- pseudo-intelloSage
Bien sûr. En l'occurrence, nous avons la chance d'avoir une équipe très humaine, à qui nous faisons confiance. Mais il y a aussi le niveau local. Par exemple, il serait peut-être de repousser la réunion parents-professeurs prévue dans moins d'une semaine...LadyOlenna a écrit:Mais je ne comprends pas ce qui vous étonne tous dans le fait que les CDE n'aient pas encore communiqué : on n'est pas des devins, on attend des consignes.Ramoneur a écrit:Je suis effondré par cet assassinat. Je pense fort à nos collègues d’Arras et leur envoie toute ma tendresse.
Je suis étonné par la non réaction de mes patrons : aucun mail a l’heure actuelle. J’hésite à envoyer un message à toute l’équipe pour en parler entre nous. Je pense que je ne recevrai aucune réponse… J’hésite également à aller travailler lundi. J’ai l’impression qu’on accepte la mort d’un collègue sans se bagarrer. Et pire encore, je ne sais pas contre qui on peut se bagarrer. C’est affligeant.
A part être auprès des collègues vendredi en début d'après midi nous n'avons pas communiqué non plus, et je n'ai pas l'impression que mon collègue et moi sommes des êtres froids et inhumains.
Pour la minute de silence et l'hommage à Samuel Paty, notre équipe de direction + la CPE nous avaient invités à les solliciter si nous ne nous sentions pas à l'aise pour assurer ce moment seul.Tulipia a écrit:Est-on obligé d'assurer cette minute de silence seul avec notre classe ? Je suis en remplacement dans un établissement REP+ extrêmement difficile et je ne me sens pas les épaules pour affronter ce moment avec le public très dur que j'aurai à ce moment-là. Je ne suis pas capable de réagir correctement à leurs remarques déplacées au quotidien et je ne souhaite pas parler de cette tragédie avec eux.
- LokomazoutNiveau 9
Le Café Pédagogique : Les syndicats demandent la banalisation des cours lundi matin
Mais... "À la sortie de la réunion, tard dans la soirée, le principe d’un temps de « d’union et de recueillement » dans les établissements était acté mais c’est sur le moment où il devait avoir lieu que syndicats et ministère ne se sont pas mis d’accord. Pour autant, une majorité d’entre eux semblent confiante. Le Ministre devrait donner des consignes ce matin."
Lien :
https://www.cafepedagogique.net/2023/10/14/les-syndicats-demandent-la-banalisation-des-cours-lundi-matin/
Mais... "À la sortie de la réunion, tard dans la soirée, le principe d’un temps de « d’union et de recueillement » dans les établissements était acté mais c’est sur le moment où il devait avoir lieu que syndicats et ministère ne se sont pas mis d’accord. Pour autant, une majorité d’entre eux semblent confiante. Le Ministre devrait donner des consignes ce matin."
Lien :
https://www.cafepedagogique.net/2023/10/14/les-syndicats-demandent-la-banalisation-des-cours-lundi-matin/
- piescoModérateur
Fil rouvert après un nouvel nettoyage.
Ce fil porte sur un assassinat et trois blessés graves parmi nos collègues : cela implique de rester digne et de refuser de se laisser aller à n'importe quoi. Il est absolument hors de question de venir polémiquer ou de tenter de récupérer politiquement cet événement dans quelque sens que ce soit. La modération tient par dessus tout à éviter de fermer ce sujet. Par conséquent, ceux qui estiment avoir le droit de venir tenir des propos déplacés, inappropriés et scandaleux peuvent s'attendre à ce que les sanctions viennent répondre à leurs transgressions.
_________________
Nos han quitado tanto, nos quitaron el miedo.
https://www.youtube.com/watch?v=oeU7rb-dBow&t=277s
- pamplemousses4Expert
Iwiwon46 a écrit:J'ai été à Gambetta en collège, puis en lycée. Je n'en garde que de bons souvenirs. Gambetta symbolise pour moi l'école républicaine par excellence, ce n'était ni une boîte à bac pour les fortunés, ni un ghetto de relégation pour les pauvres. A l'époque, cette cité scolaire brassait les élèves des campagne environnantes qui venaient en train, les élèves du centre ville d'Arras, certains bourgeois, d'autres plus modestes. Elle mélangeait de petits 6èmes de11 ans, avec des lycéens et des post bac, des filières scientifiques, avec des filières littéraires et artistiques. Elle proposait beaucoup d'options: russe, chinois, italien, théâtre...C'est cette diversité et cette exigence que j'aurais voulu retrouver pour mes propres enfants. En vain, car dans les grandes villes où j'ai vécu et où je vis encore, on ne me propose plus que le ghetto ou la boîte à bac. Je suis anéantie par ce qui vient de se passer et je pense très fort à vous, enseignants de Gambetta. Sachez juste que si je suis devenue enseignante, alors même que notre métier était déjà attaqué de tous côtés, c'est en partie parce que j'ai été à Gambetta et qu'on m'y a transmis des savoirs et des valeurs que je garde précieusement. Merci à vous.
