- denis_neoprofsNiveau 5
Tout le monde, sur ce forum, ne cesse, à juste de titre, de se plaindre de la paupérisation des enseignants. Leurs enfants sont pourtant surreprésentés en CPGE. Sommes nous donc des bourgeois ?Elyas a écrit:Proton a écrit:@Elyas : "Cette obsession est mortifère parce que ça ne permet pas de voir que d'autres filières sont excellentissimes". Désolé, mais pour les sciences, l'université est catastrophique en L1 et L2 (après les choses sont différentes). C'est pourquoi, pour avoir des bases solides en sciences et pouvoir aller un petit peu loin (pas forcément école d'ingé) une cpge est *la* formation. Il en existe pour tous les profils en plus (ptsi = plus technique / pratique, mpsi-pcsi = plus théorique, plus difficile aussi) et des lycées de tous les niveaux.
Oui et c'est un problème.
On va être clair : les CPGE sont un système qui sert avant tout la bourgeoisie (peut-être pas initialement mais maintenant, si).
inique, rien que ça. J'en viens. Je ne vais pas jouer à qui est le plus Fantine, ou Cosette, mais je viens d'un milieu pauvre et analphabète. Mon fils, 20 ans, en sort également, il n'a rien volé à personne.Elyas a écrit:
Les exemples de réussite issue des classes non-bourgeoises permettent de justifier ce système inique
Cette opposition Fac/prépa est fatigante. Le système prépa/grande école, en tout cas en sciences, est une particularité française qui a fait, et fait encore ses preuves. On peut décider de tout raser. Mais une autre forme de selection prendra sa place.
- ErgoDevin
La SCSP par étudiant est éloquente, il faut dire:epekeina.tes.ousias a écrit:DesolationRow a écrit:Il y a quand même un fait qu’il est difficile de contourner : on travaille à un tout autre rythme, et à une tout autre intensité, en prépa et à la fac. Si tu fais disparaître les prépas au nom de l’égalité, tu fais en même temps disparaître une voie d’excellence avec laquelle l’université, dans ses deux premières années, ne peut simplement pas rivaliser. Sous prétexte d’égalité, on fera encore sauter un des rares endroits où il est possible de faire travailler à haute intensité et avec de vraies exigences.
Je connais bien cet argument. Et je connais aussi des prépas “de province” qui accueillent des étudiants qu'ils préparent fort bien… à rejoindre l'université (je le sais d'autant mieux que je ne les ai donc pas en licence…).
Il n'en demeure pas moins qu'il y a fac et fac, et que certaines facs accueillent des étudiants qui n'ont pas les moyens de se consacrer à leurs études, et dans lesquelles, le moins que l'on puisse dire, est que les moyens n'y sont pas. Sachant qu'il y a beaucoup plus d'étudiants en facs qu'en prépa…
https://blog.educpros.fr/julien-gossa/2023/12/18/subvention-pour-charge-de-service-public-quel-indicateur-pour-quelle-repartition/
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"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- EdithWGrand sage
En même temps, quand on voit le destin des enseignants chercheurs (que ce soit en sciences ou LSH…), enFrance, on peut concevoir que ça ne fasse pas envie. Malheureusement.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
denis_neoprofs a écrit:Cette opposition Fac/prépa est fatigante. Le système prépa/grande école, en tout cas en sciences, est une particularité française qui a fait, et fait encore ses preuves. On peut décider de tout raser. Mais une autre forme de selection prendra sa place.
Va vérifier les différences de coût par étudiants entre fac, d'un côté, et prépa, de l'autre, et va vérifier le taux d'échec en licence, ainsi que les flux concernés. Et demande-toi ensuite pourquoi les “plans licence” (censés améliorer la réussite des étudiants) ont tous échoué depuis 30 ans.
_________________
Si tu vales valeo.
- PrezboGrand Maître
Elyas a écrit:Proton a écrit:@Elyas : "Cette obsession est mortifère parce que ça ne permet pas de voir que d'autres filières sont excellentissimes". Désolé, mais pour les sciences, l'université est catastrophique en L1 et L2 (après les choses sont différentes). C'est pourquoi, pour avoir des bases solides en sciences et pouvoir aller un petit peu loin (pas forcément école d'ingé) une cpge est *la* formation. Il en existe pour tous les profils en plus (ptsi = plus technique / pratique, mpsi-pcsi = plus théorique, plus difficile aussi) et des lycées de tous les niveaux.
