- AlérionNiveau 5
Une difficulté de traduction ? Des explications en phonétique ou en morphologie historiques (langues d'oc exclues) ? Des conseils ? Postez toutes vos demandes dans cet espace.
- AlérionNiveau 5
En préambule...
Au programme des agrégations de lettres modernes, de lettres classiques et de grammaire figure donc li Bestiaires d’Amours (1), de Richard de Fournival et La Response du Bestiaire, d’auteur inconnu. C’est là un programme plutôt lourd, et je ne peux qu’engager les candidats à se familiariser assez tôt avec le texte, en évitant le défaut classique qui consiste à ne lire que la traduction en français moderne. L’expérience montre que la prose est loin d’avantager les candidats dans l’exercice de traduction, tant à l’écrit (LM et G) qu’à l’oral (LM, LC, G) ; en effet, la prose favorise les phrases longues, voire les périodes dans lesquelles figurent souvent des subordinations complexes toujours délicates à traduire en français moderne.
Cela ne veut pas dire qu’il faille se lancer dans la traduction dès la première lecture : il faut s’efforcer au contraire de lire le plus cursivement possible – à l’aide de la page de droite – jusqu’à ce qu’on acquière une familiarité suffisante avec la langue, le vocabulaire et le style de l’auteur. Ce n’est que par la suite qu’il faudra s’entraîner à l’exercice de la traduction sur des passages choisis. Nous y reviendrons.
Le début de l’œuvre peut paraître assez verbeux et inintéressant : ce n’est pas une raison pour fermer le livre jusqu’à la veille des épreuves. Outre que c’est un fort mauvais calcul, vous verrez que l’œuvre est loin d’être aussi rébarbative qu’on peut le penser, et qu’elle se prête à d’intéressantes études sur la symbolique animale, sur l’amour (2) et sur l'original jeu-parti que constituent les deux textes au programme.
Il ne m’appartient nullement de rédiger de telles études, d’autant que l’édition critique retenue donne de copieuses informations sur les sources de l’auteur, le contexte littéraire de l’époque et la postérité de l’œuvre. Je vous conseille vivement de les lire et de vous en imprégner, en gardant toutefois présent à l’esprit que l’agrégation n’est pas un concours d’érudition : les connaissances contextuelles doivent nourrir le commentaire, non s’y substituer (autre écueil). L’éditeur donne aussi de nombreux éclaircissements sur la langue, domaine dans lequel j’interviendrai surtout, d’autant que vos questions, que j’espère nombreuses, ont des chances de concerner surtout ce sujet.
L’étude de la langue est d’autant plus importante que nous avons ici affaire à du picard, et que les manuels ne traitent pas toujours suffisamment des dialectes. J’apporterai tous les éclaircissements qui concernent la phonétique et la morphologie des principales formes dialectales qui, au demeurant, voisinent avec des formes « centrales » ; il en va toujours de même dans les manuscrits, même ceux d’Adam de la Halle : aucun écrit littéraire n’est vraiment en pur dialecte. Le glossaire, quant à lui, résout les principales difficultés d’ordre lexical. Il ne dispense pas des dictionnaires habituels : le Godefroy (en ligne) (3) et le dictionnaire de Greimas (Larousse), beaucoup plus succinct, mais bien plus rationnel dans la présentation des différents sens d’un mot.
L’éditeur donne une abondante bibliographie (pp. 139 sqq.) ; vous n’aurez guère le temps ni la possibilité de l’utiliser. En revanche, je vous conseille vivement un titre qui ne figure pas dans cette longue liste ; il s’agit de Bestiaires du Moyen Age, de l’historien Michel Pastoureau, aux éditions du Seuil (coll. Points) dont les nombreuses illustrations ne sont pas le moindre mérite.
S’agissant de la grammaire historique, l’éditeur (p. 113), cite cinq ouvrages qu’il a utilisés pour ses notes :
- L’ouvrage de Gossen est introuvable actuellement ; j’essaierai modestement de le suppléer pour les principales formes picardes citées par G. Bianciotto.
- Je ne possède pas l’ouvrage de Pope. A consulter éventuellement dans une BU.
- Le monumental ouvrage de Pierre Fouché (3 tomes !) est un incontournable ; aucune publication française ne peut lui être comparée et c’est en quelque sorte le princeps des manuels de philologie romane modernes. Il donne de chaque fait des explications très complètes et cite de très nombreux mots ; mais la conception « atomisée » de son plan et la mise en page compacte du texte rendent la recherche un peu délicate, en dépit de l’index. D’autre part, les datations sont parfois trop rares. Le volume de morphologie ne comporte que l’étude du verbe ; c’est heureusement l’essentiel.