Je profite de l'intervention de la modération pour citer ce message vite disparu dans la conversation, qui est un bel hommage au travail et à l'exigence, discrète mais décisive, des collègues.
- chmarmottineGuide spirituel
Savez-vous si les exercices PPMS intrusion prévus la semaine prochaine sont maintenus ?
- cléliaFidèle du forum
Tulipia a écrit:Est-on obligé d'assurer cette minute de silence seul avec notre classe ? Je suis en remplacement dans un établissement REP+ extrêmement difficile et je ne me sens pas les épaules pour affronter ce moment avec le public très dur que j'aurai à ce moment-là. Je ne suis pas capable de réagir correctement à leurs remarques déplacées au quotidien et je ne souhaite pas parler de cette tragédie avec eux.
Chez nous, et depuis plusieurs années, les minutes de silence se déroulent dans la cour, tous ensemble, adultes (direction et administration, enseignants, vie scolaire, agents) et élèves. C'est vraiment important pour nous. Une fois, il faisait vraiment mauvais et on s'était réparti dans les deux préaux. Mais c'est sans doute plus facile parce que nous sommes un petit établissement (250 élèves).
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Il voyagea.
Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l’étourdissement des paysages et des ruines, l’amertume des sympathies interrompues.
Il revint.
Il fréquenta le monde, et il eut d’autres amours, encore.
- roxanneOracle
L'hommage à Samuel Paty, il y a 3 ans avec la lecture de la lettre et la minute de silence avec nos 2000 élèves et tous les enseignants et administratifs dans un silence absolu reste un moment assez fort.
- ColibriNiveau 4
chmarmottine a écrit:Savez-vous si les exercices PPMS intrusion prévus la semaine prochaine sont maintenus ?
Je n'ai rien entendu (ni écouté/lu) d'officiel mais chez nous c'est reporté.
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J'essaye toujours de faire ma part...
- DaphNenyaNeoprof expérimenté
Rassemblement à Lille, place de la République & à Arras, place du Beffroi demain à 11h. Je serai à Lille.
Chez nous la direction a communiqué très rapidement.
Ce qui est prévu lundi : heure de 8 à 9 banalisée.
Accueil des élèves à 9h pour heure de « vie de classe » avec PP et un collègue. Certains PP seront seuls avec leur classe puisqu’il n’y a pas assez d’enseignants pour assurer un binôme a chaque fois…
Chez nous la direction a communiqué très rapidement.
Ce qui est prévu lundi : heure de 8 à 9 banalisée.
Accueil des élèves à 9h pour heure de « vie de classe » avec PP et un collègue. Certains PP seront seuls avec leur classe puisqu’il n’y a pas assez d’enseignants pour assurer un binôme a chaque fois…
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On her finger was Nenya, the ring wrought of mithril, that bore a single white stone flickering like a frosty star.
JRR Tolkien
- choup78Habitué du forum
Mesdames, Messieurs, chers membres de la communauté éducative,
Hier, 13 octobre 2023, en France, un professeur a été assassiné et trois autres membres de la communauté éducative ont été blessés à Arras.
Une nouvelle fois, et près de 3 ans jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty, notre École est confrontée à un terrorisme barbare.
Je tiens tout d’abord, en votre nom à tous, à adresser toutes nos pensées et tout notre soutien aux familles et aux proches de vos collègues victimes de cet attentat, et à la communauté éducative de la cité scolaire Gambetta-Carnot d’Arras. J’étais avec eux hier et ce matin. Je veux vous le dire, du plus profond de mon cœur et avec la conscience qu’aucun mot ne saurait traduire l’effroi qu’ils ont vécu hier : vos collègues enseignants, personnels de direction, personnels administratifs et techniques, ont fait preuve d’une résilience absolument exemplaire lors de cette attaque. Aujourd’hui encore, ils font preuve d’un courage et d’un engagement qui forcent l’admiration de tout le pays.