Oui et c'est un problème.
On va être clair : les CPGE sont un système qui sert avant tout la bourgeoisie (peut-être pas initialement mais maintenant, si). Les exemples de réussite issue des classes non-bourgeoises permettent de justifier ce système inique mais ces exemples sont infimes et on ne crée par une politique avec des exceptions.
L'université a été littéralement détruite et personne n'en parle, tout le monde se tournant vers les CPGE, donc la bourgeoisie a gagné.
C'est un sujet éminemment politique : il faut reconstruire l'université si on veut permettre au plus grand nombre capable de réussir de pouvoir réussir en passant par l'université.
Je sais très bien de quoi je parle : je suis passé par l'université de Paris-Ouest et j'ai vu la vétusté des infrastructures pour enseigner et le manque de matériel. Le même jour, je suis passé à Hoche à Versailles et j'ai vu ses CPGE. Comment dire ? On donne tout à ceux qui ont tout et on prend tout à ceux qui n'ont rien.
Pour Hoche, je ne jugerais pas, mais pour avoir connu plusieurs prépas en tant qu'élève comme intervenant, je peux dire que les locaux pédagogiques et les internats sont loin d'être toujours luxueux (euphémisme). Les prépas sont intégrées dans des lycées, le vétuste existe aussi y compris dans les établissements historiques. La différence se fait surtout au niveau du taux d'encadrement, qui fait effectivement exploser le coût par étudiant.
Ensuite, c'est un peu HS sur ce fil, mais si on veut discuter du double système université/prépa et de son inéquité, on ne pourra pas le faire sans discuter de la sélection à l'entrée de l'université, dont l'absence est la raison majeure de la différence de niveau dans les deux premières années (c'est-à-dire jusqu'à ce que l'université ait écrémé) et de la fuite obsessionnelle hors de l'université de presque tous les éléves ambitieux, en sciences dures du moins.
- Clecle78Bon génie
Tout a fait d'accord avec toi ! Le problème c'est qu'au fond elle ne voit pas où est le problème et n'est ni assez cynique ni assez intelligente pour ne pas le montrer.dandelion a écrit:Il y a trois grands types de prépa tout de même: les scientifiques, qui amènent la plupart de leurs étudiants à passer un concours et obtenir une école, les prépas littéraires, qui envoient une partie de leurs étudiants à l’université faute d’écoles en nombre suffisant pour les accueillir, et les prépas commerciales dont j’avoue ne pas connaître grand chose. Dans mon expérience, les élèves qui se destinent à faire des études commerciales ne sont pas la ‘crème de la crème’ mais plutôt des élèves qui ne sont ni très bons en maths ni très bons en lettres mais ont un niveau d’ensemble correct. J’ai le sentiment que, plus qu’ailleurs, avoir les ‘codes’ y est important. Mais j’ai clairement un préjugé négatif qui ne demande qu’à être infirmé sans doute.
Pour en revenir au sujet, ce que montre l’exemple de Stanislas, c’est que la corruption est au coeur des aspirations de nos dirigeants. Nous avons une ministre qui a fait des choix et obtenu des opportunités pour ses enfants qui vont à l’opposé des choix et des opportunités qui sont accessibles à la plupart des enfants de notre pays: certains qui font envie, comme des moyens conséquents ou des exigences concernant le travail et le comportement, d’autres qui vont à l’encontre de l’idée que je me fais de l’idéal républicain, d’autres encores contraires non seulement aux valeurs mais aux lois de notre pays.
Cette ministre ne peut avoir aucune crédibilité et plus les Français s’en rendront compte, plus elle constituera un danger pour l’équilibre du gouvernement. Mais quand on a fait toutes ses études à Stan, depuis la maternelle, pour se retrouver ensuite dans un cabinet ministériel, on ne peut sans doute pas s’imaginer que les actes ont parfois des conséquences qu’on ne peut effacer avec un coup de fil au copain du copain. Il me semble qu’elle incarne la crise profonde de la représentation politique que traversent de nombreux pays, mais également la corruption qui ronge la France.
