Qu'est-ce qu'une lecture plaisir pour nos élèves?

Juste une question, une vraie : ils liront Stevenson en classe, ok (ou Hugo, Maupassant, Corneille, ...). Et après ? Après leurs études, quand il n'y aura plus de prescripteur ? Ceux qui continueront à lire sont de toute façon les bons lecteurs. Les autres, et bien... ils auront découvert (et c'est essentiel, nous sommes bien d'accord) Stevenson.

Qu'est-ce qui est important ? En faire des lecteurs ? En faire des élèves possédant un bagage culturel minimum ? Est-il important que nos élèves aiment lire ?
Doc', pourquoi un manga serait-il meilleur pour nos élèves qu'un Highsmith ? (là encore, véritable question)

Naturellement, je ne suis pas pour les faire absolument chier avec la lecture. Les contes, c'est le pain et le sel d'une classe de primaire (ça devrait en tout cas). Les BD, ça peut-être des merveilles. La SF, la fantasy, tant que vous voulez.

Mais en faire un véritable outil, sur lequel on compte, pour faire des élèves des lecteurs, non. Le plaisir, c'est intime, c'est personnel. Qu'on discute esthétique, qu'on leur montre certains canons de la beauté, qu'on capitalise sur le plaisir de lecture pour aller plus loin, c'est de bonne guerre, c'est même très noble. Mais attention à la manipulation.

Personnellement, je ne me fais pas du tout une tragédie que tous mes élèves n'aiment pas lire. Je conçois que tous les goûts sont dans la nature, et que l'intelligence, le goût, la finesse même, peuvent avoir d'autres origines que les livres chez les élèves. Il est vrai que le pourcentage de vrais lecteurs est désolant.

Qu'ils ne sachent pas lire parce qu'il ne savent pas parler, c'est un vaste débat (encore un ). Pour ma part, je pense qu'une base de vocabulaire est nécessaire (boulot de la maternelle), mais que l'apprentissage réel de la lecture prend le relais et permet d'apprendre à mieux parler.

Et... je fais chier avec mes débats ?

sérafina a écrit:Doc', pourquoi un manga serait-il meilleur pour nos élèves qu'un Highsmith ? (là encore, véritable question)

J'ai dit Highsmith parce que dans ma tête de non lecteur de littérature contemporaine, c'est un exemple de grosse bouse commerciale. Je me trompe (vraie question) ?

Un bon manga : tous les élèves ont lu Naruto. Et c'est bien, parce que c'est franchement une bonne histoire, avec de bons personnages, des moments extrêmement émouvant. Je préfère ça que certains bouquins écrits spécifiquement pour eux.

Pour Poups et les autres : un salon de lecture, pourquoi pas ? Ca peut être bien. De même pour les exposés libres. Mais cela ne doit pas selon moi prendre du temps sur la lecture en classe, ni nous faire croire que c'est par le plaisir qu'on appatera les élèves.

Conviction personnelle : ce n'est pas par le plaisir qu'on motive, mais par la révélation soudaine et miraculeuse d'une capacité, d'un progrès, d'un supplément d'être. Le désir et le plaisir ne sont souvent, sur ce plan-là, que des miroirs aux alouettes. (voir René Girard).

Il faut bien comprendre que dans mes classes cette année, aucun élève ne lit. Moi je préfère qu'ils lisent n'importe quoi, plutôt qu'ils ne lisent rien. Savez-vous grâce à quel auteur j'ai commencé à lire? Barbara Cartland! Véridique! De ces romans, je suis passée aux Angélique d'Anne et Serge Golon, le contexte historique m'ayant plu, j'ai cherché à en savoir plus sur Louis XIV et l'affaire des poisons et je suis allée à la bibliothèque emprunter Mme de Sévigné et Voltaire. Peu m'importe la manière dont ils entrent en lecture du moment qu'ils y entrent.

Pseudo a écrit:Bd, oui, mais aussi les albums. Il en a de de magnifiques. Pour les bd, pour faire moins cher, vous pouvez taper dans le manga.

Ne pas oublier l'humour, même un peu gore. Les chroniques du marais qui pue par exemple pour les 6eme.

Le fantastique. Toujours pour les 6eme Les chroniques de speaderwick.

Pourquoi éviter les séries ? Le cdi peut proposer les suivants, c'est au contraire un excellent levier pour faire lire.

Pour les plus agées, la collection "confessions" marche bien, et c'est souvent de qualité. Des écrivains jeunesse raconte un épisode de leur jeunesse (la découverte de l'amour de la lecture par exemple, la découverte de l'homesexualité, les problèmes quand on est trop petit, ou trop gros...)

