Elève exclue par les autres parce qu'elle est pauvre.

c'est une forme de racisme...pourquoi ne pas, sans mentionner l'élève, partir de textes argumentatifs sur la pauvreté, la discrimination (des articles de journaux par ex, ou textes sur les sauvages, etc...), pour en arriver aux diférentes discriminations qui existent, réfléchir aux cas des gays, des minorités ethniques, des femmes...puis d'autres discriminations ici la pauvreté.

Et pourquoi pas réfléchir après aux pubs sur les marques, justement, ce qui se cache derrière, l'exploitation des enfants, etc.

Pourquoi ne pas faire une heure de vie de classe sur les discriminations, en expliquant que c'est illégal et que ce n'est pas toléré, dans l'école ou ailleurs ?

En disant que l'âge, le handicap, le poids, le sexe, les origines, la couleur de peau, l'orientation sexuelle, la classe sociale, etc. ne doivent pas être des éléments de discrimination. Et tu peux donner des exemples très précis, intégrant le cas de la jeune fille sans qu'elle soit désignée directement : une maghrébine à qui on refuse un emploi à cause de son nom, une jeune fille pauvre avec qui on refuse de jouer, un couple homo à qui on refuse de louer un logement, un handicapé qu'on refuse d'embaucher alors qu'il travaillerait aussi bien qu'un autre, etc. Tu peux dire que tu fais ce thème parce que c'est au programme (ils n'iront pas vérifier).

Tu peux éventuellement faire intervenir l'assistante sociale pendant cette heure, mais je dirais que ce serait plus intéressant si elle était psychologue de formation, car elle pourrait parler de ce thème aussi.

C'est con de rejeter une jeune fille parce qu'elle est pauvre.

Dans ce que tu racontes, Nestya, je retrouve un peu une expérience que j'ai déjà vécue il y a quelques années avec une élève de 4°. Elle était très bonne élève, un peu solitaire, avec des parents pas très riches, donc elle ne portait d'habits de marques elle non plus et était très rejetée. A un tel point que dans ses rédactions elle me parlait de suicide. Un jour elle s'est retrouvée tellement excédée par le comportement de ses camarades qu'elle partie s'enfermer dans les toilettes en menaçant de se tuer.
Bon bref, j'ai souvent parlé avec elle avant de savoir quelle stratégie mettre en place pour aborder le problème avec les autres camarades. Elle ne portait pas de marques, mais en plus avait déjà le recul nécessaire pour comprendre à quel point ce petit jeu de la mode était stérile. Sa mère lui a finalement payé quelques fringues griffées qu'elle portait sans vraiment d'intérêt mais au moins elle avait des contacts. C'était une horreur pour elle d'en arriver là. Un jour où elle était absente, j'ai parlé à la classe pour avoir leur son de cloche. Et on a passé l'heure à débattre (elle avait quelques alliés). Ce fut un truc du genre:
"pourquoi être à la mode?
- Pour ne pas être comme tout le monde.
- Donc vous n'aimez pas l'uniformité?
- Non, on préfère être différents.
- Ah? Pourtant quand je vous regarde vous portez tous la même chose: même style de vêtements, mêmes marques...Pour moi vous êtes en uniformes, non?
- Ben si...
- Et puis si vous voulez être différents, c'est que vous êtes ouverts à tout, non? Regardez Machin, il a un cheveu sur la langue, vous lui parlez? Trucmuche qui s'est cassé la jambe, vous l'aidez?
- Ben oui.
- Alors pourquoi ne pas parler à quelqu'un sous prétexte qu'il ne s'habille pas selon les critères du moment...

Ca avait aussi fait l'objet d'un travail d'équipe. En Lorraine, on enseigne la religion au collège. Leur prof, une amie, a récupéré l'affaire pour les faire réfléchir. la doc aussi s'y était mise, etc. Maintenant, cette élève, qui a fait Abi-Bac, a obtenu son bac avec mention et a intégré une école de journalisme.

Tout ça pour dire qu'il faut tout mettre en oeuvre parce qu'elle est peut-être en danger, cette petite. Alerte aussi l'administration.

Je ressors ce post car je pensais que le problème était réglé, or ce matin, la gamine est revenue me voir pour me dire que ça recommençait. Elle se fait insulter régulièrement depuis une semaine. Quand je lui ai demandé si elle pouvait me donner des noms, elle m'a dit que c'était encore toute la classe, à part 2 élèves. J'ai identifié un des meneurs, mais connaissant les gamins, ça m'étonnerait qu'il soit le seul. Je vais prendre le meneur à part dès jeudi et le punir (je n'ai pas encore réfléchi à la sanction) mais que faire pour le reste de la classe? pour les suiveurs? Quand on leur a parlé du respect au 1er trimestre, ils nous ont sorti un tas de choses intéressantes en classe mais une fois en dehors de la classe, c'est terminé. Ils recommencent à s'insulter et à se taper dessus. Cette classe m'énerve!!!

Le problème est compliqué ; si tu interviens, les élèves concernés sauront que la gamine t'a raconté. Ils ne risquent pas d'être d'autant plus désagréables avec elle ?

Même dans mon 93, dans ma cité défavorisée, où tous - ou presque - manquent d'argent, où ces gamins ont la haine du "bourge" qu'ils ne savent pas définir, j'entends des choses pareilles.
Une gamine de ma 5° a été insultée pendant des semaines parce que d'autres l'avaient croisée revenant des courses avec sa mère, portant des pâtes "Prix Gagnant". Ca vole haut...

Nestya a écrit:Dans la classe où je suis PP, j'ai une élève qui est totalement à l'écart des autres. Je viens d'apprendre qu'elle se fait insulter par les autres car sa famille est pauvre. Elle est pourtant habillée correctement, propre sur elle...mais ses parents n'ont pas les moyens de lui acheter des marques. Je suis pourtant dans un collège où les familles ne roulent pas sur l'or et nombreux sont les parents qui sont au chômage. Et pourtant, il y a quand même une espèce de discrimination par les marques. Les autres élèves lui jettent à la figure des pièces de 1 ou 2 centimes en lui disant d'aller se rhabiller...
Bref, je suis outrée et je me demande ce que je peux faire. Lundi, j'avais prévu une heure de vie de classe pour préparer le conseil de classe mais l'assistante sociale m'a proposé de passer afin d'en discuter avec la classe. Qu'en pensez-vous? Que puis-je faire d'autre?

Alors là... remontage de bretelles sérieux avec la menace du conseil de discipline!

Parce que harcèlement moral + discrimination, c'est très grave, à mon sens!

Et intervenir auprès des délégués de parents d'élèves de cette classe pour qu'ils fassent passer le message que tout élève qui sera choppé à faire n'importe quelle remarque désobligeante et discriminante écopera d'une exclusion de 3 jours, et qu'ils incitent les autres parents à en parler avec leurs mômes pour les recadrer un peu ? Je suppose que FCPE et autres seront tout à fait d'accord pour dénoncer ces brimades.

Anna Maria a écrit:Le problème est compliqué ; si tu interviens, les élèves concernés sauront que la gamine t'a raconté. Ils ne risquent pas d'être d'autant plus désagréables avec elle ?

C'est ce que je crains. Je crois que je vais leur dire que des élèves sont venus se plaindre, sans citer personne.