A travers eux, comme voici trois ans avec Samuel Paty, c’est l’École de la République qui est attaquée.
Attaquée, pour la mission qui est la sienne : permettre à chaque jeune de s’émanciper, par-delà les déterminismes, les obscurantismes.
Attaquée pour l’idéal porté par toutes les femmes et les hommes qui la font vivre : la formation de citoyens libres, égaux et unis par une destinée commune.
Attaquée parce que l’École n’est pas un service public comme un autre. C’est l’Institution qui permet à toutes les autres de tenir. Ce qui est visé, c’est tout à la fois l’École de la République, et la République par l’École.
En ce jour de deuil profond pour notre institution et pour la Nation, je veux donc partager avec vous ma conviction : l’École doit rester debout.
Face à l’innommable, notre force viendra de notre unité et de la fidélité aux valeurs qui fondent notre engagement au service de l’École, et de l’unité de la société, à commencer par les élèves et leurs familles, autour de notre École.
La Nation porte le deuil de cet assassinat, mais c’est sur vos épaules que pèse la responsabilité de continuer à faire vivre notre École. J’en suis conscient. De même que je suis conscient que les cours ne pourront redémarrer « comme d’habitude » lundi matin. Vous avez besoin de vous retrouver, d’échanger, de préparer au mieux le retour des élèves.
C’est pourquoi, après échange avec vos représentants hier soir, j’ai décidé qu’un temps banalisé sera prévu lundi matin dans tous les collèges et les lycées de France. Il permettra ce temps d’échange tout à la fois humain et pédagogique entre vous. A cette fin, les cours sont annulés pour les élèves jusqu’à 10 heures, moment où ils rejoindront leur établissement.
J’ai conscience des complexités pratiques de cette décision pour de nombreuses familles. Avec la Présidente de l’association des régions de France, nous avons convenu que, pour les élèves qui dépendent absolument des services de transport scolaire et dont les familles ne pourraient s’organiser autrement pour les conduire par leurs propres moyens dans leur établissement à 10h, le service sera assuré à l’heure habituelle. Un accueil temporaire et minimal sera organisé pour leur permettre de patienter avant la reprise. Je fais confiance aux équipes de direction pour organiser cet accueil temporaire en lien avec les collectivités.
Je suis convaincu que les employeurs seront tolérants avec leurs salariés parents d’élèves contraints d’arriver un peu plus tard au travail. Car toute la Nation fait bloc derrière vous et est consciente du besoin qui est le vôtre de vous retrouver ensemble.
Afin que les professeurs des écoles puissent eux aussi avoir un temps d’échange durant la pause de la mi-journée, l’hommage se déroulera l’après-midi. A 14h, une minute de silence sera respectée dans chaque classe en mémoire des victimes des attentats commis contre notre École. En primaire, ce temps d’hommage et de recueillement pourra prendre d’autres formes, pour tenir compte de l’âge des élèves.
Cette minute s’inscrira dans un temps de recueillement et de réflexion avec les élèves, organisé à l’appréciation des équipes pédagogiques.
Nous ne pouvons nous voiler la face et nous devons être lucides sur les maux qui traversent notre société et notre École. Aussi, je demande que toute contestation de ce temps d’hommage soit systématiquement signalée, afin qu’elle puisse être sanctionnée le plus sévèrement possible.
Chers professeurs, chers personnels, notre École est en deuil, mais elle est debout, ancrée dans ses valeurs et fière de l’horizon qu’elle propose à chaque enfant de France.
Chaque jour, je mesure l’honneur qui est le mien d’être votre ministre, et surtout la responsabilité immense qui m’incombe : protéger notre École, chaque jour.
Vous pouvez compter sur moi.
Gabriel ATTAL
Ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse
- TivinouDoyen
Les deux heures lundi matin et la minute de silence ne sont clairement pas suffisantes pour nous, et mettent les CDE dans l’embarras en ce qui concerne l’organisation de l’accueil des élèves. Nous n’avons pas encore de mail du nôtre, et je pense que c’est parce qu’il cherche des solutions avant de nous écrire.
- BaldredSage
roxanne a écrit:L'hommage à Samuel Paty, il y a 3 ans avec la lecture de la lettre et la minute de silence avec nos 2000 élèves et tous les enseignants et administratifs dans un silence absolu reste un moment assez fort.
