- AmaliahEmpereur
Si jamais quelqu'un connaît bien Histoire de ma vie de George Sand, j'aurais quelques questions sur ce texte que je vous copie-colle ci-dessous.
Je me demande d'abord ce que signifie "La nature me poussait par un besoin invincible à seconder le travail qu'elle opérait en moi, et ces deux années, celles où je rêvai et pleurai pourtant le plus, furent aussi celles où je courus et où je m'agitai davantage."
Je me demande également ce que représentent ces deux années dans la vie de George Sand.
Dernière question : dans la suite de l'extrait, elle évoque les camarades qu'elle retrouve : "Fanchon, Pierrot, Liline, Rosette ou Sylvain". Ces prénoms viennent-ils de milieux sociaux différents?
Ma grand-mère, ayant enfin compris que je n’étais jamais malade que faute d’exercice et de grand air, avait pris le parti de me laisser courir, et, pourvu que je ne revinsse pas avec des déchirures à ma personne ou à mes vêtements, Rose m’abandonnait peu à peu à ma liberté physique. La nature me poussait par un besoin invincible à seconder le travail qu’elle opérait en moi, et ces deux années, celles où je rêvai et pleurai pourtant le plus, furent aussi celles où je courus et où je m’agitai davantage. Mon corps et mon esprit se commandaient alternativement une inquiétude d’activité et une fièvre de contemplations, pour ainsi dire. Je dévorais les livres qu’on me mettait entre les mains, et puis tout à coup je sautais par la fenêtre du rez-de-chaussée, quand elle se trouvait plus près de moi que la porte, et j’allais m’ébattre dans le jardin ou dans la campagne, comme un poulain échappé. J’aimais la solitude de passion, j’aimais la société des autres enfants avec une passion égale ; j’avais partout des amis et des compagnons. Je savais dans quel champ, dans quel pré, dans quel chemin je trouverais Fauchon, Pierrot, Liline, Rosette ou Sylvain. Nous faisions le ravage dans les fossés, sur les arbres, dans les ruisseaux. Nous gardions les troupeaux, c’est-à-dire que nous ne les gardions pas du tout, et que, pendant que les chèvres et les moutons faisaient bonne chère dans les jeunes blés, nous formions des danses échevelées, ou bien nous goûtions sur l’herbe avec nos galettes, notre fromage et notre pain bis. On ne se gênait pas pour traire les chèvres et les brebis, voire les vaches et les juments quand elles n’étaient pas trop récalcitrantes. On faisait cuire des oiseaux ou des pommes de terre sous la cendre. Les poires et
les pommes sauvages, les prunelles, les mûres de buisson, les racines, tout nous était régal.
Je me demande d'abord ce que signifie "La nature me poussait par un besoin invincible à seconder le travail qu'elle opérait en moi, et ces deux années, celles où je rêvai et pleurai pourtant le plus, furent aussi celles où je courus et où je m'agitai davantage."
Je me demande également ce que représentent ces deux années dans la vie de George Sand.
Dernière question : dans la suite de l'extrait, elle évoque les camarades qu'elle retrouve : "Fanchon, Pierrot, Liline, Rosette ou Sylvain". Ces prénoms viennent-ils de milieux sociaux différents?
