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- Marcelle DuchampExpert spécialisé
Re: Enseignant porteur de TDA (troubles de déficit de l'attention) : témoignages, avis et conseils ?
Souffrant d’une forte hypersensibilité au bruit, à la lumière et aux odeurs, la vie s’est considérablement améliorée après avoir fait réaliser des bouchons sur mesure dans un magasin d’audition. Ça coûte environ 150€. On peut choisir une occlusion totale du bruit ou une atténuation. J’ai la seconde option. Ça coupe entre 25 et 30 décibels.
La nuit je les enfonce bien et j’entends quasiment rien.
Le jour je les mets sans trop les enfoncer et ça me soulage bcp dans les environnements bruyants.
La nuit je les enfonce bien et j’entends quasiment rien.
Le jour je les mets sans trop les enfoncer et ça me soulage bcp dans les environnements bruyants.
- zigmag17Guide spirituel
Re: Enseignant porteur de TDA (troubles de déficit de l'attention) : témoignages, avis et conseils ?
Swan a écrit:(NB : J'espère poster dans la bonne catégorie. Chers modérateurs, n'hésitez pas à déplacer le sujet si cela vous paraît pertinent)
Bonjour à tous,
Actuellement dans ma 3ème année comme enseignante titulaire, suite à une discussion avec une amie qui n'est pas enseignante mais atteinte de TDAH (troubles de l'attention avec hyperactivité), celle-ci m'a indiqué qu'il lui semblait fort probable que je sois atteinte d'un trouble de déficit de l'attention (sans hyperactivité).
J'ignore si c'est réellement le cas, mais aurais bien voulu récolter des témoignages, avis et conseils de collègues, afin d'y voir un peu plus clair et de pouvoir rendre les journées au collège moins fatigantes.
Pour vous donner le contexte, je commence ma 3ème année comme titulaire, j'aime de plus en plus le métier mais je sors rincée de chaque heure de cours. Au départ, je mettais cela sur le fait que j'étais inexpérimentée et pas très efficace en gestion de classe (comprendre : j'ai du mal à obtenir le silence de la part des élèves et à ce qu'ils me prennent au sérieux et travaillent dans le calme).
Plus le temps passe, plus je progresse en gestion de classe, et je me suis rendu compte récemment que j'avais une ligne rouge que je comptais faire respecter : j'ai besoin (et pense que les élèves aussi ont besoin) d'un silence total, au moins pendant que je parle ou que des élèves prennent la parole. Donc depuis la rentrée, je m'évertue, de manière plus ou moins efficace, à faire respecter cette règle. Je me tais tant que je n'ai pas le silence TOTAL, et si cela dure trop longtemps ou qu'on parle en même temps que moi, je note les noms au tableau, et à la 2ème occurrence je mets une observation dans le carnet. Cela ne rend pas les élèves magiquement moins bavards, mais cela me permet, je trouve, depuis que j'ai mis cela en place : 1) de sortir un peu moins épuisée de cours (car parler au-dessus de bruit est fatigant), 2) de "prendre le contrôle" et de changer un peu ma posture en tant que professeur (c'est moi qui établit les limites et les fais respecter, et si j'estime que quelque chose n'est pas acceptable, je ne l'accepte pas) 3) d'avancer de manière plus satisfaisante 4) d'être moins démoralisée en sortant de cours, et de me sentir plus compétente (estime de soi etc.).
Néanmoins, malgré ces progrès (et peut-être aussi grâce à eux), je me rends compte que, même en ayant des cours beaucoup plus silencieux que les années précédentes, mon cerveau ne supporte toujours pas (d'un point de vue cognitif) le moindre stimulus, notamment sonore, au moment où je parle à la classe. Le moindre élève qui chuchotte, le moindre clic de stylo, m'empêche de garder le fil de ma pensée et donc me demande une énergie assez phénoménale pour pouvoir continuer à parler. Jusqu'à présent, je me disais que c'était sans doute normal, et qu'il fallait que j'apprenne à faire abstraction de ces bruits (ma tutrice m'avait dit qu'avec le temps elle apprenait à les bloquer et ne plus y faire attention). J'ai aussi énormément de mal avec les AESH qui parlent (même discrètement) aux élèves qu'iels accompagnent (parfois malentendants par ailleurs) pendant mes explications (mais je n'ose pas le leur dire car je ne suis pas certaines qu'iels puissent faire autrement...)