- Pour l’étude synchronique, la syntaxe de l'ancien français, de Philippe Ménard est claire et complète, sinon exhaustive. C’est un progrès par rapport à celle Lucien Foulet (Champion), plus touffue.
J’ajouterai trois ouvrages importants.
a) Phonétique historique.
- La Phonétique française, étude historique, de E. et J. Bourciez : moins développée que l’ouvrage de Fouché, mais simple à utiliser du fait de son plan et de sa mise en page. Un incontournable, malgré ses datations insuffisantes.
- La Phonétique historique du français, de Gaston Zink (PUF), manuel explicitement destiné aux étudiants et organisé sur deux niveaux. Les datations sont extrêmement précises (trop ?) et les mots cités en exemple, assez nombreux, voient leur évolution traitées de l’origine jusqu’à l’époque moderne, sous forme de tableaux très lisibles (ce que vous ne trouverez jamais chez Fouché ou Bourciez).
- Le Précis de phonétique historique du français, de Geneviève Joly (Armand Colin) comporte un plan clair, des datations (quelquefois différentes de Zink), des exemples nombreux. Un peu moins aisé à consulter cependant.
b) Étude synchronique.
- La Grammaire de l’ancien français, de Gérard Moignet (Klincksieck), qui a le mérite d’associer morphologie et syntaxe de manière efficace. Très complet et très lisible. Vous y trouverez aussi des éléments historiques concernant la morphologie.
N’oubliez pas enfin de consulter les rapports de concours (en ligne) : vous y trouverez des données statistiques, des corrigés, des conseils pratiques et des bibliographies.
Bon courage, et à bientôt !
Notes :
(1) Quand le mot Amours garde son « s » au cas régime, il ne désigne pas le sentiment, mais son incarnation allégorique. En ce cas, il n’est jamais déterminé, comme un nom propre.
(2) L’amour forme aussi le sujet de l’œuvre du XVIème siècle : une « contamination » est toujours possible dans le sujet de la composition française… Rappelons que le XVIème peut très bien « sortir » à l’écrit, et que Villon est sorti en 2022 en LM.
(3) Les termes qui ont la même forme en français moderne figurent dans le Complément. Attention : même forme ne signifie pas nécessairement même sens !
Au programme des agrégations de lettres modernes, de lettres classiques et de grammaire figure donc li Bestiaires d’Amours (1), de Richard de Fournival et La Response du Bestiaire, d’auteur inconnu. C’est là un programme plutôt lourd, et je ne peux qu’engager les candidats à se familiariser assez tôt avec le texte, en évitant le défaut classique qui consiste à ne lire que la traduction en français moderne. L’expérience montre que la prose est loin d’avantager les candidats dans l’exercice de traduction, tant à l’écrit (LM et G) qu’à l’oral (LM, LC, G) ; en effet, la prose favorise les phrases longues, voire les périodes dans lesquelles figurent souvent des subordinations complexes toujours délicates à traduire en français moderne.
Cela ne veut pas dire qu’il faille se lancer dans la traduction dès la première lecture : il faut s’efforcer au contraire de lire le plus cursivement possible – à l’aide de la page de droite – jusqu’à ce qu’on acquière une familiarité suffisante avec la langue, le vocabulaire et le style de l’auteur. Ce n’est que par la suite qu’il faudra s’entraîner à l’exercice de la traduction sur des passages choisis. Nous y reviendrons.
Le début de l’œuvre peut paraître assez verbeux et inintéressant : ce n’est pas une raison pour fermer le livre jusqu’à la veille des épreuves. Outre que c’est un fort mauvais calcul, vous verrez que l’œuvre est loin d’être aussi rébarbative qu’on peut le penser, et qu’elle se prête à d’intéressantes études sur la symbolique animale, sur l’amour (2) et sur l'original jeu-parti que constituent les deux textes au programme.
Il ne m’appartient nullement de rédiger de telles études, d’autant que l’édition critique retenue donne de copieuses informations sur les sources de l’auteur, le contexte littéraire de l’époque et la postérité de l’œuvre. Je vous conseille vivement de les lire et de vous en imprégner, en gardant toutefois présent à l’esprit que l’agrégation n’est pas un concours d’érudition : les connaissances contextuelles doivent nourrir le commentaire, non s’y substituer (autre écueil). L’éditeur donne aussi de nombreux éclaircissements sur la langue, domaine dans lequel j’interviendrai surtout, d’autant que vos questions, que j’espère nombreuses, ont des chances de concerner surtout ce sujet.