- chmarmottineGuide spirituel
denis_neoprofs a écrit:Tout le monde, sur ce forum, ne cesse, à juste de titre, de se plaindre de la paupérisation des enseignants. Leurs enfants sont pourtant surreprésentés en CPGE. Sommes nous donc des bourgeois ?Elyas a écrit:Proton a écrit:@Elyas : "Cette obsession est mortifère parce que ça ne permet pas de voir que d'autres filières sont excellentissimes". Désolé, mais pour les sciences, l'université est catastrophique en L1 et L2 (après les choses sont différentes). C'est pourquoi, pour avoir des bases solides en sciences et pouvoir aller un petit peu loin (pas forcément école d'ingé) une cpge est *la* formation. Il en existe pour tous les profils en plus (ptsi = plus technique / pratique, mpsi-pcsi = plus théorique, plus difficile aussi) et des lycées de tous les niveaux.
Oui et c'est un problème.
On va être clair : les CPGE sont un système qui sert avant tout la bourgeoisie (peut-être pas initialement mais maintenant, si).inique, rien que ça. J'en viens. Je ne vais pas jouer à qui est le plus Fantine, ou Cosette, mais je viens d'un milieu pauvre et analphabète. Mon fils, 20 ans, en sort également, il n'a rien volé à personne.Elyas a écrit:
Les exemples de réussite issue des classes non-bourgeoises permettent de justifier ce système inique
Cette opposition Fac/prépa est fatigante. Le système prépa/grande école, en tout cas en sciences, est une particularité française qui a fait, et fait encore ses preuves. On peut décider de tout raser. Mais une autre forme de selection prendra sa place.
Oui, tout à fait. J'a un nouveau regard sur les CPGE depuis que ma fille est passée par là. C'est encourageant de voir des jeunes de milieu modeste réussir par cette voie.
- DesolationRowEmpereur
J’enseigne à la fac depuis quinze ans, je suis très attaché au système universitaire et aux étudiants que j’ai en cours. Pour autant, je suis également extrêmement attaché au système des prépas et des grandes écoles, dont je suis issu, et qui permet de préserver, certes pour un nombre d’étudiants moins élevé, un niveau d’excellence que je serais extraordinairement triste de voir disparaître. Je suis bien convaincu qu’à moyen ou court terme, les réflexions « de gauche » sur les prépas ou les ENS trop bourgeoises feront les affaires des gouvernement de droite qui seront trop contents de faire disparaître les prépas et les ENS, qui coûtent très cher et font encore passer l’excellence scientifique avant les considérations sociologiques.
Au lieu de réparer et d’améliorer le système, on va le détruire. Cela va être génial.
Pour ma matière en tout cas, c’est très clair. Tu fais disparaître les prépas et l’ENS (parce que c’est méga bourgeois), il n’y a plus de latin et de grec en France. Mais ce sera égalitaire, remarque.
Au lieu de réparer et d’améliorer le système, on va le détruire. Cela va être génial.
Pour ma matière en tout cas, c’est très clair. Tu fais disparaître les prépas et l’ENS (parce que c’est méga bourgeois), il n’y a plus de latin et de grec en France. Mais ce sera égalitaire, remarque.
- DesolationRowEmpereur
NB pour répondre à Prezbo : je suis (parce que je suis méga bourgeois) pour ma part favorable à une vraie sélection à l’entrée des universités, avec un système de bourses au mérite qui ne soit pas la mascarade actuelle. Mais Élyas peut se rassurer, on va dans le sens radicalement inverse.
- AscagneGrand sage
@dandelion : Il faut quand même distinguer le passe-droit de la corruption, à part évidemment si le passe-droit a été obtenu par le biais de la corruption. Ou alors tu parles de corruption dans un sens très général, mais c'est peut-être quelque peu risqué face à ce genre de polémique, je trouve.
- Clecle78Bon génie
Le passe droit est une forme de corruption, non ?
- epekeina.tes.ousiasModérateur
DesolationRow a écrit:J’enseigne à la fac depuis quinze ans, je suis très attaché au système universitaire et aux étudiants que j’ai en cours. Pour autant, je suis également extrêmement attaché au système des prépas et des grandes écoles, dont je suis issu, et qui permet de préserver, certes pour un nombre d’étudiants moins élevé, un niveau d’excellence que je serais extraordinairement triste de voir disparaître. Je suis bien convaincu qu’à moyen ou court terme, les réflexions « de gauche » sur les prépas ou les ENS trop bourgeoises feront les affaires des gouvernement de droite qui seront trop contents de faire disparaître les prépas et les ENS, qui coûtent très cher et font encore passer l’excellence scientifique avant les considérations sociologiques.
Au lieu de réparer et d’améliorer le système, on va le détruire. Cela va être génial.
