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- JennyMédiateur
Intimidations, campagne de harcèlement numérique, courriers anonymes, "flash mob" devant les établissements... Des syndicats d’enseignants et des professeurs rencontrés par franceinfo se disent sous la pression croissante de groupes de parents militants qu'ils classent à l’extrême-droite, dont en particulier le mouvement "Parents vigilants", créé l’an dernier par Eric Zemmour. Face à ces mises en cause parfois violentes de leur liberté d’enseigner, certains de ses enseignants disent hésiter à aborder en classe les questions de migration, de minorités, de genre ou de sexualité.
"J’ai reçu des menaces de viol et de mort par courrier électronique, par courrier, par les réseaux sociaux ou encore par le standard de l'établissement, se souvient Sophie Djigo au micro de franceinfo. Quelqu’un a menacé de me dépecer." Ces pressions sont "largement efficaces", déplore la professeure, qui estime ne pas être un cas isolé. "J'ai reçu depuis beaucoup de messages de collègues dans toute la France, en particulier des enseignants de SVT, d'histoire et de lettres, qui se retrouvent confrontés à des pressions de groupes qui refusent l'enseignement de la théorie du genre, du fait islamique en cours d'histoire, l'enseignement de la Shoah, des mémoires de l'esclavage, de l'histoire coloniale ou de la décolonisation."
https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-choix-franceinfo/enquete-ecole-comment-l-extreme-droite-tente-d-intimider-les-professeurs_6069969.html
- TivinouDoyen
Je trouve cette ingérence terrifiante, et je me demande à quoi ressembleront la France et le monde dans une dizaine d'années quand ma fille sera adulte.
- SoiréeHabitué du forum
J'en parlais à un collègue qui m'a demandé mon avis suite à des interrogations de parents. Ils n'hésitent pas à exploiter la défiance des parents éloignés des codes de l'école, notamment les parents rendus méfiants à l'égard de l'institution par l'ouverture en grande pompe par le ministre et ses services de la saison de la chasse à l'abaya.
Bref très exactement ce qu'on était plusieurs à prévoir.
Bref très exactement ce qu'on était plusieurs à prévoir.
- Patience et raisonFidèle du forum
J'ai déminé en tant que parent "élu" un début de bronca sur EVRAS: clairement, certains sujets sont sensibles avec des parents qui réagissent à partir de rumeurs (sans aucune vérification préalable, ce qui me fait penser que les animations d'éducation aux médias devraient aussi concerner les parents d'élèves).
_________________
Scio me nihil scire
Ambassadeur de Sparte à Byzance.
« Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit » — Henri Lacordaire
« Quand le droit bavarde, le citoyen ne lui prête plus qu'une oreille distraite » — Rapport du Conseil d'État de 1991, De la sécurité juridique.
"Alors n’oubliez pas : si vous voulez vraiment être productifs, apprenez à travailler avec des outils qui font gagner du temps au lieu de tout refaire à la main. Mais si votre passion, c’est de ne surtout pas utiliser de livres déjà complets, et de réécrire votre propre truc à chaque fois parce que « Je préfère utiliser mes propres outils et je n’arrive pas à utiliser ceux des autres« , alors félicitations :
Vous êtes bons pour rejoindre l’Éducation Nationale française." Odieux ***.
- SoiréeHabitué du forum
Le problème majeur que l'on va avoir dans un grand nombre d'établissements c'est la très piètre qualité des relations entre parents et professeurs déjà sur des sujets moins inflammables et sans dangereux manipulateurs qui agissent en douce.
- SolovieïNiveau 10
15 jours après cette rentrée, mon CdE m'a informé qu'on lui avait remis une pétition de parents s'indignant que je ne laisse pas sortir de classe leurs enfants pour aller à la buvette "se désaltérer" ou à l'infirmerie. La direction les a évidemment atomisés dans les grandes largeurs. L'école actuelle est un dinosaure qui, même s'il mute à notre corps défendant, repose encore sur des valeurs qui ne sont plus celles de la société qui l'environne.
Aucun dispositif, aucune réforme, aucun décret ne peut régler cela. C'est un débat de fond qu'il faut mener, à propos des principes et valeurs que l'institution souhaite incarner. On sait bien que ce débat est impossible, d'autant qu'il impliquerait nécessairement les principaux concernés, à savoir les enseignants.