L’étude de la langue est d’autant plus importante que nous avons ici affaire à du picard, et que les manuels ne traitent pas toujours suffisamment des dialectes. J’apporterai tous les éclaircissements qui concernent la phonétique et la morphologie des principales formes dialectales qui, au demeurant, voisinent avec des formes « centrales » ; il en va toujours de même dans les manuscrits, même ceux d’Adam de la Halle : aucun écrit littéraire n’est vraiment en pur dialecte. Le glossaire, quant à lui, résout les principales difficultés d’ordre lexical. Il ne dispense pas des dictionnaires habituels : le Godefroy (en ligne) (3) et le dictionnaire de Greimas (Larousse), beaucoup plus succinct, mais bien plus rationnel dans la présentation des différents sens d’un mot.
L’éditeur donne une abondante bibliographie (pp. 139 sqq.) ; vous n’aurez guère le temps ni la possibilité de l’utiliser. En revanche, je vous conseille vivement un titre qui ne figure pas dans cette longue liste ; il s’agit de Bestiaires du Moyen Age, de l’historien Michel Pastoureau, aux éditions du Seuil (coll. Points) dont les nombreuses illustrations ne sont pas le moindre mérite.
S’agissant de la grammaire historique, l’éditeur (p. 113), cite cinq ouvrages qu’il a utilisés pour ses notes :
- L’ouvrage de Gossen est introuvable actuellement ; j’essaierai modestement de le suppléer pour les principales formes picardes citées par G. Bianciotto.
- Je ne possède pas l’ouvrage de Pope. A consulter éventuellement dans une BU.
- Le monumental ouvrage de Pierre Fouché (3 tomes !) est un incontournable ; aucune publication française ne peut lui être comparée et c’est en quelque sorte le princeps des manuels de philologie romane modernes. Il donne de chaque fait des explications très complètes et cite de très nombreux mots ; mais la conception « atomisée » de son plan et la mise en page compacte du texte rendent la recherche un peu délicate, en dépit de l’index. D’autre part, les datations sont parfois trop rares. Le volume de morphologie ne comporte que l’étude du verbe ; c’est heureusement l’essentiel.
- Pour l’étude synchronique, la syntaxe de l'ancien français, de Philippe Ménard est claire et complète, sinon exhaustive. C’est un progrès par rapport à celle Lucien Foulet (Champion), plus touffue.
J’ajouterai trois ouvrages importants.
a) Phonétique historique.
- La Phonétique française, étude historique, de E. et J. Bourciez : moins développée que l’ouvrage de Fouché, mais simple à utiliser du fait de son plan et de sa mise en page. Un incontournable, malgré ses datations insuffisantes.
- La Phonétique historique du français, de Gaston Zink (PUF), manuel explicitement destiné aux étudiants et organisé sur deux niveaux. Les datations sont extrêmement précises (trop ?) et les mots cités en exemple, assez nombreux, voient leur évolution traitées de l’origine jusqu’à l’époque moderne, sous forme de tableaux très lisibles (ce que vous ne trouverez jamais chez Fouché ou Bourciez).
- Le Précis de phonétique historique du français, de Geneviève Joly (Armand Colin) comporte un plan clair, des datations (quelquefois différentes de Zink), des exemples nombreux. Un peu moins aisé à consulter cependant.
b) Étude synchronique.
- La Grammaire de l’ancien français, de Gérard Moignet (Klincksieck), qui a le mérite d’associer morphologie et syntaxe de manière efficace. Très complet et très lisible. Vous y trouverez aussi des éléments historiques concernant la morphologie.
N’oubliez pas enfin de consulter les rapports de concours (en ligne) : vous y trouverez des données statistiques, des corrigés, des conseils pratiques et des bibliographies.
Bon courage, et à bientôt !
Notes :
(1) Quand le mot Amours garde son « s » au cas régime, il ne désigne pas le sentiment, mais son incarnation allégorique. En ce cas, il n’est jamais déterminé, comme un nom propre.
(2) L’amour forme aussi le sujet de l’œuvre du XVIème siècle : une « contamination » est toujours possible dans le sujet de la composition française… Rappelons que le XVIème peut très bien « sortir » à l’écrit, et que Villon est sorti en 2022 en LM.
(3) Les termes qui ont la même forme en français moderne figurent dans le Complément. Attention : même forme ne signifie pas nécessairement même sens !
- ipomeeGuide spirituel
Je ne prépare pas l'agrég. car retraitée mais je sens que je vais suivre ce fil. Merci, Alérion.