Pour ma matière en tout cas, c’est très clair. Tu fais disparaître les prépas et l’ENS (parce que c’est méga bourgeois), il n’y a plus de latin et de grec en France. Mais ce sera égalitaire, remarque.
Mais qui dit qu'il faudrait supprimer ou faire disparaître les prépas et l'ENS ? Pas moi, en tout cas.
En revanche, on fait quoi pour les 40% d'étudiants qui échouent en première année, et pour les 60% qui échouent en licence ? On les passe par pertes et profits ?
Et je fais quoi quand on vient m'expliquer que, non, il n'est pas possible de conserver un groupe TD qui “ne compte que” 38 étudiants, et que cela fait mécaniquement monter les effectifs à 48 sur tous les groupes ? Je dis que les salles de TD ne peuvent pas accueillir les groupes ? Facile : on les colle en amphi, et on fait TD en amphi — tout en augmentant le ratio de CM… Il est facile de voir que ce sont des mesures d'économie — et que ce n'est pas à l'avantage des étudiants.
On fait quoi lorsque l'on a des flux d'étudiants (et pas sur des chiffres “anecdotiques”) qui se retrouvent dans des filières n'ayant rien à voir avec leurs vœux ni avec leur scolarité antécédente, parce que leur vœux principal se trouve dans une “filière en tension”, et que la seule manière pour eux de l'obtenir serait d'aller faire leurs études à 500km de chez eux et qu'ils n'en ont tout simplement pas les moyens financiers ?
Et je ne parle pas des étudiants qui sont contraints de travailler sur plusieurs “petits jobs”, donc loupent les cours, et de ceux pour qui on organise des collectes alimentaires, ni de ceux qui ne parviennent pas à obtenir de rendez-vous médicaux…
Réponse, pour ce que j'observe depuis 25 ans : on ne fait strictement rien, du cosmétique et du flanc.
_________________
Si tu vales valeo.
- DesolationRowEmpereur
Tu veux me faire dire qu’il faut donner plus de sous aux universités ? Ça va pas être trop compliqué.
- AscagneGrand sage
@Clecle78 : Pas au sens juridique du terme, sauf abus de ma part. On peut désigner dans le langage courant un système comme "corrompu" alors que juridiquement parlant le terme serait impropre.
- succulenteNiveau 3
Honchamp a écrit:chmarmottine a écrit:Jenny a écrit:12 % de taux d’accès donc 88 % de dossiers rejetés sans être ouverts.
Par ailleurs, ils sont censés participer aux cordées de la réussite. Qu’en est-il réellement ? Prennent-ils des lycéens d’établissements classés sensibles ? Ils sont censés être prioritaires.
Observer les taux de boursiers admis et les frais de scolarité.
De nettes différences aussi dans les taux de recrutés venant du lycée, selon les filières : plus important pour la filière ECG par exemplr.
je suis assez étonnée par la discussion.
Vous parlez comme si des hordes d'étudiants voulaient entrer à Stanislas ...
Y-a-t-il vraiment des élèves venant du public qui se diraient "tiens, je vais demander une prépa à Stan ? "
Il faut
1. En avoir l'idée
2. Etre en capacité de payer....
Donc, vous parlez d'élèves du privé qui voudraient entrer en prépa à Stanislas ?
J'enseigne dans un bon lycée public de banlieue parisienne, des élèves qui font des voeux en prépa à Stan il y en a quelques uns (effectivement ils ont les moyens de payer) mais j'en ai jamais vu être acceptés, ils ne sont même pas placés sur liste d'attente et ont des réponses plus encourageantes de la part des lycées parisiens publics les plus prestigieux
- epekeina.tes.ousiasModérateur
DesolationRow a écrit:Tu veux me faire dire qu’il faut donner plus de sous aux universités ? Ça va pas être trop compliqué.
Non. On en donne moins et ce n'est pas près de changer, au contraire. Par conséquent, le différentiel est réel et l'inéquité tout autant. Et “supprimerait-on les prépas” que cela ne changerait rien à la situation dans les facs. Ce n'est pas une raison suffisante pour fermer les yeux.
_________________
Si tu vales valeo.
- JennyMédiateur
succulente a écrit:
J'enseigne dans un bon lycée public de banlieue parisienne, des élèves qui font des voeux en prépa à Stan il y en a quelques uns (effectivement ils ont les moyens de payer) mais j'en ai jamais vu être acceptés, ils ne sont même pas placés sur liste d'attente et ont des réponses plus encourageantes de la part des lycées parisiens publics les plus prestigieux
Voilà, je fais le même constat. Pas un élève sur liste d'attente à Stanislas. Et on ne me convaincra pas qu'H4, LLG, St Cyr, Saint-Louis prennent des élèves qui n'ont pas le niveau.
