Quoi dire et ne pas dire aux collègues concernant les élèves ?

Bonjour,

J'ai récupéré la liste des élèves avec les PAP + autre pathologie (via l'infirmerie) par exemple j'ai également des élèves avec des troubles HPI, une fille qui doit sortir car ses règles sont douloureuse, un élèves introverti , un élève qui a des soucis de concentration car il vit une situation difficile, apnée du sommeil.
Voila les remarques soucis que je peux déjà observé sur ces élèves .

Qu'est ce que les collègues doivent savoir et pas savoir SVP?

Merci

Si j'ai bien compris tu es enseignant, comme les autres professeurs de la classe. Si tu as ces informations, et que tu estimes en faire bon usage, quel est le problème de les donner aux autres collègues?

Bonjour,

Je suis prof principal, il y a des éléments d'après l'infirmière de l'établissement à  éviter de dire par exemple introvertis même si je suis d'accord c'est préférable que tous le monde le sache .

D'après l'infirmière, il faut éviter de prévenir les collègues qu'un élève est introverti ?

Introverti n'est pas un trouble médical en soi, si c'est écrit tel quel c'est peu sérieux. Par contre si par exemple l'élève est sujet à des crises de panique s'il doit passer à l'oral devant les autres je pense que tes collègues aimeraient savoir.

Tu es sur quel niveau? s'il y a PAP, PAI avec des éléments qui impliquent une vigilance des enseignants, il faut bien qu'ils le sachent. Moi, en lycée, je demande à l'élève ce qu'il veut que je dise.

il me semble que ce sont des informations dont les autres enseignants ont besoin pour favoriser le bon accueil de ces élèves en classe.

Dans mon collège, le PAP/PAI est accessible par Pronote par tous les profs, c'est précisément un dispositif qui concerne le plus souvent toute l'équipe.
En revanche, le PP peut avoir accès à d'autres infos qu'il doit partager avec l'administration mais pas forcément avec toute l'équipe.
Enfin, il n'est pas bon qu'un prof soit le seul à avoir connaissance d'une info "sensible" : il doit obligatoirement rendre compte..

Obligatoirement, je ne suis pas sûre.
Il m'est arrivé de garder pour moi une info particulièrement sensible, de crainte qu'elle ne s'ébruite. J'ai juste dit à l'équipe d'être attentifs à certaines choses, mais seule la direction a eu un compte-rendu exhaustif. (Rien à voir avec les infos mentionnées au dessus).

On m'a déjà donné des informations sensibles parce que l'administration faisait confiance à ma sensibilité pour pouvoir éviter que certains élèves subissent des situations complexes sans en avertir les autres collègues. J'ai ainsi été informé qu'un père était en prison et qu'il fallait éviter de le diffuser (on a des collègues gaffeurs) et j'ai donc informé les collègues de ne jamais parler du père à l'élève afin d'éviter de la faire pleurer, j'ai dit que le père n'était plus avec la famille et que c'était un sujet sensible pour la jeune élève et donc d'éviter de demander à voir le père (on avait un collègue qui pensait que convoquer le père était plus pertinent pour cadrer les élèves). On m'a aussi informé d'élèves victimes d'inceste devenus mutiques et méfiants vis-à-vis des adultes mais de ne pas diffuser (ce que je comprends, trop intimement). J'ai dit aux collègues que l'élève avait connu des traumatismes et que la forcer à participer coûte que coûte n'était pas la meilleure des idées pour l'aider, que ça viendrait.

On peut ne pas dire la réalité tout en indiquant les difficultés.

Si un collègue envoie un mail d'équipe ou dit en salle des professeurs à chacun d'entre nous qu'un de nos élèves a été violé par son père et de faire attention, je le considérerai comme un *** fini manquant totalement de discernement.

Comme si souvent, il n'y a pas UNE réponse (notamment parce que, comme d'habitude dans l'ÉN, il n'y a pas de consignes ou de protocoles clairs). Autant il y a des infos qu'il paraît raisonnable de "garder" (en les partageant avec la direction / CPE), autant je trouve à la limite ridicules et certainement embêtants, les PP qui se limitent à dire tout le temps "situation compliquée", "problèmes familiaux", comme si 20 % des élèves de la classe avaient été des victimes d'inceste. Cela me laisse en tant qu'enseignant sans aucun outil pour travailler avec l'élève.
EDIT : Je vois que je coïncide avec Elyas sur le type d'info qu'il convient de ne pas diffuser... (Heureusement pour moi, mon exemple n'était que théorique).