- stenchMonarque
Alérion a écrit:E
L’éditeur donne une abondante bibliographie (pp. 139 sqq.) ; vous n’aurez guère le temps ni la possibilité de l’utiliser. En revanche, je vous conseille vivement un titre qui ne figure pas dans cette longue liste ; il s’agit de Bestiaires du Moyen Age, de l’historien Michel Pastoureau, aux éditions du Seuil (coll. Points) dont les nombreuses illustrations ne sont pas le moindre mérite.
S’agissant de la grammaire historique, l’éditeur (p. 113), cite cinq ouvrages qu’il a utilisés pour ses notes :
- L’ouvrage de Gossen est introuvable actuellement ; j’essaierai modestement de le suppléer pour les principales formes picardes citées par G. Bianciotto.
- Je ne possède pas l’ouvrage de Pope. A consulter éventuellement dans une BU.
- Le monumental ouvrage de Pierre Fouché (3 tomes !) est un incontournable ; aucune publication française ne peut lui être comparée et c’est en quelque sorte le princeps des manuels de philologie romane modernes. Il donne de chaque fait des explications très complètes et cite de très nombreux mots ; mais la conception « atomisée » de son plan et la mise en page compacte du texte rendent la recherche un peu délicate, en dépit de l’index. D’autre part, les datations sont parfois trop rares. Le volume de morphologie ne comporte que l’étude du verbe ; c’est heureusement l’essentiel.
- Pour l’étude synchronique, la syntaxe de l'ancien français, de Philippe Ménard est claire et complète, sinon exhaustive. C’est un progrès par rapport à celle Lucien Foulet (Champion), plus touffue.
J’ajouterai trois ouvrages importants.
a) Phonétique historique.
- La Phonétique française, étude historique, de E. et J. Bourciez : moins développée que l’ouvrage de Fouché, mais simple à utiliser du fait de son plan et de sa mise en page. Un incontournable, malgré ses datations insuffisantes.
- La Phonétique historique du français, de Gaston Zink (PUF), manuel explicitement destiné aux étudiants et organisé sur deux niveaux. Les datations sont extrêmement précises (trop ?) et les mots cités en exemple, assez nombreux, voient leur évolution traitées de l’origine jusqu’à l’époque moderne, sous forme de tableaux très lisibles (ce que vous ne trouverez jamais chez Fouché ou Bourciez).
- Le Précis de phonétique historique du français, de Geneviève Joly (Armand Colin) comporte un plan clair, des datations (quelquefois différentes de Zink), des exemples nombreux. Un peu moins aisé à consulter cependant.
b) Étude synchronique.
- La Grammaire de l’ancien français, de Gérard Moignet (Klincksieck), qui a le mérite d’associer morphologie et syntaxe de manière efficace. Très complet et très lisible. Vous y trouverez aussi des éléments historiques concernant la morphologie.
N’oubliez pas enfin de consulter les rapports de concours (en ligne) : vous y trouverez des données statistiques, des corrigés, des conseils pratiques et des bibliographies.
J'ajoute la grammaire de référence actuelle pour les jury de doctorat : Christiane Marchello-Nizia, Bernard Combettes, Sophie Prévost et Tobias Scheer, La Grande Grammaire historique du français, 2020, 2 vol., au prix de 410 euros à ce jour et disponible en BU.
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"Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend." Yannis Youlountas
"Ils veulent dessiner l'apartheid, on dessinera le maquis."
- AlérionNiveau 5
Merci, ipomee, mais vous attendez pas à des merveilles ! Mon travail sera plus linguistique que littéraire...
Dans l'immédiat, je vais étudier quelques formes picardes.
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La grammaire de Christiane Marchello-Nizia est hors droits ?
Dans l'immédiat, je vais étudier quelques formes picardes.
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La grammaire de Christiane Marchello-Nizia est hors droits ?
- stenchMonarque
Alérion a écrit:
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La grammaire de Christiane Marchello-Nizia est hors droits ?
Ma directrice de recherche m'a en tout cas passé un lien où trouver le pdf en ligne (disponible sur zlibrary). Sinon elle doit être consultable dans toute bonne bibliothèque universitaire.
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"Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend." Yannis Youlountas
"Ils veulent dessiner l'apartheid, on dessinera le maquis."
- MoyenCrocoNiveau 10
[Ce message ne servant plus a rien, il peut être supprimé pour ne pas polluer le topic]
- AlérionNiveau 5
Sûrement pas, d'autant que le livre est sous droits d'auteur et d'éditeur. Il est consultable en BU.
- stenchMonarque
Toutes mes excuses. Le lien m'ayant été transmis par ma directrice de recherche, je pensais qu'il s'agissait d'un open comme beaucoup d'autres. Je ne peux en revanche plus enlever ma proposition puisque vous avez cité mon message.