- denis_neoprofsNiveau 5
epekeina.tes.ousias a écrit:denis_neoprofs a écrit:Cette opposition Fac/prépa est fatigante. Le système prépa/grande école, en tout cas en sciences, est une particularité française qui a fait, et fait encore ses preuves. On peut décider de tout raser. Mais une autre forme de selection prendra sa place.
Va vérifier les différences de coût par étudiants entre fac, d'un côté, et prépa, de l'autre, et va vérifier le taux d'échec en licence, ainsi que les flux concernés. Et demande-toi ensuite pourquoi les “plans licence” (censés améliorer la réussite des étudiants) ont tous échoué depuis 30 ans.
Le taux d'echec en licence est la conséquence directe de la massification de l'enseignement supérieur. On peut vouloir que tout le monde doive aller à l'université, et y réussir. Et après, on fait quoi ? tout le monde est docteur, agrégé, normalien, chirurgien, pdg ? Notre société a besoin de nombreux métiers (dignes et nécessaires), que personné ne veut faire à priori. Il faut des éboueurs, des couvreurs, des caissieres, etc. Comment on décide collectivement qui fait quoi ?
L'université pour tous, en tant que source d'émancipation par le savoir est quelque chose à laquelle je souscris complétement, mais qui a un coût, y compris écologique au sens large. Mais l'université pour tous qui permet de délivrer des diplomes et les positions sociales qui vont avec est une arnaque.
- nc33Niveau 10
On commence par limiter les places dans les filières de fac qui ne peuvent pas mener à l'emploi autant d'étudiants, quand bien même ils iraient au bout de leur cursus.
- Clecle78Bon génie
Ça se rapproche tout de même du favoritisme qui est puni par la loi.Ascagne a écrit:@Clecle78 : Pas au sens juridique du terme, sauf abus de ma part. On peut désigner dans le langage courant un système comme "corrompu" alors que juridiquement parlant le terme serait impropre.
- uneodysséeNeoprof expérimenté
Pour essayer de sortir de positions trop tranchées…
D’une part, en étant moi-même issue et en reconnaissant les bienfaits, je suis favorable au maintien et au développement des prépas publiques accessibles à tous et toutes. Quand mon professeur en début de 1re m’a dit «vous irez en prépa», je ne savais même pas de quoi il me parlait. Et certes tout n’est pas parfait, mais j’ai bénéficié d’une formation de qualité et surtout, généraliste : c’était le seul moyen de ne pas choisir tout de suite entre lettres modernes ou classiques, philo, histoire, langues… Et dans mon équipe, nous sommes en effet en majorité passées par là.
Je vois que ma belle-fille, que je n’ai absolument pas poussée avant qu’elle finisse par en parler elle-même, influencée par une de ses amies, s’y épanouit pour les mêmes raisons. Elle est dans une «petite» prépa de province et c’est très bien, ce qu’elle y trouve est à peu près exactement ce dont elle a besoin.
Je crois que pour les enfants de milieux modestes ou classes moyennes qui ne savent pas encore ce qu’ils veulent faire, c’est une excellente formation. Pour qu’ils y accèdent davantage, il faut la leur faire connaître (retours d’ancien·nes élèves, encouragement aux stages d’immersion, etc). Mon lycée (très rural) commence à y envoyer des élèves qui en sont ravi·es (surtout des filles en revanche…).
Cela, pour que l’argent qui y est dépensé profite à tout le monde.
Parce qu’en effet, la répartition sociale des étudiant·es de prépa (et pire, des admis·es à l’ENS) est éloquente et il est scandaleux qu’on donne autant à celles et ceux qui pourraient mettre plus d’argent dans leurs études.
D’autre part, j’ai bien conscience que l’université est dans un état délabré, à tous les sens du terme.
D’abord, j’ai fait licence, maîtrise et prépa agreg dans une fac plus que vétuste, sur le plan matériel.
