Professeurs de français, qui suivez-vous sur Facebook et/ou Instagram ?

Je suis contente de voir qu'il existe des collègues qui font autre chose des corrections de copies en direct (si si ça existe), des Escape Game et autres pranks à leurs élèves.

roxanne a écrit:Je suis contente de voir qu'il existe des collègues qui font autre chose des corrections de copies en direct (si si ça existe), des Escape Game et autres pranks à leurs élèves.

Ceux-ci ne sont pas incompatibles avec ceux-là.
J'avoue que j'ai beaucoup de mal à me dire que ces "insta profs" (rien que le terme me semble ) peuvent être des sources d'inspiration pour un vrai travail de fond pour les jeunes collègues en recherche de démarches pédagogiques cohérentes avec les exigences de l'institution ou seulement avec celles des examens tels qu'ils sont conçus par l'institution.

Pour ma part, je me contente d'un compte instagram fantôme qui me permet simplement de regarder des recettes Ottolenghi et des tutos ikea :p mais j'ai une amie qui m'envoie régulièrement des "stories" accessibles sans abonnement de certains de ces profs de lettres nouvelle génération...
J'ai beaucoup de mal avec cette marchandisation du prof de français prescriptif et cette ode à l'achat compulsif de livres de littérature de jeunesse (certaines maisons d'éditions scolaires surtout, évidemment), cette mise en avant de soi à sa table de travail et au delà de tout ça, ce travail qui est surtout soit entièrement construit sur la façon d'être du prof (on voit qu'elles sont jolies, avec de jolis doigts vernis de mille couleurs quand elles présentent le livre, portent des tenues affriolantes voire franchement pour des profs qui se réclament, de plus, comme des profs exigeantes et prenant au sérieux leur rôle moral et civique), soit construit autour d'un verbiage coloré et numérique qui n'est pas autre chose qu'une reprise de cours qui fleurissent déjà dans moult manuels ou sur d'autres sites internet. Ce n'est souvent qu'un fourmillement de gloses (et pas la plus pertinente pour ce que j'ai déjà pu en lire) et d'entre-gloses qui, quand je me dis qu'elles sont certainement à destination de collègues à la recherche de séances "clés en main", de jeunes profs en mal de savoir didactique solide, m'inquiètent un peu sur l'avenir de l'enseignement des lettres.
J'ai pu aussi constater, chez certains comptes, une certaine malhonnêteté : une appropriation d'éléments déjà vus par ailleurs, parfois depuis plus de 30ans, et repris à son compte sans véritablement dire de manière claire que c'est un emprunt voire un franc pillage..

Je crois qu'hélas, tout cela est une question de génération (sans faire de généralités bien-sûr). Après des séquences "clé en main", webllettres en fourmille, rien de nouveau.

roxanne a écrit:Je crois qu'hélas, tout cela est une question de génération (sans faire de généralités bien-sûr). Après des séquences "clé en main", webllettres en fourmille, rien de nouveau.

Qu'on s'entende bien, ce n'est pas pas le fait de passer par "instagram" qui me gêne chez ces profs, moi même je suis assez consommatrice de twitter (et j'y lis des profs de lettres brillantissmes et dont j'admire le verbe fin et la dent souvent rude sur ce qu'est devenu l'enseignement des lettres), instagram (enfin version loisirs pas pro) et même facebook...

Ce qui me gêne, c'est la qualité du "contenu" offert par ces prescripteurs et leur posture en tant que professeurs. Ce n'est pas un problème que de courir le cachet auprès des maisons d'éditions scolaires pour vendre des éditions plus ou moins fantaisistes des classiques (ou pas) mais il faut le faire en toute honnêteté et le dire de façon claire et non pas en le présentant comme si c'était un truc induit par le métier de prof de lettres. Non le professeur de lettres compulse plusieurs éditions des Misérables ou de je ne sais quoi d'autre et fait un vrai compte-rendu des qualités et "défauts" de tous, il ne vend pas une édition parfois minable et peu efficace dans la lecture de l'oeuvre intégrale en prétendant que "c'est top et que c'est merveilleux" pour la littérature alors que visiblement, cela n'a que peu d'intérêt, en réalité, pour ledit prof ou alors il manque singulièrement de pertinence.
Ce qui me gêne encore plus, c'est la reprise, sans cesse, d'un compte à l'autre des mêmes marottes, d'une façon assez similaire finalement de la manière de faire de la lecture, de l'écriture ou de la langue...C'est comme les recettes instagram du crinkle cake ou des tomates rôties à la burratta, ca tourne jusqu'à l'écoeurement
J'adorerais lire une prof de français qui s'interroge sur les oeuvres mais vraiment, qui en propose une véritable interprétation avec ses élèves, sur les valeurs que nous sommes censés transmettre à nos élèves, sur des notions ou des concepts littéraires d'une façon personnelle et originale, qui me pousserait à vouloir en apprendre plus.
C'est ce qui se passe parfois sur néoprofs mais hélas sur aucun instagram de tous ces profs qui pourtant n'ont de cesse de se présenter, de façon un peu facile et un peu naïve comme professeurs passionnés (parce que tu crois que moi je déteste ça? ).
Bref, au début je regardais ça comme une lubie de gens qui s'ennuient et veulent se mettre en scène. Maintenant, cela devient quand même inquiétant quand on retrouve leurs "marottes" dans des cours où rien ne va ou même comme mantra rose bonbon qui ne résout en rien les difficultés de l'enseignant comme de l'élève chez de jeunes stagiaires ou chez des contractuels.

solale a écrit:

Qu'on s'entende bien, ce n'est pas pas le fait de passer par "instagram" qui me gêne chez ces profs, moi même je suis assez consommatrice de twitter (et j'y lis des profs de lettres brillantissmes et dont j'admire le verbe fin et la dent souvent rude sur ce qu'est devenu l'enseignement des lettres)

Qui par exemple ? Question sincère, car je suis de façon générale assez scandalisée par les déballages des profs et universitaires sur Twitter, que je trouve d'un narcissisme odieux en plus d'être d'une pauvreté intellectuelle consternante. Mais peut-être que des comptes de qualité m'échappent... (après j'y suis rarement moi-même, parfois des sauts avec un compte fantôme également...)

Depuis des années, je fais partie de deux groupes privés de profs de lettres sur Facebook et c'est une mine qui échanger, s'entraider, réfléchir, échanger des documents, trouver des idées, se renouveler etc.

Depuis plusieurs mois, je suis plusieurs profs de lettres sur Instagram et j'ai moi-même créé un compte pro afin d'échanger : je ne peux pas échanger, ni travailler avec mes collègues, je passe beaucoup de temps à préparer des cours, à mener des projets au sein de mes classes et mon travail n'est pas forcément mis en valeur. Donc un compte permet cela.

Je suis plusieurs profs de lettres dont La Légèreté des Lettres, La bande à Baudelaire, La Boîte de Pandore, Chez Mot Passant, Chocolat Littéraire, Lirevresse des mots, Flaubert and Co, Crochetons nous dans les bois, albertcamus senvole, des musees des lettres, lettres.n.co etc. Certains comptes ont beaucoup de followers, ce qui nécessite souvent, il est vrai, de poster beaucoup, de se mettre en scène (je ne citerai pas de nom, parfois trop), mais toutes ces collègues ont en commun d'être passionnées, de travailler beaucoup et d'être très créatives. Franchement, je leur tire mon chapeau et les remercie : ça permet de trouver de bonnes idées, de se motiver et surtout de se remettre en question : l'essence même de notre métier. Les outils à notre disposition évoluent, s'en servir ne fait pas de ces profs des sous profs, au contraire.