Un temps collectif est sans doute la meilleure solution même si la pratique semble plus rare dans le public que dans le privé. C'est sans doute ce qu'il faudrait organiser le lundi matin. Permettre de la préparer dans les classes puis minute de silence collective. L'heure choisie, 14:00, ne tiens pas compte de cette possibilité de regroupement qu'il faudrait pouvoir organiser avant l'entrée en cours de l'après-midi.
- DanskaProphète
chmarmottine a écrit:Savez-vous si les exercices PPMS intrusion prévus la semaine prochaine sont maintenus ?
Pas de nouvelles chez nous, pour autant qu'on sache c'est maintenu (mais la direction attend peut-être des infos officielles avant d'en parler).
- Isis39Enchanteur
Un très beau texte d'Anne Roumanov sur son mur Facebook avec la photo de Dominique Bernard.
Une vie à retourner à l’école chaque jour, à enseigner, à tenter de se faire respecter.
Une vie à corriger des copies le soir, le week-end, à annoter à l’encre rouge ou bleue turquoise « Peut mieux faire …», à encourager « Des nets progrès, continuez ! », à déceler les potentiels timides « Prenez confiance ! » avec des points d’exclamation pour donner un peu de poids à ses mots.
Une vie passé à lire encore et toujours, à chercher des nouvelles façons de les intéresser . Allumer la lumière dans les yeux éteints.
Lutter contre les écrans qui les happent, contre les réseaux qui schématisent, leur apprendre à penser par eux-mêmes.
Les encourager à poser leurs questions maladroites, ne jamais se moquer.
Une vie à les regarder s’endormir en cours et à tenter de les réveiller.
Espérer arriver à les éveiller.
Une vie à répéter des consignes, à organiser des réunions parents-profs, à convoquer les élèves qui perdent pied, à recevoir les parents jamais contents.
Une vie à subir les changements de ministres, de programmes, de consignes et de directeurs, à s’adapter en râlant juste un peu.
Une vie à être découragé souvent, agréablement surpris parfois. La sensation de répéter toujours la même chose. Se demander parfois pourquoi.
Une vie à tenter garder l’enthousiasme, à tout faire pour ne pas devenir un prof aigri et blasé. Continuer d’y croire. Prendre du plaisir à transmettre.
Une vie à écouter des exposés maladroits annônés par des voix qui muent, à supporter les « euh, donc, voilà", à répéter "pas de portable en cours".
Donner des petits cours pour arrondir les fins de mois, dire « avec mon petit salaire de prof, je ne peux pas me le permettre ». Caculer chaque dépense mais se donner sans compter.
Expliquer, répéter, écouter, parler, lire, écrire, être fatigué .
La fête de fin d’année. Tant de fêtes de fins d’années, tous ces élèves croisés, tous ces collègues enseignants.
Le café qu’on partage à la va-vite pour se donner du courage avant d’aller les affronter.
Des remerciements parfois des années plus tard quand on croise un ancien élève au marché, « Vous avez été important pour moi, Monsieur vous savez » , quelques mots murmurés comme dans un souffle et l’hommes s’éloigne un peu gêné avec sa femme et la poussette du petit. Les petits mots à la fin de l’année griffonnés sur un bout de papier qu’ils ont écrit à plusieurs, le cadeau collectif, un livre qu’on a déjà lu, souvent. Remercier, se dire que tout cela n’est pas vain. Que ça valait le coup de se fatiguer comme ça.
Juste envie de pleurer quand je regarde la photo de ce professeur.
Aurevoir monsieur Dominique Bernard.
( Anne Roumanoff 14 octobre 2023)
- fanetteFidèle du forum
Temps banalisé de 8h30 à 10h30 chez nous pour échanger entre adultes avant de reprendre les élèves. Personnellement, j'irai au collège, mais je ne prendrai pas les élèves de la journée.
Edit : merci à Anne Roumanoff
Edit : merci à Anne Roumanoff
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L'école nuit gravement à l'obscurantisme !
- NicétasNiveau 9
Isis39 a écrit:Un très beau texte d'Anne Roumanov sur son mur Facebook avec la photo de Dominique Bernard.
Une vie à retourner à l’école chaque jour, à enseigner, à tenter de se faire respecter.
