Réponse déplacée : quid ? réaction ?

Bonjour à tous,

Il y a quelques jours, j'ai corrigé une rédaction sur L'Odyssée et j'ai eu, de la part d'un élève tout à fait intelligent, un tissu d'inepties : Ulysse est aux toilettes, avec son bateau, il va à Dubaï voir les influenceurs... Tout cela à peu près sans ponctuation, une dizaine de lignes écrit gros. Là, pas d'états d'âme : j'ai mis zéro, averti les parents, et l'élève est venu deux heures en retenue histoire de refaire son travail sérieusement. L'élève, tout piteux, interpellé devant ses parents, l'adjoint et moi-même, a déclaré avoir voulu faire rire ses camarades.

Et hier, éval en 5e sur la chevalerie. Copie médiocre d'un élève médiocre, mais pas catastrophique, bref, l'ordinaire, quand soudain...



J'ai failli tomber de ma chaise. Ai-je besoin de vous dire qu'aucune question sur Perceval n'appelait ce genre de réponse ?
C'est quoi, ce truc ? Une épidémie mystérieuse qui provoque des AVC précoces ? Le dernier challenge tik-tok ? Vous avez des choses comme ça, vous aussi ?

J'avoue que je suis tellement stupéfaite qu'un élève oublie à ce point sa place et le statut de sa copie que j'hésite sur la conduite à tenir. Bon, ce qui est sûr, c'est que j'appelle les parents pour les prévenir. Et ensuite ? Une heure de retenue pour apprendre à l'élève où il peut faire de l'humour et où il ne peut pas ?

Je me demande si c'est un pur hasard si j'ai deux copies de cet acabit coup sur coup, si c'est le reflet d'une génération qui ne maîtrise plus du tout les codes des échanges avec les adultes, ou s'il y a encore autre chose, comme un effet de mode, relayé par les réseaux sociaux ou autres.

on dirait un challenge lancé entre élèves, chacun recevant à un moment ou à un autre la mission d'introduire des éléments parasites dans un devoir.
Si c'est le cas, il faut mettre zéro mais ne rien dire devant la classe pour les priver de l'effet escompté.

Dans la rédaction d’un DNB blanc, alors que le sujet demandait de raconter une conversation entre Simone de Beauvoir et sa grand-mère, un élève a écrit : « Je n’en sais rien, comment voulez-vous que je devine ? » (enfin quelque chose de ce style, ce n’est pas moi qui corrigeais sa copie mais une collègue).

Euh... Pour ma part (en REP), c'est mon quotidien depuis des années !
Des inepties dont les élèves ne semblent même pas saisir l'incongruité et l'anachronisme ! Alors, honnêtement, si je devais tenter de discerner ce qui relève de la sottise fanfaronne et ce qui ne vient que de l'ignorance et du manque de repères historiques et culturels, je crois que je n'y parviendrais pas !

Ça m'arrive de temps en temps. J'applique ton premier remède systématiquement. Un petit rendez-vous, une bonne heure de colle, une mention en conseil de classe...

Maroussia a écrit:on dirait un challenge lancé entre élèves, chacun recevant à un moment ou à un autre la mission d'introduire des éléments parasites dans un devoir.
Si c'est le cas, il faut mettre zéro mais ne rien dire devant la classe pour les priver de l'effet escompté.

Oh ! je ne compte guère lui donner un public, mais j'aurais bien aimé comprendre. Je poserai la question à l'élève, de préférence avec père et mère à côté. Ça tombe bien, c'est bientôt les réunions parents-professeurs.

Maroussia a écrit:on dirait un challenge lancé entre élèves, chacun recevant à un moment ou à un autre la mission d'introduire des éléments parasites dans un devoir.
Si c'est le cas, il faut mettre zéro mais ne rien dire devant la classe pour les priver de l'effet escompté.

Ça pourrait bien être ça.
Ils risquent plus gros qu'avec les jeux de l'autruche et de la salade de fruits il y a une douzaine d'années...