Ensuite je vois bien le profil de certain·es élèves qui s’y dirigent et à quel point ils auraient besoin de bien plus d’encadrement que l’université ne pourra leur en donner. J’ai eu la chance, dans ma filière en perdition, de me retrouver comme dans une classe d’une trentaine d’étudiant·es seulement. Cela n’était pas radicalement différent de la prépa sur le plan de l’encadrement : on avait moins d’heures de cours mais on rendait des devoirs régulièrement qui étaient corrigés par les enseignant·es, bref, on était suivi·es.
À mon sens il est surtout là, le scandale. Dans le manque de moyens mis dans l’université.
Disons que ces moyens, je suis d’avis de les reprendre ailleurs qu’aux prépas publiques (au hasard, sur le SNU, sur le financement de Stan, etc !).
Nos élèves pourraient avoir le choix, aller à la fac ou aller en prépa ou ailleurs, sans que l’une ou l’autre solution soit un repoussoir parce qu’elle est au bord de l’effondrement dans certains endroits (argument entendu et relayé par certains universitaires).
D’une part, en étant moi-même issue et en reconnaissant les bienfaits, je suis favorable au maintien et au développement des prépas publiques accessibles à tous et toutes. Quand mon professeur en début de 1re m’a dit «vous irez en prépa», je ne savais même pas de quoi il me parlait. Et certes tout n’est pas parfait, mais j’ai bénéficié d’une formation de qualité et surtout, généraliste : c’était le seul moyen de ne pas choisir tout de suite entre lettres modernes ou classiques, philo, histoire, langues… Et dans mon équipe, nous sommes en effet en majorité passées par là.
Je vois que ma belle-fille, que je n’ai absolument pas poussée avant qu’elle finisse par en parler elle-même, influencée par une de ses amies, s’y épanouit pour les mêmes raisons. Elle est dans une «petite» prépa de province et c’est très bien, ce qu’elle y trouve est à peu près exactement ce dont elle a besoin.
Je crois que pour les enfants de milieux modestes ou classes moyennes qui ne savent pas encore ce qu’ils veulent faire, c’est une excellente formation. Pour qu’ils y accèdent davantage, il faut la leur faire connaître (retours d’ancien·nes élèves, encouragement aux stages d’immersion, etc). Mon lycée (très rural) commence à y envoyer des élèves qui en sont ravi·es (surtout des filles en revanche…).
Cela, pour que l’argent qui y est dépensé profite à tout le monde.
Parce qu’en effet, la répartition sociale des étudiant·es de prépa (et pire, des admis·es à l’ENS) est éloquente et il est scandaleux qu’on donne autant à celles et ceux qui pourraient mettre plus d’argent dans leurs études.
D’autre part, j’ai bien conscience que l’université est dans un état délabré, à tous les sens du terme.
D’abord, j’ai fait licence, maîtrise et prépa agreg dans une fac plus que vétuste, sur le plan matériel.
Ensuite je vois bien le profil de certain·es élèves qui s’y dirigent et à quel point ils auraient besoin de bien plus d’encadrement que l’université ne pourra leur en donner. J’ai eu la chance, dans ma filière en perdition, de me retrouver comme dans une classe d’une trentaine d’étudiant·es seulement. Cela n’était pas radicalement différent de la prépa sur le plan de l’encadrement : on avait moins d’heures de cours mais on rendait des devoirs régulièrement qui étaient corrigés par les enseignant·es, bref, on était suivi·es.
À mon sens il est surtout là, le scandale. Dans le manque de moyens mis dans l’université.
Disons que ces moyens, je suis d’avis de les reprendre ailleurs qu’aux prépas publiques (au hasard, sur le SNU, sur le financement de Stan, etc !).
Nos élèves pourraient avoir le choix, aller à la fac ou aller en prépa ou ailleurs, sans que l’une ou l’autre solution soit un repoussoir parce qu’elle est au bord de l’effondrement dans certains endroits (argument entendu et relayé par certains universitaires).
- JennyMédiateur
Clecle : ou de la discrimination.
https://www.lemonde.fr/education/article/2024/01/21/le-systeme-de-contournement-de-parcoursup-mis-en-place-par-le-lycee-stanislas-a-beneficie-au-fils-d-amelie-oudea-castera-revele-mediapart_6212098_1473685.html
Le ministère de l’enseignement supérieur a fait savoir dimanche à l’Agence France-Presse qu’à l’issue de ses investigations l’inspection générale « a adressé en août un courrier faisant état de ce contournement ». Un courrier a été adressé le 17 janvier à Stanislas « pour lui rappeler ses engagements » à respecter la charte de Parcoursup, notamment de « respect des principes de ‘Liberté d’expression des vœux émis et de choix des propositions d’admission’et de ‘non-discrimination, d’égalité de traitement, d’équité et de transparence’ », précise le ministère.