D'accord, mais pourquoi alors prévenir le PP, on pourrait faire passer le message par l'infirmière ou le CPE de la même façon.

freche a écrit:D'accord, mais pourquoi alors prévenir le PP, on pourrait faire passer le message par l'infirmière ou le CPE de la même façon.

Oui, mais le PP est un prof parmi des profs, il peut y avoir des choses auxquelles il va penser et qui pourraient échapper aux autres professionnels.

Elyas : On est effectivement d'accord sur le type d'infos à garder pour soi.

Elyas a écrit:On m'a déjà donné des informations sensibles parce que l'administration faisait confiance à ma sensibilité pour pouvoir éviter que certains élèves subissent des situations complexes sans en avertir les autres collègues. J'ai ainsi été informé qu'un père était en prison et qu'il fallait éviter de le diffuser (on a des collègues gaffeurs) et j'ai donc informé les collègues de ne jamais parler du père à l'élève afin d'éviter de la faire pleurer, j'ai dit que le père n'était plus avec la famille et que c'était un sujet sensible pour la jeune élève et donc d'éviter de demander à voir le père (on avait un collègue qui pensait que convoquer le père était plus pertinent pour cadrer les élèves). On m'a aussi informé d'élèves victimes d'inceste devenus mutiques et méfiants vis-à-vis des adultes mais de ne pas diffuser (ce que je comprends, trop intimement). J'ai dit aux collègues que l'élève avait connu des traumatismes et que la forcer à participer coûte que coûte n'était pas la meilleure des idées pour l'aider, que ça viendrait.

On peut ne pas dire la réalité tout en indiquant les difficultés.

Si un collègue envoie un mail d'équipe ou dit en salle des professeurs à chacun d'entre nous qu'un de nos élèves a été violé par son père et de faire attention, je le considérerai comme un *** fini manquant totalement de discernement.

Ton collègue n'était manifestement pas un exemple à suivre en matière de lutte contre le sexisme.

Et je suis d'accord avec ta dernière phrase.

Et avant de diffuser une information, vérifier qu'on l'a déjà bien comprise ? Parce que "troubles HPI" ça ne veut rien dire du tout.
Qu'un élève soit HPI, c'est un état de fait, pas un trouble. Il peut y avoir des troubles associés, mais ils ne sont pas les mêmes d'un HPI à l'autre, et en plus pas obligatoire.

C'est bien aussi de prévenir le prof doc qui n'est jamais informé de rien alors qu'il accueille tous ces élèves aussi !!

Sur les informations du collègue qui a lancé la discussion :

"J'ai récupéré la liste des élèves avec les PAP + autre pathologie (via l'infirmerie) par exemple j'ai également des élèves avec des troubles HPI, une fille qui doit sortir car ses règles sont douloureuse, un élèves introverti , un élève qui a des soucis de concentration car il vit une situation difficile, apnée du sommeil.
Voila les remarques soucis que je peux déjà observé sur ces élèves ."

Pour l'élève HPI, les troubles ne sont pas liés à son HPI (des tas de HPI passent invisibles, ils n'ont aucun trouble et les familles ne disent rien parce qu'on associe toujours HPI avec trouble, ce qui est faut, ou alors il faut associer les non-HPI avec les troubles aussi). Pour la fille avec les règles douloureuses, je le signalerai sans souci et discuterai avec le CPE pour l'accès aux toilettes, pour l'élève qui a des soucis de concentration en lien avec des troubles familiaux et qui dort mal, je le signalerai en disant que s'il paraît fatigué ou éreinté, à chacun de voir si le laisser se reposer pose souci ou non. Pour l'élève introverti, ça arrive à des tas de gens et je ne vois pas le souci.

Vous souvenez-vous du lycée privé international le Cévenol, en Haute Loire, fermé en 2014 à la suite du meurtre de la jeune Agnès ? Le proviseur n'avait dit à personne qu'il avait accepté d'inscrire un violeur. Bien mal lui en a pris.
On a eu une fois un grand mystère autour d'un élève qui avait eu maille à partir avec la justice. J'ai été choqué de ne pas en savoir davantage. Il vaut mieux savoir à qui on a affaire.