En LP il m'arrive régulièrement de recevoir des copies de cet acabit. Je mets la note méritée.  Je photocopie le devoir. Je convoque l'élève concerné(e) en lui demandant de me dire honnêtement si ses réponses sont de l'ordre de l'ignorance, de l'amusement ou de la provocation. Je prends acte de la réponse.  Je laisse courir. Je n'ai jamais pris la peine de prévenir les parents mais je m'attends parfois à des demandes de rendez-vous pour contester ma notation, ce qui ne m'est jamais arrivé pour l'instant ( d'où la photocopie systématique de la copie potentiellement sujette à récriminations).
Mais ce sont des ados et j'estime que si  à 16 ou 17 ans ça les amuse d'écrire n'importe quoi dans des devoirs notés, au bout d'un moment ça les regarde.

Il me semble effectivement que les challenges et autres défis lancés par ou soutenus via les réseaux sociaux conduisent à une accentuation de ce genre de pratiques, parce qu'ils ont tendance à aller de plus en plus loin. Cela m'inquiète passablement, mais là je pense aux lycéens voire à certains étudiants de BTS plutôt qu'à des collégiens.
Introduire un mot parasite, ça existe depuis longtemps et ça peut exister de façon "intelligente". Pondre tout un paragraphe non seulement inapproprié mais aussi inconvenant, ce n'est plus vraiment faire une blague au sein d'une évaluation (ce qui n'est déjà pas recommandable ), c'est prendre le devoir lui-même pour une blague.

*Ombre* a écrit:Bonjour à tous,

Il y a quelques jours, j'ai corrigé une rédaction sur L'Odyssée et j'ai eu, de la part d'un élève tout à fait intelligent, un tissu d'inepties : Ulysse est aux toilettes, avec son bateau, il va à Dubaï voir les influenceurs... Tout cela à peu près sans ponctuation, une dizaine de lignes écrit gros. Là, pas d'états d'âme : j'ai mis zéro, averti les parents, et l'élève est venu deux heures en retenue histoire de refaire son travail sérieusement. L'élève, tout piteux, interpellé devant ses parents, l'adjoint et moi-même, a déclaré avoir voulu faire rire ses camarades.

Et hier, éval en 5e sur la chevalerie. Copie médiocre d'un élève médiocre, mais pas catastrophique, bref, l'ordinaire, quand soudain...



J'ai failli tomber de ma chaise. Ai-je besoin de vous dire qu'aucune question sur Perceval n'appelait ce genre de réponse ?
C'est quoi, ce truc ? Une épidémie mystérieuse qui provoque des AVC précoces ? Le dernier challenge tik-tok ? Vous avez des choses comme ça, vous aussi ?

J'avoue que je suis tellement stupéfaite qu'un élève oublie à ce point sa place et le statut de sa copie que j'hésite sur la conduite à tenir. Bon, ce qui est sûr, c'est que j'appelle les parents pour les prévenir. Et ensuite ? Une heure de retenue pour apprendre à l'élève où il peut faire de l'humour et où il ne peut pas ?

Je me demande si c'est un pur hasard si j'ai deux copies de cet acabit coup sur coup, si c'est le reflet d'une génération qui ne maîtrise plus du tout les codes des échanges avec les adultes, ou s'il y a encore autre chose, comme un effet de mode, relayé par les réseaux sociaux ou autres.

Ayant été victime d'un AVC qui m'a fait inventer une vie parallèle à Léonard de Vinci lors d'un AIT en plein cours et étant investie dans la prévention des AVC (et en particulier des AVC infantiles), je tique sur cette phrase même si je me doute que c'était 100% ironique, sans aucune volonté de nuire et pour faire part de ton indignation.
Travaillant désormais au CNED, je reçois plusieurs fois par mois des copies de cet acabit et je trouve que cela est en nette augmentation depuis l'année dernière. N'allant pas sur Tik Tok, je ne pourrais pas dire s'il y a une sorte de défi relayé sur ce réseau mais je suis effectivement moi aussi stupéfaite de voir ce manque de respect du correcteur / de la correctrice et ce manque d'ambition.

Quand on analyse un texte à l'oral, beaucoup d'élèves commencent leur phrase par "Alors genre" et ne semblent pas voir le problème.

Récemment (il y a deux ou trois semaines), dans une de mes classes, le jeu consistait à répondre n'importe quoi aux questions pour "faire péter un câble au prof". Est-ce un défi vu sur les réseaux ? Je ne sais pas.