Une vie à corriger des copies le soir, le week-end, à annoter à l’encre rouge ou bleue turquoise « Peut mieux faire …», à encourager « Des nets progrès, continuez ! », à déceler les potentiels timides « Prenez confiance ! » avec des points d’exclamation pour donner un peu de poids à ses mots.
Une vie passé à lire encore et toujours, à chercher des nouvelles façons de les intéresser . Allumer la lumière dans les yeux éteints.
Lutter contre les écrans qui les happent, contre les réseaux qui schématisent, leur apprendre à penser par eux-mêmes.
Les encourager à poser leurs questions maladroites, ne jamais se moquer.
Une vie à les regarder s’endormir en cours et à tenter de les réveiller.
Espérer arriver à les éveiller.
Une vie à répéter des consignes, à organiser des réunions parents-profs, à convoquer les élèves qui perdent pied, à recevoir les parents jamais contents.
Une vie à subir les changements de ministres, de programmes, de consignes et de directeurs, à s’adapter en râlant juste un peu.
Une vie à être découragé souvent, agréablement surpris parfois. La sensation de répéter toujours la même chose. Se demander parfois pourquoi.
Une vie à tenter garder l’enthousiasme, à tout faire pour ne pas devenir un prof aigri et blasé. Continuer d’y croire. Prendre du plaisir à transmettre.
Une vie à écouter des exposés maladroits annônés par des voix qui muent, à supporter les « euh, donc, voilà", à répéter "pas de portable en cours".
Donner des petits cours pour arrondir les fins de mois, dire « avec mon petit salaire de prof, je ne peux pas me le permettre ». Caculer chaque dépense mais se donner sans compter.
Expliquer, répéter, écouter, parler, lire, écrire, être fatigué .
La fête de fin d’année. Tant de fêtes de fins d’années, tous ces élèves croisés, tous ces collègues enseignants.
Le café qu’on partage à la va-vite pour se donner du courage avant d’aller les affronter.
Des remerciements parfois des années plus tard quand on croise un ancien élève au marché, « Vous avez été important pour moi, Monsieur vous savez » , quelques mots murmurés comme dans un souffle et l’hommes s’éloigne un peu gêné avec sa femme et la poussette du petit. Les petits mots à la fin de l’année griffonnés sur un bout de papier qu’ils ont écrit à plusieurs, le cadeau collectif, un livre qu’on a déjà lu, souvent. Remercier, se dire que tout cela n’est pas vain. Que ça valait le coup de se fatiguer comme ça.
Juste envie de pleurer quand je regarde la photo de ce professeur.
Aurevoir monsieur Dominique Bernard.
( Anne Roumanoff 14 octobre 2023)
Merci pour ce beau texte.
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« Quand un discours naturel peint une passion ou un effet, on trouve dans soi-même la vérité de ce qu'on entend, laquelle on ne savait pas qu'elle y fût, en sorte qu'on est porté à aimer celui qui nous le fait sentir ; car il ne nous a pas fait montre de son bien, mais du nôtre ; et ainsi ce bienfait nous le rend aimable, outre que cette communauté d'intelligence que nous avons avec lui incline nécessairement le cœur à l'aimer. »
Pascal, Pensées
- BlondieHabitué du forum
Très beau texte !!!
Je ne suis pas sure de faire cours lundi. J’irai au lycée, au rassemblement prévu par la ville mais après , je ne sais pas.
Je ne suis pas sure de faire cours lundi. J’irai au lycée, au rassemblement prévu par la ville mais après , je ne sais pas.
- Marcelle DuchampExpert spécialisé
Mon fils est au CP.
Je n'ai aucune idée de comment les PE vont aborder le sujet puisqu'ils sont encore sous estimés dans le message de notre ministre... Je ne lui ai strictement rien raconté car il est très sensible et angoissé. Si on lui dit qu'un enseignant a été assassiné, il risque de s'inquiéter pour moi.
Est ce qu'il y a des PE ici qui ont eu une idée de comment cela va être abordé pour les petits?
Merci d'avance.
(Oui, je suis un poil angoissée...)
Je n'ai aucune idée de comment les PE vont aborder le sujet puisqu'ils sont encore sous estimés dans le message de notre ministre... Je ne lui ai strictement rien raconté car il est très sensible et angoissé. Si on lui dit qu'un enseignant a été assassiné, il risque de s'inquiéter pour moi.
Est ce qu'il y a des PE ici qui ont eu une idée de comment cela va être abordé pour les petits?