https://www.lemonde.fr/education/article/2024/01/21/le-systeme-de-contournement-de-parcoursup-mis-en-place-par-le-lycee-stanislas-a-beneficie-au-fils-d-amelie-oudea-castera-revele-mediapart_6212098_1473685.html
- nounoursNiveau 6
Elyas a écrit:Proton a écrit:@Elyas : "Cette obsession est mortifère parce que ça ne permet pas de voir que d'autres filières sont excellentissimes". Désolé, mais pour les sciences, l'université est catastrophique en L1 et L2 (après les choses sont différentes). C'est pourquoi, pour avoir des bases solides en sciences et pouvoir aller un petit peu loin (pas forcément école d'ingé) une cpge est *la* formation. Il en existe pour tous les profils en plus (ptsi = plus technique / pratique, mpsi-pcsi = plus théorique, plus difficile aussi) et des lycées de tous les niveaux.
Oui et c'est un problème.
On va être clair : les CPGE sont un système qui sert avant tout la bourgeoisie (peut-être pas initialement mais maintenant, si). Les exemples de réussite issue des classes non-bourgeoises permettent de justifier ce système inique mais ces exemples sont infimes et on ne crée par une politique avec des exceptions.
L'université a été littéralement détruite et personne n'en parle, tout le monde se tournant vers les CPGE, donc la bourgeoisie a gagné.
C'est un sujet éminemment politique : il faut reconstruire l'université si on veut permettre au plus grand nombre capable de réussir de pouvoir réussir en passant par l'université.
Je sais très bien de quoi je parle : je suis passé par l'université de Paris-Ouest et j'ai vu la vétusté des infrastructures pour enseigner et le manque de matériel. Le même jour, je suis passé à Hoche à Versailles et j'ai vu ses CPGE. Comment dire ? On donne tout à ceux qui ont tout et on prend tout à ceux qui n'ont rien.
Il reste plein de places vacantes en prépa : tout le monde peut y aller, ce n'est pas du tout réservé à la bourgeoisie !
D'autre part dans les autres pays sans prépa, les universités d'élite ont des frais de scolarité extrêment élevés, donc ce n'est pas possible de faire de comparaison.
Il est inévitable de se dire que l'état de délabrement de l'université actuel est lié à la quasi gratuité des études.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
denis_neoprofs a écrit:epekeina.tes.ousias a écrit:denis_neoprofs a écrit:Cette opposition Fac/prépa est fatigante. Le système prépa/grande école, en tout cas en sciences, est une particularité française qui a fait, et fait encore ses preuves. On peut décider de tout raser. Mais une autre forme de selection prendra sa place.
Va vérifier les différences de coût par étudiants entre fac, d'un côté, et prépa, de l'autre, et va vérifier le taux d'échec en licence, ainsi que les flux concernés. Et demande-toi ensuite pourquoi les “plans licence” (censés améliorer la réussite des étudiants) ont tous échoué depuis 30 ans.
Le taux d'echec en licence est la conséquence directe de la massification de l'enseignement supérieur. On peut vouloir que tout le monde doive aller à l'université, et y réussir. Et après, on fait quoi ? tout le monde est docteur, agrégé, normalien, chirurgien, pdg ? Notre société a besoin de nombreux métiers (dignes et nécessaires), que personné ne veut faire à priori. Il faut des éboueurs, des couvreurs, des caissieres, etc. Comment on décide collectivement qui fait quoi ?
L'université pour tous, en tant que source d'émancipation par le savoir est quelque chose à laquelle je souscris complétement, mais qui a un coût, y compris écologique au sens large. Mais l'université pour tous qui permet de délivrer des diplomes et les positions sociales qui vont avec est une arnaque.
En attendant, le fait est qu'on a, dans les facs, des flux d'étudiants qui ne sont pas issus des milieux les plus aisés et qui y échouent massivement.
Qu'ils y soient acheminés par le système éducatif en général, que les responsables politiques s'accommodent de ce système, qui permet de ne pas se poser la question de savoir ce que l'on pourrait faire d'autre, tout en donnant à ces étudiants une “mutuelle” (impossible autrement) et en évitant de les voir grossir les chiffres du chômage, cela ne change rien au fait !