Néanmoins, ma conversation avec mon amie m'a conduit à me demander si mon fonctionnement cognitif était dans la norme, ou si je ne serais pas plus fatigable et moins tolérante aux bruits parasites. Je suis absolument certaine néanmoins de ne pas être atteinte d'hyperactivité : quand j'étais élève, je pouvais rester sans problème une journée entière assise en salle de cours sans ressentir à aucun moment le besoin de bouger ou même de parler, et de façon générale je suis plutôt hypoactive qu'hyperactive d'un point de vue physique.
En revanche, même si ce terme n'existe pas, je suis hyperactive du cerveau. En plus d'avoir un cerveau qui ne s'arrête jamais de tourner (sauf quand je suis épuisée) et une grande curiosité, j'ai besoin d'être recadrée (ou de me recadrer moi-même) en réunion, car je peux facilement me laisser entraîner par le fil de mes idées et pensées et ne pas respecter un ordre du jour, partir en digression, et je fais souvent attention aux petits détails et peux m'y perdre (ce qui est également une qualité, j'en conviens). Si je suis au restaurant ou dans un lieu public (ou à l'époque où je travaillais en open-space), j'entends les conversations de tout le monde sans le vouloir (et si je suis par exemple en salle des professeurs ou dans un autre endroit où sont rassemblées des personnes que je connais, je dois me forcer à ne pas m'imiscer dans les conversations des autres). J'ai beaucoup de mal à lire un livre ou réviser/travailler pendant que des personnes ont une conversation à côté de moi.: je dois soit me boucher les oreilles, soit si la tâche est suffisamment automatique et facile (par exemple taper une correction d'exo à l'ordinateur) je peux éventuellement la faire malgré les distractions. Il m'arrive néanmoins, si je suis suffisamment absorbée ou motivée par ma tâche et que le stimulus est suffisamment éloigné ou faible en intensité, de pouvoir la réaliser (exemple : travail sur ordinateur). Je n'ai par ailleurs jamais eu aucune difficulté en tant qu'élève et étudiante à suivre les cours (qui, pour la plupart m'intéressaient). J'ai des souvenirs assez "pénibles" de journées entières passées à la bibliothèque dans le supérieur, où j'avais du mal à rester concentrer bien longtemps sur des tâches peu motivantes (fichage notamment) et où je pouvais passer des heures à regarder les autres étudiants travailler, se lever, etc... Et de manière générale je suis très désorganisée et inefficace dans mon travail (la conception de séquences est un enfer pour moi, car je me disperse et y passe des heures pour un résultat médiocre voire inexistant avant la dernière minute)... Enfin, j'ai 2 jeunes enfants (6 et 4 ans), et c'est très compliqué pour moi de bloquer le son de leurs voix si je dois travailler à la maison (en ce moment-même j'entends toute leur conversation en détail pendant que j'écris cette phrase, et ils sont 2 étages plus bas). Certains des points évoqués n'ont peut-être pas de rapport avec un potentiel TDA, mais mon amie avait l'air de penser que potentiellement si...
Bref, je me demande si :
1) Mon profil cognitif vous paraît "normal" ? Est-ce que la plupart des gens et des collègues fonctionne comme cela ? Est-ce normal qu'il soit si fatigant pour moi de parler en classe s'il y a le moindre bruit ?
2) Pensez-vous qu'il puisse s'agir d'un TDA (trouble de l'attention sans hyperactivité) non détecté ? Ou d'autre chose se déguisant en TDA ?
3) Sauriez-vous quelles démarches je peux entamer pour faire un diagnostic (si possible pris en charge par la sécu, la mutuelle, ou pour pas trop cher... Par exemple est-ce que les CMP (centres médico-psychologiques) peuvent faire le diagnostic gratuitement, quitte à attendre plusieurs mois)
4) J'aimerais bien pouvoir avoir le droit à une dispense d'heures supplémentaires voire à un temps partiel de droit compte tenu de la fatigabilité que cela engendre.
5) Mais surtout, auriez-vous des CONSEILS pour limiter la fatigue physique et nerveuse en classe liée à cette hyperstimulation ?
NB : Avant d'être enseignante et d'avoir des enfants, je n'ai jamais souffert de fatigue lié à cette particularité (qui me semblait normale, par ailleurs), mais depuis que j'enseigne c'est vraiment très difficile, je rentre épuisée du collège et je ne suis plus capable de grand chose jusqu'au coucher (et je ne supporte plus le bruit à la maison, en particulier les gens qui parlent (souvent fort), mais ça je me dis que c'est normal à cause du métier).