Si ces directions te semblent intéressantes, dis-le moi, je peux te trouver d'autres titres quand je serai au cdi. Mais il faut que tes collègues soient partant pour ce type de propositions. On est loin de L'île au trésor ou des Trois mousquetaires...

Merci pour ces idées, je vais en parler à mes collègues. Il va déjà falloir les convaincre de participer au projet. Le chef veut faire participer toutes les classes de 6e et 5e.

Tu peux être fière de toi !
Je comprends ton point de vue Nestya !
Il faut tout essayer ! et tu as raison !

Nestya a écrit:Il faut bien comprendre que dans mes classes cette année, aucun élève ne lit. Moi je préfère qu'ils lisent n'importe quoi, plutôt qu'ils ne lisent rien. Savez-vous grâce à quel auteur j'ai commencé à lire? Barbara Cartland! Véridique! De ces romans, je suis passée aux Angélique d'Anne et Serge Golon, le contexte historique m'ayant plu, j'ai cherché à en savoir plus sur Louis XIV et l'affaire des poisons et je suis allée à la bibliothèque emprunter Mme de Sévigné et Voltaire. Peu m'importe la manière dont ils entrent en lecture du moment qu'ils y entrent.

C'est une belle expérience, vraiment. Mais je doute qu'elle soit généralisable. Dans le lot des p'tites gamines qui lisent de la chick-lit, la plupart continueront à lire de la chick-lit (ou Voici, ou rien) une fois l'adolescence passée. Je trouve que dans cette conception de l'enseignement de la littérature à l'école (en tant que recherche du plaisir de lire, à tout prix), si elle est dominante ou exclusive, on fait le jeu des éditeurs davantage que celui de la culture.
On voit que les éditeurs se ruent sur le marché ado, en segmentant de plus en plus le marché, flattant les bas instincts et les préjugés (de genre, notamment). La lecture plaisir est pour moi une impasse (sous réserve de me convaincre, je suis open).

Si on touche un domaine qu' ils aiment bien , oui le conte hum ,
le conte peut déboucher sur autre chose....
Si on prend le thème des enfants , il ya le Petit lord Fontleroy ( Ortho ?). On peut penser à David Copperfield.
L'idée serait de créer une continuité de façon à ce qu'ils prennent le goût de la lecture...

Poups a écrit:Si on touche un domaine qu' ils aiment bien , oui le conte hum ,
le conte peut déboucher sur autre chose....
Si on prend le thème des enfants , il ya le Petit lord Fontleroy ( Ortho ?). On peut penser à David Coperfield.
L'idée serait de créer une continuité de façon à ce qu'ils prennent le goût de la lecture...

doctor who a écrit:

Nestya a écrit:Il faut bien comprendre que dans mes classes cette année, aucun élève ne lit. Moi je préfère qu'ils lisent n'importe quoi, plutôt qu'ils ne lisent rien. Savez-vous grâce à quel auteur j'ai commencé à lire? Barbara Cartland! Véridique! De ces romans, je suis passée aux Angélique d'Anne et Serge Golon, le contexte historique m'ayant plu, j'ai cherché à en savoir plus sur Louis XIV et l'affaire des poisons et je suis allée à la bibliothèque emprunter Mme de Sévigné et Voltaire. Peu m'importe la manière dont ils entrent en lecture du moment qu'ils y entrent.

C'est une belle expérience, vraiment. Mais je doute qu'elle soit généralisable. Dans le lot des p'tites gamines qui lisent de la chick-lit, la plupart continueront à lire de la chick-lit (ou Voici, ou rien) une fois l'adolescence passée. Je trouve que dans cette conception de l'enseignement de la littérature à l'école (en tant que recherche du plaisir de lire, à tout prix), si elle est dominante ou exclusive, on fait le jeu des éditeurs davantage que celui de la culture.
On voit que les éditeurs se ruent sur le marché ado, en segmentant de plus en plus le marché, flattant les bas instincts et les préjugés (de genre, notamment). La lecture plaisir est pour moi une impasse (sous réserve de me convaincre, je suis open).

Je comprends ton point de vue et il y a quelques années, je pensais plus ou moins comme toi. Mais depuis que je suis dans ce collège, je suis confrontée à une telle misère culturelle que je suis prête à tout essayer. Ce projet ne sera que ça: un essai. Si ça ne marche pas, si les conséquences ne sont pas positives, on laissera tomber et on essayera autre chose.

