Autorité en classe très agitée

Bonjour à tous,

Je suis un jeune enseignant cette année dans une école semi-rurale avec un simple niveau CE2.

Le cadre semble idyllique mais je commence à souffrir de ma gestion de classe, mes élèves sont scolairement doués et sont très énergiques pour participer à l'oral... trop énergiques. Et cela fait du bruit à n'en plus finir, j'ai l'impression de devoir demander le silence toutes les 2 minutes (si ce n'est toutes les minutes) à certains moments.

J'expérimente essentiellement 3 méthodes pour ne pas finir avec la classe retournée :

Les mettre au travail en autonomie pour avoir le calme mais le travail est bâclé et rendu mal fait (consignes à peine lues), si je leur demande de venir de me voir pour contrôler leurs résultats ils s'entassent en ligne et font le bazar.

Être en posture de contrôle pour donner la possibilité à ceux qui sont calmes de travailler avec un niveau sonore raisonnable, j'en viens à crier sur le groupe classe pour qu'ils se taisent, mais ce n'est ni bon pour moi, ni pour les élèves... Je précise que j'essaye de leur dire 3,4,5 doucement avant de pousser une gueulante, mais ils ne m'écoutent pas et continuent leurs bricoles.

Donner des travaux plus durs sur lesquels ils sont censés être "motivés par la difficulté" en alternant des phases en groupe et des phases en autonomie, ils se découragent par la difficulté (ne travaillent pas, râlent, boudent...) alors que c'est clairement faisable en acceptant de se poser et de réfléchir un minimum.

Je me retrouve aujourd'hui, après cette semaine de rentrée de la P5, un peu fâché avec moi-même de ne pas arriver à gérer ma classe, de ne pas réussir à offrir à mes élèves des conditions que j'estime agréables pour travailler, et de ne pas garantir leur sécurité émotionnelle car il m'arrive de hausser vraiment fort la voix et d'être parfois cassant...

Si vous aviez quelques conseils avisés, retour d'expériences, recettes miracles, potions en tout genre, je suis preneur !

Merci d'avance

Bonjour Foxymore

Combien d’élèves dans ta classe?
Je ne peux pas donner de conseils précis car je n’enseigne pas au primaire. As tu des collègues PE qui pourraient te donner des idées?
Dans mes classes, il y a des élèves calmes et d’autre beaucoup moins alors j’essaye de repérer ceux qui posent soucis. J’observe leur comportement et j’essaye de les neutraliser ou les isoler par exemple.
Bon courage!

Première question : comment ta classe est-elle disposée ? L'installation en ilots, même si elle est conseillée par nos chères instances dirigeantes, incite aux bavardages. L'an passé j'avais une classe de CP CE1 très "énergique" aussi, une des solutions avait consisté à les placer en autobus, en séparant les bavards invétérés et en alternant un garçon une fille... Ils avaient râlé comme des poux mais cela avait été efficace.

Pour le plan de travail bâclé : tu ne sors pas en récréation tant que ce n'est pas fait convenablement puisque tu en es capable. Le gamin restera deux fois en classe puis il y a fort à parier qu'il se mettra vite au boulot. Dans certains cas, ils feront même en cinq minutes ce qu'ils n'ont pas fait en une demi-heure, et bien ! (c'est du vécu )

(je ne suis pas en primaire, donc je ne pourrai rien proposer sur le plan pédagogique, en revanche, si tu veux sévir, les punitions "progressives" fonctionnent très bien: en collège, le premier bavard recopie un paragraphe, le deuxième à se faire toper, deux paragraphes, et ainsi de suite. Ça les calme très vite. Peut-être adapter la longueur ou les modalités d'exercice, une phrase, doublée, triplée, un travail grammatical à faire sur une phrase, enfin à toi d'adapter)

Verdurette a écrit:Première question : comment ta classe est-elle disposée ?  L'installation en ilots, même si elle est conseillée par nos chères instances dirigeantes, incite aux bavardages. L'an passé j'avais une classe de CP CE1 très "énergique" aussi, une des solutions avait consisté à les placer en autobus, en séparant les bavards invétérés et en alternant  un garçon une fille...  Ils avaient râlé comme des poux mais cela avait été efficace.

