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sand
Guide spirituel

Blues d'une prof ordinaire... - Page 4 Empty Re: Blues d'une prof ordinaire...

par sand Dim 31 Jan 2010 - 20:43
Et si tu tirais de tout cela que tu es droite, courageuse mais pas surhumaine ? Gare à l'épuisement, Audrey !
V.Marchais
V.Marchais
Empereur

Blues d'une prof ordinaire... - Page 4 Empty Re: Blues d'une prof ordinaire...

par V.Marchais Dim 31 Jan 2010 - 21:18
D'abord, Audrey, reçois tout mon soutien.
Nous sommes nombreux, je crois, à être tentés d'en faire beaucoup plus qu'il ne faut - et à le faire déjà en grande partie malgré tout.
Mais je crois que c'est très pervers.
D'abord parce que cela te mine et que tes élèves et toi, vous serez bien avancés quand tu auras atteint le stade du burn-out.
Mais surtout parce que je pense qu'il y a là une stratégie particulièrement vicieuse de la part des gouvernements successifs depuis quelques années : on réduit les moyens, on augmente notre nombre de classes, on nous impose des heures sup pour compenser les suppressions de postes, on supprime les COP (ça, c'est le nouvel horizon tout proche) et on met en place le Parcours de Découverte Professionnelle (ou un intitulé dans le genre) qui alourdit encore notre charge de travail... Le concept, qui a fait ses preuves, est toujours le même : on supprime postes et moyens et on compte sur nous pour assurer le travail pour le même prix - c'est-à-dire que tout ce surplus est bénévole. Pour nous motiver, on nous culpabilise : nous avons un métier si noble, et regardez ces pauvres enfants... L'état se désengage à tout point de vue et nous demande de pallier tous ses manquements, bénévolement en plus ! Faut pas marcher dans une combine aussi sordide.

Le seul moyen de nous en sortir est de refuser mordicus tout ce qui relève de ce bénévolat - et puis quoi encore ? - :
- refus des réunions non statutaires ou abusives (il y a qqs jours, mon CE vient me trouver pour me demander de me rendre, deux jours plus tard, un mercredi - alors que je ne travaille pas - à une réunion de liaison collège-lycée. J'ai dit non. Pas disponible au débotté, comme ça. Pas disponible tout court. Si c'est si important, cette liaison, on banalise une demi-journée et on fait un travail sérieux, mais ces counillages, ça commence à bien faire !)
- refus des heures sup ;
- refus de la charge de PP (Vous avez mis en rapport le boulot et la prime ? C'est n'importe quoi ! Et ça va pas aller en s'arrangeant.)
- et la gestion de classe, c'est dans les limites du raisonnable. Quand ça déborde, je file le relais à l'administration - après tout, c'est leur boulot. Moi, je suis PROFESSEUR, pas éduc spé.

Ca paraît raide mais c'est comme ça qu'on survit, et qu'on retrouve une sérénité qui profite à tout le monde.

L'an dernier, avec le boulot sur le manuel en plus du reste (je ne peux pas me permettre une temps partiel inférieur à 80%), j'ai cru mourir. Je n'avais plus de vie perso. Avec deux jeunes enfants, c'est terrible. Cette année, j'ai décidé de ne pas revivre ça : mercredi, quoi qu'il arrive, c'est jour des enfants, je ne bosse pas. Eh bien le monde ne s'écroule pas. On apprend à "prioriser les urgences", comme dit mon chéri qui bosse à l'hôpital.

Ton urgence à toi, Audrey, je crois bien que c'est te prendre ta journée piano+cinoche+verre en terrasse avec une copine+flâneries diverses.

Un peu de yin dans le yang : un peu d'égoïsme dans la générosité, c'est nécessaire.

Tu ne peux pas compenser tout ce que l'EN ne fait pas. Ce n'est pas à toi de le faire.

Courage, Audrey.
Audrey
Audrey
Oracle

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par Audrey Dim 31 Jan 2010 - 21:30
Merci Véronique....
doublecasquette
doublecasquette
Enchanteur

Blues d'une prof ordinaire... - Page 4 Empty Re: Blues d'une prof ordinaire...

par doublecasquette Dim 31 Jan 2010 - 21:35
Notion de base:
Nul n'est irremplaçable et moi pas plus que les autres.
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Tidjani
Niveau 9

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par Tidjani Dim 31 Jan 2010 - 21:35
V. Marchais : bravo !
Je suis plutôt du genre Andrey, à tout vouloir faire et à bosser à plein temps alors que je n'ai qu'un 66% parce que j'ai 3 enfants de moins de 5 ans. Et bien ton post vient de me remettre les idées au clair ! effectivement, nous ne sommes ni éduc spé, ni COP et il va falloir que je me rentre ça dans le crâne le plus rapidement possible ! un grand merci !
V.Marchais
V.Marchais
Empereur

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par V.Marchais Dim 31 Jan 2010 - 21:42
Merci pour le bravo, ceci dit, le discours, je me le sers encore souvent à moi-même. C'est un peu mon mantra, mon truc d'alcoolique anonyme, ma prière du soir avant de m'endormir... "Allez, vas-y, tu peux le faire, tu vas y arriver : tu peux bosser moins !"