Poups a écrit:Si on touche un domaine qu' ils aiment bien , oui le conte hum ,
le conte peut déboucher sur autre chose....
Si on prend le thème des enfants , il ya le Petit lord Fontleroy ( Ortho ?). On peut penser à David Coperfield.
L'idée serait de créer une continuité de façon à ce qu'ils prennent le goût de la lecture...

Ce serait bien si on pouvait. Mais faire aimer la lecture à des quasi-illettrés (car le problème est là) à l'aide de David Copperfield...

Nestya a écrit:

doctor who a écrit:

Nestya a écrit:Il faut bien comprendre que dans mes classes cette année, aucun élève ne lit. Moi je préfère qu'ils lisent n'importe quoi, plutôt qu'ils ne lisent rien. Savez-vous grâce à quel auteur j'ai commencé à lire? Barbara Cartland! Véridique! De ces romans, je suis passée aux Angélique d'Anne et Serge Golon, le contexte historique m'ayant plu, j'ai cherché à en savoir plus sur Louis XIV et l'affaire des poisons et je suis allée à la bibliothèque emprunter Mme de Sévigné et Voltaire. Peu m'importe la manière dont ils entrent en lecture du moment qu'ils y entrent.

C'est une belle expérience, vraiment. Mais je doute qu'elle soit généralisable. Dans le lot des p'tites gamines qui lisent de la chick-lit, la plupart continueront à lire de la chick-lit (ou Voici, ou rien) une fois l'adolescence passée. Je trouve que dans cette conception de l'enseignement de la littérature à l'école (en tant que recherche du plaisir de lire, à tout prix), si elle est dominante ou exclusive, on fait le jeu des éditeurs davantage que celui de la culture.
On voit que les éditeurs se ruent sur le marché ado, en segmentant de plus en plus le marché, flattant les bas instincts et les préjugés (de genre, notamment). La lecture plaisir est pour moi une impasse (sous réserve de me convaincre, je suis open).

Je comprends ton point de vue et il y a quelques années, je pensais plus ou moins comme toi. Mais depuis que je suis dans ce collège, je suis confrontée à une telle misère culturelle que je suis prête à tout essayer. Ce projet ne sera que ça: un essai. Si ça ne marche pas, si les conséquences ne sont pas positives, on laissera tomber et on essayera autre chose.

! !

Nestya, j'espère que je me trompe et que ça marchera, alors.

doctor who a écrit:

Poups a écrit:Si on touche un domaine qu' ils aiment bien , oui le conte hum ,
le conte peut déboucher sur autre chose....
Si on prend le thème des enfants , il ya le Petit lord Fontleroy ( Ortho ?). On peut penser à David Coperfield.
L'idée serait de créer une continuité de façon à ce qu'ils prennent le goût de la lecture...

Ce serait bien si on pouvait. Mais faire aimer la lecture à des quasi-illettrés (car le problème est là) à l'aide de David Copperfield...

ça s'est vrai. A leur âge ou presque (j'étais en 4e, je crois), j'ai pu lire Voltaire toute seule car je savais lire. Or, même si mes élèves le désiraient, je suis malheureusement persuadée qu'ils en seraient pour la plupart incapables.

doctor who a écrit:Nestya, j'espère que je me trompe et que ça marchera, alors.

ça ne marchera probablement pas pour tous, l'objectif n'est d'ailleurs pas là, mais si ça pouvait éveiller certains...

doctor who a écrit:

Poups a écrit:Si on touche un domaine qu' ils aiment bien , oui le conte hum ,
le conte peut déboucher sur autre chose....
Si on prend le thème des enfants , il ya le Petit lord Fontleroy ( Ortho ?). On peut penser à David Coperfield.
L'idée serait de créer une continuité de façon à ce qu'ils prennent le goût de la lecture...

Ce serait bien si on pouvait. Mais faire aimer la lecture à des quasi-illettrés (car le problème est là) à l'aide de David Copperfield...

Il ya l'Enfant Noir.
David Copperfield existe en version abrégée .Je comprends ton étonnement parce que c'est un pavé.
Si les choses se font petit à petit , peut-être qu'il ya de l'espoir...

Le vrai problème pour moi, c'est qu'ils n'ont pas acquis dès la primaire une vraie capacité de lecture, adaptée à leur âge naturellement.
Confrontés, après de nombreux échecs et des années de lecture plaisir où ils n'ont jamais rien pané, à leur médiocrité récurrente et presque fatale, nombre d'élèves sont dégoûtés, et une grande majorité sue à grosse gouttes pour lire le moindre article de journal.