Pour le plan de travail bâclé : tu ne sors pas en récréation tant que ce n'est pas fait convenablement puisque tu en es capable. Le gamin restera deux fois en classe puis il y a fort à parier qu'il se mettra vite au boulot.  Dans certains cas, ils feront même en cinq minutes ce qu'ils n'ont pas fait en une demi-heure, et bien ! (c'est du vécu )

Je suis assez d'accord même si je suis en lycée, le plan de classe résout tout de même pas mal de problèmes.

Je suis aussi revenu à des dispositions traditionnelles, les grand U ou les îlots sont terriblement contre-productifs.

Salut Foxymore,

Je ne suis pas en primaire non plus, donc difficile de partager des conseils, mais de façon plus générale, on est beaucoup à avoir galéré au début sur la gestion de classe (je dis ça parce que tu te dis "jeune enseignant").

La première chose à savoir, c'est que ça s'améliore souvent avec le temps, même si on ne sait pas forcément trop pourquoi, sûrement un mélange d'assurance, de reconnaissance par les pairs, de petites recettes qui marchent et de bouteille (je veux dire l'expérience, je te conseille pas la vodka hein !).

La deuxième chose à savoir, c'est que l'institution nous met dans une position hyper délicate : notre métier est super complexe et demande de devoir en permanence gérer un grand groupe (en assurant notamment sa sécurité et son bon fonctionnement), accomplir des tâches de gestion (allumer le PC / faire l'appel / récupérer des papiers...), alterner entre gestion collective et individuelle (avec de plus en plus d'injonctions de s'adapter aux "besoins particuliers" de chacun·e), et si possible, au passage, leur transmettre un contenu d'enseignement, voire dans l'idéal, les aider à s'émanciper... Honnêtement, c'est infaisable au début, sauf à tomber dans des conditions hyperprivilégiées et à avoir un talent inné pour une ou plusieurs de ces tâches. Donc pas de culpabilisation, c'est normal de ne pas y arriver au début, de galérer, de ne pas ressembler au prof qu'on aurait voulu être...

Bon, ces préalables (qui n'en sont pas moins essentiels) étant posés, cela ne t'aide pas beaucoup concrètement, parce que bon, effectivement on va pas se contenter d'attendre 5 ans que l'expérience nous rende meilleur·e... Mon conseil serait d'observer ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, et de s'arranger pour augmenter les situations où la gestion de classe est fluide, et de diminuer voire supprimer les situations où ça se passe mal (au moins dans un premier temps).

Par exemple, ce qui fonctionne souvent pour moi :
- la copie
- les exercices simples où il suffit d'appliquer un élément de leçon auquel on peut se référer aisément (ce ne sont pas les exercices les plus efficaces d'un point de vue pédagogiques, mais s'assurer du calme est un préalable pédagogique indispensable)
- la lecture à haute voix par l'enseignant·e.

Ce qui est bordéligène chez moi :
- les moments de flottement, par exemple je veux leur projeter un exercice au tableau mais le pc met 5 minutes => prévoir un autre petit truc à leur faire faire pendant ce temps pour ne pas les laisser inoccupé·es - même si c'est un truc bête et sans intérêt, du moment que quand l'exercice est prêt à être projeté, les élèves soient prêt·es à travailler !
- les moments où il faut sortir de nouvelles affaires => faire la liste au tableau de tout ce qu'il faut sortir au début de cours, puis interdiction de toucher à son sac (en détaillant bien, par exemple "le classeur de français / un stylo bleu / un surligneur vert / une copie simple avec ton prénom dans la marge"...).
- les travaux trop longs => alterner souvent les activités, mais penser à bien anticiper au niveau matériel pour éviter le bruit au moment de l'alternance...

