- yranohHabitué du forum
Bonjour,
J'ouvre un fil pour poser des questions diverses sur des textes. Je ne crois pas qu'il y en ait.
Je me pose une question sur Vigny, ou plutôt j'aimerais bien débrouiller une impression. J'ai été surpris, en lisant un peu précisément le poème "Le Malheur", par sa façon d'employer les substantifs :
« J'ai jeté ma vie aux délices,
Je souris à la volupté ;
Et les insensés, mes complices
Admirent ma félicité. »
Je ne saurais pas l'expliquer, mais je trouve qu'il a une façon de garder intacts les concepts qu'il mine pourtant (en l'occurrence, il s'agit ici d'échapper au Malheur qui l'accompagne sans cesse). Aucune modalisation, sous la forme d'un adjectif, d'un autre déterminant ("cette félicité", par exemple, modaliserait un peu, je trouve), ou simplement d'un autre nom.
C'est le dernier poème que j'ai lu.
Puis, là je tombe sur cette phrase dans son journal :
« La race humaine se refroidit en ce qui concerne le surnaturel. Elle a fini par comprendre que sa Pensée est la créatrice des mondes invisibles5. »
Même impression ici.
Et puis, je me dis que c'est un peu une impression générale, finalement. J'ai l'impression qu'il fait la même chose avec Dieu, par exemple, qu'il a un rapport étrange à l’essence des choses. Il peut saper une essence sans lui dénier jamais son intégrité.
Est-ce que vous ressentez la même chose ? Et si oui, y a-t-il une façon plus claire et plus juste de le dire ?
J'ouvre un fil pour poser des questions diverses sur des textes. Je ne crois pas qu'il y en ait.
Je me pose une question sur Vigny, ou plutôt j'aimerais bien débrouiller une impression. J'ai été surpris, en lisant un peu précisément le poème "Le Malheur", par sa façon d'employer les substantifs :
« J'ai jeté ma vie aux délices,
Je souris à la volupté ;
Et les insensés, mes complices
Admirent ma félicité. »
Je ne saurais pas l'expliquer, mais je trouve qu'il a une façon de garder intacts les concepts qu'il mine pourtant (en l'occurrence, il s'agit ici d'échapper au Malheur qui l'accompagne sans cesse). Aucune modalisation, sous la forme d'un adjectif, d'un autre déterminant ("cette félicité", par exemple, modaliserait un peu, je trouve), ou simplement d'un autre nom.
C'est le dernier poème que j'ai lu.
Puis, là je tombe sur cette phrase dans son journal :
« La race humaine se refroidit en ce qui concerne le surnaturel. Elle a fini par comprendre que sa Pensée est la créatrice des mondes invisibles5. »
Même impression ici.
Et puis, je me dis que c'est un peu une impression générale, finalement. J'ai l'impression qu'il fait la même chose avec Dieu, par exemple, qu'il a un rapport étrange à l’essence des choses. Il peut saper une essence sans lui dénier jamais son intégrité.
Est-ce que vous ressentez la même chose ? Et si oui, y a-t-il une façon plus claire et plus juste de le dire ?
- LimerickNiveau 2
Je crois que je vois ce que vous voulez dire... Il me semble que le propos, dans ces vers, restent en fait bien abstraits, d'où cette impression de "concepts intacts" que vous en avez. À mon avis, cela tient à trois éléments : 1) l'emploi du pluriel pour "délices", nombre qui permet a priori une forme de concrétisation du propos, mais qui n'est pas assorti de précisions sur la nature de ces délices, ce qui fait que le propos reste abstrait ; 2) ajouté à cela, l'emploi de "volupté" et "félicité" au singulier avec un article défini, ce qui en fait presque des concepts ; 3) le registre de langue soutenu, soutenu par l'emploi de termes issus du latin (deliciae, uoluptas, felicitas). Je dirais que tout ça joue à la fois et élève en quelque sorte le propos ontologiquement – des choses à leur être, des délices particulières à la volupté et la félicité.
- yranohHabitué du forum
Merci. Je vais y être attentif en lisant.
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