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"Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend." Yannis Youlountas
"Ils veulent dessiner l'apartheid, on dessinera le maquis."
- AlérionNiveau 5
Ce n'est pas grave. L'ouvrage est certes remarquable, mais c'est plus une approche linguistique des problèmes traditionnellement rencontrés par le philologue qu'un manuel concrètement utilisable par l'agrégatif. Pour le dire en un mot, l'ouvrage se présente comme une nouvelle approche de la grammaire historique - j'allais écrire un nouveau regard - et non comme un Fouché ou un Bourciez qui auraient été actualisés.
- stenchMonarque
Alérion a écrit:Ce n'est pas grave. L'ouvrage est certes remarquable, mais c'est plus une approche linguistique des problèmes traditionnellement rencontrés par le philologue qu'un manuel concrètement utilisable par l'agrégatif. Pour le dire en un mot, l'ouvrage se présente comme une nouvelle approche de la grammaire historique - j'allais écrire un nouveau regard - et non comme un Fouché ou un Bourciez qui auraient été actualisés.
Très sincèrement, on me demande de l'utiliser comme référence dans ma thèse mais je le trouve assez difficile d'accès et d'utilisation laborieuse.
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"Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend." Yannis Youlountas
"Ils veulent dessiner l'apartheid, on dessinera le maquis."
- AlérionNiveau 5
Dans une thèse, il est certainement à utiliser, en effet.
- AlérionNiveau 5
Quelques réflexions sur le problème de la tradition et de l’originalité dans le Bestiaire d’amour.
Philippe de Taün
en franceise raisun (raisun = langue)
ad estrait Bestiaire, (estrait = traduit)
un livre de gramaire (de gramaire = en latin)
C’est ainsi que commence le premier bestiaire écrit en français entre 1121 et 1135 (éd. Champion). Philippe de Thaon, on le voit, est censé avoir traduit (en fait adapté) un texte latin plus ancien. Ce texte n’est autre que le Physiologus (II-IIIème siècle, mais il existe des versions plus tardives), dont tous les auteurs de bestiaires et de lapidaires s’inspirent plus ou moins directement (1).
Dans tous ces bestiaires, les animaux ne sont pas décrits d’un point de vue « scientifique » ou poétique, mais symbolique, à des fins d’édification, et les animaux existants y voisinent avec des animaux légendaires, dont l’universelle unicorne (2). De ce côté, l’œuvre de Richard de Fournival n’innove pas.
Il n'est pas non plus original du côté du thème de la fin’ amor pris en lui-même. L’amour d’un jeune homme pour une dame inaccessible (ou l’inverse, dans les chansons dites « de femmes ») est un thème rebattu dans la lyrique occitane, les lais de Marie de France ou le roman breton. Chez Chrétien de Troyes apparaissent même ici et là de véritables débats de casuistique amoureuse, non sans une certaine ironie sous-jacente d’ailleurs. Ainsi, dans le Chevalier au lion, Yvain se demande s’il est en droit de « requérir d’amour » la femme d’un seigneur qu’il a tué tout récemment. L’amour courtois, le donoi (3) et ses jeux de regards, de cœurs transpercés par Amors (cf. le Roman de la Rose) et de douloureux soupirs sont les thèmes obligés de toute littérature de cour à partir de la fin du XIIème siècle. Or d’amour non partagé, d’aveu de sincérité, de frêle espérance dans cet ultime cri du poète, il n’est presque question que de cela dans le Bestiaire d’amour de notre auteur…
C’est pourtant là que va précisément résider l’originalité du poète, qui à son tour créera une nouvelle tradition. Plusieurs éléments illustrent cette originalité. D’abord, l’alliance du bestiaire et du thème amoureux ; jusqu’à présent, les bestiaires offrent une symbolique religieuse et morale qui ne varie guère d’une œuvre à l’autre ; ainsi le lion représente le Christ, la baleine le diable, le coq appelle à la prière en chantant les heures canoniales... Ici, la fonction des animaux est tout autre. Comme le locuteur parle exclusivement de ses sentiments amoureux à la destinataire, l’évocation des animaux et de leur comportement, réel ou supposé (le plus fréquemment), apparaît comme une illustration du discours beaucoup plus que le support d’une symbolique, même galante : ce n’est en rien une « carte du Tendre » médiévale, ce qui aurait déjà constitué une profonde originalité. Il en résulte un détournement complet de la senefiance des bestiaires classiques. On le perçoit assez nettement dans le cas – pas si fréquent – où le même comportement est prêté à un animal dans les bestiaires classiques et dans celui de Richard. C’est le cas du castor, censé se castrer pour échapper aux chasseurs qui recherchent ses « génitoires » parées de