Ianna a écrit:Vous souvenez-vous du lycée privé international le Cévenol, en Haute Loire, fermé en 2014 à la suite du meurtre de la jeune Agnès ? Le proviseur n'avait dit à personne qu'il avait accepté d'inscrire un violeur. Bien mal lui en a pris.  
On a eu une fois un grand mystère autour d'un élève qui avait eu maille à partir avec la justice. J'ai été choqué de ne pas en savoir davantage. Il vaut mieux savoir à qui on a affaire.

Ce sont des cas extrêmement délicats (et encore une fois, il n'y a pas de protocole, si cela se passe mal, on pourra toujours trouver une faute quelque mart) : inscrire un violeur condamné et sous contrôle judiciaire sans autre mesure peut être reproché au chef d'établissement ; mais, dans l'autre sens, un criminel condamné qui n'a plus de comptes à rendre et dont le casier est même peut-être redevenu vierge a le droit de se réinsérer...

Eloah a écrit:C'est bien aussi de prévenir le prof doc qui n'est jamais informé de rien alors qu'il accueille tous ces élèves aussi !!

Ca c'est vrai tiens. En te lisant j'ai un peu honte car il ne m'est jamais venu à l'esprit que le collègue documentaliste pouvait n'avoir jamais été tenu informé de telle ou telle pathologie d'un élève. J'espère que si, quand même. Je lui poserai la question.

Jenny a écrit:Obligatoirement, je ne suis pas sûre.
Il m'est arrivé de garder pour moi une info particulièrement sensible, de crainte qu'elle ne s'ébruite. J'ai juste dit à l'équipe d'être attentifs à certaines choses, mais seule la direction a eu un compte-rendu exhaustif. (Rien à voir avec les infos mentionnées au dessus).

Je déconseille fortement, sauf cas très particulier auquel je ne penserais pas. Si l'info est vraiment sensible, elle ne peut être détenue par un seul. Tu ne l'as d'ailleurs pas gardée pour toi puisque :
Tu as demandé à l'équipe d'être attentive
Tu as rendu compte à la direction
Nous sommes donc d'accord, nous ne pouvons être seul dépositaire d'un secret.

Non, en effet, c'est dangereux pour nous et pour l'élève. Il faudrait au moins prévenir la direction, ou l'infirmerie.
En tout cas si c'est un secret lourd à porter. Si on est le professeur de français et le seul à savoir que l'élève écrit un roman, bon, on n'est pas obligé d'en parler aux autres. Si l'élève est en danger ou en souffrance, il faut en parler. Nous ne sommes pas leurs amis mais des adultes ayant les jeunes en responsabilité.
Si un professeur n'est pas capable de bien agir avec les secrets d'un élève, il manque à ses responsabilités.

Algernon, je n’ai pas voulu prendre le risque. Je m’en serais terriblement voulu si ça s’était ébruité… Le PA du niveau m’a d’ailleurs reproché d’avoir écouté l’élève et de leur avoir transmis l’info. Info sans doute trop embarrassante… (et que j’ai transmise quelque chose comme 2 mois plus tard… et vu la réaction, j’aurais dû garder ça pour moi).

Pour l’équipe, franchement, je n’ai pas transmis la partie la plus sensible…

sebdefifi a écrit:Bonjour,

J'ai récupéré la liste des élèves avec les PAP + autre pathologie (via l'infirmerie)   par exemple j'ai également des élèves avec des troubles HPI, une fille qui doit sortir car ses règles sont douloureuse, un élèves introverti , un élève qui a des soucis de concentration car il vit une situation difficile, apnée du sommeil.
Voila  les remarques soucis que je peux déjà observé sur ces élèves .

Qu'est ce que les collègues doivent savoir et pas savoir SVP?

Merci

Pour revenir aux exemples donnés, "élève qui a des soucis de concentration car il vit une situation difficile" me paraît un exemple d'information complètement inutile. Ça veut dire quoi ? Que ses parents sont en train de divorcer d'une façon tout à fait civilisée et que l'élève est donc "juste" soumis aux aléas "normaux" de la vie ? Ou bien que sa mère, opposante politique originaire d'un pays dont la justice la réclame avec un chef d'accusation qui peut entraîner une condamnation à mort, s'est fait arrêter et que la France est en train de statuer sur la demande d'extradition ?
Il ne s'agit pas tant d'expliquer le pourquoi du comment des détails de la vie de chacun --souvent ce n'est pas une question de "secret", mais de pertinence de l'information-- mais plutôt de transmettre les informations qui permettront à chacun de bien faire son travail.