Je pense que la rupture est faite, le divorce consommé, entre cette école et la société française. Qu'on laisse les gens à leurs misères, leurs chimères. Ceux qui connaissent les ficelles, qui savent l'importance d'une instruction solide et complète (et de l'éducation aux valeurs qui l'accompagne), eux trouveront toujours où mettre leurs enfants. Qu'il en soit ainsi : cela nous garantit une réserve d'emplois, à ceux qui comme moi refusent de participer à cette mascarade, même si de fait j'y suis bien moins confronté que mes collègues en France. Malheureusement, il y a une culture de la revendication de tout sur tout, de la protestation et du scandale, qui s'exporte très bien.
Aucun dispositif, aucune réforme, aucun décret ne peut régler cela. C'est un débat de fond qu'il faut mener, à propos des principes et valeurs que l'institution souhaite incarner. On sait bien que ce débat est impossible, d'autant qu'il impliquerait nécessairement les principaux concernés, à savoir les enseignants.
Je pense que la rupture est faite, le divorce consommé, entre cette école et la société française. Qu'on laisse les gens à leurs misères, leurs chimères. Ceux qui connaissent les ficelles, qui savent l'importance d'une instruction solide et complète (et de l'éducation aux valeurs qui l'accompagne), eux trouveront toujours où mettre leurs enfants. Qu'il en soit ainsi : cela nous garantit une réserve d'emplois, à ceux qui comme moi refusent de participer à cette mascarade, même si de fait j'y suis bien moins confronté que mes collègues en France. Malheureusement, il y a une culture de la revendication de tout sur tout, de la protestation et du scandale, qui s'exporte très bien.
- SoiréeHabitué du forum
Quel discours défaitiste. Tu nous fournis la ciguë j'espère ?
- PhyliaNiveau 9
C'est sympa d'être traités au même rang que les malfaiteurs, cambrioleurs et rôdeurs en tout genre (cf. le dispositif "Voisins vigilants").
Quelle sera la prochaine étape ? Une milice de surveillance parentale au sein du collège pour scruter tous les propos et gestes des enseignants ?
La profession a de beaux jours devant elle ! Hâte de voir ça !
Ou plutôt, j'espère voir tout cela de loin, très bientôt...
Quelle sera la prochaine étape ? Une milice de surveillance parentale au sein du collège pour scruter tous les propos et gestes des enseignants ?
La profession a de beaux jours devant elle ! Hâte de voir ça !
- Spoiler:
- ... En fait, je le vois déjà... avec un CDE qui n'hésite pas changer de classe une élève à la demande de la mère, parce que M. Untel est trop trop méchant, ou à supprimer une observation d'un enseignant, toujours à la demande des parents, sans même prendre la peine d'en discuter avec le dit enseignant.
Mais sinon, tout va bien !
Ou plutôt, j'espère voir tout cela de loin, très bientôt...
- JennyMédiateur
Phylia a écrit:Quelle sera la prochaine étape ?
Ce qui se passe en Belgique est inquiétant.
https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/18/en-belgique-plusieurs-ecoles-incendiees-apres-une-campagne-d-extremistes-contre-l-education-sexuelle_6189824_3210.html#:~:text=Huit%20écoles%20ont%20été%20incendiées,d%27éducation%20à%20la%20vieHuit écoles ont été incendiées ou vandalisées en Wallonie au cours des derniers jours et, dans six cas au moins, un lien évident a été établi avec une campagne lancée par des milieux religieux radicaux, musulmans et catholiques, et des courants extrémistes et complotistes contre un cours d’éducation à la vie relationnelle affective et sexuelle (Evras), porté par la ministre francophone de l’éducation, Caroline Désir (Parti socialiste).
A noter que la déformation touche aussi la France, pour compléter ce que dit Patience et Raison.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/09/18/deferlante-de-desinformation-a-propos-du-programme-d-education-sexuelle-en-belgique_6189881_4355770.htmlEn parallèle, plusieurs pétitions ont vu le jour. Une première, mise en ligne le 11 septembre et signée par 13 000 personnes, appelle à ce que le ministre de l’éducation nationale français, Gabriel Attal, « réagisse sur sa loi EVRA et la retire » (sic). Un projet pour le moins incongru. Comme le rappelle Libération, il ne s’agit pourtant pas d’une loi, et Evras ne concerne pas la France : Gabriel Attal n’a donc pas grand-chose à voir avec la question.
- BaldredSage
Il est difficile de généraliser à partir de ce qui reste une manip d'extrême droite, avec des méthodes d'extrême droite. La grande majorité des parents ne jouent pas ce jeu là. En revanche, il serait curieux que notre propre inquiétude, nos propres doutes, notre propre défiance envers l'institution ne se répercute pas sur les parents.