vertus médicinales : alors que dans la tradition, il symbolise soit l’homme qui sait résister à la luxure, soit la chasteté elle-même, vertu cardinale, chez notre auteur, le geste du castor est censé faire comprendre à la dame que si elle abandonne son cœur à celui qui la suit avec tant de constance, celui-ci pourra être guéri de tous ses maux (pp. 221-222). Le fait que la mention du castor intervienne après l’argumentaire réduit celle-ci au statut de simple illustration, d’autant que le rapprochement ne sert pas à grand-chose, puisque le cœur de la dame est de toute manière fermé comme par une bonde ; une seconde comparaison s’impose alors avec le pivert, qui, lui, arrive à débonder son nid si on l’obstrue. Mais le pauvre amant ne peut imiter le pivert faute de trouver l’herbe aux vertus spéciales dont s’aide l’oiseau. Tout cela montre bien d’une part qu’ici au moins la senefiance tirée des animaux n’est pas systématiquement en adéquation avec la nature de la relation amoureuse, et d’autre part que c’est la logique du discours qui impose le recours aux animaux dont on peur penser qu’ils font de la figuration ou sont là pour le divertissement. On comprend alors qu’il arrive souvent qu’un même animal soit cité à plusieurs reprises, souvent incidemment, comme on l’a vu, mais parfois avec une particularité comportementale nouvelle qui correspond le mieux à l’idée à illustrer à ce moment-là, comme c’est le cas avec le crocodile (p. 228 et 260). Il ne faut donc en aucun cas chercher ici un ordre dans la succession des animaux, alors que les autres bestiaires comportent des chapitres et, pour certains, une esquisse de classement dans la présentation des espèces. Or, comme le discours semble lui-même parfois assez débridé, on comprend qu’il soit parfois difficile de s’orienter dans le livre (4).
D’autre part, le texte, écrit à la première personne et adressé à un destinataire féminin (5), a les caractéristiques d’une lettre (6) dont l’objet principal - un plaidoyer pour que la dame « déverrouille » enfin son cœur -, est affirmé à de nombreuses reprises et confère une solide unité à un parcours argumentatif en apparence assez sinueux. Comme une telle lettre semblait appeler une réponse, un auteur anonyme a saisi l’occasion de rédiger une response contradictoire de la dame, bel exercice de style qui montre que l’esprit des bestiaires antérieurs s'éloigne puisqu'on voit clairement la rhétorique prendre peu à peu une place qu'au vu des thèmes, on aurait cru devoir revenir à l'édification ou à l'émotion. Est-ce là un signe de décadence ? Un tournant en tout cas, sans doute provoqué par l'évolution du goût des « lecteurs » de l'époque...
(1) Voir la présentation de l’œuvre dans l’édition de travail, qui me dispense de développer.
(2) Pour les clercs du Moyen Age, la frontière entre les deux est ténue, vu leur peu de connaissances en zoologie et l’impossibilité de se détacher de la tradition des « miroirs » (encyclopédies), notamment celle d’Isidore se Séville et, avant elle, l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien.
(3) Le mot désigne le « flirt » médiéval, et plus si affinités.
(4) C’est une raison de plus pour ne pas se contenter d’une lecture cursive qui laissera peu de souvenirs dans la maison Memoire.
(5) La dédicace à un personnage féminin, comme celle de Philippe de Taon à Aélis de Louvain, femme de Henri Ier d’Angleterre, est un simple hommage à une protectrice de haut rang qui ne constitue évidemment pas l’objet du discours.
Il est d’autre part inutile de se demander si la destinataire est réelle ou fictive, pas plus que de s’interroger sur le rapport auteur/locuteur ; sur le plan strictement littéraire, cela n’a aucune importance.
(6) Se souvenir que l’amant ne peut plus chanter (p. 162) ; il ne peut plus que « parler » par l’entremise de l’écriture !
Quelques sujets de leçons possibles :
- Le Bestiaire d'Amour : une carte du Tendre médiévale ?
- La fonction des animaux.
- L’argumentaire du locuteur.
- L’image de la femme.
- Le Bestiaire et la Response : un jeu-parti de la contradiction ?
- La femme et l’amour dans la Response.
+ deux ou trois études littéraires.
Philippe de Taün
en franceise raisun (raisun = langue)
ad estrait Bestiaire, (estrait = traduit)
un livre de gramaire (de gramaire = en latin)
C’est ainsi que commence le premier bestiaire écrit en français entre 1121 et 1135 (éd. Champion). Philippe de Thaon, on le voit, est censé avoir traduit (en fait adapté) un texte latin plus ancien. Ce texte n’est autre que le Physiologus (II-IIIème siècle, mais il existe des versions plus tardives), dont tous les auteurs de bestiaires et de lapidaires s’inspirent plus ou moins directement (1).