Merci d'avance.
(Oui, je suis un poil angoissée...)
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Je m’excuse par avance des fautes d’accord, de grammaire, de syntaxe et de conjugaison que je peux laisser passer dans mes écrits. Je suis aphasique suite à un AVC et je réapprends à écrire depuis presque 5 ans. J'ai un grand problème avec le subjonctif et le genre des mots!
- BlondieHabitué du forum
Je ne suis pas sure qu’il soit judicieux d’en parler à des enfants petits. Surtout si les parents ont fait le choix de les préserver de tout cela.
- Isis39Enchanteur
J’espère que mon neveu en maternelle n’aura pas à affronter cela,
- Marcelle DuchampExpert spécialisé
Isis39 a écrit:J’espère que mon neveu en maternelle n’aura pas à affronter cela,
Pour Samuel Paty, les élèves en maternelle n'avaient pas été informés dans la classe de mon fils. Les PE avaient épargné ça et de mémoire, il me semble que c'était à leur libre appréciation.
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Je m’excuse par avance des fautes d’accord, de grammaire, de syntaxe et de conjugaison que je peux laisser passer dans mes écrits. Je suis aphasique suite à un AVC et je réapprends à écrire depuis presque 5 ans. J'ai un grand problème avec le subjonctif et le genre des mots!
- Pat BÉrudit
Isis39 a écrit:Un très beau texte d'Anne Roumanov sur son mur Facebook avec la photo de Dominique Bernard.
Une vie à retourner à l’école chaque jour, à enseigner, à tenter de se faire respecter.
Une vie à corriger des copies le soir, le week-end, à annoter à l’encre rouge ou bleue turquoise « Peut mieux faire …», à encourager « Des nets progrès, continuez ! », à déceler les potentiels timides « Prenez confiance ! » avec des points d’exclamation pour donner un peu de poids à ses mots.
Une vie passé à lire encore et toujours, à chercher des nouvelles façons de les intéresser . Allumer la lumière dans les yeux éteints.
Lutter contre les écrans qui les happent, contre les réseaux qui schématisent, leur apprendre à penser par eux-mêmes.
Les encourager à poser leurs questions maladroites, ne jamais se moquer.
Une vie à les regarder s’endormir en cours et à tenter de les réveiller.
Espérer arriver à les éveiller.
Une vie à répéter des consignes, à organiser des réunions parents-profs, à convoquer les élèves qui perdent pied, à recevoir les parents jamais contents.
Une vie à subir les changements de ministres, de programmes, de consignes et de directeurs, à s’adapter en râlant juste un peu.
Une vie à être découragé souvent, agréablement surpris parfois. La sensation de répéter toujours la même chose. Se demander parfois pourquoi.
Une vie à tenter garder l’enthousiasme, à tout faire pour ne pas devenir un prof aigri et blasé. Continuer d’y croire. Prendre du plaisir à transmettre.
Une vie à écouter des exposés maladroits annônés par des voix qui muent, à supporter les « euh, donc, voilà", à répéter "pas de portable en cours".
Donner des petits cours pour arrondir les fins de mois, dire « avec mon petit salaire de prof, je ne peux pas me le permettre ». Caculer chaque dépense mais se donner sans compter.
Expliquer, répéter, écouter, parler, lire, écrire, être fatigué .
La fête de fin d’année. Tant de fêtes de fins d’années, tous ces élèves croisés, tous ces collègues enseignants.
Le café qu’on partage à la va-vite pour se donner du courage avant d’aller les affronter.
Des remerciements parfois des années plus tard quand on croise un ancien élève au marché, « Vous avez été important pour moi, Monsieur vous savez » , quelques mots murmurés comme dans un souffle et l’hommes s’éloigne un peu gêné avec sa femme et la poussette du petit. Les petits mots à la fin de l’année griffonnés sur un bout de papier qu’ils ont écrit à plusieurs, le cadeau collectif, un livre qu’on a déjà lu, souvent. Remercier, se dire que tout cela n’est pas vain. Que ça valait le coup de se fatiguer comme ça.
Juste envie de pleurer quand je regarde la photo de ce professeur.
Aurevoir monsieur Dominique Bernard.
