1re : Le menteur, de Corneille — parcours "mensonge et comédie"

Et hop, une explication rédigée dans la scène 5 de l'acte 2 (comment Dorante s'est marié à Poitiers).

• https://www.lettresclassiques.fr/2024/07/10/le-meilleur-des-menteurs/
  

Bon, je n'ai pas pu m'empêcher de refourguer mes élucubrations sur l'alternance des temps qui sont l'objet de ma thèse...

Je viens de regarder sur le site Cyrano la version avec Nicolas Vaude. Je l'ai trouvée globalement satisfaisante mais malgré tout trop sérieuse. Les passages avec Dorante et Clarice m'ont semblé passionnels, je n'ai pas retrouvé la Précieuse et le beau parleur que me laissaient imaginer ma lecture. Vaude s'en tire bien pour la scène du mensonge sur le festin, mais en fait trop, je trouve, dans le mensonge sur le faux mariage. En fait, j'aurais aimé, pour que l'ensemble soit plaisant, que Dorante adopte une légèreté à la Belmondo, une emphase qui laisserait entendre une distance par rapport à ses propos. Je ne l'ai pas senti s'amuser.
Je n'ai pas compris l'intérêt de rendre Cliton saoul au milieu de la pièce. Et à la fin, l'orage qui accompagne les pères donne une ambiance grave alors qu'il est évident que lorsque Lucrèce et Clarice disent qu'elles doivent leur obéir, en fait elles sont bien contentes de le faire.
Pierre Maguelon fait un très bon Géronte en père digne et offusqué. Mais le metteur en scène aurait dû lui demander d'être grandiloquent, d'en faire trop, sinon on ne sent pas que Corneille est en train de parodier ses propres tragédies.
Mêmes impressions pour vous ?

Je ne l'ai pas encore regardé entièrement, mais je suis d'accord avec toutes tes interprétations sur la pièce (Belmondo, oui ! quelle bonne idée ! ). J'ajouterais simplement que si avec Géronte Corneille parodie certes ses tragédies, en même temps il emprunte beaucoup au type comique du vieillard amoureux, mais sans ridicule (les scènes II,1 et dernière sont claires à cet égard).

Dans la scène 6 de l'acte I, deux vers m'intriguent :

Corneille a écrit:Et tel, à la faveur d’un semblable débit,
Passe pour homme illustre, et se met en crédit.

Certes, le mot débit désigne ici l'éloquence de Dorante, et le crédit la confiance qu'on lui accorde. Mais "débit" et "crédit", ça ressemble fortement à un jeu mots dans le domaine financier. Seulement voilà, je ne vois pas l'intérêt de ce jeu de mots...

J'ai  du mal à voir dans cette rime autre chose qu'une façon de clore un peu fermement la tirade. Mais si ce n'était pas le cas et qu'ily avait bien un jeu de mots d'ordre financier, il faudrait sans doute aller voir du côté de la petite tirade de Cliton sur la libéralité nécessaire pour séduire de la scène 1. Celle-ci lui fait écho. Et ne pas oublier à qui Dorante s'adresse ici.

yranoh a écrit:il faudrait sans doute aller voir du côté de la petite tirade de Cliton sur la libéralité nécessaire pour séduire  de la scène 1.

Bonne idée ! merci beaucoup ! C'est vrai que tout au long de la pièce, les personnages font des allusions à ce qu'ils ont dit précédemment (particulièrement Cliton qui ironise sur ce qu'a dit Dorante).

Bonjour, jusqu'à quand cette pièce sera-t-elle au programme de 1ère ? Est-il envisageable de l'étudier avec des 3e selon vous ?

Elle est là pour quatre ans. Elle va déjà être difficile pour des Premières, je ne la conseille pas pour des 3èmes.

The Paper a écrit:Elle est là pour quatre ans. Elle va déjà être difficile pour des Premières, je ne la conseille pas pour des 3èmes.

D'accord, merci ! 

Les trois extraits que j'ai choisis pour les linéaires : extraits du Menteur

(et lien de mon livre de cours dans ma signature).