Dans tous ces bestiaires, les animaux ne sont pas décrits d’un point de vue « scientifique » ou poétique, mais symbolique, à des fins d’édification, et les animaux existants y voisinent avec des animaux légendaires, dont l’universelle unicorne (2). De ce côté, l’œuvre de Richard de Fournival n’innove pas.
Il n'est pas non plus original du côté du thème de la fin’ amor pris en lui-même. L’amour d’un jeune homme pour une dame inaccessible (ou l’inverse, dans les chansons dites « de femmes ») est un thème rebattu dans la lyrique occitane, les lais de Marie de France ou le roman breton. Chez Chrétien de Troyes apparaissent même ici et là de véritables débats de casuistique amoureuse, non sans une certaine ironie sous-jacente d’ailleurs. Ainsi, dans le Chevalier au lion, Yvain se demande s’il est en droit de « requérir d’amour » la femme d’un seigneur qu’il a tué tout récemment. L’amour courtois, le donoi (3) et ses jeux de regards, de cœurs transpercés par Amors (cf. le Roman de la Rose) et de douloureux soupirs sont les thèmes obligés de toute littérature de cour à partir de la fin du XIIème siècle. Or d’amour non partagé, d’aveu de sincérité, de frêle espérance dans cet ultime cri du poète, il n’est presque question que de cela dans le Bestiaire d’amour de notre auteur…
C’est pourtant là que va précisément résider l’originalité du poète, qui à son tour créera une nouvelle tradition. Plusieurs éléments illustrent cette originalité. D’abord, l’alliance du bestiaire et du thème amoureux ; jusqu’à présent, les bestiaires offrent une symbolique religieuse et morale qui ne varie guère d’une œuvre à l’autre ; ainsi le lion représente le Christ, la baleine le diable, le coq appelle à la prière en chantant les heures canoniales... Ici, la fonction des animaux est tout autre. Comme le locuteur parle exclusivement de ses sentiments amoureux à la destinataire, l’évocation des animaux et de leur comportement, réel ou supposé (le plus fréquemment), apparaît comme une illustration du discours beaucoup plus que le support d’une symbolique, même galante : ce n’est en rien une « carte du Tendre » médiévale, ce qui aurait déjà constitué une profonde originalité. Il en résulte un détournement complet de la senefiance des bestiaires classiques. On le perçoit assez nettement dans le cas – pas si fréquent – où le même comportement est prêté à un animal dans les bestiaires classiques et dans celui de Richard. C’est le cas du castor, censé se castrer pour échapper aux chasseurs qui recherchent ses « génitoires » parées de vertus médicinales : alors que dans la tradition, il symbolise soit l’homme qui sait résister à la luxure, soit la chasteté elle-même, vertu cardinale, chez notre auteur, le geste du castor est censé faire comprendre à la dame que si elle abandonne son cœur à celui qui la suit avec tant de constance, celui-ci pourra être guéri de tous ses maux (pp. 221-222). Le fait que la mention du castor intervienne après l’argumentaire réduit celle-ci au statut de simple illustration, d’autant que le rapprochement ne sert pas à grand-chose, puisque le cœur de la dame est de toute manière fermé comme par une bonde ; une seconde comparaison s’impose alors avec le pivert, qui, lui, arrive à débonder son nid si on l’obstrue. Mais le pauvre amant ne peut imiter le pivert faute de trouver l’herbe aux vertus spéciales dont s’aide l’oiseau. Tout cela montre bien d’une part qu’ici au moins la senefiance tirée des animaux n’est pas systématiquement en adéquation avec la nature de la relation amoureuse, et d’autre part que c’est la logique du discours qui impose le recours aux animaux dont on peur penser qu’ils font de la figuration ou sont là pour le divertissement. On comprend alors qu’il arrive souvent qu’un même animal soit cité à plusieurs reprises, souvent incidemment, comme on l’a vu, mais parfois avec une particularité comportementale nouvelle qui correspond le mieux à l’idée à illustrer à ce moment-là, comme c’est le cas avec le crocodile (p. 228 et 260). Il ne faut donc en aucun cas chercher ici un ordre dans la succession des animaux, alors que les autres bestiaires comportent des chapitres et, pour certains, une esquisse de classement dans la présentation des espèces. Or, comme le discours semble lui-même parfois assez débridé, on comprend qu’il soit parfois difficile de s’orienter dans le livre (4).