Allez, Audrey, rejoins le Rehab !
avatar
Tidjani
Niveau 9

Blues d'une prof ordinaire... - Page 4 Empty Re: Blues d'une prof ordinaire...

par Tidjani Dim 31 Jan 2010 - 21:53
Tiens, je viens d'écrire en gros et en rouge sur mon agenda :
je ne suis ni éduc spé ni COP !!!
Et ce, sur la couverture. Comme ça, en plus, tout le monde le saura dès que je sortirai mon agenda. Et toc !
Audrey
Audrey
Oracle

Blues d'une prof ordinaire... - Page 4 Empty Re: Blues d'une prof ordinaire...

par Audrey Dim 31 Jan 2010 - 22:08
Hum... Véronique...
Je crois que ça va être dur pour moi d'arrêter de faire mon Amy..

They tried to make me go to rehab, but i said no no no ...

Very Happy
Evariste
Evariste
Niveau 7

Blues d'une prof ordinaire... - Page 4 Empty Re: Blues d'une prof ordinaire...

par Evariste Dim 31 Jan 2010 - 23:55
chanig a écrit:alors cela doit être bien symptomatique de ce métier...

Oui
Evariste
Evariste
Niveau 7

Blues d'une prof ordinaire... - Page 4 Empty Re: Blues d'une prof ordinaire...

par Evariste Dim 31 Jan 2010 - 23:56
V.Marchais a écrit:D'abord, Audrey, reçois tout mon soutien.
Nous sommes nombreux, je crois, à être tentés d'en faire beaucoup plus qu'il ne faut - et à le faire déjà en grande partie malgré tout.
Mais je crois que c'est très pervers.
D'abord parce que cela te mine et que tes élèves et toi, vous serez bien avancés quand tu auras atteint le stade du burn-out.
Mais surtout parce que je pense qu'il y a là une stratégie particulièrement vicieuse de la part des gouvernements successifs depuis quelques années : on réduit les moyens, on augmente notre nombre de classes, on nous impose des heures sup pour compenser les suppressions de postes, on supprime les COP (ça, c'est le nouvel horizon tout proche) et on met en place le Parcours de Découverte Professionnelle (ou un intitulé dans le genre) qui alourdit encore notre charge de travail... Le concept, qui a fait ses preuves, est toujours le même : on supprime postes et moyens et on compte sur nous pour assurer le travail pour le même prix - c'est-à-dire que tout ce surplus est bénévole. Pour nous motiver, on nous culpabilise : nous avons un métier si noble, et regardez ces pauvres enfants... L'état se désengage à tout point de vue et nous demande de pallier tous ses manquements, bénévolement en plus ! Faut pas marcher dans une combine aussi sordide.

Le seul moyen de nous en sortir est de refuser mordicus tout ce qui relève de ce bénévolat - et puis quoi encore ? - :
- refus des réunions non statutaires ou abusives (il y a qqs jours, mon CE vient me trouver pour me demander de me rendre, deux jours plus tard, un mercredi - alors que je ne travaille pas - à une réunion de liaison collège-lycée. J'ai dit non. Pas disponible au débotté, comme ça. Pas disponible tout court. Si c'est si important, cette liaison, on banalise une demi-journée et on fait un travail sérieux, mais ces counillages, ça commence à bien faire !)
- refus des heures sup ;
- refus de la charge de PP (Vous avez mis en rapport le boulot et la prime ? C'est n'importe quoi ! Et ça va pas aller en s'arrangeant.)
- et la gestion de classe, c'est dans les limites du raisonnable. Quand ça déborde, je file le relais à l'administration - après tout, c'est leur boulot. Moi, je suis PROFESSEUR, pas éduc spé.

Ca paraît raide mais c'est comme ça qu'on survit, et qu'on retrouve une sérénité qui profite à tout le monde.

L'an dernier, avec le boulot sur le manuel en plus du reste (je ne peux pas me permettre une temps partiel inférieur à 80%), j'ai cru mourir. Je n'avais plus de vie perso. Avec deux jeunes enfants, c'est terrible. Cette année, j'ai décidé de ne pas revivre ça : mercredi, quoi qu'il arrive, c'est jour des enfants, je ne bosse pas. Eh bien le monde ne s'écroule pas. On apprend à "prioriser les urgences", comme dit mon chéri qui bosse à l'hôpital.

Ton urgence à toi, Audrey, je crois bien que c'est te prendre ta journée piano+cinoche+verre en terrasse avec une copine+flâneries diverses.

Un peu de yin dans le yang : un peu d'égoïsme dans la générosité, c'est nécessaire.

Tu ne peux pas compenser tout ce que l'EN ne fait pas. Ce n'est pas à toi de le faire.

Courage, Audrey.

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miss sophie
miss sophie
Expert spécialisé

Blues d'une prof ordinaire... - Page 4 Empty Re: Blues d'une prof ordinaire...

par miss sophie Lun 1 Fév 2010 - 19:02
Comme je me reconnais dans vos posts ! A en faire beaucoup, à me dire que c'est trop, et à ne pas savoir comment en faire moins sans faire mal... Je me dis que pour bien faire mon boulot sans sacrifier ma vie personnelle, il faudrait que je sois à mi-temps ; ce qui n'est financièrement pas envisageable. Je suis bien d'accord avec tous les messages pointant un dysfonctionnement de l'EN et même une volonté délibérée de nous en faire plus pour gagner autant.
ysabel
ysabel
Devin

Blues d'une prof ordinaire... - Page 4 Empty Re: Blues d'une prof ordinaire...

par ysabel Lun 1 Fév 2010 - 19:05
C'est pour cela qu'il faut refuser tout bénévolat... et se contenter de ce qui est inscrit dans les textes.

Les administrations tentent toujours d'aller plus loin, il faut résister et comme ce qui est en dehors de nos obligations de service ne peut être sanctionné...

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