C'est comme si on me demandais de faire un match contre Federer, devant 4000 spectateurs hilares, à me prendre des balles à 220 km/heure dans la fraise. Enjoy!

Nestya a écrit:

doctor who a écrit:Nestya, j'espère que je me trompe et que ça marchera, alors.

ça ne marchera probablement pas pour tous, l'objectif n'est d'ailleurs pas là, mais si ça pouvait éveiller certains...

!
J' y crois dur comme fer !

Poups a écrit:

doctor who a écrit:

Poups a écrit:Si on touche un domaine qu' ils aiment bien , oui le conte hum ,
le conte peut déboucher sur autre chose....
Si on prend le thème des enfants , il ya le Petit lord Fontleroy ( Ortho ?). On peut penser à David Coperfield.
L'idée serait de créer une continuité de façon à ce qu'ils prennent le goût de la lecture...

Ce serait bien si on pouvait. Mais faire aimer la lecture à des quasi-illettrés (car le problème est là) à l'aide de David Copperfield...

Il ya l'Enfant Noir.
David Copperfield existe en version abrégée .Je comprends ton étonnement parce que c'est un pavé.
Si les choses se font petit à petit , peut-être qu'il ya de l'espoir...

Je milite moi-aussi pour la progressivité des lectures. Mais il faut commencer tôt, et ne jamais faire précéder la construction d'une capacité par la création d'envies surdimensionnées.

doctor who a écrit:Le vrai problème pour moi, c'est qu'ils n'ont pas acquis dès la primaire une vraie capacité de lecture, adaptée à leur âge naturellement.
Confrontés, après de nombreux échecs et des années de lecture plaisir où ils n'ont jamais rien pané, à leur médiocrité récurrente et presque fatale, nombre d'élèves sont dégoûtés, et une grande majorité sue à grosse gouttes pour lire le moindre article de journal.

C'est comme si on me demandais de faire un match contre Federer, devant 4000 spectateurs hilares, à me prendre des balles à 220 km/heure dans la fraise. Enjoy!

Tu n'as pas tort ! Mais qui ne tente rien n'a rien !
J' en reviens toujours aux contes ....Ils peuvent être l'élément déclencheur....

doctor who a écrit:

Je milite moi-aussi pour la progressivité des lectures. Mais il faut commencer tôt, et ne jamais faire précéder la construction d'une capacité par la création d'envies surdimensionnées.

D'après ce que j'ai compris, non seulement les écoles maternelles et primaires du REP participeront au salon mais également la crèche! Es-ce sufisamment tôt?

doctor who a écrit:

Poups a écrit:

doctor who a écrit:

Poups a écrit:Si on touche un domaine qu' ils aiment bien , oui le conte hum ,
le conte peut déboucher sur autre chose....
Si on prend le thème des enfants , il ya le Petit lord Fontleroy ( Ortho ?). On peut penser à David Coperfield.
L'idée serait de créer une continuité de façon à ce qu'ils prennent le goût de la lecture...

Ce serait bien si on pouvait. Mais faire aimer la lecture à des quasi-illettrés (car le problème est là) à l'aide de David Copperfield...

Il ya l'Enfant Noir.
David Copperfield existe en version abrégée .Je comprends ton étonnement parce que c'est un pavé.
Si les choses se font petit à petit , peut-être qu'il ya de l'espoir...

Je milite moi-aussi pour la progressivité des lectures. Mais il faut commencer tôt, et ne jamais faire précéder la construction d'une capacité par la création d'envies surdimensionnées.

Comment fais- tu ?

Faut se faire une raison, on n'arrivera pas à 100% de lecteurs. Mais il faut essayer d'en avoir le plus possible. Aucune méthode n'est parfaite, aucune ne convient à tous. Pour lutter contre l'analphabétisme et l'illettrisme, toutes les méthodes sont bonnes (certaines sont meilleures) si elles obtiennent des résultats.
Alors courage Nestya !

Bof. L'expérimentation qui ne s'appuie pas sur une conceptualisation, je n'y crois pas trop. A la limite, c'est le même raisonnement que ceux qui veulent payer les élèves non absentéistes. Tant que ça marche.

Toujours dans les classiques de la littérature anglaise, puisqu'il a été question de 'David Copperfield' et du petit 'Lord Fauntleroy', il y a aussi "La petite princesse" et "Le jardin secret" (de Hodson Burnett aussi). Plus abordable que Dickens, mais trop "mignon" pour nos élèves d'aujourd'hui peut-être ?

Je ne connais pas le livre. Par contre , j'ai vu la Petite Princesse en DVD ! Un régal !