D’autre part, le texte, écrit à la première personne et adressé à un destinataire féminin (5), a les caractéristiques d’une lettre (6) dont l’objet principal - un plaidoyer pour que la dame « déverrouille » enfin son cœur -, est affirmé à de nombreuses reprises et confère une solide unité à un parcours argumentatif en apparence assez sinueux. Comme une telle lettre semblait appeler une réponse, un auteur anonyme a saisi l’occasion de rédiger une response contradictoire de la dame, bel exercice de style qui montre que l’esprit des bestiaires antérieurs s'éloigne puisqu'on voit clairement la rhétorique prendre peu à peu une place qu'au vu des thèmes, on aurait cru devoir revenir à l'édification ou à l'émotion. Est-ce là un signe de décadence ? Un tournant en tout cas, sans doute provoqué par l'évolution du goût des « lecteurs » de l'époque...
(1) Voir la présentation de l’œuvre dans l’édition de travail, qui me dispense de développer.
(2) Pour les clercs du Moyen Age, la frontière entre les deux est ténue, vu leur peu de connaissances en zoologie et l’impossibilité de se détacher de la tradition des « miroirs » (encyclopédies), notamment celle d’Isidore se Séville et, avant elle, l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien.
(3) Le mot désigne le « flirt » médiéval, et plus si affinités.
(4) C’est une raison de plus pour ne pas se contenter d’une lecture cursive qui laissera peu de souvenirs dans la maison Memoire.
(5) La dédicace à un personnage féminin, comme celle de Philippe de Taon à Aélis de Louvain, femme de Henri Ier d’Angleterre, est un simple hommage à une protectrice de haut rang qui ne constitue évidemment pas l’objet du discours.
Il est d’autre part inutile de se demander si la destinataire est réelle ou fictive, pas plus que de s’interroger sur le rapport auteur/locuteur ; sur le plan strictement littéraire, cela n’a aucune importance.
(6) Se souvenir que l’amant ne peut plus chanter (p. 162) ; il ne peut plus que « parler » par l’entremise de l’écriture !
Quelques sujets de leçons possibles :
- Le Bestiaire d'Amour : une carte du Tendre médiévale ?
- La fonction des animaux.
- L’argumentaire du locuteur.
- L’image de la femme.
- Le Bestiaire et la Response : un jeu-parti de la contradiction ?
- La femme et l’amour dans la Response.
+ deux ou trois études littéraires.
- ipomeeGuide spirituel
J'ai lu, avec grand intérêt, merci.
Et, en référence à la réponse précédente que tu m'as faite, la linguistique me passionne.
Et, en référence à la réponse précédente que tu m'as faite, la linguistique me passionne.
- NorcidNiveau 1
Super, merci Alérion, je n'ai pas encore attaqué Le Bestiaire, ce sera à l'automne, mais je prends note et aurai certainement de nombreuses questions...
- Clecle78Bon génie
J'ai lu par curiosité et j'ai trouvé ça très intéressant aussi !
- AlérionNiveau 5
Merci beaucoup !
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On ne parle jamais si bien du printemps qu'en automne.
- NorcidNiveau 1
Bonjour Alérion
Voici ma 1ère question :
1,9 : Et chil qui ont esté cha en arrière : qu'est-ce que "cha", un démonstratif ? qui exprime quoi ?
1,12 : de canques mestiers : qu'est-ce que "canques"?
Voici ma 1ère question :
1,9 : Et chil qui ont esté cha en arrière : qu'est-ce que "cha", un démonstratif ? qui exprime quoi ?
1,12 : de canques mestiers : qu'est-ce que "canques"?
- WinterfellNiveau 3
Cela fait un bail que je n’ai pas pratiqué l’ancien français. Mais je propose les pistes suivantes.
Pour « cha », ce doit être l’adverbe « çà » comme dans « çà et là ».
Pour « canques », aussi orthographié « quanques », est sûrement un déterminant indéfini signifiant « n’importe quel ».
Pour « cha », ce doit être l’adverbe « çà » comme dans « çà et là ».
Pour « canques », aussi orthographié « quanques », est sûrement un déterminant indéfini signifiant « n’importe quel ».
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« L’hiver vient. »
2024-2025 : 1 seconde GT, 2 premières technologiques (STI2D et ST2S), BTS travaux publics première et deuxième année.
- NorcidNiveau 1
Merci ! Effectivement canque/quanque- tout ce qui/que. La construction étrange "cha en arrière", apparaissant au moinq deux fois, a l'air d'être une expression figée pour "dans des temps reculés"
- NLM76Grand Maître
En effet, cha = çà. On trouve, dans le Dictionnaire du français médiéval, "ça en avant"= "plus tard".
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
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