- JennyMédiateur
Ce n'est peut être pas généralisable, mais ça me semble pas si rare... Même si évidemment et heureusement, il ne s'agit que de minorité de familles.
Ce genre de choses n'est de toute façon pas à prendre à la légère.La représentante de Sud éducation décrit la précision des menaces. "On s'est retrouvé avec quelques cas où l’on donnait le nom de l'établissement scolaire, où l’on filmait devant l’établissement, où l'on communiquait clairement l'adresse personnelle de l’enseignant. Une campagne de haine. "
- BaldredSage
Jenny a écrit:Ce n'est peut être pas généralisable, mais ça me semble pas si rare... Même si évidemment et heureusement, il ne s'agit que de minorité de familles.
Ce genre de choses n'est de toute façon pas à prendre à la légère.La représentante de Sud éducation décrit la précision des menaces. "On s'est retrouvé avec quelques cas où l’on donnait le nom de l'établissement scolaire, où l’on filmait devant l’établissement, où l'on communiquait clairement l'adresse personnelle de l’enseignant. Une campagne de haine. "
Je ne dis pas que les militants de Zemmour ne sont pas dangereux, bien au contraire. L'école est encore l'objet d'un combat idéologique.
- SolovieïNiveau 10
Soirée a écrit:Quel discours défaitiste. Tu nous fournis la ciguë j'espère ?
Souffrez que je n'aie ni le sens de la vocation ni celui du sacrifice. Avez-vous des signes ou des avancées qui me redonneraient un peu d'optimisme ?
Je me trouve plutôt dans le même ton que les constats partagés sur ce forum.
Par certains côtés, je comprends aussi les parents inquiets, comme nous le sommes face à notre propre employeur et ses politiques. Mais après tout, s'ils ne sont pas contents, qu'ils retirent leurs enfants de là et qu'on en parle plus !
Je suis toujours choqué de la façon dont l'école, notamment le second degré, est perçue comme un service obligatoire, qui emprisonnerait les jeunes, d'où ces situations vécues comme des contraintes, avec leurs inévitables explosions.
- SoiréeHabitué du forum
@Soloveï : je souffre, je souffre (et ne suis que souffrance). C'était un peu une boutade même si le tableau me paraît excessivement sombre.
@Baldred : dans mon établissement il n'y a pas un jour sans que des collègues ne se plaignent abondamment et bruyamment des parents. C'est ce contexte de communication assez difficile de part et d'autre (mais pour moi c'est toujours l'institution qui doit surmonter ces incompréhensions) qui me paraît hautement favorable aux incendiaires.
@Baldred : dans mon établissement il n'y a pas un jour sans que des collègues ne se plaignent abondamment et bruyamment des parents. C'est ce contexte de communication assez difficile de part et d'autre (mais pour moi c'est toujours l'institution qui doit surmonter ces incompréhensions) qui me paraît hautement favorable aux incendiaires.
- SolovieïNiveau 10
@Soirée : j'en conviens, tu n'as pas tort : je suis assez pessimiste, c'est assumé. Je reste convaincu qu'une rupture s'est produite entre la société et l'école, comme cela s'est produit ailleurs (par exemple, cet écart et ce mépris grandissant entre les citoyens et les élus supposés les représenter).
Il y a quand même un climat de règlement de comptes qui règne à et autour de l'école.
Il y a quand même un climat de règlement de comptes qui règne à et autour de l'école.
- MathadorEmpereur
En France l'instruction est obligatoire jusqu'à 16 ans et l'IEF est désormais soumise à autorisation préalable des ronds-de-cuir de l'administration.Solovieï a écrit:Je suis toujours choqué de la façon dont l'école, notamment le second degré, est perçue comme un service obligatoire, qui emprisonnerait les jeunes, d'où ces situations vécues comme des contraintes, avec leurs inévitables explosions.
Donc oui si j'étais parent je considérerais cela comme quelque chose qu'on m'impose, et me sentirais par conséquent légitime à protester contre, voire saboter, des pratiques manifestement débiles.
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- JennyMédiateur
Mathador a écrit:Donc oui si j'étais parent je considérerais cela comme quelque chose qu'on m'impose, et me sentirais par conséquent légitime à protester contre, voire saboter, des pratiques manifestement débiles.
pressions de groupes qui refusent l'enseignement de la théorie du genre, du fait islamique en cours d'histoire, l'enseignement de la Shoah, des mémoires de l'esclavage, de l'histoire coloniale ou de la décolonisation.