Pour des collégiens et en particulier des petites classes, je pencherais plus pour une absence de repère et un côté "à l'ouest" bien bien prononcé chez certains. Quand vraiment c'est du délire ( j'ai eu une histoire de narcotrafiquant dans une rédac autobiographique...), je photocopie, je transmets à l'adjoint qui reçoit l'élève avec moi de préférence et en général, les parents sont prévenus, l'élève vient refaire.

Esméralda a écrit:Pour des collégiens et en particulier des petites classes, je pencherais plus pour une absence de repère et un côté "à l'ouest" bien bien prononcé chez certains. Quand vraiment c'est du délire ( j'ai eu  une histoire de narcotrafiquant dans une rédac autobiographique...), je photocopie, je transmets à l'adjoint qui reçoit l'élève avec moi de préférence et en général, les parents sont prévenus, l'élève vient refaire.  

En 1993 un élève de 3e m'avait rendu une version latine où il racontait n'importe quoi : le dragon Smaug etc.

J'avais montré la copie au principal et à son adjointe, qui n'avaient fait que sourire... Du latin, n'est-ce pas... Ça me reste encore en travers de la gorge

Dans ce genre de cas, j'applique la méthode Zigmag: hors-sujet donc note très faible, pas de commentaire particulier en classe et photocopie du devoir au cas où (mais si la rencontre parents-professeurs approche on peut effectivement se faire plaisir en leur mettant la copie sous le nez).

Caspar a écrit:Dans ce genre de cas, j'applique la méthode Zigmag: hors-sujet donc note très faible, pas de commentaire particulier en classe et photocopie du devoir au cas où (mais si la rencontre parents-professeurs approche on peut effectivement se faire plaisir en leur mettant la copie sous le nez).

Voilà. Dans notre métier, il reste quelques petites satisfactions à ne pas laisser passer...
MarcelleDuchamp, effectivement, c'était ironique, et tu n'as pas à le prendre personnellement, bien sûr.

*Ombre* a écrit:

Caspar a écrit:Dans ce genre de cas, j'applique la méthode Zigmag: hors-sujet donc note très faible, pas de commentaire particulier en classe et photocopie du devoir au cas où (mais si la rencontre parents-professeurs approche on peut effectivement se faire plaisir en leur mettant la copie sous le nez).

Voilà. Dans notre métier, il reste quelques petites satisfactions à ne pas laisser passer...
MarcelleDuchamp, effectivement, c'était ironique, et tu n'as pas à le prendre personnellement, bien sûr.

J'allais te répondre au moment même où je lis ta réponse! Je pensais à toi: je viens d'avoir encore une copie que j'appelle "foutage de g*eule"! En arts plastiques, plutôt que de se fouler à répondre, ils ont une autre solution: taper le nom d'un coloriage d'un personnage sur Google, l'imprimer, le décalquer et le colorier. Ils envoient ça comme devoir.
Sauf que Google Lens, permet de trouver l'image en 2 sec et de leur mettre le nez dans leur caca avec la preuve par A + B.
Ca me fait penser à ton paragraphe sur Pikachu, ici ce n'était pas ce personnage mais un autre... Pourquoi se fouler quand on peut remplir avec un truc qui n'a rien à voir?!

J'ai tout de même l'impression qu'il y a surtout beaucoup de manque de savoir-vivre, adossé à une forte désinvolture.

*Ombre* a écrit:J'ai tout de même l'impression qu'il y a surtout beaucoup de manque de savoir-vivre, adossé à une forte désinvolture.

Tu parles d'Ulysse qui part à Dubaï... Forcément quand on a l'exemple des teuteu influenceurs, bêtes à manger du foin, mais qui brassent des centaines de milliers d'euros sur l'empire du vide et qui passent à la télé, sur les RS, dans la presse people avec du rien, ça ne leur donne pas l'image que le travail paye. Tout semble amusement, plaisir et jeu... alors le travail scolaire, à côté, quel ennui!

Alcyone a écrit:Quand on analyse un texte à l'oral, beaucoup d'élèves commencent leur phrase par "Alors genre" et ne semblent pas voir le problème.

Récemment (il y a deux ou trois semaines), dans une de mes classes, le jeu consistait à répondre n'importe quoi aux questions pour "faire péter un câble au prof". Est-ce un défi vu sur les réseaux ? Je ne sais pas.