( Anne Roumanoff 14 octobre 2023)
Un très beau texte, qui me fait pleurer alors que je me croyais blindée... Je gardais toute émotion à distance, froidement, en disant cyniquement à mon mari que bientôt on nous donnerait peut-être une prime de risque, tout en suivant avec inquiétude les réactions, craignant une montée du racisme ou un réflexe sécuritaire tout autant qu'une récidive, bref, inquiète de voir les tensions s'exacerber,.... analyse froide et distante, comme si tout ça était très loin.... et voilà que je me retrouve à pleurer sans crier gare, rattrapée par le choc que je croyais avoir maîtrisé.
Merci à Anne Roumanoff
- piescoModérateur
C'est normal, Marcelle.
Merci Isis, pour le partage.
Et un grand merci à vous, Anne Roumanoff.
Merci Isis, pour le partage.
Et un grand merci à vous, Anne Roumanoff.
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Nos han quitado tanto, nos quitaron el miedo.
https://www.youtube.com/watch?v=oeU7rb-dBow&t=277s
- piescoModérateur
pamplemousses4 a écrit:Iwiwon46 a écrit:J'ai été à Gambetta en collège, puis en lycée. Je n'en garde que de bons souvenirs. Gambetta symbolise pour moi l'école républicaine par excellence, ce n'était ni une boîte à bac pour les fortunés, ni un ghetto de relégation pour les pauvres. A l'époque, cette cité scolaire brassait les élèves des campagne environnantes qui venaient en train, les élèves du centre ville d'Arras, certains bourgeois, d'autres plus modestes. Elle mélangeait de petits 6èmes de11 ans, avec des lycéens et des post bac, des filières scientifiques, avec des filières littéraires et artistiques. Elle proposait beaucoup d'options: russe, chinois, italien, théâtre...C'est cette diversité et cette exigence que j'aurais voulu retrouver pour mes propres enfants. En vain, car dans les grandes villes où j'ai vécu et où je vis encore, on ne me propose plus que le ghetto ou la boîte à bac. Je suis anéantie par ce qui vient de se passer et je pense très fort à vous, enseignants de Gambetta. Sachez juste que si je suis devenue enseignante, alors même que notre métier était déjà attaqué de tous côtés, c'est en partie parce que j'ai été à Gambetta et qu'on m'y a transmis des savoirs et des valeurs que je garde précieusement. Merci à vous.
Je profite de l'intervention de la modération pour citer ce message vite disparu dans la conversation, qui est un bel hommage au travail et à l'exigence, discrète mais décisive, des collègues.
Beau message, merci de l'avoir fait remonter.
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- Marcelle DuchampExpert spécialisé
Ce matin, la directrice de l'école a envoyé les consignes de Vigipirate.
Je pensais naïvement qu'on serait informés de cet hommage mais il était trop tôt, nous n'avions pas encore reçu le mail de G.Attal (je pensais ne pas l'avoir reçu car plus en présentiel).
Quand j'ai enfin pu lire le texte, j'ai compris que les PE étaient encore "abandonnés" (et ça m'agace ce mépris!). Je me suis permise de mailer la directrice pour la remercier de nous tenir informés du plan Vigipirate et lui demander si elle savait comment le sujet allait être abordé en classe en lui expliquant mes craintes. Elle ne m'a pas répondu, et ne le fera surement pas car elle doit être saturée de boulot.
J'ose pas demander aux autres parents d'élèves si ils en ont parlé avec leurs enfants... j'ai peur de les inquiéter.
Je pensais naïvement qu'on serait informés de cet hommage mais il était trop tôt, nous n'avions pas encore reçu le mail de G.Attal (je pensais ne pas l'avoir reçu car plus en présentiel).
Quand j'ai enfin pu lire le texte, j'ai compris que les PE étaient encore "abandonnés" (et ça m'agace ce mépris!). Je me suis permise de mailer la directrice pour la remercier de nous tenir informés du plan Vigipirate et lui demander si elle savait comment le sujet allait être abordé en classe en lui expliquant mes craintes. Elle ne m'a pas répondu, et ne le fera surement pas car elle doit être saturée de boulot.
J'ose pas demander aux autres parents d'élèves si ils en ont parlé avec leurs enfants... j'ai peur de les inquiéter.
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Je m’excuse par avance des fautes d’accord, de grammaire, de syntaxe et de conjugaison que je peux laisser passer dans mes écrits. Je suis aphasique suite à un AVC et je réapprends à écrire depuis presque 5 ans. J'ai un grand problème avec le subjonctif et le genre des mots!
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