Donc on retire ces "pratiques manifestement débiles" des programmes ? et on ne fait plus d'éducation à la sexualité ?
L'article ne parle pas de simples protestations non plus...
- SoiréeHabitué du forum
Ce climat de règlement de compte n'est peut-être pas étranger à l'a priori parfois assez hautain de l'institution à l'égard des parents.
La lettre de remontrances du rectorat en étant un exemple venu de très haut. Mais qui se décline probablement à hauteur d'établissement.
Une hypothèse à ne pas écarter.
Et ce n'est pas une question de responsabilité individuelle des personnels, en particulier les profs. C'est un problème systémique de mon point de vue.
A savoir que les professeurs qui mènent en de multiples occasions des entretiens avec des parents d'élèves ont rarement reçu la moindre formation en la matière...
C'est un simple exemple...
La lettre de remontrances du rectorat en étant un exemple venu de très haut. Mais qui se décline probablement à hauteur d'établissement.
Une hypothèse à ne pas écarter.
Et ce n'est pas une question de responsabilité individuelle des personnels, en particulier les profs. C'est un problème systémique de mon point de vue.
A savoir que les professeurs qui mènent en de multiples occasions des entretiens avec des parents d'élèves ont rarement reçu la moindre formation en la matière...
C'est un simple exemple...
- JennyMédiateur
Ou tout bêtement des parents qui critiquent les contenus des programmes et l'enseignement qu'on peut donner à leurs enfants ?
- SoiréeHabitué du forum
Mais cela fait logiquement partie des situations que l'institution doit être en mesure de surmonter avec professionnalisme.Jenny a écrit:Ou tout bêtement des parents qui critiquent les contenus des programmes et l'enseignement qu'on peut donner à leurs enfants ?
La profession envisage vraiment peu la probabilité assez forte qu'un parent emmerdant le soit le plus souvent en toute bonne foi.
Y compris, dans quelques cas, en étant manipulé du dehors par des acteurs malveillant jusqu'au trognon.
- BaldredSage
Ça marche à tous les coups : l'extrême droite place le débat à sa limite extrême (-ment déraisonnable) et on se met à discuter comme si c'était raisonnable. La frange militante est là pour ça, bien rodée par l'expérience GJ et antivax. Et ce ne sont pas quelques dispositifs qu'ils visent, c'est nous, notre boulot et nos valeurs républicaines.
Le regroupement belge montre bien qui se ressemble.
Et dans ce combat là, les parents ne sont pas nos ennemis naturels.
Le regroupement belge montre bien qui se ressemble.
Et dans ce combat là, les parents ne sont pas nos ennemis naturels.
- EdithWGrand sage
Comme parent élu, avec les deux autres « expérimentés » (qui ont été élus au collège, ne viennent pas seulement pour assister au CC de leur chéri/chérie) on se méfie énormément des candidats au CA qui s’inscrivent pour « défendre les enfants contre l’institution », faire justice etc… on les met en suppléant généralement, l’expérience (7 ans comme élu pour moi et 5 pour les deux autres) ayant prouvé que ça partait en cacahouète assez vite en conseil de classe ou de discipline avec cet état d’esprit. Non pas qu’on soit nous-mêmes exempts de tout a priori et exemplaires et qu’il ne faille jamais contester quoi que ce soit voire essayer de faire changer les choses, mais de façon constructive et surtout en lien/cohérence avec l’équipe. Au lycée de mes filles, on a un excellent relationnel et une confiance très grande des profs et de la CDE, ça se travaille et ce que vous décrivez est absolument abominable. Brrrr. Courage à tous…
Le problème avec beaucoup de parents c’est que ça jacasse, ça râle, ça se réunit pour casser du sucre sur les profs…mais que le jour où il faudrait vraiment agir, il n’y a plus personne… et pourtant, là, on parle danger, manipulation, sévices psy voire parfois aggressions ou autres, choses autrement plus graves que d’enseigner telle ou telle chose, au programme mais défrisant certains.
Le problème avec beaucoup de parents c’est que ça jacasse, ça râle, ça se réunit pour casser du sucre sur les profs…mais que le jour où il faudrait vraiment agir, il n’y a plus personne… et pourtant, là, on parle danger, manipulation, sévices psy voire parfois aggressions ou autres, choses autrement plus graves que d’enseigner telle ou telle chose, au programme mais défrisant certains.