Voilà quelques exemples de ce que j'ai constaté chez moi (qui se retrouve probablement dans pas mal de classes mais ce n'est pas non plus pleinement reproductible). L'idée est donc, au moins le temps que la classe s'habitue à travailler dans le calme, de privilégier les activités qui fonctionnent bien de ce point de vue, et d'éliminer les activités qui sont génératrices de bruit, ou si c'est impossible (faire l'appel par exemple), de trouver de petites solutions pour que ça ne soit pas le bazar pour autant.

Deux autres stratégies qui sont je crois souvent gagnantes (en collège, mais j'imagine que ça marche aussi avant) :
- faire ce qu'on dit, dire ce qu'on fait (= appliquer la punition qu'on avait promise si jamais l'élève a continué / prévenir avant de sévir pour éviter le sentiment d'injustice très contreproductif).
- noter les informations importantes au tableau et ne pas se répéter ("c'est quelle page déjà ?"), mais éventuellement pointer vers le tableau où on a écrit l'info.

Bon courage !

Foxymore a écrit:
Être en posture de contrôle pour donner la possibilité à ceux qui sont calmes de travailler avec un niveau sonore raisonnable, j'en viens à crier sur le groupe classe pour qu'ils se taisent, mais ce n'est ni bon pour moi, ni pour les élèves... Je précise que j'essaye de leur dire 3,4,5 doucement avant de pousser une gueulante, mais ils ne m'écoutent pas et continuent leurs bricoles.

Je me trompe peut-être mais j'ai l'impression que tu fais l'erreur qu'on a tous faite au début de nos carrières : râler sur la classe, dire collectivement de se taire, sans viser UN élève en particulier. Résultat, personne ne se sent vraiment concerné, et tout le monde continue, et on a l'impression de parler aux murs, c'est très énervant... Il ne faut pas hésiter à interpeler un élève précis, par son prénom, sans se culpabiliser en se disant "pourquoi lui plutôt qu'un autre, il y en a au moins 15 qui font le cirque...". Une fois que tu l'as recadré, tu en recadres un autre (mais généralement, si tu le fais avec conviction et éventuellement en annonçant une punition à la prochaine récidive ou même une punition immédiate, ça a le don de calmer les autres instantanément, au moins pour qq minutes). Si un autre se permet de recommencer à bavarder après quelques instants, tu le recadres aussi, tu peux même te permettre d'être plus ferme et plus intransigeant, puisque tu avais déjà montré que tu ne laissais plus passer les bavardages... Mettre les noms des fautifs au tableau peut aider aussi, symboliquement ça les met mal à l'aise de voir leur nom au tableau, de se sentir dans le viseur, tu peux dire que si il y a récidive après ça, c'est punition directe (ou convocation des parents ou que sais-je encore)... L'avantage c'est que l'avertissement est plus concret que quand ce n'est fait qu'oralement, et toi en plus ça te sert de pense-bête, car on a tendance parfois à avertir et re-avertir, et encore re-re-avertir alors qu'un avertissement devrait être le dernier avant de passer à la vitesse supérieure, la sanction.
Bon après, moi non plus je n'enseigne pas en primaire mais dans le secondaire, donc les conseils sont peut-être à nuancer...

Dis-nous comment ça se passe les prochains jours !

La méthode de X.Y.U. est souvent très efficace.
Tu les places dans ton viseur, les uns après les autres de manière méthodique et très calme !

Pas sûr que les conseils donnés par les collègues du secondaire soient transposables dans le primaire.

Fesseur Pro a écrit:Pas sûr que les conseils donnés par les collègues du secondaire soient transposables dans le primaire.

Oui, c'est bien ce qu'on a déjà précisé.

X.Y.U. a écrit:

Fesseur Pro a écrit:Pas sûr que les conseils donnés par les collègues du secondaire soient transposables dans le primaire.

Oui, c'est bien ce qu'on a déjà précisé.

J'avais vu oui, merci.