Imaginons maintenant que l'on réduise le nombre d'étudiants de 50% par sélection pour “remédier” au taux d'échec (en imaginant que quelqu'un ose prendre le risque politique de le faire, ce qui m'étonnerait fort : l'hypocrisie est plus rentable).
En 2022, ils étaient 1 656 900, mettons 1,65 millions en université. À terme, si l'on applique cette réduction sur 4 ou 5 ans, on les met où les quelques 800 000 qui “ne sont pas faits” pour faire des études supérieures ? Ou on espère que la démographie continuera à s'effondrer et on lance un vaste plan d'accroissement de l'infertilité ?
Et une fois que ce sera fait, on parie que tout le monde sera massivement plus content ?
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Si tu vales valeo.
- RogerMartinBon génie
Pas nécessairement, et si ce lycée cherche à contourner Parcoursup, je gage que tous les dossiers sont ouverts.Jenny a écrit:12 % de taux d’accès donc 88 % de dossiers rejetés sans être ouverts.
Par ailleurs, ils sont censés participer aux cordées de la réussite. Qu’en est-il réellement ? Prennent-ils des lycéens d’établissements classés sensibles ? Les élèves des lycées qui ont un partenariat avec Stanislas sont censés être prioritaires.
Ce taux d'accès veut simplement dire que seuls 12% des dossiers sont appelés lors de la procédure Parcoursup : la classe est remplie sans qu'il y ait besoin d'en appeler davantage.
En général, ce sont plutôt les formations universitaires non sélectives qui n'ont pas les moyens en personnel d'ouvrir tous les dossiers soumis.
Quant à la sélection en CPGE, oui, je pense qu'il est compliqué pour un lycéen issu d'un établissement sensible d'y avoir une place, mais probablement beaucoup moins que pour élève excellent d'un établissement de niveau moyen qui s'interdit de surnoter.
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Yo, salut ma bande ! disait toujours le Samouraï.
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User 17706 s'est retiré à Helsingør.
Strange how paranoia can link up with reality now and then.
- IridianeFidèle du forum
DesolationRow a écrit:NB pour répondre à Prezbo : je suis (parce que je suis méga bourgeois) pour ma part favorable à une vraie sélection à l’entrée des universités, avec un système de bourses au mérite qui ne soit pas la mascarade actuelle. Mais Élyas peut se rassurer, on va dans le sens radicalement inverse.
Globalement je suis tout à fait d'accord avec cette idée, à quelques détails près. D'abord, le vrai problème pour moi, se situe en amont: c'est le fait qu'on brade le bac. On ment collectivement aux élèves en leur donnant ce diplôme qui constitue effectivement une porte d'entrée à l'université. Donc, leur dire, après, "ah non désolé on sélectionne à l'université", je trouve cela bien hypocrite: il aurait fallu commencer par ne pas leur donner le bac.
L'autre problème que je vois à cette sélection - mais là encore il faudrait préciser ce qu'on entend par sélection - c'est de ne pas donner leur chance à des jeunes qui ont peut-être été très médiocres au lycée (parce que malaise adolescent, rébellion, que sais-je encore), mais qui vont se révéler à la fac tout simplement parce qu'ils auront mûri. Je travaille depuis le début de cette année dans une petite fac, dans une région plutôt défavorisée, et j'ai plusieurs exemples d'étudiants de L2 qui avaient manifestement accumulé des lacunes au lycée, mais qui se sont mis au boulot et qui, certes, ne seront jamais des pointures absolues dans leur discipline, mais mèneront une suite d'études parfaitement honorable. Ce serait à mon sens très dommage de se priver de ce genre de profil.
En revanche, le problème que je vois, c'est qu'en licence, on continue collectivement à pratiquer la "bienveillance" (qui n'est selon moi que malveillance puisqu'encore une fois on MENT aux étudiants) dans la notation: on rajoute un demi point par-ci, un demi point par-là pour leur donner leur année - parfois pour des raisons tout à fait louables, du genre "oui mais il travaille à côté, il a fait des efforts blabla" et on fait passer dans le niveau supérieur des gens très très faibles, à qui il aurait fallu dire en toute franchise, il y a très longtemps: "stop, vous n'avez pas les capacités de suivre des études de lettres [ou remplacer par nom d'une autre discipline], ça ne sert à rien de s'acharner".
Bref, sous couvert ne SURTOUT ne pas être élitiste, on se saborde aussi à la fac, et on ment aux gens. Intellectuellement comme moralement, cela me gêne beaucoup.
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