- Spoiler:
- On a eu un gros souci au lycée, si un seul parent de la classe où quelque chose relevant possiblement du pénal s’est passé, avait porté plainte, cette personne ne serait plus devant élèves. Je précise que parents et équipe étaient sur la même longueur d’ondes, tout a été fait en commun.
- SolovieïNiveau 10
Mathador a écrit:En France l'instruction est obligatoire jusqu'à 16 ans et l'IEF est désormais soumise à autorisation préalable des ronds-de-cuir de l'administration.Solovieï a écrit:Je suis toujours choqué de la façon dont l'école, notamment le second degré, est perçue comme un service obligatoire, qui emprisonnerait les jeunes, d'où ces situations vécues comme des contraintes, avec leurs inévitables explosions.
Donc oui si j'étais parent je considérerais cela comme quelque chose qu'on m'impose, et me sentirais par conséquent légitime à protester contre, voire saboter, des pratiques manifestement débiles.
L'instruction ne se résume pas à envoyer son enfant pourrir au collège ou s'ennuyer sur les bancs du lycée. Il existe la voie de l'apprentissage, le lycée pro, etc. Beaucoup de jeunes n'ont simplement pas envie d'être là, ce refus va bien plus loin que l'habituelle et légitime révolte adolescente, surtout si la famille ajoute de l'huile sur le feu (tout en maintenant l'enfant là où il est, cherchez l'erreur).
En tant que parent, puisque c'est l'exemple que tu prends, tu peux aussi scolariser ton enfant à distance (CNED ou autre), discuter avec lui d'une voie qui lui convient (ou lui conviendrait mieux s'il est véritablement en souffrance). Si tu n'es pas content, tu peux aussi prendre en charge ton enfant toi-même, plutôt que d'attendre que les autres le fassent à ta place de la façon qui te sied le mieux.
Le diable est dans les détails et le détail diabolique dans ton propos (auquel j'adhère dans l'ensemble), c'est ce "manifestement débiles". L'idée même de quelque chose de "manifeste", c'est le consensus qui fonderait cet aspect évident pour tous, ce qui suppose une position commune, un bon sens unanimement partagé, un accord collectif à grande échelle. C'est tout le contraire qui se réalise. Aujourd'hui, tout le monde s'autoproclame spécialiste en tout. Si chacun juge à sa façon de la pertinence de l'enseignement, en invoquant le droit légitime que lui procure (selon lui) son individualité propre, on est pas sorti de l'auberge et il vaudrait mieux que chacun se charge de sa propre progéniture. Nos vies ressembleront bien vite à un cours de sociologie médiévale.
Il faut en passer par la soumission aux normes et aux courants dominants (ce qui n'oblige pas forcément à se taire). J'ai l'impression que désormais, toute normativité, tout consensus, sont vus comme des contraintes insupportables et des entraves à la liberté personnelle. Les gens n'ont plus le recul critique, la prise de distance, qui permettent de recevoir d'une part (à l'école) des discours et des idées auxquelles on adhère pas forcément (et auxquelles nous ne sommes pas obligés d'adhérer d'ailleurs, du moins en France) et de cultiver d'autre part (à la maison) des conceptions différentes.
Si vraiment l'école ne nous correspond plus, que c'est insupportable, il faut en prendre son parti (ça c'est facile) et ses responsabilités (ça, c'est plus compliqué !).
- SoiréeHabitué du forum
Je suis d'accord avec toi @baldred . Je pense que notre pire ennemi c'est nous-mêmes d'une certaine façon, du fait de ce réflexe d'envisager les parents comme des ennemis.
- SolovieïNiveau 10
Soirée a écrit:Je suis d'accord avec toi @baldred . Je pense que notre pire ennemi c'est nous-mêmes d'une certaine façon, du fait de ce réflexe d'envisager les parents comme des ennemis.
Réflexe en effet dangereux, que nous avons tous je pense. En tout cas, c'est mon cas. J'y ajoute le manque de formation (oui je sais c'est une excuse tournée en dérision) à la communication "sociale" et, dans mon cas personnel, j'y ajoute ma nature et mon caractère propres, absolument pas diplomatiques ou portés sur la compréhension des parents qui m'infligent leur enfant.
C'est d'ailleurs pourquoi je refuse tout net d'être PP, que j'évite par mille ruses les rendez-vous avec les parents alors que c'est une obligation de service (tout à fait légitime par ailleurs).
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