J'ai eu pire : durant un travail en groupe, deux élèves (du groupe) qui terminent de prendre des notes de ce qu'elles vont dire pendant que leurs camarades parlent, et qui ne voient pas le problème. Bah oui parce qu'elles travaillaient, alors pas de souci, non ? Je m'en suis toujours pas remise.

J'ai aussi eu des élèves qui ont tenté d'inventer pour masquer qu'ils n'avaient pas lu le livre. Manque de bol, me convaincre que c'est moi qui me trompe, ça a pas marché.

Il ne faudrait pas qu'il y ait des pressions sur les élèves notamment les bons. Ce que tu racontes de l'élève de 6e m'interroge. Et si ça se reproduit avec d'autres, ça vaudrait la peine de faire une petite enquête.

roxanne a écrit:Il ne faudrait pas qu'il y ait des pressions sur les élèves notamment les bons. Ce que tu racontes de l'élève de 6e m'interroge. Et si ça se reproduit avec d'autres, ça vaudrait la peine de faire une petite enquête.

Non, je ne pense pas qu'il y ait de pressions. Cet élève est de ceux qui tentent de rééquilibrer les groupes de niveaux : il est fin, mais très casse-bonbons !

Lorsque j'ai ce genre de réponses (répondre absolument n'importe quoi qui n'a pas le moindre rapport avec le sujet), je considère que l'élève se fiche de moi.
Je donne alors systématiquement un travail fastidieux à faire.

Exemple : une fois un élève m'a complété l'arbre généalogique des julio-claudiens avec "Dark Vador", "Luke Skywalker" etc. Il a eu à me rédiger une copie double pour comparer la fin de la République et l'avènement de l'Empire à Rome et dans la saga Starwars.
Un autre m'avait répondu que le successeur de Néron était Napoléon. Il m'a rédigé une copie double sur les influences romaines, tant politiques qu'artistiques, dans la période napoléonienne.
Ça calme très efficacement toute velléité de recommencer, pour toute la classe.

Pour l'amateur de Pokemon, je donnerais bien une copie recto verso sur un sujet du genre "En quoi les dresseurs Pokemon sont-ils des sortes de chevaliers errants accomplissant leur quête ?"

J'ai très souvent ce genre de réponse, y compris en 3e. Hier, alors que je rendais les copies de brevet blanc, j'ai repris 3 garçons qui avaient raconté sur 4 pages des combats de MMA, des histoires de monster trucks sur 4 pages de la copie d'examen. Évidemment totalement hors sujet par rapport aux sujets d'imagination et de réflexion.
Leur réponse :"ben quoi ? On savait pas quoi écrire !".

henriette a écrit:Lorsque j'ai ce genre de réponses (répondre absolument n'importe quoi qui n'a pas le moindre rapport avec le sujet), je considère que l'élève se fiche de moi.
Je donne alors systématiquement un travail fastidieux à faire.

Exemple : une fois un élève m'a complété l'arbre généalogique des julio-claudiens avec "Dark Vador", "Luke Skywalker" etc. Il a eu à me rédiger une copie double pour comparer la fin de la République et l'avènement de l'Empire à Rome et dans la saga Starwars.
Un autre m'avait répondu que le successeur de Néron était Napoléon. Il m'a rédigé une copie double sur les influences romaines, tant politiques qu'artistiques, dans la période napoléonienne.
Ça calme très efficacement toute velléité de recommencer, pour toute la classe.

Pour l'amateur de Pokemon, je donnerais bien une copie recto verso sur un sujet du genre "En quoi les dresseurs Pokemon sont-ils des sortes de chevaliers errants accomplissant leur quête ?"

Du même acabit, un collègue qui confisquait une sarbacane et des boulettes donnait un exposé à faire sur la balistique chez les aborigènes ou tout autre peuple. Ca calmait!

J'ai eu un jour en lycée une copie qui mentionnait "Nadine Morano et ses grosses cuisses". L'élève était déjà bien politisé, mais devant cette provocation qui n'était pas la première, jai montré la copie à l'adjointe. Les parents ont été convoqués. Comme elle savait que je n'en pouvais plus de cette classe, elle m'a épargné ce RV avec les parents. Elle avait gardé la copie pour le RV.