Merci d'avance pour votre aide !
Je suis comme toi en ce qui concerne l'intolérance au bruit, à tous les bruits. Je mets cela sur le compte d'une hypersensibilité au moins auditive qui s'est largement accentuée avec la pratique du métier qui nous place constamment en situation d'hypervigilance, à cette différence près que je peux très facilement me déconnecter mentalement de mon environnement pour me concentrer, en sdp par exemple ( le bruit aux récrés et à midi y est infernal, qu'à cela ne tienne je me mets en retrait des conversations pour me ressourcer un peu à l'écart dans ma bulle, les collègues au début le prenaient comme une forme de snobisme ou de mépris de ma part, maintenant ils s'y sont fait, certains d'ailleurs viennent maintenant s'installer dans le même petit coin que moi sans parler de temps en temps. Si je ne peux pas me ressourcer de cette façon je craque).
En classe c'est simple: si je parle et qu'un élève parle en même temps que moi, je m'arrête jusqu'à ce que le silence total s'installe. Je suis encore plus intransigeante quand il s'agit de lecture: que je lise à haute voix ou que ce soit un élève qui le fasse, s'il y a le moindre bruit ( certains élèves voient ça comme un interlude et pas comme un travail et en profitent pour ranger leur classeur avec le bruit qui va avec et ça m'horripile) j'arrête net , je demande le silence et on recommence. Ça prend du temps mais c'est le prix à payer pour travailler dans le calme et la concentration.
Dans ces cas-là je ne supporte rien, ni le bruit du stylo ni celui d'une feuille. J'explique aux élèves ce qui distingue le bruit parasite de la participation active ( par exemple pour les travaux de groupes les décibels ont tendance à monter assez vite et je régule mais je tolère, ou la participation en classe tout court ).
J'exige l'écoute et la main levée pour prendre la parole.
Mais entre exiger et obtenir parfois il y a un gouffre. Qu'à cela ne tienne: la seule astuce que j'ai trouvée pour me préserver un peu c'est, quand ça ne tourne pas comme je veux dans certaines situations de classe, de m'asseoir au bureau , d'attendre que le silence, total ou partiel, se fasse ( je ne force pas ma voix), de réexpliquer le fonctionnement du cours, puis de me relever et de reprendre le cours de la séance.
- poutouNiveau 10
Re: Enseignant porteur de TDA (troubles de déficit de l'attention) : témoignages, avis et conseils ?
Exactement comme toi, en classe ! J'aurais pu écrire ça.
En sdp, soit je reste un moment s'il n'y a pas trop de bruit, soit je fais ma pause dehors avec seulement 2 ou 3 collègues (les fumeurs, alors que je ne fume plus depuis quelques années), soit dans notre dépôt de lettres avec 1 ou 2 collègues.
Le bruit des conversations de la sdp, pour moi, est infernal. Et pourtant, petit collège (une vingtaine de profs) et grande salle des profs!
En sdp, soit je reste un moment s'il n'y a pas trop de bruit, soit je fais ma pause dehors avec seulement 2 ou 3 collègues (les fumeurs, alors que je ne fume plus depuis quelques années), soit dans notre dépôt de lettres avec 1 ou 2 collègues.
Le bruit des conversations de la sdp, pour moi, est infernal. Et pourtant, petit collège (une vingtaine de profs) et grande salle des profs!
- zigmag17Guide spirituel
Re: Enseignant porteur de TDA (troubles de déficit de l'attention) : témoignages, avis et conseils ?
poutou a écrit:Exactement comme toi, en classe ! J'aurais pu écrire ça.
En sdp, soit je reste un moment s'il n'y a pas trop de bruit, soit je fais ma pause dehors avec seulement 2 ou 3 collègues (les fumeurs, alors que je ne fume plus depuis quelques années), soit dans notre dépôt de lettres avec 1 ou 2 collègues.
Le bruit des conversations de la sdp, pour moi, est infernal. Et pourtant, petit collège (une vingtaine de profs) et grande salle des profs!
Ah oui nous environ 90 profs et minuscule sdp.
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- Débat/conseils/Avis de terrain : Enseignant contractuel Mayotte 24/25
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