Ma grand-mère, ayant enfin compris que je n’étais jamais malade que faute d’exercice et de grand air, avait pris le parti de me laisser courir, et, pourvu que je ne revinsse pas avec des déchirures à ma personne ou à mes vêtements, Rose m’abandonnait peu à peu à ma liberté physique. La nature me poussait par un besoin invincible à seconder le travail qu’elle opérait en moi, et ces deux années, celles où je rêvai et pleurai pourtant le plus, furent aussi celles où je courus et où je m’agitai davantage. Mon corps et mon esprit se commandaient alternativement une inquiétude d’activité et une fièvre de contemplations, pour ainsi dire. Je dévorais les livres qu’on me mettait entre les mains, et puis tout à coup je sautais par la fenêtre du rez-de-chaussée, quand elle se trouvait plus près de moi que la porte, et j’allais m’ébattre dans le jardin ou dans la campagne, comme un poulain échappé. J’aimais la solitude de passion, j’aimais la société des autres enfants avec une passion égale ; j’avais partout des amis et des compagnons. Je savais dans quel champ, dans quel pré, dans quel chemin je trouverais Fauchon, Pierrot, Liline, Rosette ou Sylvain. Nous faisions le ravage dans les fossés, sur les arbres, dans les ruisseaux. Nous gardions les troupeaux, c’est-à-dire que nous ne les gardions pas du tout, et que, pendant que les chèvres et les moutons faisaient bonne chère dans les jeunes blés, nous formions des danses échevelées, ou bien nous goûtions sur l’herbe avec nos galettes, notre fromage et notre pain bis. On ne se gênait pas pour traire les chèvres et les brebis, voire les vaches et les juments quand elles n’étaient pas trop récalcitrantes. On faisait cuire des oiseaux ou des pommes de terre sous la cendre. Les poires et
les pommes sauvages, les prunelles, les mûres de buisson, les racines, tout nous était régal.
- liliepingouinÉrudit
Pour la phrase en gras je pense qu'il faut s'appuyer sur le passage qui précède :
"Tout au milieu de mes rêvasseries sans fin et des chagrins de ma situation, je me développais extraordinairement. J’annonçais devoir être grande et robuste ; de douze à treize ans, je grandis de trois pouces, et j’acquis une force exceptionnelle pour mon âge et pour mon sexe. Mais j’en restai là, et mon développement s’arrêta au moment où il commence souvent pour les autres. Je ne dépassai pas la taille de ma mère, mais je fus toujours très forte, et capable de supporter des marches et des fatigues presque viriles."
Elle se développe donc comme une jeune fille robuste, c'est sa nature.
Mais sa nature est aussi de bouger, d'être active, ce qui renforce encore cette robustesse.
Par conséquent la phrase signifie que sa nature est d'être une jeune fille active, ce qui renforce les qualités physiques qu'elle avait déjà par nature.
Pour la liste de prénoms, ce sont pour moi tous des prénoms d'enfants du peuple, fils et filles de domestiques, de paysans ou d'artisans, petits Berrichons avec lesquels elle joue dans les champs.
Quant aux deux années en question, je n'en sais pas plus long.
"Tout au milieu de mes rêvasseries sans fin et des chagrins de ma situation, je me développais extraordinairement. J’annonçais devoir être grande et robuste ; de douze à treize ans, je grandis de trois pouces, et j’acquis une force exceptionnelle pour mon âge et pour mon sexe. Mais j’en restai là, et mon développement s’arrêta au moment où il commence souvent pour les autres. Je ne dépassai pas la taille de ma mère, mais je fus toujours très forte, et capable de supporter des marches et des fatigues presque viriles."
Elle se développe donc comme une jeune fille robuste, c'est sa nature.
Mais sa nature est aussi de bouger, d'être active, ce qui renforce encore cette robustesse.
Par conséquent la phrase signifie que sa nature est d'être une jeune fille active, ce qui renforce les qualités physiques qu'elle avait déjà par nature.
Pour la liste de prénoms, ce sont pour moi tous des prénoms d'enfants du peuple, fils et filles de domestiques, de paysans ou d'artisans, petits Berrichons avec lesquels elle joue dans les champs.
Quant aux deux années en question, je n'en sais pas plus long.
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Spheniscida qui se prend pour une Alcida.
"Laissons glouglouter les égouts." (J.Ferrat)
"Est-ce qu'on convainc jamais personne?" (R.Badinter)
Même si c'est un combat perdu d'avance, crier est important.
- AmaliahEmpereur
Merci beaucoup, liliepingouin, pour ces éléments qui m'éclairent. Dans le livre de poche que je suis allée emprunter à la médiathèque, le passage précédent est tronqué.
Je te rejoins pour les prénoms.
Je te rejoins pour les prénoms.
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