tel sujet. Je me suis rendue compte par le passé que l'étude des comédies est souvent minutieuse et exigente si l'ont veut bien saisir le fonctionnement du comique.
Il y a un que sais-je sur le rire que je vais tenter d'acheter.
Un groupe de travail est-il en place?
Amicalement.

LouisaCala a écrit:Bonjour

Je ne suis pas certaine qu'on se marre tant que ça sur un tel sujet. Je me suis rendue compte par le passé que l'étude des comédies est souvent minutieuse et exigente si l'ont veut bien saisir le fonctionnement du comique.
Il y a un que sais-je sur le rire que je vais tenter d'acheter.
Un groupe de travail est-il en place?
Amicalement.

Le Que sais-je est inutile. Le plus intéressant, ce sont les bouquins d'Olivier Mongin.
Ca ne fait pas lourd...

mince, je viens de commander le que sais-je....
pourquoi t'a-t-il semblé inutile?

LouisaCala a écrit:mince, je viens de commander le que sais-je....
pourquoi t'a-t-il semblé inutile?

De mémoire, il prend des entrées qui ne nous intéressent pas vraiment ou qui ne sont pas accessibles pour les étudiants.
Cela dit, tu pourras te faire ton opinion...