Que faire face à un suicide d'élève ?

Sei a écrit:Je partage l'avis de Lene.
Chacun-e réagit comme il peut lorsqu'il-elle est confronté-e à un événement aussi dramatique.
On a aussi le droit aussi de ressentir une certaine indifférence, ou plutôt, dans ce cas précis, de cristalliser ses émotions à un endroit qui peut être jugé un peu à côté de l'horreur.
Je trouve dur le jugement sur la bonne façon de réagir face à un événement pareil, d'autant qu'AED semble très jeune.
(Quant à reprocher à AED, sur ce poste précis, de mal s'exprimer... est-ce vraiment utile ?)

J'espère que tu pourras trouver de l'écoute, AED.

Merci. J’en ai pas encore parlé avec lui, mais mon seul collègue , qui peut comprendre ce que je ressens, c’est celui qui a un fils dans ce lycée.
On nous reproche de péter les plombs « trop » longtemps. (Ah ouais c’est vrai vous avez perdu une élève , nous on a un membre de notre famille deuil..) , de délaisser les collégiens (ben ouais la c’est les lycéens qui ont besoin de nous), d’être trop sensible (visiblement l’empathie , c’est pas trop ça). Enfin, reproche faits , par des collègues hommes, sans enfants. Mes collègues femmes plus âgées ont agis à ce moment là comme des tantes pour moi.

(J’ai 22ans)

« Vous avez perdu une élève », il faut vraiment arrêter de parler comme ça.

Je partage l’avis de Lene et de Sei. Il paraît évident qu’Aed2022 souffre de cette situation, et qu’elle essaie de faire au mieux, dans une situation où il n’y a pas de ‘bonne’ façon de s’y prendre (et visiblement pas de bonne façon de s’exprimer non plus). Un suicide provoque un grand choc et chacun y répond en fonction de ses moyens et de son histoire.
Quant à la posture professionnelle, cela ne vaut que si on sait réellement quelle est la meilleure façon de faire. J’avais entendu après l’attentat au Bataclan qu’il ne fallait surtout pas dire aux gens qui s’accusaient d’avoir été là au mauvais moment ‘ce n’est pas de ta faute’ car c’était une façon pour le cerveau de donner du sens. C’est bien évidemment ce que j’aurais dit, comme la plupart des gens, car je ne suis pas spécialiste. A moins qu’Aed n’ait suivi une formation spécifique ‘comment réagir face à des élèves qui accusent un autre d’avoir poussé un troisième au suicide’, je vois mal en quoi on peut lui reprocher de ne pas avoir eu la ‘bonne’ posture. Quand on n’a pas reçu de formation, bien souvent, dans l’urgence, on agit par réflexe. Et on protégerait alors tous ou presque un membre de notre famille.

DesolationRow a écrit:« Vous avez perdu une élève », il faut vraiment arrêter de parler comme ça.

Et donc je suis censée en parler comment ? Avoir de la compassion pour des collègues, qui visiblement en ont rien à faire ? (Ex. La journée du drame, on m’a quand même dit d’accepter que des problèmes du quotidien, tel que des problèmes en perm ou en classe, est aussi une urgence.)

dandelion a écrit:Je partage l’avis de Lene et de Sei. Il paraît évident qu’Aed2022 souffre de cette situation, et qu’elle essaie de faire au mieux, dans une situation où il n’y a pas de ‘bonne’ façon de s’y prendre (et visiblement pas de bonne façon de s’exprimer non plus). Un suicide provoque un grand choc et chacun y répond en fonction de ses moyens et de son histoire.
Quant à la posture professionnelle, cela ne vaut que si on sait réellement quelle est la meilleure façon de faire. J’avais entendu après l’attentat au Bataclan qu’il ne fallait surtout pas dire aux gens qui s’accusaient d’avoir été là au mauvais moment ‘ce n’est pas de ta faute’ car c’était une façon pour le cerveau de donner du sens. C’est bien évidemment ce que j’aurais dit, comme la plupart des gens, car je ne suis pas spécialiste. A moins qu’Aed n’ait suivi une formation spécifique ‘comment réagir face à des élèves qui accusent un autre d’avoir poussé un troisième au suicide’, je vois mal en quoi on peut lui reprocher de ne pas avoir eu la ‘bonne’ posture. Quand on n’a pas reçu de formation, bien souvent, dans l’urgence, on agit par réflexe. Et on protégerait alors tous ou presque un membre de notre famille.

D’ailleurs, c’est différent bien sûr. Mais à 16ans, j’ai perdu mon professeur d’économie, de l’époque, dans les attentats de Nice. Et cet événement, remonte ça en moi.

Exactement. Et la, par réflexe, j’ai protégé un autre élève d’un membre de ma famille. Paradoxalement, on me reproche d’avoir mélanger vie pro & perso. Alors que c’est peut-être ce qui a évité un second drame dans la même journée.

AED, pour l'avoir vécu, je peux affirmer qu'un événement traumatique fait remonter les autres traumas en chaîne.
Vraiment, n'hésite pas à rechercher de l'aide.

Sei a écrit:AED, pour l'avoir vécu, je peux affirmer qu'un événement traumatique fait remonter les autres traumas en chaîne.
Vraiment, n'hésite pas à rechercher de l'aide.

J’irai voir l’infirmière scolaire demain.
Mais je peux m’empêcher de rentrer dans la paranoïa : Et si un autre élève fait de même si je (ou un(e) de mes collègues) ne suis pas là ? Qui va protéger le garçon tabassé quand il va revenir en cours ? Etc.
Comment aider les petit(e)s frères / sœur de ces élèves quand ils vont poser des questions ?

Tu pourras poser toutes ces questions à la cellule d'écoute, AED. C'est exactement pour cela qu'elle est mise en place, en plus d'offrir un espace pour pouvoir déposer ses propres émotions.

La réflexion à mener à propos du garçon tabassé dépasse tes compétences, doit être prise en charge très sérieusement, et relayée auprès des équipes de l'établissement.

Sei a écrit:Tu pourras poser toutes ces questions à la cellule d'écoute, AED. C'est exactement pour cela qu'elle est mise en place, en plus d'offrir un espace pour pouvoir déposer ses propres émotions.

La réflexion à mener à propos du garçon tabassé dépasse tes compétences, doit être prise en charge très sérieusement, et relayée auprès des équipes de l'établissement.

C’est sûr. Au niveau collègues et hiérarchie, on nous dit juste de faire attention, mais de ne pas paniquer.

Merci à Lene79, Sei, Misssophie et Dandelion de m’avoir lu sans jugements. <3